mercredi 17 février 2010

IL FAUT RÉHABILITER FONDAMENTALEMENT LA SUERTE DE PICAR

L’hiver n’en finit plus. Particulièrement long. Plus les ans passent, plus il devient pesant, insupportable.
Heureusement, la bibliothèque est là accueillante, disponible pour l’évasion. L’occasion d’y redécouvrir des pages anciennes, parfois un peu oubliées. Entre deux grilles de mots croisés, voici un petit ouvrage de 1964, photos de Lucien Clergue, « Tous les secrets de la Corrida ». L’ambition sans doute de guider les premiers pas de l’aficionado néophyte sur le chemin de l’observation et de la compréhension, l’intention louable de faire s’ouvrir une passion naissante, grâce à l’analyse sage de celui qui sait, et qui explique. Rude tâche, il est vrai, quand on sait à l’usage, avec l’expérience de 60 ans d’aficiòn, qu’il y a deux façons rendues inconciliables, par les excès des taurinos, de vivre cette passion : il y a, il faut le rappeler sans cesse, le regard de ceux qui donnent la primauté au torero, à la vedette, -qui ne retiennent souvent que son nom- leur regard ne voit pas l’animal sans force, ni violence, ni sauvagerie, c’est noir, çà fait « MEUUUU », comme disent les aficionados espagnols, et çà suffit à leur inculture taurine, même si l’impropre – au combat – animal n’est qu’un simple faire-valoir des « maestros », un bloc de marbre à qui le torero arrache 50 ou 100 passes, et il y a le regard averti et critique au contraire de ceux qui exigent la présence en piste d’un vrai TORO-TORO, vif, solide, intègre, non trafiqué, qui seul peut justifier la pérennité de la corrida et de la Fiesta Brava.
Une intégrité du toro qu’ils exigent sans compromission et sans faiblesse, sous peine de voir le combat pour la survie de la corrida perdu d’avance, ce qui leur vaut d’être qualifiés d’ « intégristes » par les fossoyeurs de l’intérieur de la toreria, et qui, à des titres divers, vivent TOUS de notre passion. Oui, les partisans de la corrida prétendument moderne sont des affairistes très souvent sans scrupules: c’est le lucre, la cupidité, l’intérêt usurier, qui gangrènent dangereusement la corrida et la Fiesta Brava, par les choix suicidaires d’animaux faibles et décastés, que s’autorisent les éleveurs, au service des « vedettes », jusqu’aux empresas et organisateurs, prisonniers de leur politique à courte vue du gain et des succès faciles.
Au point que les ganaderos intègres,- ils existent, si ! si ! -, sont boudés par les toreros vedettes, et donc écartés par les empresas et tout le mundillo, ils n’ont alors plus qu’à disparaître.
Les « professionnels » présentent cela comme répondant aux exigences du public actuel qui voudrait une tauromachie moderne, (-notez qu’ils ne parlent plus d’ « aficionados », ces gens qui seraient minoritaires, et donc sans intérêt, qui dénoncent sur les blogs et sur les tendidos les trafics, la corruption, les nombreuses magouilles dont tout le monde est témoin-) alors que ce sont eux et eux seuls qui cultivent l’ignorance du public et la caressent dans le sens du poil, pour mieux exploiter sa docilité et son silence.
Le chapitre du petit livre sur la pique est évidemment un petit chef d’œuvre de langue de bois : la pique est-elle « le mal nécessaire », comme on l’assurait autrefois ? Est-elle toujours l’épreuve de la bravoure du « fauve », selon les fondamentaux de la lidia, alors que la plupart des « fauves » s’agenouillent dès le premier picotazo?
« La pique doit pénétrer en avant du garrot, dans un endroit précis de la musculature du cou », explique l’auteur M.R. Delorme. Pourquoi n’avoir pas été plus précis, plus pédagogique ? Pourquoi ne pas avoir invité le spectateur néophyte à protester contre les piques assassines dans le cou, dans l’épaule, dans le dos, les plus fréquentes de nos jours, qui font que le piquero se permet tout, au point que des ignares l’applaudissent dès qu’il fait demi-tour vers la sortie, contents simplement de le voir partir, n’attendant que l’interminable faena « artiste » à un bovidé pitoyablement immobile et pour laquelle ils sont venus, la danse des mouchoirs enfin saluant un bajonazo infâme?
Mais ils ne savent même plus voir la différence entre une entière sincère – rarissime, il est vrai – et un bajonazo, un golletazo, une épée crapuleuse.
Allons plus loin, dans le texte : « le picador qui se livre à la carioca fait pivoter son cheval sur la droite, de façon à interposer(sic) le corps de sa monture entre le taureau et le centre de l’arène ».
La carioca est ainsi présentée comme une action normale, une attitude logique, alors qu’elle est une caricature cruelle de la suerte de picar : elle est interdite, et l’on en voit pourtant dans la majorité des plazas, sans que les palcos ne les sanctionnent et sans que les publics ne protestent comme ils le devraient.
Plus loin, encore : « Malheureusement, il arrive quelquefois qu’un picador maladroit ou dûment chapitré par son patron le matador, frappe un point particulièrement vulnérable, dans le but inavoué de provoquer une forte hémorragie, au mépris de la grosse amende qu’il RISQUE de recevoir »
Alors là, il est permis de rire, et bruyamment : vous en avez déjà vu, vous, des actes répréhensibles, souvent crapuleux, accomplis sous vos yeux par des hommes sans scrupules, vêtus d’or ou d’argent, et punis par une amende ? Qui plus est, une grosse amende ? Jamais !!! Ou alors, l’auteur n’y connaissait rien, dans quel cas on peut lui accorder une certaine tolérance, ou alors, il a appris sa leçon, et il prend les lecteurs pour des billes, comme le journaliste de France 3 qui est payé par nos impôts pour nous prendre pour des c…, car il a répété vingt fois ce soir mercredi 17 que Sarkozy était le premier chef d’état français à se rendre en HAÏTI, comme s’il s’agissait d’un acte héroïque qui a changé la face du monde.
Et ils se persuadent sans doute ainsi les uns et les autres, bouffons des cirques taurins ou des cirques télévisés, qu'ils sont sérieux, et fiables !

Autre chose, toujours pour les piques : pas une seule fois, l’auteur n’indique que le picador doit présenter sa monture face au toro lorsqu’il le cite de la voix et du geste, et non accueillir sa charge sur le flanc du cheval, comme on le voit trop souvent.

Enfin, pour conclure ce morceau d’anthologie taurine, une petite dernière, débitée par le connaisseur au service de l'aficion, -du moins le croit-il- très sûrement invité dans les callejones, ensuite éduqué dans la foulée par d’autres "spécialistes" patentés, et pour finir invité aux agapes coutumières: « Ensuite, selon le processus toujours semblable, le taureau sera ramené au picador, et cela autant de fois que le comité d’experts et de notables qui préside la course l’aura jugé utile »
Tas de veinards que nous sommes : depuis des lustres et des générations, des comités d’experts, de notables, veillent sur nous, sur notre passion, sur le bon déroulement de la fiesta brava, sur son intégrité, afin que la corrida soit irréprochable, inattaquable, pour que personne, aucun zanti ne puisse s’opposer à notre passion, aussi honorable que séculaire. Nous sommes protégés contre ceux qui pourraient vouloir détruire la corrida, et nous ne le savions pas ! Seulement, voilà : le naïf qui a écrit ces lignes savoureuses, il y a quelques décennies, ne pouvait certainement pas imaginer que les plus dangereux ennemis de la Fiesta Brava viendraient de l’intérieur, parmi eux souvent ces comités d’experts et de notables, plus préoccupés de se montrer, de trôner, de paraître, d’abuser de notre patience, de fermer les yeux sur toutes les dérives qui sapent les fondements de la corrida authentique, de nous menacer même, comme se le permit le père d'un torero biterrois, ennemis autrement plus dangereux que les braillards aux pancartes auxquels nous laissons toutes les raisons de combattre la pseudo corrida.
Et dont le scandale des fondas n’est que le dernier prolongement, que nous devons dénoncer et combattre.

GUIÑO ADMIRATIVO Y CARIÑOSO A UN TORERO DE PLATA QUE VALE ORO.








Photo N° 2


C'était à CERET, feria 2009, un grand monsieur, par le talent et la personnalité vient de planter ses harpons. Il ne parait y avoir ici aucune tricherie: EL CHANO banderille, "au balcon", s'il vous plait, un toro-toro "en pointes", sans rechigner, sans s'échapper. Un vrai bonheur, un grand professionnel qui fait honneur à son grade, la planta torera au service de l'art, du courage, et de la maestria.


¡Un gran torero!


Qui, comme à chaque fois, ou presque, après sa prestation saluée comme elle le mérite, s'avance humblement dans le ruedo, montera en main, pour répondre à l'ovation du public debout .


!OLÉ CHANO ¡


Photo N°1: Le même, prêt au quite. Toujours égal, sérieux, professionnel, humble, sans la forfanterie coutumière dont se parent les tricheurs. Un caractère bien trempé.


¡ Si, señor: un TORERO !


¡ Que agradecemos còmo lo merece: con respeto y admiraciòn !
Pedrito

Avec mes remerciements à André DÉMOULIN, pour ses belles photos. Un saludo aficionado à lui, à son ami Cérétan....
....Y a todos los de verdad.