jeudi 16 juin 2011

VIC FEZENSAC: LE CHANT DU CYGNE





Second cliché: l'ennui -d'Étienne- naquit un jour de l'uniformité...et du médiocre qui en découle.
Au dessus: pas contents de l'oreille du Fundi, les Quintana, et comme ils ont raison...Autour d'eux, les clients du CT Vicois sont ravis, ils applaudissent le Fundi, le maestroo qui promène une oreille imméritée, mais ils s'ent foutent, ils trouvent la fête belle, et ils bêlent de joie







Au dessus: La pique qu'on ne devrait jamais voir
















La cogida de Fundi : sans mal....










Ci-dessus: le beau colorado quatrième, assassiné par le piquero aux ordres du Fundi

Appelé à saluer depuis la barrière dès la fin du paseo, le Fundi savait qu'il n'aurait pas à forcer son talent pourtant déjà bien rogné, mais les palmas des touristes et des amateurs d'oreilles venus pour exiger du maestro(oo!) la pose des banderilles et s'en contenter, à défaut d'exiger la vraie lidia de vrais toros, ont depuis longtemps remplacé les cris et autres broncas non clandestines des aficionados de plus en plus frustrés par la tournure catastrophique de la corrida, et çà n'est pas l'inscription au patrimoine, cette guirlande de la démagogie commerciale qui ravit les touristes et conforte les marchands du temple, qui les fera, à eux, ceux de verdad, changer d'avis.

Prado brinde au ciel - à Jean Jacques Baylac, récemment décédé- son beau cinqueño qui s'était jeté sur le piquero, dès son entrée en piste. L'animal est noble, sans vice ni sentido, et s'il cueille un peu plus tard le matador, c'est à l'issue de la glissade imprévisible du Fundi sur le sable. Roulé boulé du torero, et plus de peur que de mal. Puis faenita sans transmission, sur les deux cornes, et entière dans le cou, avec une oreille qui ne s'imposait évidemment pas, au vu de cette estocade de filou, trop peu protestée. Les Quintana, comme le montre l'image ci-dessus, exigeaient comme de coutume un peu plus de vergüenza: colère mal contenue des catalans et des rares aficionados pendant la vuelta, au milieu de gens bien élevés venus pour dire plus tard: "IL" a eu une oreille!!!!

Sans que Jalabert ne le retienne, son toro se jette sur le piquero, qui ne se gênera pas pour pomper abondamment ses deux varas. Autre assassinat, un de plus, sans que personne n'y trouve à redire, ni le "président", ni les huissiers emplumés, ni le public: vaya aficion. Pourquoi se gêneraient-ils, matadors et valets à cheval à leurs ordres? Aujourd'hui, tout est permis... Les banderilles sont ratées? Le geste du peon qui les ramasse pour retenter sa pose à la sauvette est même applaudi par une poignée d'ignares. TOUT, absolument TOUT, même le pire, est l'occasion d'applaudir pour un public décaféiné. On baigne dans la connerie absolue, tant pis pour ceux qui pourraient être choqués. Un chat est un chat, et la pseudo corrida qui se généralise, avec l'aval ou la complicité de publics débilisés par l'image au détriment de la lidia, fondement de la corrida, n'est pas la corrida! Mais nous sommes, nous, aficionados qui exigeons sans relâche cette lidia sérieuse qui pourrait sauver la corrida, nous sommes les emmerdeurs, et désignés comme tels par des spectateurs infâmes vraiment trop nombreux, de + en + nombreux, au point que nous devons même faire attention à l'agressivité dangereuse de certains avinés. Gare à celui qui ose exiger ce sérieux dont tout le monde se fout. C'est aussitôt l'invective et l'insulte qui jaillit de la bouche des incultes: " OH!!! ASSEZ !!! TA GUEULE !!! CHUTTTTTTTTT!!!! VAS-Y, TOI, CONNARD !!!!!!" Voilà un échantillon de ce que récolte l'impétrant qui ne demande que ce qui DOIT être! On a même vu à VIC, lors d'une corrida de samedi ou dimanche, la "sécurité" envoyée pour déloger un aficionado qui sifflait, parait-il, pour manifester son mécontentement. Ils ont fait marche arrière, heureusement. Mais c'est du fascisme, que de vouloir bâillonner les gens, comme au bon vieux temps de Franco. Et encore: l'arène était parait-il le seul endroit où le peuple aficionado pouvait se défouler contre les sin vergüenza! Les mecs du CTV seraient-ils devenus fous? A force de prendre le melon! Vic, arène torista, ne présente plus que de la m...., ou presque, et menace en plus le public aficionado!

C'est bien le chant du cygne!! Fini, Aragona: manquera plus, dorénavant, que la marche funèbre, pour accompagner les paseos. Dans ces conditions de plus en plus difficiles, j'ai bien dit et écrit ce qui "pourrait" sauver la corrida. Non pas qui pourra, mais qui pourrait. Et chacun comprend pourquoi nous devons être inquiets pour notre passion .


Quelques sifflets pendant la faena de Jalabert, qui se termine en déroute. Épée dans le ventre ! Puis entière, et salut ! Salut !!! Il fallait oser. Mini bronca qui renvoie l'Arlésien au burladero, des fois qu'il se serait autorisé une vuelta..

Le troisième animal s'affale plusieurs fois sur le ruedo: manifestement invalide, mais personne, ou si peu, pour demander son changement.La muleta de Sergio Aguilar sera souvent accrochée au cours d'une faena inconsistante, jusqu'à ce que le manso finisse par se figer, gratter, puis reculer, et s'éteigne au terme de dix minutes de calvaire, ce qui n'aura choqué personne, ou si peu. Épée trasera au troisième essai. L'horreur de bout en bout. Mais c'était, parait-il, la MEILLEURE des cinq corridas.

Le quatrème animal, magnifique colorado, est un manso de gala: il est consciencieusement massacré à son tour par le cabron de turna à cheval. Il respire bruyamment, comme un sanglier, ou un fumeur tubé en fin de parcours. Ses charges sont ensuite brusques, saccadées, aucune noblesse ne laisse espérer un soupçon de faena, mais il reste le maître du rond, ce qui ne ravit sûrement pas José Prados qui abdique sans attendre, et l'expédie illico d'un trois quart hasardeux sur le côté. Descabello. Circulez...


Le cinquième cognera deux fois les tablas, mais ce sera pure illusion. Comme ses frères, manso magistral qui fuit les capes. Mise en suerte valable de Baptiste, mais il ne faudra pas attendre plus de l'Arlésien, qui fait des passes, certes, mais qui manque d'engagement. Le poignet gauche m'a paru trop raide, et à défaut de peser sur le toro, le torero tente de peser sur le public, ce qui s'avère désormais beaucoup plus facile, vu la délicate inconsistance des spectateurs. Animal noble qui méritait mieux que les attitudes empruntées et superficielles de JB. Une demie trasera et qqs mouchoirs sans doute de son fan club, mais qui rappellent une nouvelle fois que l'esprit de VIC se meurt, sans que cela ne paraisse inquiéter le CTV.


Distrait, le sixième est un manso qui fuit les piques, se retourne et rue contre tout ce qui l'approche. Nombreux picotazos en s'échappant d'un cheval à l'autre, langue pendante dès le premier coup de torchon rouge. Heureusement, Sergio s'applique, remet de l'ordre dans le ruedo, et servira une faena exclusivement gauchère, l'animal va ainsi à màs, beaucoup de temple, et les palmas accompagnent plusieurs fois un travail méritoire. Deux courtes séries à droite confirmeront la domination d'Aguilar, puis nouvelle série de naturelles douces et profondes pour conclure, avant une entière efficace un peu tombée. Oreille qui n'aurait pas dû être accordée après un descabello donné sur animal resté debout. Mais bon...C'était la dernière, et la meilleure, parait-il, alors, fallait bien que les Sssspectateurs repartent contents!


Bilan "bravoure": une dizaine de piques infâmes et qqs picotazos volés aux fuyards.



En conclusion, pour l'ensemble de cette triste feria, comme l'écrivent par ailleurs sur leurs blogs respectifs les amis Florent et Velonero, chacun avec ses mots et ses tripes, public à la dérive, pour le premier, public infâme, mais aussi infâmes les matadors et les toros pour le second. Mig 93, Tendido 66, les Quintana aficion, les amis de Tours, et tous les autres rencontrés devant l'azulejo dédié à J.J. Baylac, aucun ne me démentira, sans doute, la déception est générale, profonde, et le piètre lot des Alcurrucen du lundi n'aura certainement pas remonté leur moral. Cette feria laisse un goût amer, mais pour ma part ce n'est pas nouveau, car il y a déjà plusieurs temporadas que je n'éprouve plus pour Vic que déceptions, regrets et inquiétude pour l'avenir de la fiesta brava. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, les sommets sont atteints, dans les tarifs prohibitifs et dans la médiocrité qui ne cesse de croître: de plus, l'aficionado est de plus en plus seul, isolé, dans la masse des ignorants, au point que nul ne proteste lorsqu'un aguazil demande au président s'il accorde une oreille, ou deux: du JAMAIS VU dans une plaza sérieuse, du JAMAIS VU au moins à VIC. L'arène devient un cirque, les professionnels ne le sont plus, des guignols les ont remplacés. Un exemple parmi d'autres: le travail d'un aguazil devrait être, entr'autres fonctions, de faire taire avec fermeté les peons qui brâillent leurs "bièèènnn" depuis le burladero pour faire monter la pression auprès des ignares assis sur les étagères, afin d'obtenir un plus facile "triomphe" de leur petit maître. Mais il ne faut pas rêver, il y aurait tant et tant à faire, à commencer par le respect de l'esprit de la corrida, et non la promotion de la corrida spectacle, chère aux affairistes et à tous les marchands du temple. Mais le mal est trop profond: toros décastés, affaiblis, arrangés ou même drogués, cuadrillas souvent dépassées, aguaciles qui devraient effectuer une formation ou partir en retraite, présidents de pacotille, vaniteux et incompétents, callejons occupés par des mercenaires, appointés ou récompensés, et par dessus tout, lobbies animalistes de plus en plus décidés et efficaces: mais peut-on dire ou croire qu'ils ont tort de vouloir faire interdire l'indéfendable?