jeudi 22 novembre 2012

LA FEMME QUI AIMA JOSELITO "EL GALLO", TORERO DE LÉGENDE

LA FEMME QUI PLEURA LA MORT DE JOSELITO

« EL GALLO »

16 Mai 1920.
TALAVERA DE LA REINA ( Prov. TOLÈDE): un toro bronco, avisé, ganaderia Vve ORTEGA, à la vue déficiente- il ne voit pas la muleta que lui présente EL GALLO,- inflige une double cornada au " plus grand torero de tous les temps", selon la légende. Image horrible des viscères arrachés par la corne de Bailador. Et mort rapide  de Joselito, pleuré par ses compagnons des trois cuadrillas. Il avait brindé la mort de son premier toro à son père, qui avait inauguré cette même plaza quelques années auparavant.« J’aime les femmes plus que tout : cela est connu, n’en disons pas plus. Si je ne devais toréer que pour des hommes, je me serais coupé la coleta. Quelques fois, au cours des tardes fatales comme chacun peut en connaître, lorsque les larmes jaillissent de mes yeux et que l’envie me prend de jeter épée et muleta en me réfugiant contre la barrière, je regarde vers les gradins, affrontant les cris hostiles du public, et là il arrive que mon regard croise les jolis yeux d’une nana, et leur caresse me dit qu’elle voudrait bien me consoler. Ceci m’est arrivé quelques fois, et ensuite je suis retourné affronter le toro, comme un marcassin, avec ma cape, encouragé par la chaleur du regard de cette inconnue, et j’ai enthousiasmé le public, en réalisant tout ce que je savais faire et plus encore. Les yeux d’une gitane dégagent un sacré fluide. »
« Je suis très amoureux – « enamoradisimo », notez le superlatif, comme les espagnols en ont le secret-, de la fille d’un célèbre éleveur de Séville, et je vais me marier avec elle. Dans quelques années, j’arrête. Et je vais imiter GUERRITA : pour la feria du Pilar de SARRAGOSSE, celle que j’aime tant, et sans surprise . » Mais les clarines de cette feria du Pilar ne devaient jamais sonner pour Joselito. Ni non plus il ne vit jamais Guadalupe en robe de mariée. La famille de la jeune fille, qui faisait partie de l’aristocratie Sévillane, ne voulait pas de cette relation amoureuse avec le torero de GELVES. «  Comment pourrais je laisser ma fille se marier avec un gitan ? », déclara un jour Philippe de PABLO-ROMERO . Et joselito, qui avait plusieurs fois tenté de plaider sa cause auprès de la famille, se lamentait ainsi auprès de ses intimes :«  Autrefois, il m’appelait fils, aujourd’hui, je suis gitan ».
En définitive, fils de paysan et de gitane, ce n’est pas cela qui empêcha le mariage, mais la tragique et inattendue mort du torero en 1920. Pas vaine, sa cour à Guadalupe, car Joselito lui brinda un toro aux arènes de BILBAO, alimentant ainsi bavardages et cancans du public présent. Et la belle ne se maria jamais, elle mourut à 80 ans, dans le quartier Sévillan de Los Remedios, en 1983. Sur son testament, elle demanda que l’on n’oublia jamais de fleurir la tombe de son bien-aimé José. Dans son livre, « Le Sacristain du Diable : Vie magique de Fernand VILLALON », Manuel BARRIOS reprend des textes de l’époque, relatifs à l’enterrement du GALLO : «  Au bout du Paseo del Duque, une femme voilée de deuil, jeune et belle, (sans doute Guadalupe de PABLO-ROMERO, qui jusqu’à la fin de sa vie fleurit la tombe de José), les yeux rougis par les larmes, jeta un cri « Joselito ! », et des amis l'éloignèrent sur le trottoir»
Le soir où il se trouva face à Bailador, Joselito avait quatre soucis qui lui nouaient la gorge : la mort de sa mère, la concurrence avec les figuras, les accrochages avec la presse, qui fut plus dure que jamais à son égard,en cette temporada 1920, notamment Gregorio CORROCHANO, mais surtout et par-dessus tout, son amour impossible avec Guadalupe.  
Sans compter ce toro à la vue déficiente. Et  tout cela  fit sans doute beaucoup trop.


IMAGES DE JOSELITO


Son beau-frère, Ignacio SANCHEZ-MEJIAS, à son chevet: il était au même cartel le jour de la tragique  cogida.

Le mausolée de JOSELITO, au cimetière San FERNANDO de SÉVILLE


En habit de deuil, quelques jours après le décès de sa mère