dimanche 15 février 2009

13 février 2009

Lettre ouverte aux entités adhérentes à l'O.N.C.T. (texte publié par Campos Y Ruedos)

L’Observatoire National des Cultures Taurines est né le 22 mars 2008. Son objectif principal avoué était «d’étudier, défendre et promouvoir la culture taurine sous toutes ses formes.

Autrement dit : Faire émerger la communauté du taureau en tant que minorité culturelle respectable en raison de la richesse de son patrimoine et de son importance » (in FSTF). Ecrit en termes plus clairs, il s’agissait principalement de se défendre face aux attaques des anti-taurins. Dès sa création, un grand nombre d’entités taurines - ayant ou non un écho national - a adhéré à l’O.N.C.T., dans un grand élan d’œcuménisme taurin de bon aloi même si nous ne pouvons nous empêcher de penser que réaliser l’union de l’aficion constitue un projet par trop idéaliste (ce que les circonstances ne laissent hélas pas de nous montrer chaque jour).
Ce même, 22 mars 2008, et avec l’assentiment, nous l’imaginons, de toutes les entités que vous représentez, a été nommé à la présidence de l’O.N.C.T. l’animateur d’un média Internet taurin français dont le logo n’est pas sans rappeler celui choisi par l’Observatoire… . Et pour cause : c’est le même ! Entouré d’un nombre conséquent de vice-présidents (Olivier Baratchart, pour la coordination avec le groupe parlementaire, Alain Dervieux, pour la coordination avec l’U.V.T.F, Marcel Garzelli, pour la coordination des collectifs et des journées de revendication, Jean-Michel Mariou, pour la production télévisuelle, Roger Merlin, pour les études économiques et la coordination avec Pronatura et le Comité Noë, Reynald Ottenhof, pour la coordination des dossiers juridiques, Francis Wolff, pour l'animation du conseil scientifique, François Zumbiehl, pour les actions culturelles, les manifestes et les projets éditoriaux), il incarne, au propre comme au figuré et lui avant tout autre, l’O.N.C.T. dont il est le porte-parole partout où cela semble nécessaire et même au-delà, dispensant la bonne parole urbi e orbi.
Il occupe donc un rôle de fédérateur des forces vives (ou moins vives) de l’aficion face aux attaques, elles aussi vives (ou moins vives), des associations militant contre la corrida.
Dans un monde tout entier commandé par les arcanes de la communication du paraître, il ne vous aura pas échappé que la multiplicité des fonctions du Président (animateur d’un média Internet d’informations taurines, animateur taurin de radio locale, communicant pour une grande arène du sud-est) ainsi que les polémiques qu’il suscite sous sa « casquette » de « journaliste » nuisent fortement à l’image de l’O.N.C.T et à la crédibilité de son président en tant qu’incarnation de l’unité de l’aficion. Il n’est pas besoin de dresser ici une liste exhaustive des errements « journalistiques » du président, de sorte que nous pouvons nous contenter de rappeler, à titre d’illustration, que :- il a défendu en son temps la thèse selon laquelle les mineurs de moins de 15 ans devraient être accompagnés de leurs parents pour pouvoir assister aux corridas et novilladas...
- il a écrit que la pique andalouse était moins destructrice que celle actuellement utilisée, en basant son opinion sur les résultats observés par des vétérinaires taurins lors de la corrida de Victorino Martin à Beaucaire en 2008, tout en omettant de publier ces derniers dans leur intégralité sur son média Internet.
Or, à la lecture de ces résultats, on s’aperçoit qu’il y est clairement affirmé que la pique ayant causé la plus profonde plaie est une pique andalouse (au 6ème toro).
Il est également écrit (dans le rapport de M. le dr Bourdeau) que pour se faire une idée des effets de la pique andalouse, il conviendrait de mener une étude très élargie et que rien ne pouvait être affirmé pour l’instant dans cette affaire.- il a écrit qu’une novillada de Moreno de Silva était mal sortie à Madrid (sans assister à la course !) et que le ganadero, par honte ou par dépit, avait quitté les arènes avant la fin du spectacle. Le caractère mensonger de telles allégations a été démontré ici-même.- dernièrement, il s’en est pris au choix des toros retenus par la Commission Taurine d’Orthez, sur le seul fondement du commentaire d’une course de cet élevage à Pioz en 2008, publié sur l’un de ces blogs espagnols qu’il voue habituellement aux gémonies (sans toutefois oser les désigner nommément) ; c’est sans plus de preuves qu’il s’est également permis, dans une parenthèse fort mal venue et dont chacun pourra juger de l’élégance rare, de porter un jugement sur une hypothétique augmentation des impôts locaux (sous-entendu que cette augmentation serait liée aux frais engendrés par la chose taurine) dans cette même ville d’Orthez.
En outre, est-il raisonnablement concevable que le président d’un tel observatoire, consacré au ralliement des aficionados derrière la bannière de l’unité, ait poursuivi ses activités dites journalistiques sur son média Internet à la tête duquel il « change de casquette » et de cap en affichant la volonté malsaine de réduire le monde des aficionados à un champ de bataille simplifié, simpliste et drapé de manichéisme entre de soi-disant bons et mauvais aficionados (ces derniers étant même qualifiés récemment de « grands malades incurables ») ?
Est-il intellectuellement acceptable de prôner le rassemblement en grand d’un côté et de tirer à boulets rouges avec une argumentation erronée sur ceux qui ne partagent pas ses opinions ou ses analyses d’un autre côté ?
Le garde-fou stipulé dans les statuts de l’O.N.C.T. (rédigés par ce même président) et portant sur l’absence d’intervention dans les « affaires internes » ne tient pas et confine même une sorte de dédoublement de personnalité de l’aficion. Ce n’est pas en faisant (en imposant) chanter un refrain de la langue d’Oc, dans l’enceinte d’une plaza de toros à six mille aficionados, que la défense de la tauromachie s’affirmera. Claironner entre nous (aficionados) quand il n’y a pas d’opposition revient à sodomiser les diptères. Une plaza de toros n’a jamais eu vocation à devenir un lieu de revendications de ce style. La rue existe pour cela car il s’agit, somme toute, d’une lutte (ou d’un débat) politique. La seule revendication qui peut se manifester dans une arène porte sur le respect de l’intégrité du spectacle auquel on vient assister. La défense de la corrida, même et surtout devant les anti-taurins, passe par une lutte de longue haleine contre les dérives « internes » : afeitado, arreglado excessifs, 1ers tiers désacralisés et mal menés, limite d’âge des toros…).
Ce garde-fou de la non intervention réduit l’O.N.C.T. a un gentil jouet pour aficionados complaisants qui détournent ainsi leur regard de ce qui est essentiel et laissent la part belle à ceux qui font la corrida : éleveurs, toreros, empresas.

En ce mois de février 2009, au moment où l’O.N.C.T compte en appeler aux adhésions individuelles des aficionados (donc élargir sa base), il est assez clair que le président a prouvé qu’il n’a plus sa place de président. Pour rester crédible aux yeux des aficionados auxquels il est aujourd’hui encore fait appel, il est dans l’intérêt de l’O.N.C.T. de se passer des services de son président, qui semble avoir beaucoup à faire par ailleurs. A la place de ce dernier, c’est une personne moins impliquée dans les affaires du mundillo qu’il conviendrait de nommer à la tête de votre Observatoire.
Bien à vous.

L'équipe de Campos y Ruedos.

jeudi 12 février 2009

AU MOCASSIN LE VERBE - ROBERT DESNOS-

UN PEU DE POÉSIE DANS CE MONDE DE BRUTES


Extraits de Corps et biens Langage cuit (1923)


Tu me suicides, si docilement.
Je te mourrai pourtant un jour.
Je connaîtrons cette femme idéale
et lentement je neigerai sur sa bouche.

Et je pleuvrai sans doute même si je fais tard,
même si je fais beau temps.

Nous aimez si peu nos yeux
et s'écroulerai cette larme sans raison
bien entendu et sans tristesse.
Sans.

Robert Desnos

mercredi 11 février 2009

"LA SUERTE DE PICAR" vue par CLAUDE POPELIN. "Le taureau et son combat"

Les problèmes de la pique, ce "mal nécessaire", comme il qualifiait la vara, ne datent pas d'aujourd'hui, puisque Claude Popelin a publié son livre, -dont sont extraites ces quelques considérations-, en 1952.
C'est dire que la pique traduit toujours un des maux récurrents - ils sont très nombreux- dont souffre la corrida, et la génération montante des jeunes aficionados a du pain sur la planche, si tant est qu'elle veuille en prendre conscience, non pas en s'immergeant dans le bouillon démago de "l'observatoire" (?) des cultures et des traditions, mais en refusant de cautionner des spectacles que sont les pseudos corridas avec des animaux sans force et sans corne.
Il faut et il faudra sans cesse et toujours débusquer et dénoncer la fraude et les fraudeurs . Il n'y a pas de trêve, ni circonstance atténuante. Sinon, comment s'étonner des attaques extérieures que subit la corrida si l'on ne mesure pas le mal dont elle souffre en son sein ?
Aujourd'hui, je vous livre ces lignes écrites il y a près de 60 ans : qu'est-ce qui a changé ? En mieux ? En pire ? Postez vos commentaires, pour animer la réflexion et le débat.
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....."Avec l'apparition du toreo moderne, dont il est troublant de constater qu'il va de pair avec la dégénérescence de la suerte de pique, les cavaliers ne s'en sont pas tenus là ( vriller la lance et passer la rondelle de la pique dans la plaie). Ils ont pris l'habitude de viser en arrière du garrot, et, chaque fois, dans la même blessure, de façon à l'approfondir. Ils acculent leur monture à la barrière pour la mieux caler.
Ou, encore, ils franchissent la ligne blanche, tracée sur l'arène comme une limite à leur avance. Entrant ainsi dans le terrain du taureau, ils lui ferment sa sortie, et l'assassinent plus sûrement. Même, il leur arrive de tourner autour de l'animal en un mouvement qu'on a baptisé la "carioca", du nom d'une figure de la danse brésilienne. Ces procédés n'ont d'excuse que dans le cas d'un taureau qui ne se laisserait pas piquer.
Existe-t-il des remèdes à de tels abus, en dehors des amendes infligées aux picadors par le Président, et qui s'avèrent inopérantes parce que les matadors les prennent à leur charge ?

Assurément.

Le premier, et le plus élémentaire, consisterait à modifier le fer de la lance, puisque sa nocivité doit être en rapport inverse de la résistance du cheval et de la durée de l'application de la pique. Inutile de dire que les professionnels s'opposent à une semblable réforme. On a cependant réussi à leur imposer une petite barette de métal - " cruceta " - qui limite partiellement l'entrée de la pointe.


Le second serait que les spectateurs s'en prennent aux responsables directs du mal.

Les matadors n'ont jamais que les picadors qu'ils veulent avoir et, au surplus, se font les complices conscients de leurs excès, en retardant au-delà de toute mesure raisonnable l'exécution des "quites". Il est vraiment paradoxal d'entendre la même foule conspuer un picador sortant d'assassiner un taureau, et applaudir, aussitôt après, un matador qui ne satisfait ses goûts que parce que le taureau a été assassiné ( par le matador lui-même, sous entendu).
Ici se pose une question grave. Le public croit-il possible de concilier la noblesse et la beauté de la corrida, avec la recherche, à tout prix, de l'émotion facile que lui donnent quelques "manoletinas", une série de plus de passes naturelles de la gauche ou un raccourcissement invraisemblable de la distance entre l'homme et la bête ? Sans doute aujourd'hui , torée-t-on davantage et d'unemanière plus sensationnelle, mais c'est souvent, il faut le reconnaître, parce que l'on a préalablement fait du taureau un véritable invalide. S'il n'en était ainsi, le torero pourrait-il se placer aisément à la pointe de la corne pour pratiquer le toreo de profil ?
Il appartient au public de savoir ce qu'il veut, et de ne pas poursuivre , simultanément, deux fins qui sont, en réalité, opposées.
Longtemps, la corrida a eu pour objet de montrer un taureau sauvage en liberté, et de le faire combattre par un homme.
Aujourd'hui, elle tendrait plutôt à mettre en vedette un homme et à lui faire combattre l'ombre d'un taureau."