mercredi 5 décembre 2012

IGNACIO SÀNCHEZ MEJÍAS



IGNACIO SÁNCHEZ MEJÍAS 

(6 juin 1891, 13 Août 1934)

La légende des vraies figuras

AMÉRIQUES: LE TEMPS DES VACHES MAIGRES

Très jeune - fils de médecin de campagne, il a à peine 17 ans quand il abandonne ses études pour partir au Mexique- Ignacio Sànchez Mejias s'avère un torero atypique, téméraire, bravant et méprisant le danger: il mourra d'ailleurs d'une cornada qu'il négligea de soigner immédiatement. Ce sont ces années de galère, au Mexique, que résume Mariano Cifuentes, cet éleveur de Coquillas trahi par le mundillo taurinero, qui garde, lui, son immense aficion intacte.

Quelques toreros disaient à Ignacio qu'on finirait par s'intéresser à lui. Ils l'assuraient pouvoir intercéder en sa faveur auprès de M. Lòpez, ( empresa de Mexico ?)afin d'être engagé dans des corridas. Et l'un d'entre eux lui prédisait un grand avenir. Des années plus tard, le torero de Séville évoquait ces pronostics entendus en Amérique, alors que la vie était si dure là-bas, mais il ne parvint jamais à se souvenir avec exactitude quel était le torero qui lui donnait tant d'assurance pour sa carrière de matador.
Les mois passent, les années, et la période semble de plus en plus favorable à Ignacio pour arriver enfin à s'habiller de lumières. Et il commence d'abord à exercer en qualité de banderillero, dans de modestes corridas, l'occasion à Ramón López de dire à son entourage:" Ignacio est vaillant, il s'investit beaucoup". 
Puis Sànchez Mejias finit par devenir novillero dans les arènes de MÉXICO. Ce qui ne l'empêche pas de connaitre la gêne et les privations. Mais il se refuse à demander plus que ce qu'il perçoit pour son travail, pourtant bien mal payé à chacun de ses engagements, comme si chaque tarde était la première. Cela il le subit avec courage et tristesse à la fois, avec, présente, la nostalgie de la terre natale: l'ESPAGNE.
Et effectivement, il ressent de plus en plus l'appel de la Patrie. Il n'en peut plus de rester si longtemps à l'étranger.Le problème est que le voyage coûte cher. Et il n'a pas d'argent.
Fermin MUÑOZ, "CORCHAITO", est un torero natif de CORDOUE qui vit à MEXICO depuis 1907. Il a pris l'alternative à MADRID, alternant avec Vicente PASTOR et Rafael "EL GALLO", et aussitôt il est parti en Amérique. Puis il a toréé à MÉXICO, chaque fois avec succès. Et un jour, après plusieurs années, vient le temps où l'ESPAGNE finit par lui manquer: il décide de retrouver sa terre natale. Et lorsque Ignacio apprend que CORCHAITO revient au pays, il sent aussitôt remonter en lui la folle envie de revoir la patrie. Si CORCHAITO voulait bien le prendre avec sa cuadrilla ....! Le désir est fort, mais la réalité sera peut-être trop dure. Et SÀNCHEZ MEJÍAS ne veut pas se faire trop d'illusions. Mais CORCHAITO a un grand coeur, et quand Ignacio lui dit que son plus grand bonheur serait de rentrer en ESPAGNE, CORCHAITO lui dit: " Tu vas être heureux, tu embarques avec nous".
La générosité de CORCHAITO le comble de bonheur, et toute sa vie, plus tard, Ignacio se souviendra de l'instant où il entendit ces mots, et à chaque occasion qui se présentera, il exprimera à CORCHAITO toute sa gratitude, en reconnaissance de sa générosité: car à partir de ce jour une grande amitié les unit.
L'ESPAGNE! Ignacio bondit de joie en répétant ce nom béni, mille fois, tout au long de la traversée. Le voyage parait très long, tellement est immense le désir fou de retrouver la mère patrie le plus tôt possible, dont il observe enfin les côtes avec des yeux immenses. Et en 1911, dès son retour en ESPAGNE, il est banderillero dans la cuadrille de CORCHAITO
Quand la temporada s'achève, nouveau dilemne: faut-il suivre CORCHAITO et repartir aux Amériques, ou rester ici à s'entrainer où il pourra et quand il pourra, tout au long de l'hiver?
Il est certain qu'il se plait en ESPAGNE. Mais il craint de s'ennuyer durant les longs mois où il n'y aura pas de corrida. En plus, CORCHAITO insiste pour qu'il reparte avec lui.
A MEXICO, Ignacio renoue avec ses anciennes relations. Et il gagne beaucoup, parce qu'avec ses airs distingués, sa facilité de s'exprimer en public, son aisance mondaine le rendent sympathique à tout le monde: il sait se faire entendre et apprécier dans les tertulias fréquentés par des toreros élégants et soignés dans la tenue et le verbe.
Tous ceux qui l'approchent le considèrent unanimement comme un homme intelligent, très attentif et courtois dans les conversations de personnes cultivées, toujours aimable avec tout le monde,sans se montrer d'accord avec toutes les opinions émises,  lorsqu'il ne les estime pas en accord avec les siennes.
"Vous avez une approche un peu sévère de la fiesta",lui dit un jour un aficionado qui vient de lui être présenté Et Ignacio lui répond: "Dans l'arène, le torero joue sa vie, cela ne peut pas être un passe-temps qui lui permet de pouvoir changer et rechanger d'avis"
Ainsi Snchez Mejias affirme de plus en plus son solide caractère, à un âge où d'autres que lui ne sauraient montrer une telle assurance ni tant de fermeté dans les jugements.
Après avoir rempli la tâche de banderillero pendant plusieurs temporadas, Ignacio se remet en tête l'idée tenace de se présenter comme matador. Et il attend le moment propice pour se proposer.  Il est impatient, car il a pour lui une réputation de valeur tranquille, et  de solides connaissances du toro de combat. Le 12 Mars 1913, dans la Plaza de Toros de MEXICO, il est engagé pour toréer deux novillos, dans une corrida mixte. Il y est très applaudi, pour son courage, il ne déçoit pas ceux qui croyaient à ses dispositions, et qui lui prévoyaient un avenir prometteur dans le difficile art de la lidia des toros. Mais le succès ne fut même pas suffisant pour lui garantir un poste de novillero.
Quelques années plus tard, dans une déclaration à un journaliste, à qui Ignacio rappelait cette novillada de MEXICO, il ajoutait:" Il est indéniable que je plaisais beaucoup à ce public, et que ce public voulait  m'applaudir, je désirais le mériter, mais je reconnais que dans l'arène, je n'étais pas sûr de moi, préoccupé, d'une part par la faiblesse des novillos, d'autre part parce que ma carrière de novillero ne fut pas bien préparée, elle se faisait attendre, j'avais dû réfléchir longuement avant d'accepter ou non cette proposition.
Peu après, Ignacio revient en ESPAGNE: une nouvelle fois, comme banderillero, dans plusieurs arènes, tantôt avec COCHERITO DE BILBAO, tantôt avec MACHAQUITO
Sa célébrité de courageux peon, qu'il a acquis au MEXIQUE, se répand en ESPAGNE, et cela le met à nouveau dans les meilleures dispositions pour se proposer comme matador. Mais il veut d'abord se présenter en novillero à MADRID,, il sait que c'est la plus grande Plaza de Toros. Une arène célèbre, à l'immense réputation, un rayonnement incomparable.
A suivre...

 (Avec l'aimable autorisation de Mariano CIFUENTES.)