mardi 12 juin 2012

IGNORANCE

J'ai découvert récemment le blog de RAFAËL CABRERA : "RECORTES Y GALLEOS": un autre aficionado,  madrilène, sans doute, qui n'a pas la langue dans la poche. 
Ce qu'il a retenu de la dernière San Isidro est sans appel, et recoupe la plupart des commentaires exprimés sur les blogs  des aficionados  "militants", ceux qui luttent pied à pied, avec les mots, sur les gradins, et avec les textes, sur la toile, contre la fin programmée de la fiesta brava, aux mains des seuls affairistes taurinos cupides et de leurs complices: ceux du G10, des ganaduros, de la presse inféodée et invitée aux agapes, des squatteurs des callejons, sourds et aveugles devant la dégénérescence de la corrida patiemment dénoncée par les plus conscients de ses défenseurs, qui se font justement insulter par les sbires du mundillo ou des organisateurs.
J'ai choisi quelques lignes de ce plaidoyer sans concession, pour les traduire le plus fidèlement possible dans l'esprit et la lettre, cet esprit que l'on retrouve sur la plupart des blogs de ceux qui aiment passionnément la corrida, non pas par intérêt, comme les infâmes CASAS et tous ses complices qui nous sucent, comme des tiques ou des sangsues, mais par seule aficion: et l'on se rend ainsi compte qu'ici en FRANCE, ou là-bas, en ESPAGNE, le mal qui ronge la fiesta brava est le même, c'est la triche qui est érigée en règle d'or, et pendant qu'on accuse les quelques dizaines d'activistes anti-corridas d'être responsables de son déclin, ce qui est une hérésie, un non-sens, un leurre, les mêmes continuent paisiblement leur trafic et leurs "trampas", et nous désignent ici et là-bas par nervis callejonnesques interposés à la vindicte des gogos qu'ils enfument et manipulent à souhait.
Pour un peu, ce sont les aficionados intègres, les "talibans", comme nous désignent crapuleusement VIARD et ses complices d'ici et de là-bas, qui serions coupables du déclin de la corrida.
Les ganaduros qui - entre autres crapuleux exploits- font couvrir par le semental, ses propres soeurs, sa mère, ses cousines, pour que les figuras puissent accomplir des ballets en rond de 100 muletazos sans trop de risque, avec ces chèvres doméquisées, ne seraient pas responsables de la disparition de la caste !

Art et culture! Attrape couillons! Le leurre agité par les profiteurs du système mafieux pour enfumer les gogos ignares et sauver ainsi le juteux et véreux fonds de commerce de la corrida truquée.

Voici donc le texte épuré de RAFAËL CABRERA, et son titre:   
                                                                     IGNORANCE.

"L’absence totale de jugement des spectateurs: c’est sans nul doute ce qui réjouit le plus les professionnels de la corrida. Que dis-je réjouit : jusqu'à la jubilation, satisfaction, allégresse, et la véritable délectation. Quand il a à faire à un public sans connaissance, l’empresa se frotte les mains de contentement,et les toreros « artistes » se préparent joyeux à  partager les lots à la tombola des trophées et des oreilles qui les attend. Tant pour toi, tant pour lui, tant pour l’autre....et les gogos peuvent ensuite rentrer chez eux avec la satisfaction d’avoir obtenu un brillant résultat en nombre d’ oreilles, ce qu' explique parfaitement son ignorance . Cette ignorance a été parfaitement orchestrée par la presse, qui, au lieu de montrer au public la différence entre le bien et le mal, entre le méritant et le vulgaire, a trouvé plus simple et plus commode de suivre l’opinion du plus grand nombre. Il est plus facile de cautionner les sentiments du plus grand nombre que d’approuver les minorités plus préoccupées d’intégrité, minorités mieux informées, plus exigeantes, parce que plus aficionadas. Malheureusement, comme dans tous les aspects quotidiens de la vie, les élites ont étudié les comportements et les jugements des gens. Ils ne diront jamais le fond de leur pensée,ils préfèrent caresser la masse des gens dans le sens du poil, mais ils sauront quand même dire ce qu’ils ont vu.

La presse, la télévision, en même temps qu’ils informaient le public le moins au fait des problèmes de la corrida, se sont plutôt attachés durant des dizaines d’années à humilier les aficionados, à les rabaisser comme on humilie des rabat-joie et des pisse vinaigre, à les insulter, et ils se sont plutôt placés à côté du camp de l’ignorance représentée par la majorité. Ils ont ainsi enseigné les publics occasionnels à s’opposer à toutes les critiques justifiées des voix aficionadas qui exigent éthique et authenticité de la corrida. Hier, depuis ma place, j’ai demandé à haute voix un contrôle d’alcoolémie pour ceux qui entrent dans l’arène, tellement, à chaque tarde, dès qu’un aficionado manifeste un jugement qu’il estime justifié, se déchaînent des criailleries insupportables contre lui. Ceci est une autre caractéristique de notre société, devenue habituelle: seule compte l’opinion uniformisée, la pensée globalisée, sous peine d’insultes et de de bâillonnement des voix différentes. On ne peut tolérer que quelqu’un exprime autre chose que le sentiment général, bien que cela concerne quelque chose de grave, l’individu est étouffé par la masse, bien qu’il ne cherche qu’à exprimer librement comme il en a le droit, et à montrer aux autres la raison de ce qui motive ses opinions. Les moqueries bruyantes, les rires stupides, les imbécilités ne couvriront pas la voix de l’aficionado, mais font que tout le monde se désintéresse de ce qui se passe dans le ruedo, le cours de la faena s'interrompt, ce qui dérange les autres spectateurs Ainsi, non seulement personne n’a fait taire l’aficionado, mais rien ou si peu ne semblait intéresser la masse de ce qui se déroulait dans le rond, public tout à sa bêtise, à bêler ses « olés » quand ils ne se justifiaient pas, continuant ses rires et ses insultes contre le spectateur critique. Exemple frappant du courage, du civisme, et de l’inculture taurine. Car pour cela, oui : à l’heure d’applaudir le clinquant et demander des oreilles, ils étaient unanimes. 

Pour ce qui concerne la corrida, et les toros, ce fut une véritable pitrerie. Celui de Nuñez del Cuvillo terminant dans une insupportable pantomime. Mais d’abord, pourquoi Madrid n’est pas capable de sortir un lot complet, alors qu’il est annoncé ? Et surtout ce qui sortait des chiqueros semblait plus digne d’une boîte de sardines que des arènes de Madrid. Le premier : anovillado, et le second, une génisse, une chèvre, le cinquième, autre novillo, sans trapio, et le sixième, absent de morillo ni trapio. Fantastique ! Combien de lots de quatre toros seulement, au point que finissent par diminuer les entrées. Et ils complètent avec des mansos, des animaux sans caste, sans présence ni classe, ceci pour faire plaisir aux piétons, pour leur éviter complications et désagréments. Et quand les bêtes repartaient dans les chiqueros, ils y allaient, dans l’indifférence générale. De la toréabilité, à la perte de caste : où cela s’arrêtera-t-il, s’il n’y a pas de changement. 

Depuis la Monumental de Villaconejos (littéralement: Madrid, "ville des lapins", note de Pedrito) 4 Nuñez del Cuvillo, mansos, mal présentés, sans jus, décastés, et 2 Victoriano del Rio, caractère inconstant, mansos, embestida allant a menos. Le public, fier du lieu qu’il occupait, se comporta comme on pouvait s’y attendre : avec une absence totale de jugement et de critères qu’on attend des connaisseurs, c’est ce qui réjouit les taurinos. L’ignorance des choses taurines va croissant parmi les publics, mais c’est logique. Dans notre société, où se perdent certaines valeurs, où on méprise les connaissances et ceux qui les expriment, où celui qui argumente est traité de pédant, où l’effort de comprendre et d’expliquer et celui qui s’y consacre sont qualifiés de stupides, où le triomphe usurpé et immédiat, le clinquant et les applaudissements complaisants sont le but recherché d’une bonne partie des gens, il faut admettre que la tauromachie ne peut se trouver à la marge de ces classes sociales Et chaque fois un peu plus nous sommes tristes de constater que les banalités, les gestes vulgaires, la tricherie sont applaudis et acclamés, alors que des gestes et attitudes taurins de valeur passent inaperçus au regard des publics ignorants. Et cette ignorance, jusqu’à l’idiotie, est promue, reconnue, entretenue, encouragée, par les gestionnaires de la tauromachie d’aujourd’hui, par la presse d’accompagnement, accommodante, docile, et corrompue, et par une partie des professionnels."

Blogue "RECORTES Y GALLEOS"