lundi 18 janvier 2016

A LIRE: ALAIN BADIOU,SUR LA TUERIE DU 13 NOVEMBRE....


Alain BADIOU:

«La frustration d’un désir d’Occident

ouvre un espace à l’instinct de mort»

Le philosophe publie un ouvrage sur la tuerie du 13 Novembre, dont il impute la responsabilité à l’impossibilité de proposer une alternative au monde tel qu’il est. Il pointe notamment l’effondrement des idées progressistes, victimes d’une crise profonde de la pensée depuis l’échec du communisme.


A partir des années 80, un certain nombre d’intellectuels, qui sortaient déçus et amers, faute d’un succès immédiat, du gauchisme des années 60 et 70, se sont ralliés à l’ordre établi. Pour s’installer dans le monde, ils sont devenus des chantres de la sérénité occidentale. Évidemment, leur responsabilité est flagrante. Mais il faut aussi tenir compte du retard pris du côté d’une critique radicale de l’expansion ­capitaliste et des propositions alternatives qui doivent renouveler et renforcer l’hypothèse communiste. Cette faiblesse est venue de l’amplitude de la catastrophe. Il y a eu une sorte d’effondrement, non seulement des États socialistes, qui étaient depuis longtemps critiqués, mais aussi de la domination des idées progressistes et révolutionnaires dans l’intelligentsia, singulièrement en France depuis l’après-guerre. Cet effondrement indiquait une crise profonde, laquelle exigeait un renouvellement conceptuel et idéologique, notamment philosophique. Avec d’autres, je me suis engagé dans cette tâche, mais nous sommes encore loin du compte. Lénine disait des intellectuels qu’ils étaient la plaque sensible de l’histoire. L’histoire, entre le début des années 70 et le milieu des années 80, nous a imposé un renversement idéologique d’une violence extraordinaire, un triomphe presque sans précédent des idées réactionnaires de toutes sortes.

Note de Pedrito
On a parfois tendance à croire, dans l'émotion, la douleur, que tout ce qui nous arrive sur la figure était imprévisible....Injuste, cruel, irréel, incompréhensible. Le philosophe, lui, relie les fils de l'histoire distendus  par notre mode de vie trépidant, au rythme des infos dérisoires, des images choquantes, de la communication débridée, d'un audimat mortifère . Lire est toujours salutaire. Ici, çà se confirme. Badiou ne fait que nous rappeler des évidences que droite et gauche bobo ont trop longtemps étouffées.

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