samedi 22 janvier 2011

MARCIAC: L'OMBRE DU BLOCKHAUS SUR LE CHARME "AUTHENTIQUE"





































































Prises de vue d'une "oeuvre d'art" qui ne nous coûtera rien. (selon le maire)
En haut : depuis les jardins de la rue Notre Dame, les collines de Tourdun ont disparu derrière la forteresse de béton. Au grand désespoir des propriétaires riverains de la rue Notre Dame.

Dessous: le petit clocher, celui de la seconde église, le cloître des Augustins, et son nouveau voisin, le blokhaus.
Les bâtisseurs de la bastide avaient prévu un important développement de Marciac, sur la route de St Jacques de Compostelle: ils se sont trompés, mais la bâtisse, comme l'église St Pierre, reste éternellement belle,et les deux monuments, dont les deux clochers que l'on découvrait et que l'on admirait des kilomètres à la ronde, depuis notre enfance, avec leurs lignes élancées, pointées vers le ciel, au coeur du village, eh bien, de ce patrimoine culturel, affectif et sacré, auquel nous sommes viscéralement attachés, nous restera dorénavant une image défigurée,massacrée, pour satisfaire une soif insatiable de médiatisation, sans préoccupation de ce patrimoine millénaire que le devoir commandait de conserver dans son intégrité.
Paraître! Satisfaire un ego surdimentionné dont nous faisons les frais. Combler les désirs de touristes aisés qui se foutent bien des trésors de Marciac. Puis recevoir l'ovation de la reconnaissance.
Mais qui nous laissent chaque été leurs ordures, l'odeur infâme de la pisse dans la moindre ruelle, la saleté dans tous ses états: suffit de marcher, d'ouvrir les yeux, de se pincer les narines.

Et je ne pardonne pas le silence du maire, quand des croix de tombes, dont celle de mes parents, ont été brisées au cimetière. Et que j'ai écrit pour exprimer ma colère, parce que nous n'avions pas été prévenus. Sans réponse....Mais mon propos d'aujourd'hui traite de cette horrible bâtisse, dusse-t-elle être habillée de bois. Sans compter qu'il se dit partout que l'école - qui nous a tous vu défiler- serait rasée pour permettre une aire de stationnement, j'espère qu'il ne s'agit que d'un mauvais canular...
La construction de ce cube de béton érigé tout près de nos joyaux architecturaux, est un désastre esthétique, une verrue plantée sur un visage sain, une énorme tumeur qui révolte ceux qui osent s'exprimer ailleurs que devant le champagne offert lors des voeux annuels, un blockhaus de sinistre mémoire. Blockhaus! C'est le mot qui revient, partout. Une tache pour toutes les raisons invoquées plus haut, mais aussi pour d'autres. Certains citoyens, par exemple, n'ont pas peur de dénoncer le coût faramineux d'une opération qui en plus de défigurer Marciac, s'avère un goufre financier dont se seraient bien passés les contribuables en cette période de crise (qui sera longue, très longue, malgré les assurances des mauvais prophètes politiciens) c'est une injure à celles et ceux qui vivent durement, comme si Marciac était un village riche pour riches seulement. Caresser l'esprit et le charme légendaire de la Gascogne dans le sens du poil, comme l'affichette posée devant l'office du tourisme en est l'illustration, peut endormir quelques naïfs, mais le réveil sera rude pou tous. Outre la défiguration définitive de l'image du patrimoine, et alors que l'argent manque partout, que les difficultés pour vivre se multiplient dans des foyers de plus en plus nombreux comme chez les retraités les plus modestes, que le chômage augmente dangereusement, que les pauvres sont de plus en plus pauvres, surendettés, que les besoins en secours explosent, une telle opération de prestige n'était ni utile ni raisonnable, car bien qu'en dise le maire, elle coûtera très cher au contribuable marciacais, "l'argent de l' Europe" n'est pas un don providentiel tombé du ciel, il vient des "caisses" de l'Europe, par conséquent des impôts de France, donc du Gers et aussi de la poche des Marciacais.

OUI: comment et qui a pu autoriser la construction d'une telle horreur toute en béton à quelques mètres des monuments que sont les églises, alors que, pour construire une maison traditionnelle au-delà du chemin de ronde, à cinq ou six cents mètres des deux monuments, il m'a fallu me rendre aux "Bâtiments de France", ces drôles de gardiens de la protection des monuments, qui multiplient les tracasseries aux simples citoyens, mais ferment les yeux sur les abus et les horreurs que se permettent impunément les politiciens de droite ou de gauche.

Car pendant que l'élu fait construire l'horrible blokhaus de concert sans être inquiété, voilà ce que s'entend exiger le quidam comme moi qui fait bâtir sa maison d'habitation:

-sur votre maison neuve, tuile canal, au besoin de la récupération(!!)
-crépi gratté fin, ton pierre

-petits carreaux aux fenêtres

-portail garage en bois

-pas de volets roulants aux fenêtres......

Et tout à l'avenant.

Mon village était beau! Jusqu'à ce que l'âme gasconne en soit confisquée, au profit d'une enseigne commerciale, jusqu'à disparaitre sous le vernis factice de la célébrité ! Mais il parait que nous avons beaucoup de chance, puisque nous recevrons des VIP, dans les baignoires de cette salle de spectacles. Des "verry importantes persons"qu'on répète dans les milieux branchés. Il fallait donc que Marciac se distingue: ce sera fait, avec cette salle conçue pour des concerts, certes, mais avec ce petit plus, des niches pour les riches. En Andalousie, il y a aussi des vip: ils ont colonisé la Costa Brava. Demandez aux Andalous ce qu'ils en pensent.
Était-il nécessaire, de gommer TOUT ce qui faisait de Marciac son image séculaire?
La place: toute chamboulée. L'image du couvent des Augustins? Escagassée. Il y avait des lavoirs publics, sur la Bidzègue, sur le Bouës, et sur le ruisseau qui se jette dans le Laüs, au bout du "carrérot": témoignages d'un passé pas si lointain, où nos mères rinçaient la "bugado", au milieu des rires et des cancans publiés, ou des secrets susurrés, entre les unes et les autres, images colorées et vivantes de l'album de notre patrimoine, aujourd'hui disparues, mais qui méritaient d'être conservées et restaurées. Au contraire: effacées! Comme pour les chasser de la mémoire collective! Au nom de quoi ?André MULLER, créateur du festival, n'aurait certainement pas vu les choses sous cet angle. Marciac n'a plus de terrain de pétanque, pas de salle des fêtes digne de ce nom. Il n'y a ni dentiste, ni vétérinaire. Pas de laboratoire d'analyses. Pas dépôt de matériaux: il faut courir à Plaisance, Mirande, ou Maubourguet, pour trouver ce dont on a besoin pour les travaux de construction. Pendant deux ou trois mois, le terrain de sport est lui aussi confisqué, impraticable. Le commerce de jardinerie que vante votre site internet communal? Par amitié pour qui y travaille, mieux vaut ne pas s'étendre.
Mais Marciac aura une immense salle pour ses concerts de jazz. Avec ses vip dont nous avons tant besoin pour développer l'économie locale. C'est le désir d'un maî(t)re à qui on obéit très -trop- facilement. Se soumettre sans mot dire à des choix trop coûteux? Un sentiment, un esprit, qui n'a rien à voir avec la fierté des gascons et le charme de leurs villages. Des choix qui ne sont pas non plus du goût de citoyens mécontents de cette politique de prestige! Le village confisqué, squatté, sali, pendant plus de 30 jours, puis karchérisé - érosion des places et trottoirs, réfection, donc coût financier et écologique, donc impôts - Mais çà ne suffisait pas: il est aujourd'hui défiguré. Ah mais! Marciac est connu "dans le monde entier"! Et çà, çà nous remplit d'aise....
Il fut un temps où il n'était pas nécessaire d'écrire des slogans publicitaires flatteurs sur une affichette pour pouvoir apprécier le charme de Marciac: mais ces mots raccoleurs ne me rendront pas l'image écornée de ce village "typique", si cher à mon coeur de Gascon, moi qui suis né ici, au "Moulin du Houga", sur le Boués, dans ce village autrefois authentique, jusqu'à ce que des marchands accourus de partout ne s'en emparent, et qu'ils ne se comportent, avec les medias marchands de vent, et les touristes, comme dans un immense zoo.

Pierre CAUMONT