dimanche 31 janvier 2016

INVESTIR? OU GAVER LES MILLIARDAIRES?


Publié par Jean Lévy


Le Figaro

Plutôt qu'investir, ils préfèrent soigner
leur cours de Bourse.
Les sociétés du CAC 40 n'ont jamais été aussi généreuses à l'égard de la Bourse. Elles ont distribué l'an dernier un montant record de 56 milliards d'euros à leurs actionnaires et comptent faire encore mieux cette année. Alors que la France peine à sortir de la crise, cette pluie de dividendes alimente la polémique.
Ce regain de générosité s'observe sur toutes les grandes places boursières mondiales, mais la France se distingue particulièrement puisque, depuis 2003, les sommes distribuées aux actionnaires ont été multipliées par près de 2,5 fois. La plus grosse partie de cette progression s'explique par une hausse substantielle des dividendes annuels, mais aussi par la conversion des sociétés à la mode des rachats d'actions venue des États-Unis. L'an dernier, ces opérations ont porté sur 10,2 milliards d'euros.
Je n'ai pas pour habitude de piocher mes références dans les pages du Figaro pour dénoncer les forfaitures de ceux qui nous gouvernent, de tous les libéraux, qu'ils soient de droite ou bien même de ceux qui se réclament de gauche.
 Les mêmes choix et les mêmes politiques, du Ps aujourd'hui,de la droite hier, enfoncent notre pays dans les guerres, l'asservissent à l'OTAN et à l'UE, et encouragent la montée des fascismes. Ils provoquent colère et dégoût auprès des citoyens, si bien que 20 millions d'entre eux refusent les choix politiques proposés: ils s'abstiennent ou votent blanc ou nul, constituant ainsi le PREMIER PARTI DE FRANCE.
D'où la crainte des milliardaires d'un sursaut populaire, et leur volonté de restreindre les liberté, de créer un climat de peur, pour éloigner toute velléité de protester, de s'opposer, de s'unir pour s'insurger et résister. D'où enfin cette loi liberticide sur l'état d'urgence. 
Voulue et votée par les libéraux des deux camps, mais dont les dangers finiront par éclater aux yeux du plus grand nombre.
Pamela ANDERSON la siliconée, invitée par les écolos, est venue chez nous pour nous empêcher d'aimer le foie gras. Pour nous l'interdire. Ces donneurs de leçons et leurs complices verts ne feraient-ils pas mieux de s'occuper d'urgence de limiter la cupidité des milliardaires?

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LE FRANÇAIS TEL QU'ON NE LE PARLERA PLUS


Si par hasard, après le déjeuner dominical, vous décidiez, pour terminer tranquillement votre dessert en famille, de dire à la marmaille :
« Bon, les enfants, allez dehors jouer au ballon »
Inutile de vous dire que vous ne serez pas compris par les adeptes de la Nouvelle Orientation Dialectique : pour être chébran nioulouque vous eussiez (oh pardon, j’utilise la concordance des temps, que c’est ringard) dû dire :
« Hop les apprenants, déplacez-vous en extérieur pour utiliser à bien le référentiel spatial sphérique ».
Désolé, mais je ne peux pas m’en empêcher de réagir sainement. Je craaaque. Amateur inconditionnel de la novlangue pédante, bureaucratique et politiquement correcte, je me dois de partager mes dernières découvertes. Déjà cet été, j’ai adoré les campings qui ne veulent plus qu’on les appelle campings parce que ça suscite instantanément dans l’esprit des gens l’image de Franck Dubosc en moule-boules ou de Roger et Ginette à l’apéro avec casquette Ricard et claquettes de plage Adidas. Donc les professionnels de la branche demandent que l’on dise désormais «hôtellerie en plein air». Bon.
J’ai aussi appris que je n’étais pas petit mais «de taille modeste» et qu’un nain était une «personne à verticalité contrariée».
 Si, si. Et les gros, c’est comment maintenant ?
Mais rendons à César ce qui lui appartient, l’empereur du genre reste le milieu scolaire et ses pédagos à gogo. J’étais déjà tombé de ma chaise pendant une soirée de parents quand la maîtresse a écrit sur le tableau que nos enfants allaient apprendre à manier «l’outil scripteur» au lieu de tenir un crayon. Je me suis habitué au fait que les rédactions sont des «productions écrites», les courses d’école des «sorties de cohésion» et les élèves en difficulté ou handicapés des «élèves à besoins éducatifs spécifiques». Mais cette année, sans discussion aucune, la mention très bien avec félicitations du jury est attribuée au Conseil supérieur des programmes en France et à sa réforme du collège. Z’êtes prêts? Allons-y.
Donc, demain l’élève n’apprendra plus à écrire mais à «maîtriser le geste graphomoteur et automatiser progressivement le tracé normé des lettres». Il n’y aura plus de dictée mais une «vigilance orthographique». Quand un élève aura un problème on tentera une «remédiation».
Mais curieusement le meilleur est pour la gym… oups pardon! pour l’EPS (Education physique et sportive).
Attention, on s’accroche : courir c’est «créer de la vitesse», nager en piscine c’est «se déplacer dans un milieu aquatique profond standardisé et traverser l’eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête», et le badminton est une «activité duelle médiée par un volant». Ah! C’est du sportif, j’avais prévenu, Les précieuses ridicules de Molière, à côté, c’est de l’urine de jeune félidé (je n’ose pas dire du pipi de chat).
Alors, mes amis, ne perdons pas ce merveilleux sens du burlesque et inventons une nouvelle catégorie : la «personne en cessation d’intelligence» autrement dit, le con. Ou le couillon, pour être plus pagnolesque. Moi, je préfère "couillongue", nous qui avons "l'assent pointu"
Signé : un parent d’élèves, accessoirement ancien prof.
Ah non, re-pardon…
 «Géniteur d’apprenant».
Mais avant d’en finir, encore une…Remarque : depuis 1969, date de ma première apparition en tant que prof de maths devant un aréopage d’étudiants, j’en ai vu des réformes, des tendances, des programmes, des querelles. Ils vivent le temps de vie alloué à chaque réforme jusqu’à ce que réapparaisse ce que nous appelions jusqu’alors un nouveau phénomène « récurrent » et qui maintenant est « héréditaire », terme inventé par les mêmes qui ont baptisé les « formulaires » des « herbiers ». Si, si, je vous jure ! Sont donc passés entre mes mains, si j’ose dire, trois générations puisque mes premiers étudiant(e)s sont grands-pères(mères). Quelques-un(e)s ont embrassé la carrière de matheux (certains très brillamment en frottant leurs culotte sur les bancs de Normale Sup, l’X et autres fourmilières à neurones), certains pour enseigner, d’autres pour les maths financières. Pour ne pas être en reste de réformes, la Banque de France vient elle aussi de réformer les tâches en changeant, je cite sa « formule de concours ». Rien de plus simple, la voilà. Ne dites plus « au fou », mais faites le 117 bis sur votre cadran, c’est l’appel d’urgence des oufs. Je n’invente rien , pour les incrédules, le bandeau est en première page du site de BdF…c'est ici
Denis.