mercredi 3 avril 2013

SUR LE GUIDE DE LA TEMPORADA 2013: ABOLIR L'INDULTO.


Il FAUT ABOLIR L' INDULTO!
 Merci
aux aficionados.


Oui, je suis pour. Il faut l’abolir. Sur le champ. Sans
plus tarder et sans l’ombre d’un doute. Ensemble, abolissons
l’orange mécanique de la décadence, l’indulto, cette grâce présidentielle
qui n’a jamais eu beaucoup de sens dans l’univers taurin
et qui n’a définitivement plus cours dans la corbeille boursière de
l’authenticité et de la sincérité. La dernière temporada française
vient de basculer dans le ridicule et malgré quelques signaux
d’alarme tirés depuis le début des années 2000, il faut absolument
stopper ce train de l’indécence qui semble s’emballer et ne plus
pouvoir s’arrêter.
A l’orée de l’année 1999, seuls un toro et un novillo
avaient eu droit à la grâce dans toute l’histoire des plazas tricolores.
Depuis, la machine du show business taurin s’est mise en
route. Il n’y a pas une année sans que le mouchoir orange ne démange
les poches d’un président télécommandé par l’empresa. La
temporada 2012 entre malheureusement dans l’histoire avec quatre
indultos en terres françaises. Oui, quatre. Quatre fois plus qu’à Madrid
dans toute l’histoire de Las Ventas. Quatre fois plus qu’à Séville en
trois siècles. Quatre de plus qu’à Bilbao qui n’a jamais cédé à cette
parodie tauromachique.
Amis aficionados, on vous a appris que la corrida est
une pièce en trois actes dont on connaît toujours la fin. Vous savez
qu’entre ombre et lumière, ce rituel hautement symbolique invite à
se positionner tantôt aux côtés du toro, tantôt aux côtés du torero.
On accompagne du regard la force et la belle âme de ce monstre
ancestral, témoignage éblouissant de la droiture et de la bravoure.
On frissonne aussi au gré des décisions stratégiques de l’homme,
qui choisit les terrains, trace un projet, dessine une oeuvre unique,
parfois intemporelle. On admire ses choix tactiques, savamment
dosés entre recours techniques, inspirations artistiques et abandon
de soi au profit d’un courage qui nous transcende. Tout cela, vous
le savez déjà, n’a qu’un but : donner au toro la plus belle des sorties.
Apothéose de ce combat, le coup d’épée, donné de manière
sincère, de face et avec engagement, clôt cette rencontre haute en
couleurs et riche en émotions. C’est la seule issue honnête d’une véritable
corrida. Tout ce qui dévie n’est que pure foutaise.
Comme je l’ai déjà expliqué ici, dans une des neuf éditions
précédentes, le trio d’intérêts composé des toreros, des éleveurs et
des empresas, revendique pleinement le droit à la grâce du toro et
le plus souvent, si possible. A l’image d’une vulgaire course à
l’échalote, il faut afficher de l’indulto dans son curriculum vitae, sur
l’azulejo de la finca et sur le fronton des plazas. Une bonne partie
de la tauromachie d’aujourd’hui s’est “mac donaldisée”. On se
contrefout de savoir s’il s’agit de grande cuisine élaborée avec sincérité.
On veut des mines radieuses à la sortie des tendidos et des
marées de mouchoirs blancs qui résonnent comme les cadeaux de
Ronald à la sortie du “happy meal”. Le public, de moins en moins
bien formé et de plus en plus désinformé par les marchands de paillettes,
en veut pour son argent. Il ne va plus à la corrida, il va voir
un spectacle tauromachique. Et dans l’inconscient façonné par les
entreprises qui vivent de cette parodie taurine, la notion de spectacle
est obligatoirement sanctionnée par un résultat, par des oreilles,
des queues et, désormais, par des indultos.
Si le public éclairé ne reprend pas à son compte les piliers
de l’art taurin que sont l’authenticité, la sincérité et la vérité,
alors la corrida disparaîtra d’elle-même, car ce public qui veut
avant tout voir le mouchoir orange tomber du palco n’a rien d’un
aficionado pérenne et finira bien par se lasser des ruedos. Car, au
delà de l’indulto, il n’y aura plus rien à offrir à ces consommateurs
de sensations et leur machine à rêves finira par se casser. Et la nôtre
avec.
Alors, oui, mille fois oui, abolissons l’indulto.■
Christophe ANDRIEU


Note de Pedrito:
L'auteur du "GUIDE DE LA TEMPORADA 2013",m'a fait parvenir quelques pages extraites de son ouvrage. Je publie d'autant plus volontiers ce texte que je le partage à 100 / 100. En le remerciant pour son travail au service de l'authenticité
Enhorabuena, Christophe ANDRIEU

ESCRIBANO : EN AVOIR ....OU PAS

LE FAMEUX QUIEBRO AUX PLANCHES DE CE DIMANCHE DE PÂQUES A AIGNAN