jeudi 8 avril 2010

JOURNALISTES INTÈGRES, ÉDITORIALISTES VERTUEUX: BON APPÉTIT !!!

 Publié par Danielle BLEITRACH


8 avril 2010 Amérique latine , Médias

S’il était encore besoin d’une preuve de la manière dont la presse occidentale et singulièrement française participe de ce que Chomsky appelle un système de propagande, on le trouverait dans la sécheresse de ce constat: Il y a plus d’assassinats de journalistes en Amérique latine que dans le reste du monde. Où ont lieu ces assassinats ? A Cuba, au Venezuela ? Non! Pourtant n’est-ce pas ce que notre presse nous laisse entendre tous les jours? Non: les deux pays phares en matière d’assassinat de journalistes en ce début d’année 2010,sont le Honduras et le Mexique, sous la tutelle directe du grand frère nord-américain. Vous l’ignorez si vous ne lisez que les quotidiens et les hebdomadaires de la presse dite « libre ». Dites vous bien que la blogueuse cubaine félicitée par Obama ne tiendrait pas huit jours au Honduras aujourd’hui. Si elle prétendait raconter au jour le jour la manière dont le nouveau pouvoir issu du coup d’Etat réprime à tour de bras.

Le 7 avril la Campaña Emblema de Prensa (PEC).a dénoncé le fait que plus de la moitié des 22 assassinats de journalistes qui ont eu lieu durant le premier trimestre de 2010 dans le monde ont eu lieu en Amérique latine, et la majorité de ces derniers assassinats est intervenue au Honduras et à Mexico. Sur 22 assassinats dans le monde de janvier à mars, 5 ont eu lieu dans le seul mois de mars au Honduras.

Passez, il n’y a rien à voir, tout est rentré dans l’ordre a déclaré madame Clinton.

Et la presse se conduit au Honduras comme elle s’était conduite en 1989 au Panama. C’est ce mois de décembre là que personnellement j’ai compris ce qu’elle valait, ce qu’on pouvait en attendre. A ce moment là, il y eut une campagne médiatique d’une ampleur inouïe, on avait sorti les morts de mort naturelle des morgues pour monter la fiction de la découverte d’un charnier à Timisoara, en Roumanie. Au même moment, l’aviation nord-américaine bombardait Panama, y faisait 3000 morts, les Etats-Unis agissaient ainsi pour reprendre pied et chasser leur ancien stipendié Noriega. Ce dernier manifestait des velléités d’indépendance. Il n’y eut pas le moindre entrefilet dans la presse, pas un mot sur les 3000 morts mais les grandes orgues se déchaînèrent sur les cadavres sortis de la morgue comme preuve de l’inhumanité des communistes.

Et bien l’affaire de Zapata, celle des « dames en blanc » soutenues à Miami par le « vertueux » Posada Carriles, une ordure qui a couvert le continent de ses meurtres et tortures, la pseudo révélation de la collusion de Chavez avec les FARC à coup d’ordinateur truqué, tout cela masque l’essentiel, la manière dont l’empire américain tente de reprendre pied dans le continent rebelle, et pour cela s’appuie sur des criminels, des assassins, des narcotrafiquants. Ceux qui veulent dire ce qui se passe, sortir de l’omerta, sont assassinés comme un vulgaire syndicaliste. Des syndicalistes qui eux aussi tombent sous les balles du factieux. Et vous vous taisez, vous faites ce que l’on vous dit : écrire des articles mensongers, construire des sujets pour le journal du soir… sur Cuba et le Venezuela…

Parce que le plus extraordinaire est la servilité des journalistes, pas un mot, pas un doute sur la nature immonde de l’opération à laquelle ils se prêtent par leur silence et leurs aboiements sur ordre, leur absence de la moindre compassion pour ceux qui tentent encore au péril de leur vie de faire honnêtement leur métier . Partout dans le monde, le plus dangereux pour vous journalistes, les faits sont là, est une situation où les pouvoirs que vous servez tentent d’écraser des peuples qui se rebellent.

Ils ont à leur ordre des brutes sadiques mais eux-mêmes capitalistes assoiffés de profits, grands latifundaires opprimant le paysan indigène, lui volant sa terre sont simplement et monstrueusement convaincus de leur superiorité sur le reste de l’humanité, et ce sont ces gens-là que vous servez.

Tout ce que je vais maintenant vous dire journalistes intègres, éditorialistes vertueux est vous le savez parfaitement exact, et votre seule possibilité est de faire taire ceux qui diront la même chose, par assassinat en Amérique latine, en nous faisant glisser dans la spirale de l’oubli médiatique dans nos pays… Dans les deux cas on assassine la verité, par le sang ou l’asphyxie.

Rien de plus sûr que d’être correspondant de votre presse, celle des ordures qui vous tiennent en laisse , à Cuba ou au Venezuela. Non seulement vous êtes en totale sécurité, vous n’êtes pas empêchés dans votre travail, mais vos articles sont écrits à l’avance et vous n’avez pas à vous fatiguer à connaître la réalité du pays, il vous suffit de fréquenter les ambassades et la section des intérêts nord américains où l’on vous donnera le calendrier des « dissidents ». De toute manière, inutile de tenter d’écrire autre chose votre journal ne passera rien d’autre.

Surtout pas le fait qu’au Honduras, cinq journalistes ont été assassiné rien que dans le dernier mois de mars. Dans ce pays, le silence est de rigueur vous savez bien que le journal qui vous emploie qu’il s’agisse du Monde, du Figaro ou de Libération a une ligne que vous devez adopter: après un bref temps de désordre où malheureusement on a dû chasser le président élu », mais où des « élections libres » en ont aussitôt élu un autre, la situation est redevenue « tranquille ». Donc on ne parle ni du Honduras, ni des manifestations populaires qui y ont lieu malgré les risques, on laisse le silence se faire sur la révolte populaire comme sur les assassinats de syndicalistes et de journalistes.

L’actualité, celle que vous fabriquez, c’est le défilé des « dames en blanc », leur « répression » par les méchants dictateurs que sont les frères Castro. C’est la presse libre censurée au Venezuela, et vos micros tendus pour recueillir les délires haineux de Uribe contre Chavez.

Donc au Honduras, cinq journalistes ont été assassinés durant le seul mois de mars et vous vertueux reporters et éditorialistes vous n’en direz pas un mot. C’est ce qu’on appelle avoir le culte de la gamelle à défaut de celui de la vérité.

Le cas du Mexique – qui vient juste derrière le Honduras- est me direz-vous différent, on y assassine les journalistes comme les femmes à Juarez… Quel rapport avec le pouvoir ami des Etats-Unis? Rien si ce n’est que dans ce pays, terre ouverte aux capitaux nord-américains et frontière fermée aux êtres humains, la situation est arrivée à un tel degré de corruption que des pans entiers du territoire national sont aux mains des trafiquants de drogue et que les cinq journalistes assassinés depuis le début de l’année l’ont été dans la guerre ouverte menée par cette mafia. On ne peut pas ignorer que ce pays est celui où la plus extrême pauvreté coexiste avec les premières fortunes mondiales et que pour garantir de telles inégalités, il faut des gangsters, des paramilitaires comme en Colombie. Notons qu’en Colombie où traditionnellement l’assassinat de journalistes et de syndicalistes, leur torture, fait partie des moeurs gouvernementales, les trafiquants de drogue, leurs paramilitaires sont directement au pouvoir.

Parce que pour tenir l’Amérique latine, il faut promouvoir les assassins, les trafiquants , les mafias, ceux qui sont capables de vendre père et mère pour se faire du fric, pour s’en sortir aux dépens des autres. Vous le savez bien et vous n’ignorez pas que la CIA a toujours été chercher une partie de son petit personnel dans le lumpen prolétariat. Et que la déstabilisation au Venezuela, à Cuba et ailleurs a besoin de ces gens là…    «Dissidence » et délinquance font bon ménage. L’assassinat, le terrorisme, la torture font partie de la domination depuis toujours exercée sur l’Amérique latine. Cuba a été longtemps gouvernée par les gangsters vos alliés, et vous cherchez encore et toujours dans les bas fonds de quoi déstabiliser les gouvernements qui gênent votre pillage.Que vous en soyez à transformer des délinquants en héros de la liberté prouve sur qui et sur quoi repose votre système, les vais gangsters sont à Wall Street , la collaboration est ouverte depuis pas mal de temps entre la CIA, la mafia, le FBI dans la lutte contre les rouges, quitte à assassiner au passage un président des Etats-Unis indocile, comme on le ferait avec un Allende, avec la fiction d’une affaire entre chiliens, comme celle que l’on tente d’inventer à Cuba.

Messieurs les journalistes, allez vous me faire croire que vous ignorez cette réalité là? Alors à force de vous taire que devons-nous penser de vous ? Que vous êtes prêts à sacrifier ceux des votres qui refusent de côtiser à la mafia, la votre, la seule qu’a jamais défendu votre innénarable Robert Mesnard, RSF et autres dirigeants corporatistes du fascisme auquel vous participez?

Le reste du monde,même si la situation y est moins périlleuse obéit à la même logique, c’est dans le sillage de ceux que vous soutenez qu’il y a le plus de meurtres de journalistes. La plus critique est celle du Népal, où deux journalistes ont été assassinés durant le premier trimestre de cette années, là aussi cela va avec la volonté d’interdire aux maoïstes pourtant largement vainqueurs par les armes et les urnes de mener une politique en faveur du peuple. Par ailleurs on note que durant la même période de janvier à mars 2010, un journaliste a été assassiné en Bulgarie, à Chypre, en Afghanistan, en Angola, au Yemen, en Russie, au Pakistan.

Le chiffre de 22 assassinats dans le premier trimestre est comparable à celui de la même période de 2008, où il y a eu 20 journalistes assassinés, il est égal à celui de 2007, mais inférieur au chiffre de 2009, où l’augmentation était due à l’offensive israélienne à Gaza, au conflit en Somalie,Irak et Pakistan. L’année passée, a rappelé la PEC, ont été assassinés 122 journalistes dans le monde entier, aucun de ces assassinats n’a eu lieu à Cuba, au Venezuela faut-il le noter? Il n’empêche vous allez continuer… Alors je vais vous dire ce que je pense de vous, vous n’êtes pas à mes yeux plus coupables que ceux qui fabriquent des armes, mais le pire chez vous est qu’en plus vous prétendez nous fourguer de vertueux discours sur la défense de la démocratie, et c’est là que vous êtes réellement écoeurants, à vomir…

Vous fonctionnez toujours à, la manière dont jadis on faisait fonctionner les journalistes de la presse Hersant, on les envoyait dans les « colonies » où ils devaient dire le contraire de ce qu’ils voyaient sur le terrain, quand ils avaient accepté cela, ils étaient murs pour revenir en France et y couvrir les conflits sociaux, les problèmes de « politique » française…

Danielle Bleitrach