dimanche 27 juin 2010

UN PAS DE PLUS VERS LA GUERRE?

REFLEXIONS DE FIDEL: "J’aimerais tellement me tromper!"


Publié 26 juin 2010 Amérique latine , Antilles , Asie , Etats-Unis ,
Les laboratoires du changement social



Quand Granma publiera ces lignes, le 26 Juillet, ce jour où nous évoquons toujours avec fierté l’honneur d’avoir résisté aux coups de boutoir de l’Empire, sera encore lointain, même si à peine trente-deux jours nous en séparent.Ceux qui décident de chaque pas du pire ennemi de l’Humanité – l’impérialisme étasunien, ce mélange de sordides intérêts matériels, de mépris et de sous-estimation des autres habitants de la planète – ont tout calculé avec une précision mathématique.La passion sportive ne cesse de croître, envoûtant des centaines de millions, voire des milliards de personnes dans le monde.

J’ai écrit dans mes Réflexions du 16 juin: «On nous glisse diaboliquement les nouvelles entre deux matchs de la Coupe du monde de football, de sorte que personne ne s’en soucie…»

La fameuse compétition sportive est entrée dans ses moments les plus passionnants. Pendant quatorze jours, les équipes formées par les meilleurs joueurs de trente-deux pays se sont battus pour accéder aux huitièmes de finale; viendront ensuite les quarts de finale, les demi-finales et la finale.

Je me pose une question: combien savent, en revanche, que des bâtiments de guerre étasuniens, dont le porte-avions Harry S. Truman, escorté d’un ou de plusieurs sous-marins atomiques et d’autres navires de guerre dotés de missiles et de canons plus puissants que ceux des vieux cuirassés de la dernière guerre mondiale (1939-1945), ont franchi le canal de Suez en direction des côtes iraniennes?

Les forces navales yankees sont accompagnées de navires de guerre israéliens équipés eux aussi d’armements de pointe, pour inspecter n’importe quel bateau chargé des exportations et des importations des produits commerciaux dont l’économie iranienne a besoin pour fonctionner.Le Conseil de sécurité des Nations Unies a, sur proposition des USA soutenus par la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, voté une dure résolution à laquelle aucun des cinq pays titulaires n’a opposé son droit de veto.

Le Sénat étasunien a voté une résolution plus dure.

Plus tard, l’Union européenne en a voté une autre encore plus dure. Tout ceci a eu lieu avant le 20 juin, ce qui explique pourquoi le président français, Nicolas Sarkozy, s’est rendu d’urgence en Russie pour s’entretenir avec le chef d’Etat de ce puissant pays, Dmitri Medvedev, dans l’espoir de négocier avec l’Iran et d’éviter le pire.

Il s’agit maintenant de calculer quand les forces navales étasuniennes et israéliennes se déploieront en face des côtes iraniennes afin de s’unir aux porte-avions et autres bâtiments des USA qui montent déjà la garde dans cette région.

Le pire, c’est que, à l’instar des USA, Israël, leur gendarme du Moyen-Orient, possède des avions d’attaque dernier cri et des armes atomiques très modernes que ceux-ci lui ont fournies, ce qui en fait, par sa force de frappe, la sixième puissance nucléaire des huit reconnues comme telles, dont l’Inde et le Pakistan.

En 1979, l’ayatollah Ruhollah Khomeini avait renversé le shah d’Iran sans employer une seule arme. Plus tard, les USA imposèrent à ce pays une guerre au cours de laquelle l’Irak utilisa des armes chimiques –dont ils lui avaient fourni les composants en même temps que les renseignements dont avaient besoin ses unités de combat– contre les Gardiens de la Révolution iranienne. Cuba le sait parce que, comme je l’ai expliqué d’autres fois, elle présidait alors le Mouvement des pays non alignés. Nous savons bien les ravages causés à la population iranienne. Mahmoud Ahmadinejad, le chef d’Etat iranien actuel, commandait la sixième armée des Gardiens de la Révolution et les Corps des Gardiens dans les provinces occidentales du pays qui supportèrent le gros de cette guerre.

Aujourd’hui, en 2010, comme voilà trente et un ans, les Etats-Unis et Israël sous-estiment le million de soldats des Forces armées iraniennes, leur capacité de combat terrestre, ainsi que les forces aériennes, maritimes et terrestres des Gardiens de la Révolution.

Il faut ajouter à celles-ci les millions d’hommes et de femmes âgés de douze à soixante ans, choisis et entraînés systématiquement par les diverses institutions militaires, parmi les soixante-dix millions d’habitants du pays.

L’administration étasunienne a tracé un plan pour déclencher un mouvement politique qui, se fondant sur la soif de consommation capitaliste, aurait divisé les Iraniens et renversé leur gouvernement.

Cet espoir n’est plus qu’une lubie. Il est risible de penser que les bâtiments de guerre étasuniens et israéliens puissent éveiller les sympathies d’un seul citoyen iranien!

J’avais cru au départ, après avoir analysé la situation, que la guerre commencerait dans la Péninsule de Corée, où se trouve le détonateur de la deuxième guerre coréenne qui, à son tour, donnerait lieu immédiatement à la seconde guerre imposée à l’Iran par les USA.

La réalité actuelle change la donne, en sens inverse: la guerre d’Iran déclenchera aussitôt celle de Corée.

Les dirigeants nord-coréens, accusés d’avoir coulé le Cheonan, mais qui savent pertinemment que cette corvette a été coulée par une mine que les services de renseignement yankees ont collée à sa coque, ne perdront pas une seconde et agiront dès que l’attaque sera déclenchée contre l’Iran.

Il est tout à fait légitime que les supporteurs se passionnent pour la Coupe du monde de football. Moi, je fais mon devoir en mettant notre peuple en garde, et je pense surtout à notre jeunesse pleine de vie et d’espoirs, en particulier à nos merveilleux enfants, pour que les faits ne nous prennent pas à l’improviste.

Je souffre de penser à tant de rêves conçus par les être humains et aux créations étonnantes qu’ils ont été capables d’engendrer en seulement quelques milliers d’années.

Quand les rêves les plus révolutionnaires sont en train de se concrétiser et que la patrie se redresse fermement, j’aimerais tellement me tromper !