dimanche 18 octobre 2015

ZARAGOZA: MÉDIOCRES FUENTE YMBRO



ESCRIBANO laisse échapper son premier toro vers la cavalerie. Mise en suerte indigne d’un matador chevronné, comme toujours plus préoccupé de banderiller à corne passée, avec son habituel cérémonial plus destiné à arracher les palmas des gogos, qu’à assurer une lidia sérieuse. Ce qui n’a pas empêché le toro de balancer piquero et cheval à terre. Très vite, le Fuente Ymbro laisse pendre la langue. Et le matador peut commencer son numéro de cirque, d’esbrouffe, avec au final les sempiternelles circulaires, les yeux dans les tendidos, à un animal soso, sans charge ni force. Le medio toro, comme en produit aujourd’hui Fuente Ymbro. Avis, épée trasera..
Second rese accueilli à porta gayola, avec la longue mise en scène qui sied si bien à ESCRIBANO pour ce numéro de cirque dont il est coutumier. Avec les quatre paires de banderilles médiocres qui vont suivre, cela fait parfaitement oublier le destoreo. Une piquette, d’abord, puis une bonne lance dans le dos pour le Fuente Ymbro. Piquero asesino, pero no pasa nada en los tendidos. Puis passes dans le dos, dans l’attitude cambrée du recortador qui cite à cuerpo limpio. Spectaculaire pour les gogos, et le toro donne déjà les premiers signes de fatigue. Muleta présentée à 40 cm du museau, l’aburrimiento s’installe. Épée qui sort sous le ventre, puis entière trasera après un avis. Fin du numéro d’engaño du torero de Gerena, qui a seulement toréé les gradins. A oublier !

FANDIÑO lui aussi laisse le toro s’empaler à bout portant contre la lance : mise en suerte totalement bâclée. L’animal s’agenouille dès les premiers muletazos, profilés, bien sûr. A droite comme avec la main gauche, le pico domine, mais pas le torero, promené par un animal sans jus, vite immobile, et le drapelet promené sous son museau ne le décide pas à charger. Entière dans le dos, plutôt dans les cartilages. Du grand art !
Le quinto est lui aussi conduit sous le cheval. Première piquette symbolique, seconde appuyée et rageusement pompée. Aux banderilles, le Fuente Ymbro ouvre déjà la gueule, langue pendante. Long brindis à la cuadrilla, le public friand du moindre non événement applaudit longtemps. Premiers muletazos accrochés. Avertissements multiples. Toujours ponctués d’applaudissements !!!
Hachazos dangereux. Changement de muleta : çà devrait aller mieux....Trois derechazos avec le (telesco) pico. Le toro continue de peser, le public est ravi. Même si FANDIÑO continue de reculer, il applaudit sa démonstration de destoreo. Avis. Demi épée hasardeuse dans les côtes à la troisième tentative. A oublier !

Le premier opposant de DEL ALAMO reçoit lui aussi une bonne ration d’acier dans le dos, loin, très loin du morillo. Et pousse....Deuxième embestida : piquette vite levée. Piquero applaudi !! Le Salmantin cite depuis le centre du rond, le toro se lance sur le leurre. Secons cite à 5 mètres : sûrement les moments forts de la tarde, le toro charge sans se faire prier. Puis la faena finit par basculer dans le répertoire en vogue dans les ruedos : toreo de profil, torero qui se découvre, accrochages, cogida imminente. Ce qui met en transe les tendidos, qui exigent une oreille, après une entière au-dessus du morillo.
Malgré une vilaine ration d’acier qu’il prend lui aussi au milieu du dos, le dernier toro pousse la monture jusqu’aux planches, puis recommence pour la seconde embestida, pique vite levée. Piquero applaudi jusqu’à sa sortie, c’est vrai qu’ici, en deux jours, les mises en suerte au cheval furent l‘exception. Première série de la gauche applaudie. Pourtant, DEL ALAMO ne se croise pas, ou peu. Sauf pour le premier cite de la série, le reste est profilé. Puis viennent les passes en rond, dernier artifice pour conclure une faenita qui aurait tendance à s’éterniser, lorsque le toro se fige. Entière sur le côté. Avis. Oreille.
Des trois, DEL ALAMO est sans doute celui qui nous a gratifiés des plus beaux gestes taurins. Qui s’est le plus livré...
Les toros, quand à eux, ont paru sans grande caste, sans poder, ni bravoure, les lidias désastreuses n’ont pas aidé à déceler ni qu’ils expriment leurs éventuelles qualités. Hormis la noblesse, rien de très marquant.
Président copieusement hué par le public de festival pueblerino en quête exclusive de trophées, spectateurs incapables de trier le bon grain de l’ivraie, de déceler le vrai du clinquant: tout pour les tricheries, la fiesta circo, l’esbroufe, aucun goût ni respect pour l’intégrité de la corrida.

Merci aux amis LANDAIS, à ceux d’AIROUX, et d’ARLES, pour les bons moments partagés.