dimanche 10 octobre 2010

AU NOM DU PÈZE, DU FRIC, ET DU PUNDONOR PERDU.

Il y avait Ponce, le Cid, Morante, le Juli, Perera, Ordoñez, et Talavante. Tous les sept des "figuras", représentatives du monde des ruedos. Pas d"éleveurs, ni d'empresas, ni surtout pas d'aficionados, ceux qui à chaque tarde "crachent au bassinet", et pourtant sont les témoins conscients du cancer endémique qui mine la corrida, mais que les occupants des callejones, complices du mundillo, tentent de réduire au silence, avec le concours des avale couleuvres, membres dociles des peñas "chuttt"! Les gogos au service de la corrida moderne: la corrida des "TORÉROS"!

Face aux multiples attaques qui la menacent, et sans doute conseillés par ce monde de ganaderos affairistes et de tous ceux qui dans l'ombre ou au grand jour vivent de notre passion, nos sept mercenaires militants de la corrida pompe à fric, déguisés pour la circonstance en jeunes hommes sages et sérieux, "délégués" (par qui ?) alignés en costume-cravate, ont enfin trouvé la solution: proposer au pouvoir politique espagnol que la corrida qui dépendait du ministère de l'Intérieur, appartienne désormais au ministère de la Culture.
Leur crédo : nous étions d'anciens lidiadors, nous sommes devenus des artistes.
Il fallait y penser! Et oser le faire!

Nos sept mousquetaires - c'est comme çà que les nomment certains aficionados ibères sur leurs blogs- l'ont fait! Persuadés qu'ils sont d'avoir servi la cause de la corrida, propre, innattaquable, irréprochable. Élever des chèvres sans force ni caste, et les tuer ensuite d'un bajonazo, -à défaut d'avoir décoché l'autorisation de les indulter,- au terme de ballets à cent passes relèverait de la "culture", ce qui justifierait que ces pratiques cruelles, - l'animal n'étant plus le taureau sauvage qu'il doit être, à la demande des "figuras" et grâce aux multiples tricheries de règle chez les éleveurs, la cruauté est évidente !- ne puissent être interdites. Ponce, leur porte parole, a déclaré que les uns et les autres se considéraient satisfaits que la ministre de la culture les ait reçus, et tous ont apprécié les connaissances de leur interlocutrice.
Ce qui leur parait nécessaire et suffisant pour sortir la corrida de l'impasse où ils l'ont acculée!
Au nom du pèze, du fric, et du pundonor perdu ! Amen (ez) le flouze, et le spectacle continue !
Le problème, entre autres multiples tricheries et escroqueries qui sont le lot de la "corrida spectacle" ou "moderne", c'est que deux d'entre eux de ces jeunes hommes sages mais cupides à l'excès, sont juge et parti, donc particulièrement mal placés pour parler au nom des aficionados absents, puisqu'ils sont toreros et éleveurs. Et les cinq autres - comme la plupart des figuras et figuritas plus enclins à danser devant des chèvres qu'à lidier des toros braves-, se prêtent complaisamment aux avantages d'un système corrompu, et veulent totalement ignorer le mal que dénoncent les aficionados, isolés ou esseulés, comme on voudra, parce qu'ils n'ont jamais été invités à donner leur avis, mais qui se démènent pourtant, innefficacement jusqu'à ce jour, pour mettre un terme à ce système perverti par le fric, exigeant à la fois le respect :
- 1° dû au toro intègre, - al toro rey -
- 2° et au public aficionado, le seul garant, si c'est encore possible, de la pérennité de la corrida.
Heureusement, de temps en temps, un rayon de soleil parvient à illuminer ce sombre tableau. Et le dernier pavé balancé par Luis Francisco dans le marécage taurin n'a pas manqué de ravir l'aficion a los toros, celle qui est dans le vrai, et qu'il faudra bien finir par écouter. Le maestro en tout cas n'a pas la langue de bois, et appelle un chat un chat, eût-il le vague et lointain aspect d'un toro. Il dénonce l'aspect catastrophique de la corrida actuelle. J'avais, depuis toujours, une grande admiration pour Esplà, torero macho, parfois roublard autant que fin lidiador, toujours consciencieux, pundonoroso : une nouvelle fois, il ne m'a pas déçu. Il m'a même ravi. On se souvient de sa ferme condamnation, depuis son lit d'hopital, après sa grave cogida de Céret, de l'attitude scandaleuse de Padilla, qui plia courageusement ses bagages sous le prétexte que le vent était trop fort, après ses numéros habituels de cirque. Et qui faillit faire capoter la tarde, déjà compromise par la blessure de Esplà. Qui remit choses et gens en place. Aujourd'hui, il remet le couvert, quitte à s'attirer les foudres du petit monde coulé dans le moule du fric, et qui ne lui fera pas de cadeau. Il dit, parlant des sept: " Ce qui les intéresse, c'est leur ferme privée, ils ne savent ni ne veulent s'occuper de faire le ménage dans la maison taurine. Ponce, quand à lui, torero et ganadero, a sorti cette année une novillada, bien présentée, certes - d'ailleurs, ils misent tout sur la "présentation"-, mais les six novillos sortirent invalides et décastés. Si ces messieurs sont les défenseurs de la fiesta, nous ne sommes pas sortis de l'auberge! Pour ce voyage, il manque les provisions essentielles...., dirait un aficionado averti."
Aficionados éternellement absents! Pourquoi? Parce qu'indésirables dans les sphères du mundillo et de tous les mundillitos corrompus, ces gens qui traditionnellement ne veulent aucun témoin dans l'exercice de leurs magouilles, qui ne s'entourent que de complices inconditionnels, sourds et aveugles pour tout ce qui concerne les trafics, les trampas, la tricherie de leurs mentors: dévoués corps et âme à leurs maîtres et bienfaiteurs, et surtout pas curieux. Mais aussi aficionados trop peu nombreux et pourtant divisés, les humbles traités de haut par une pseudo élite. Les fundas sont une merde! Mais les fundas ne sont qu'un des innombrables maux, dont souffrent la tauromachie et l'aficion.
Pourquoi le public devient rare? Pourquoi se détourne-t-il de la tauromachie? Pourquoi les prix des spectacles sont-ils si élevés? Pourquoi les animaux sont-ils nobles, jusqu'à la soumission quasi domestique? Et faiblissimes, jusqu'à s'effondrer dès le premier picotazo? Mais pourquoi les piqueros sont-ils aux ordres des matadors? Si ce n'est pour les laisser assassiner impunément les bêtes qui leur opposent la moindre velléité de combat, - piques essentiellement traseras - sous le regard indifférent des alguaciles, ces "huissiers" ou gendarmes chargés de faire respecter les règles de la lidia, et avec la complicité des petits maestros qui vérifient la propreté de leurs souliers pendant le forfait du piquero?(1) Ils font mine de lui hurler de s'arrêter, pour donner au public l'illusion que le piquero est un entêté, le seul responsable de l'état lamentable d'un toro qu'il fallait avant tout ménager et respecter en le piquant dans les règles toujours en vigueur, mais dont tout le monde se fout, taurinos d'abord, public de gogos enfin.
Alors qu'il ne fait qu'obéir aux ordres de son petit chef de "maestro", les mêmes "spectateurs" qui ont sifflé le picador vont aussitôt encenser celui qui va crâner avec son chiffon rouge devant le pauvre bovidé rendu invalide par la faute du tricheur en quête d'art.
Pourquoi les callejones sont-ils pleins de gens qui n'ont rien à y foutre, surtout pas à applaudir les attitudes trompeuses ou irrespectueuses des acteurs des ruedos, encore moins à solliciter récompenses et indultos? Pourquoi les pseudos présidents sont-ils aux ordres des figuritas, jusqu'à se courber moultes et moultes fois devant elles? Pourquoi la musique, à la moindre faena droitière? Pourquoi les trophées TOUJOURS -ou presque- excessifs?
Il y a quatre ou cinq décennies, que ce soit à Vic Fezensac ou aux arènes du Soleil d'Or de Toulouse, on se souvient que 80 à 90 % des spectateurs étaient aficionados, et les broncas étaient nombreuses: bien sûr que les tricheurs tentaient leurs trampas, mais ils étaient copieusement et vertement dénoncés, et les sorties sous les projectiles étaient légion. Aujourd'hui, la tendance s'est inversée: les gradins sont souvent recouverts de rouge et blanc, d'un public choisi, sage, venu exclusivement pour voir "toréer" les "figuras", plus préoccupé du ballet des "toréros" que de la bravoure et de l'intégrité de celui qui doit revenir le ROI de la fiesta brava, sous peine de la disparition définitive du premier et de la seconde.
Faut-il énumérer d'autres causes au mal incurable de la corrida? Que tout le monde connait, mais dont les responsables ne veulent pas entendre parler, préférant perpétuer le mur du silence?
Cette réunion fut historique, ironisent beaucoup d'aficionados des deux côtés des Pyrénées. Ne laissons pas pour ce qui nous concerne leurs illusions à ses instigateurs. Comme la corrida moderne est un spectacle condamné par la seule faute de ses acteurs, la réunion spectacle avec la ministre ne saurait être qu'une farce de plus, tout au plus un coup d'épée dans l'eau, aucun vrai problème n'ayant pû y être abordé par aucun des protagonistes, les aficionados restant, comme toujours, mais eux surtout en raison de leur faible nombre et de leurs divisions cultivées par quelques prétentieux, systématiquement écartés de toute sérieuse discussion.
Aragon écrivait, face à la menace nazie : "Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat".... Mais par ces temps de folie individualiste, sagesse et ego ne sont pas forcément, hélas, synonymes.
Ces choses rappelées, tout a fini par un bon repas: devinez qui devrait règler l'addition?
Rendez-vous l'année prochaine sur les gradas de Céret, Parentis, Roquefort, Alès.... En raison de son indulto crapuleux sollicité depuis le callejon, à partir de 2011 j'ai gommé définitivement de mes pérégrinations taurines SAINT MARTIN DE CRAU. Comme ST GILLES après celui des Margé.
Continuez, messieurs, à vous étonner de la baisse de fréquentation dans les arènes !!!
(1) Les alguaciles viennent essentiellement pour défiler sur leurs chevaux, pour la parade, pour le côté circus: pour du vent ! Pour l'esbrouffe! Parce que çà fait joli, le "cérémonial". Ne parlons pas quand c'est une blondinette ou deux qui ouvre le paseillo, comme dans la plus grande arène du cosmos: vous pourrez compter sur leur efficacité tout au long de la lidia, en cas de nécessité...