samedi 17 octobre 2015

FERIA DU PILAR DE ZARAGOZA: AFICIÒN PUEBLERINA

Retour de SARAGOSSE. J’étais parti pour voir ou revoir « los MAÑOS », avec leurs beaux pelages cardenos si caractéristiques, leur trapio sérieux, leurs armures élancées, astifinas, leur indéniable caste, même teintée de cette noblesse qui rend toréables ces reses, qui, pourtant, ne s’en laissent jamais compter, car ils ne supportent pas qu’on les prenne pour des « domés », ils le rappellent très vite aux novilleros qui auraient tendance à ne se présenter que de profil, avec leur pico à 1m,80 de la ceinture, au lieu de charger la suerte. Bref, je découvrais surtout ZARAGOZA et sa plaza de première de « la Misericordia »
Plaza de « primera »!!

Quelle déconvenue ! Public totalement à côté de ses pompes, à de très rares exceptions près. On se croit à FUENGIROLA, BENALMADENA, TORREMOLINOS, MARBELLA, ces arènes de plages où des charters de Belges, d’Allemands, d’Anglais, déboursent 50 euros pour découvrir pour la première fois de leur vie quelque chose qui leur est présenté comme corrida, en l’occurence une novillada non piquée, organisée par quelques aigrefins de la côte Méditerranéenne, avec deux novilleros du coin face à 4 novillos commerciaux, si vous voyez ce que je veux dire. Ici, à ZARAGOZA, les 6 novillos des frères MARCUELLO n’ont pas failli à leur réputation, quoique pour moi moins passionnants que ce que nous avons l’habitude de voir à ANDORRA ou PARENTIS EN BORN. Peut-être la taille plus modeste du ruedo se prête-t-elle mieux à la lidia des novillos dans les placitas que dans un ruedo beaucoup plus vaste.
En tout cas, les novillos n’ont pas déçu, l’intérêt de la tarde ne faiblissant jamais, malgré une nouvelle fois la justesse de bagage de ceux qui les affrontaient. Le pire, dans cette arène où je ne mettrai plus les pieds, c’est le public. Sans aficion que celle des pañuelos. Piques assassines, dans le dos, dans les côtes, administrées à flanc de cheval, personne ne bronche, au contraire, les applaudissements accompagnent jusqu’à la sortie le charcutier aux ordres du jeune « maestro ». L’épreuve de la pique est ici totalement négligée. Aucun intérêt, ou presque, à respecter une belle « suerte de picar ». Ensuite, dès les trois premiers muletazos, la claque commence, pour que le palco déclenche la musique, heureusement de qualité. Mais toujours présente. Pesante....Par exemple, pour deux paires de bâtonnets d’ESCRIBANO – en musique, of course - à corne passée, quatre passes de profil, trois circulaires, en toréant les tendidos, muleta accrochée, faenita décousue et toreo vulgaire, sans dominio aucun, le public exulte. Que lui importe l’absence de lidia intègre. Un golletazo là-dessus, l’arène se couvre de mouchoirs, et le président qui résiste à accorder le second pavillon reçoit la bronca de sa vie. Mais il a par contre accordé plus tard la vuelta posthume à un toro qui a reçu à peine plus qu’une piquette. Mouchoir bleu !!! BLEU !!!!! Pauvre aficion maña …..
Un président comme on en voit peu ! Pire encore que les m’as-tu-vu présidents à vie qui chaque dimanche chez nous dans le Gers et les Landes s’accrochent à leur palco comme à un trône.
Voilà planté le cadre de ce que l’on appelle parait-il une arène de première !! Minable ! Public totalement ignare, qui se fout de la lidia comme de sa première paire de zapatos. Me revient en mémoire l’indulto du « Maño » de 2014. Je me demande même pourquoi et comment ils n’en réclament pas au moins deux ou trois par an, tellement ils éprouvent un plaisir frénétique à applaudir les gestes, les attitudes les plus médiocres. A se faire prendre pour des gogos....Pauvre, pauvre aficion maña.....

Ginés MARIN s’est fait bousculer plusieurs fois par le premier novillo, ne s’est pas croisé, a fait des passes, s’est fait promener, le Maño a plus pesé qu’il n’a été dominé. Noblote, un peu faible, il est mort du sacro saint bajonazo en vogue dans la toreria actuelle. Pour son second novillo, MARIN a mis les petits plats dans les grands, en plaçant le torito au centre du ruedo, pour une embestida spectaculaire, mais sans pousser, lance vite relevée. Sept ou huit muletazos à genou pour débuter la faena au centre, puis longue séance de passes de profil. Destoreo brouillon pour un torito soso, dont s’accomodent le public et les revisteros qui pullulent dans le callejon, leurs reseñas en témoignent. Entière.

VAREA laisse son Maña s’empaler sur la lance à bout portant, drôle d’application de l’épreuve de la bravoure dans les arènes de ZARAGOZA. Le novillo encaisse le coup, il semble faible après l’épreuve. Puis il ira a màs, bouffant littéralement la muleta, public aux anges, jusqu’à l’oreille bruyamment fêtée, après une entière tombée. Idem pour son second opposant, qu’il ne retient pas mais laisse échapper au cheval : longue pique, poussée aux planches, puis retour vers le rond en poussant toujours. Deuxième embestida en partant du centre, on commence à rêver à du sérieux, mais retour du pico omniprésent ensuite avec la muleta, nouvelle séance de passes de profil, épée atravesada qui sort sous le ventre, le novillo reste le maître du ruedo malgré l’illusion donnée par VAREA

Le magnifique cardeno de VALADEZ reçoit une première carioca alors qu’il ne pousse même pas. Bravo, le piquero ! Pourquoi se gêner , puisque personne ne bronche ? Et çà continue avec la seconde ration, copieusement pompée, au milieu de quelques très rares sifflets. Seuls, les deux banderilleros ne trichent pas. Puis commencent les séries de profil, ce qui ne manque pas d’aviser le novillo aux aguets. Cogida évitée de peu. Quelques cites croisés laissent dégager un parfum d’authenticité. On apprécie. Mais le pico reprend le dessus, le novillo se distrait, se fige, avant le bajonazo final.
Curieusement, le dernier novillo s’appelle TOSTADINO , comme son célèbre frère lidié par César VALENCIA, lors de matinale de la dernière feria PARENTISSOISE. C’est tout ce qu’il y aura de commun avec PARENTIS. Ici, piques désastreuses, VALADEZ banderille à corne passée, jette en l’air les bâtonnets lorsque le Maño coupe les terrains, puis cloue al quiebro dans les côtes. Le novillo tarde à embestir, encore mieux à se soumettre, se fige, bouche fermée, ne consent à bouger que lorsque le tissu lui caresse le mufle. Faenita en étouffant le l’animal. En « faisant des passes » dans le berceau. Et la cogida survient, évidente, le novillo est resté entier, c’est lui qui commande, contre toute apparence, malgré son manque de charge. Demi épée à la sauvette. Oreille, forte pétition de la seconde, par un public en marge d’authenticité.

Pour les FUENTE YMBRO, mañana sera.