mercredi 17 août 2011

LES NOVILLOS DES HÉRITIERS D'HUBERT YONNET N'ÉTAIENT PAS DU PAIN BÉNI !

COLLIOURE TAURINE A-T-ELLE GAGNÉ SON PARI ?

Ce 16 AOÛT 2011, COLLIOURE avait pourtant décidé de frapper fort, pour renouer avec sa tradition taurine. Les petits plats dans les grands….Pour les fêtes de la St Vincent, le saint patron de la ville, la commission taurine avait opté pour un magnifique lot des Héritiers de Christophe YONNET : présentation irréprochable, homogène, novillos qui en imposaient, aux armures sérieuses et astifinas, tous applaudis dès leur entrée en piste.
Hélas, la tauromachie n’est pas une science exacte, et le mental des animaux ne correspondait pas franchement à leur physique. A la sortie des arènes, les aficionados présents -parmi les nombreux vacanciers- ne cachaient leur déception : les deux premiers YONNET furent les plus encastés, les autres beaucoup plus difficiles, mansos souvent gâchés par une lidia constellée de trop nombreux capotazos, novillos dénués de toute noblesse mais vite avisés, et dangereux pour des acteurs très souvent dépassés, hormis quelques rares exceptions, tels les frères OTERO BELTRAN qui banderillent avec l’art qu’on leur connait dans la cuadrilla de HUERTAS.
Ceci dit, pour l’aficionado « a los toros », l’intérêt de la course jamais ne faiblit, les novillos restant évidemment la plupart du temps les maîtres du rond, devant des garçons qui durent se contenter de faire des passes à reculons en toréant les gradins, de battre en retraite, face à des problèmes retors, beaucoup trop difficiles pour eux à résoudre. Pour ma part, je persiste à penser que la corrida ne survivra que si des vrais toros, même mansos, même difficiles, jusqu’à l’intoréable, continuent de fouler le sable des arènes, c’est l’honneur des ganaderos d’élever des animaux qui ressemblent à de vrais toros, avec leurs qualités, même minimes, et leurs défauts, et c’est le déshonneur des GANADUROS, de persister à « sélectionner » des toros caprins, des « perritoros », faibles, drogués, afeités, gentils toutous domestiqués par la génétique, et juste bons à s’engouffrer 80 fois dans la muleta des figuras milliardaires.
Deux tiers d’arènes, lorsque débute le paseillo aux accents de CARMEN.

Les produits de Christophe YONNET : tous de novembre ou décembre 2007, robe noire, du trapio, des têtes équipées de poignards longs et acérés, à tel point que les trois novilleros les laissèrent s’user et se vider sous la morsure du fer et des cariocas interdites mais consciencieusement appliquées par des picadors sans scrupules, avec la complicité des petits chefs placés à l’opposé des toros par rapport au cheval, pour laisser faire la sale besogne sans intervenir. Et il y a toujours des gogos pour applaudir les méfaits des picadors : pourquoi se gêneraient-ils ? Pourquoi changeraient-ils ?

Le premier, a pris deux piques carioquées en brave, avant de mourir d’une affreuse épée dans le cou.
Le second s’échappe vers le cheval sans que RIVERA ne tente un seul geste pour le mettre correctement à distance. Aucune épreuve de la pique, telle qu’elle doit être donnée pour TESTER la bravoure, mais une succession de piques de voyou. Et la fin d’un beau toro qui méritait autre chose qu’une lidia bâclée et un BAJONAZO. Un de plus !!
Le troisième chargera des 10 mètres, pour une longue pique meurtrière, puis recharge et reçoit le fer dans l’épaule, retiré et repiqué sans vergogne, le piquero pompant comme s’il était seul au monde. Le novillo finira de marbre, sans charge, d’une épée en arrière et sur le côté.
Le quatrième est un manso, mais toréable. Il prend deux piques, dont la première ratée et reprise, de 10 mètres, puis charge à pas comptés pour la troisième embestida. Il restera le maître, entier, bouche fermée, jusqu’à l’entière caidita, après quatre échecs, DURAN s'astreignant à chacune de ses tentatives à prendre le périphérique.
Le quinto est un manso de gala. Il fuit les capes, a peur de son ombre. Puis fuse sans prévenir sur le cheval : BATACAZO, le piquero a eu chaud. Il se venge ensuite en trois autres rencontres assassines. Le YONNET tombera d’une entière après trois échecs, suivi de 8 descabellos. Pas une tentative de RIVERA, aucune passe même de châtiment. La démission. Dépouille du novillo applaudie, plus par dépit que pour saluer une bravoure totalement absente.
Le sixième est sans doute le plus lourd, mais aussi manso que son frère quinto. Piques abondamment pompées. Le novillo court vers les planches tout au long de la brève tentative de faena de HUERTAS. Puis séance da passes de châtiment. Un tiers d’épée. Avis. Mort bouche fermée.

Les novilleros.
Peu à retenir des prestations des trois pâles apprentis, sauf mention à HUERTAS, le plus digne.
Carlos DURAN : à son premier novillo, toreo profilé, muleta trop souvent accrochée, gestes saccadés. Aucun temple, c’est pardonnable, mais golletazo, et çà, c’est à la mode. A son second, il se fait serrer aux planches, évite in extremis de se faire prendre. Faena à reculons. Marge de progression considérable.
RIVERA applaudi à la cape à son premier opposant. Mais incapable de mettre en suerte au cheval. Banderilles de clowns. Tout est bâclé, mais le garçon a le culot de brinder au public, alors que la déroute parait se dessiner. Faena de profil, fuera de cacho, petits pas en arrière, c’est le novillo, comme très souvent, qui mène les débats, qui pèse, il n’empêche qu’un guignol du callejon réclame la musique, et qu’il obtient satisfaction. Seule fausse note du palco. J’ai même vu un arenero applaudir en allant vers la dépouille du toro. Que pena ! Triste prestation, conclue d’une épée dans le poumon !!!! A son second, après avoir laissé assassiner son novillo par le boucher de service, le garçon prend immédiatement l’épée. Une entière après trois échecs. Bronca.
HUERTAS tombe sur un premier opposant à la charge hésitante, de media embestida. Mais qui avait reçu un puyazo dans l’épaule !! Le garçon use – abuse - du pico, reste profilé, jamais croisé, il se fait accrocher le drap; faena brouillonne et sans transmission, pinchazo en perdant la muleta, loge une épée trasera et tombée. A son dernier, HUERTAS à son tour évite d’être cueilli par son manso avisé. Faena brève et sans intérêt, quelques essais volontaires à son actif, mais bagage insuffisant. Passes de châtiment, genou ployé, pour fatiguer un novillo qui ne voulait pas s’en laisser compter.
Un tiers d’épée, avis, deux descabellos.

Merci à COLLIOURE NOVILLOS, à ses membres dévoués, au palco, très sérieux, à l’alguazil, qui a tenté de faire entendre raison aux piqueros, à respecter les sonneries des clarines, à tous ceux qui ont œuvré pour que cette journée soit réussie, à notre ami JUANIQUE, qui a « sué le burnous, depuis des mois, pour que son COLLIOURE brille au firmament -du landernau- de l’aficion. Les aficionados, la plupart, ont vécu une belle tarde de toros. Ils n’oublient la part de responsabilité de la lidia catastrophique des cuadrillas dans leur ensemble,qui n’a pas arrangé le comportement des novillos en accentuant leurs défauts : muletas sur les yeux, accrochées, capotazos multiples inutiles, piques meurtrières, trop nombreux acteurs présents près du cheval, pendant les piques….

Souhaitons tous que l’aficion catalane ait retrouvé en COLLIOURE un nouveau bastion.
Et je salue enfin mes voisins, des touristes sympathiques, avec qui j’ai passé une bonne tarde, j’espère avoir été clair et utile dans mes explications, dans mes coups de cœur et de gueule, tout ce qui fait ma passion, jj'ai tenté de leur faire partager mes inquiétudes d'amoureux du VRAI COMBAT que doit rester la corrida, si l'on veut la sauver. Je souhaite qu'ils m'aient compris, apprécié(?), et peut-être deviendront-ils des aficionados.