samedi 28 novembre 2015

L'ARABIE SAOUDITE: UN DAESH QUI A RÉUSSI.

           L'ARABIE SAOUDITE: UN DAESH QUI A RÉUSSI

          Kamel Daoud
Daesh noir, Daesh blanc. Le premier égorge, tue, lapide, coupe les mains, détruit le patrimoine de l’humanité, et déteste l’archéologie, la femme et l’étranger non musulman. Le second est mieux habillé et plus propre, mais il fait la même chose. L’État islamique et l’Arabie saoudite. Dans sa lutte contre le terrorisme, l’Occident mène la guerre contre l’un tout en serrant la main de l’autre. Mécanique du déni, et de son prix. On veut sauver la fameuse alliance stratégique avec l’Arabie saoudite tout en oubliant que ce royaume repose sur une autre alliance, avec un clergé religieux qui produit, rend légitime, répand, prêche et défend le wahhabisme, islamisme ultra-puritain dont se nourrit Daesh.
Le wahhabisme, radicalisme messianique né au 18ème siècle, a l’idée de restaurer un califat fantasmé autour d’un désert, un livre sacré et deux lieux saints, La Mecque et Médine. C’est un puritanisme né dans le massacre et le sang, qui se traduit aujourd’hui par un lien surréaliste à la femme, une interdiction pour les non-musulmans d’entrer dans le territoire sacré, une loi religieuse rigoriste, et puis aussi un rapport maladif à l’image et à la représentation et donc l’art, ainsi que le corps, la nudité et la liberté. L’Arabie saoudite est un Daesh qui a réussi.
Le déni de l’Occident face à ce pays est frappant: on salue cette théocratie comme un allié et on fait mine de ne pas voir qu’elle est le principal mécène idéologique de la culture islamiste. Les nouvelles générations extrémistes du monde dit « arabe » ne sont pas nées djihadistes. Elles ont été biberonnées par la Fatwa Valley, espèce de Vatican islamiste avec une vaste industrie produisant théologiens, lois religieuses, livres et politiques éditoriales et médiatiques agressives.
On pourrait contrecarrer : Mais l’Arabie saoudite n’est-elle pas elle-même une cible potentielle de Daesh ? Si, mais insister sur ce point serait négliger le poids des liens entre la famille régnante et le clergé religieux qui assure sa stabilité — et aussi, de plus en plus, sa précarité. Le piège est total pour cette famille royale fragilisée par des règles de succession accentuant le renouvellement et qui se raccroche donc à une alliance ancestrale entre roi et prêcheur. Le clergé saoudien produit l’islamisme qui menace le pays mais qui assure aussi la légitimité du régime.
Il faut vivre dans le monde musulman pour comprendre l’immense pouvoir de transformation des chaînes TV religieuses sur la société par le biais de ses maillons faibles : les ménages, les femmes, les milieux ruraux. La culture islamiste est aujourd’hui généralisée dans beaucoup de pays – Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Égypte, Mali, Mauritanie. On y retrouve des milliers de journaux et des chaînes de télévision islamistes (comme Echourouk et Iqra), ainsi que des clergés qui imposent leur vision unique du monde, de la tradition et des vêtements à la fois dans l’espace public, sur les textes de lois et sur les rites d’une société qu’ils considèrent comme contaminée.
Il faut lire certains journaux islamistes et leurs réactions aux attaques de Paris. On y parle de l’Occident comme site de « pays impies » ; les attentats sont la conséquence d’attaques contre l’Islam ; les musulmans et les arabes sont devenus les ennemis des laïcs et des juifs. On y joue sur l’affect de la question palestinienne, le viol de l’Irak et le souvenir du trauma colonial pour emballer les masses avec un discours messianique. Alors que ce discours impose son signifiant aux espaces sociaux, en haut, les pouvoirs politiques présentent leurs condoléances à la France et dénoncent un crime contre l’humanité. Une situation de schizophrénie totale, parallèle au déni de l’Occident face à l’Arabie saoudite.
Ceci laisse sceptique sur les déclarations tonitruantes des démocraties occidentales quant à la nécessité de lutter contre le terrorisme. Cette soi-disant guerre est myope car elle s’attaque à l’effet plutôt qu’à la cause. Daesh étant une culture avant d’être une milice, comment empêcher les générations futures de basculer dans le djihadisme alors qu’on n’a pas épuisé l’effet de la Fatwa Valley, de ses clergés, de sa culture et de son immense industrie éditoriale?
Guérir le mal serait donc simple ? A peine. Le Daesh blanc de l’Arabie Saoudite reste un allié de l’Occident dans le jeu des échiquiers au Moyen-Orient. On le préfère à l’Iran, ce Daesh gris. Ceci est un piège, et il aboutit par le déni à un équilibre illusoire : On dénonce le djihadisme comme le mal du siècle mais on ne s’attarde pas sur ce qui l’a créé et le soutient. Cela permet de sauver la face, mais pas les vies.
Daesh a une mère : l’invasion de l’Irak. Mais il a aussi un père : l’Arabie saoudite et son industrie idéologique. Si l’intervention occidentale a donné des raisons aux désespérés dans le monde arabe, le royaume saoudien leur a donné croyances et convictions. Si on ne comprend pas cela, on perd la guerre même si on gagne des batailles. On tuera des djihadistes mais ils renaîtront dans de prochaines générations, et nourris des mêmes livres. Les attaques à Paris remettent sur le comptoir cette contradiction. Mais comme après le 11 septembre, nous risquons de l’effacer des analyses et des consciences.
Kamal Daoud, chroniqueur au Quotidien d’Oran, est l’auteur du roman Meursault, contre-enquête.

A suivre avec: " L'Autre Gauche et la hauteur des enjeux"

SANS VERGOGNE NI DÉCENCE

 Vous reprendrez bien un petit peu de sang ? 
 
Ainsi commence cette semaine sur Charlie Hebdo le billet hebdomadaire de Luce lapin, où notre animaliste de service s’adonne avec sa hargne et son acharnement coutumiers à cet exaltant combat: l’interdiction des corridas.

Et elle poursuit: «  Sans vergogne ni décence, la préfète et le maire de Rion ont maintenu les corridas des 21 et 22 novembre, alors que, «  tout événement qui génère un rassemblement significatif de personnes dans un lieu public OBLIGE LES FORCES DE L’ORDRE À DÉPLOYER DES MOYENS IMPORTANTS POUR LE SÉCURISER. Et la police a bien d’autres chose à faire en ce moment.... Vous avez dit union nationale ?»

Sic !

Pourquoi sic ?

Parce que cette "militante" de la cause animaliste, de la sensiblerie outrancière à l'égard de l'animal, sur des sujets dont elle n’a, ni elle, ni ses amis, aucune approche ni connaissance, que des sentiments inappropriés, - personne n'a le monopole de l’amour et du respect des animaux, surtout pas ceux qui en font leur raison de vivre – cette fausse madone de la cause taurine n’a justement aucune vergogne ni décence à aligner des arguments sur les tâches de la police. Et sur les responsabilités des uns ou des autres.

Tout simplement parce que AVANT QUE ELLE ET SES AMIS NE VIENNENT UN JOUR NOUS INSULTER AUX ABORDS DES ARÈNES, NOUS, LES AFICIONADOS QUI NOUS RENDONS AUX CORRIDAS  AU NOM DE NOTRE LÉGITIME PASSION, AUCUN POLICIER NI GENDARME NE FUT JAMAIS NÉCESSAIRE POUR SÉCURISER CES LIEUX QUI N’EN AVAIENT AUCUN BESOIN.

Depuis 60 ans que je vais aux arènes, aucun policier ne fut jamais nécessaire pour me "sécuriser". 

Mais aujourd'hui, les policiers qui sont appelés par les préfets pour établir « des cordons de sécurité » aux abords des arènes le font simplement pour répondre et faire face aux agressions d’animalistes intégristes violents, provocateurs, insultants, aux amis, complices ou disciples de luce lapin.

Au nom de leur modernité et de son rouleau compresseur, il faudrait donc interdire tout ce qui déplairait à ces apôtres de leur ridicule et démagogique sensiblerie? Couper les racines, interdire les traditions...Comme on interdit l'alcool, le jambon, dans ces religions progressistes qui nous assassinent au nom de leur dieu de merde, interdire aussi l'art, la nudité, que sais-je? imposer ici, le hallal, ou là, sur nos tables, le véganisme, les herbes, la salade, même pas manger les sauterelles, comme dans d'autres pays lointains?

Il faut donc un sacré culot à cette créature pour qu’elle confonde allègrement la cause et la conséquence : la cause, c’est elle et ses amis provocateurs. Ce sont eux qui font se déplacer les policiers. Les responsables, les auteurs des troubles....

La conséquence : ce sont des citoyens se rendant à un spectacle légal, autorisé par la loi, enraciné dans des coutumes ancestrales régionales, obligés de subir, outre les fouilles des policiers, les insultes et violences diverses d’ anti-corrida névrosés et agressifs qui voudraient se faire passer pour des pacifistes.

Par ces temps qui courent, luce lapin, ces heures de crimes et de soumission aux fascismes religieux, de misère, de danger écologique planétaire, n'y a-t-il vraiment pas de combat plus opportun, plus urgent, plus humain, à mener, que celui d’emmerder des citoyens, dont le seul tort est de ne pas partager votre sensiblerie, autrement plus anachronique et dangereuse que ces passions qui n'appartiennent qu'à nous, aficionados, et qui disparaîtront sans doute avec ou sans vous et nous?

OUI: DAESH A À VOIR AVEC L'ISLAM.

OUI: Daesh a à voir avec l'islam!



Laissons d’abord la parole à Abdellah Tourabi, directeur de publication du journal marocain Tel quel : « Oui, ça a à voir avec l’islam ».
À chaque fois que se produit un attentat ou que le monde découvre une atrocité commise par Daech, on entend immédiatement des affirmations du genre “ça n’a rien à voir avec l’islam”, ou “ces gens-là n’ont jamais lu le Coran”.
Ces arguments sont souvent bien intentionnés et sincères, mais ils sont, hélas, faux et intellectuellement malhonnêtes. Ils n’aident ni à comprendre la réalité ni à avancer pour l’islam”, sont cités abondamment par les intégristes de Daech. Ils ne les ont pas inventés ni détournés de leur sens littéral.
Le Coran, comme tous les autres livres religieux, contient des passages violents et belliqueux. Ils sont l’expression de leur temps et le contexte de leur révélation. Le calife Ali, cousin et gendre du prophète, résumait l’affaire en une formule limpide et clairvoyante: “Le Coran c’est deux lignes écrites dans un livre. Ce sont les hommes qui les interprètent”, disait-il. Lui qui a été assassiné aux premières années de l’islam par un fanatique qui préfigurait les sectaires de Daech. Notre refus de voir cette vérité en face, sortir de cette impasse historique dans laquelle le monde musulman s’est englué. Les fanatiques qui se réclament de Daech parlent et agissent à l’intérieur de l’islam. Leurs convictions, leurs actes et leur vision du monde se veulent comme une réplique parfaite de l’islam des origines.
Les adeptes de Daech appliquent le Coran à la lettre, font des hadiths le fondement même de leur vie quotidienne, et veulent reproduire intégralement la première forme politique connue de l’islam, le califat. Leur univers est certes fantasmé et anachronique, mais il correspond à une réalité qui a existé il y a 14 siècles. Le nier ou refuser de le reconnaître serait un aveuglement.
Les textes religieux sont l’alpha et l’oméga des soldats de Daech. Comme les autres groupes jihadistes (Al Qaïda, les groupes égyptiens des années 1980-1990), ils justifient massivement leurs actes par des références au Coran et à la Sunna. Leurs documents, leurs communiqués et leurs livres sont construits comme des démonstrations théologiques et religieuses. Ils s’appuient sur des versets et des hadiths qui sont le résultat d’un contexte particulier, marqué par les guerres menées par le prophète Mohammed contre ses adversaires et la naissance du premier État musulman à Médine. Des versets comme “tuez les infidèles où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les”, ou un hadith qui énonce que “le jihad est le plus haut sommet de de reconnaître la part de violence dans l’islam et de vouloir la dépasser nous entraîne dans une spirale d’hypocrisie et de déni de réalité.
Les théories du complot, la rhétorique creuse et vaine et le rejet de toute responsabilité sont les manifestations d’un malaise et d’une impasse. En rabâchant des slogans comme “pas d’ijtihad en présence d’un texte” et “le Coran est valable en tout lieu et tout temps”, on s’est empêchés d’avoir une lecture rationnelle et historique des textes religieux. Le regard critique, l’usage de la raison et l’adaptation à notre monde seront toujours sacrifiés et relégués au second plan. Et, entre-temps, les fanatiques de Daech continueront leur lecture littérale et mortifère des mêmes textes religieux que nous partageons avec eux. »

Paru sur « RESPUBLICA- Débats laïques
A suivre avec :" L'Arabie Saoudite, un daesh qui a réussi".