vendredi 29 mars 2024

 

Education sexuelle à l’école : Attention danger !

Jean Luc ROBERT   AGORA VOX

Des parents dépassés ?

Lorsque l'école enseigne "dans le détail" aujourd'hui la sexualité aux plus jeunes, on peut se demander si elle est bien dans son rôle. Désormais chargée de résoudre les comportements de toute-puissance des plus désinvoltes sans y parvenir, elle s'impose également comme l'instructrice sexuelle, la formatrice, de cette jeunesse pour laquelle on se demande où sont passés les parents.

Ces parents seraient-ils dépassés, has been, au point qu'il faudrait aussi les suppléer pour l'éducation sexuelle de leurs enfants ? Ils pointent pourtant le contenu de ces séances d'éducation à la sexualité dispensées dans certaines écoles primaires, leurs enfants étant parfois "en état de choc".

 

Interdit d'interdire !

L'enfant 2.0 est celui à qui l'on ne doit plus rien interdire. Il est au centre de tout. L'école lui demande par exemple ce qu'il veut apprendre, et s'arrange pour éviter de lui mettre des appréciations trop sévères en cas de mauvais comportement. Oui, l'école permissive et positive, permet aux plus laxistes et perturbateurs de décrocher le précieux sésame à tous les coups. Quant aux parents, ils sont aussi enjoints de devenir des parents positifs. Aucun parent n'ose aujourd'hui aller à "l'affrontement" en interdisant une tablette ou un téléphone pour lequel il paie pourtant un abonnement. On se contente de répéter à l'enfant qu'il faudrait être raisonnable ; on essaie de négocier avec lui, de lui faire confiance, tout en sachant que ce dernier est exposé à des contenus sexualisés ou répréhensibles sur les réseaux sociaux.

 

L'âge de raison

L'enfant sera-t-il raisonnable comme ses parents l'espèrent, pour arrêter de scroller et scroller encore au lieu de travailler réellement à combler ses lacunes abyssales en orthographe ? Nous savons que le temps moyen d'utilisation du téléphone par les jeunes excède souvent plusieurs heures par jour.
Sauront-ils par exemple résister à la curiosité d'accéder à des contenus pornographiques qui pourront devenir addictifs, et les plonger précocement dans un univers dont ils n'ont pas tous les codes ? En Lot-et-Garonne, un ado de 14 ans a par exemple été interpellé le 16/03/24 pour le viol d’une septuagénaire. Il aurait reconnu avoir forcé cette dame de 70 ans à lui faire une fellation sous la menace d’une arme blanche. Ce jeune homme qui selon ses dires consommait plus de 2 heures de pornographie par jour, a complètement perdu la tête. La pornographie était devenue une telle obsession, qu'il a acté dans la réalité ce qu'il voyait en boucle sur internet depuis des mois. 

Mai 68, l'évolution des moeurs, ou que sais-je encore, est passé par là, et n'a pas grand chose à faire de la censure bienveillante que certains parents inquiets voudraient instaurer pour leur enfant. "Il faut désormais considérer l'enfant comme une personne" disait Françoise Dolto, et certains ajouteraient même : "comme un adulte à qui il faut demander l'avis sur tout", et à qui il faut tout dire. Pour quelles raisons ? Par respect et considération pour la personne qu'il est voyons ! Mais ce besoin ou cette nécessité de considérer l'enfant, doit-il conduire à ce que l'enfant ne soit plus à sa place d'enfant ? Dans ma clinique quotidienne, je vois des parents désemparés, ne sachant plus comment se faire respecter : "Il a traité son père de salaud, et moi d'enfoirée a pu dire une mère avec un pincement au coeur. Il fouille régulièrement dans notre téléphone, débarque dans notre chambre, veut tout savoir sur tout. Il n'accepte pas qu'on le tienne à l'écart. Il dit qu'il ne voit pas pourquoi nous aurions plus droit que lui de faire ceci ou cela..." Eh oui, il fait bien mal de constater ce manque de respect de la part d'un enfant qui pense avoir les mêmes droits que l'adulte et être son égal.

 

Respecter le développement de l'enfant

Du respect, parlons-en donc. On n'oublie trop rapidement que le développement de l'enfant se fait par étapes et qu'il comprend plusieurs domaines parmi lesquels le développement psychosexuel. Nous pouvons citer d'autres domaines comme la motricite globale/fine, l'autonomie, le langage, les cognitions, la socialisation, pour expliquer que le développement s'opère par étapes dans chacun de ces domaines. Ainsi, nous savons par exemple que dans l'important domaine du langage, l'enfant neurotypique prononce son premier mot à l'âge de 1 an parce qu'il n'a tout simplement pas la maturité cérébrale pour y parvenir avant. Si l'on prend le domaine de développement psychosexuel, on sait qu'exposer l'enfant précocement à une sexualité exogène via du contenu pornographique ou un environnement excitant (par ex : une éducation détaillée à la sexualité à l'école), pourra littéralement déborder son psychisme, qui devra faire avec toutes ces sensations qu'il pourrait ne pas parvenir à juguler.

Le psychisme immature du jeune violeur de 14 ans n'était assurément pas en mesure de traiter toute cette excitation, parce que, pareillement au premier mot qui ne peut se former et être prononcé correctement avant l'âge de 1 an dans le domaine du langage, son psychisme immature n'était pas prêt à gérer cette surexcitation exogène dans le domaine de développement psychosexuel. Sans aller jusqu'au viol, certains jeunes peuvent aussi par exemple devenir très agressifs.

Il ne s'agit pas bien sûr de nier que l'enfant a une une sexualité tel que Sigmund Freud nous l'a expliqué, mais il faut comprendre que l'enfant que l'on vient bouleverser dans son développement psychosexuel en l'exposant à un enseignement comme cela peut être fait par l'école, en est bien souvent à l'étape d'une excitation endogène. Nous le savons, la sexualité exogène est jusqu'à un certain âge sublimée.

 

Jadis on évitait le sujet

Jadis, l'éducation à la vie incombait avant tout aux parents. Elle comprenait bien sûr cette éducation à la sexualité. Et le parent, qui, il faut bien le reconnaître, était souvent embarrassé par cette question, n'était pas pressé pour expliquer cette sexualité en détail, se contentant souvent du minimum. Ceci empêchait-il l'enfant de comprendre progressivement, à son rythme, que les enfants ne naissent pas dans les choux ? Ceci l'empêchait-il d'aller vers une connaissance plus approfondie de la sexualité à mesure que sa maturité avançait ? Je ne pense pas.

Aujourd'hui, on devance le désir de l'enfant

L'école, qui me semble-t-il est fortement soumise au diktat de cette pression sociétale voulant mettre l'enfant sur le même pied d'égalité que l'adulte, se charge de dévancer le désir de ce dernier, au point de le gêner bien souvent. Car il a beau être curieux, vouloir savoir des choses, il n'est pas pour autant prêt psychiquement à les recevoir. Cet enfant a qui on laisse croire qu'il peut être à une place qui n'est pas la sienne, se retrouve ainsi plongé dans une sexualité d'adulte qui ne devrait pas être la sienne. L'innocence infantile devrait pourtant encore avoir un sens.

On voudrait lever cette innocence de plus en plus tôt dans l'idée de protéger ce dernier et en le préparant au mieux à sa vie de futur adulte, mais ne le précipite-t-on pas tout au contraire dans un monde angoissant ?

Le parent qui considérait que l'enfant ne devait pas connaître ces choses d'adultes avait-il vraiment tort ?

Il dépend vraiment de l'âge bien sûr, mais dire à un élève de CM2 que sucer une verge donne du plaisir comme sucer une sucette, lui montrer des photos ou même des dessins représentant l'acte sexuel, parler de sodomie, d'impuissance, d'éjaculation, n'est-il pas prendre le risque d'inciter ou de choquer ? Est-ce vraiment la vocation de l'école ?

Des parents assistés

Le parent n'a plus la possibilité de se charger seul de l'instruction à la sexualité de son enfant, et n'a plus non plus le droit de le punir. Il est sommé de suivre le courant en vogue de l'éducation positive. Il attend désormais de l'école qu'elle fixe les limites éducatives à ses enfants qu'il ne parvient plus à cadrer, et qu'elle assume aussi l'éducation sexuelle de ces derniers, et toute l'éducation civique d'ailleurs (concernant la citoyenneté, les valeurs qu'un système éducatif et culturel). 

Que s'est-il donc passé en 50 ans pour que l'école se transforme en une institution faisant l'éducation à la place des parents ? Que s'est-il donc passé pour que l'école soit à ce point infiltrée, sous couvert d'enseignement, par une idéologie telle que le wokisme à travers une lutte prétendument bienveillante contre les inégalités ? Lorsque l'on explique à l'enfant qu'il est normal qu'il ne sache pas s'il a envie d'être un garçon ou une fille, lorsqu'on lui explique qu'on peut aussi mettre le zizi dans les fesses à un âge où il ne se pose pas cette question, que fait-on ? Où va-t-on ? Les parents doivent-il être démissionnaires par rapport à cela ? Comment peuvent-ils s'opposer à une institution comme l'Education nationale qui semble-t-il a tous pouvoirs sur leurs enfants ?

Attention : le désir de l'enfant en matière de sexualité n'est souvent pas celui que l'on croit, et il est important de ne surtout pas le devancer.

 

Afrique : le vent nouveau

29 Mars 2024 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Afrique, #lutte contre l'impérialisme, #L'Europe impérialiste et capitaliste, #Russie, #Chine

Diagne Fodé Roland

Diagne Fodé Roland

 

DU « VENT D’EST DEMOCRATIQUE » AU NOUVEAU

VENT SOUVERAINISTE QUI SOUFFLE SUR L’AFRIQUE !

Diagne Fodé Roland

Qui a encore en mémoire qu’en 1989/91 ce que la propagande impérialiste avait appelé « le vent d’est de la démocratie » déferlant sur l’Afrique après la conférence françafricaine de la Baule en 1989, année de la « chute du mur de Berlin » ? Pas grand monde assurément pour faire le lien, mais on se souvient des effets socialement dévastateurs de la dévaluation du francs CFA consécutive à plus d’une décennie de plans d’ajustement structurel libéraux (PAS) au nom de la « dette » avec la formule magique du FMI, de la Banque Mondiale et du GATT baptisé OMC « moins d’État, mieux d’État ».

Face aux luttes d’alors des peuples d’Afrique, ce prétendu « vent d’est démocratique » a été en réalité un remodelage du néocolonialisme passant des dictatures civiles et surtout militaires françafricaines au multipartisme généralisé et à des alternances entre libéraux (droite) et sociaux libéraux (socialistes).

Aujourd’hui souffle sur l’Afrique ce que nous appelons le vent souverainiste de la seconde phase de libération indépendantiste africaine.

La jeunesse patriotique qui a soupé du « vent d’est démocratique » dit stop au modèle démocratique néocolonial qui, sous couvert d’un « multipartisme » affamant, engendre la poursuite effrénée du pillage des richesses nationales par les Multinationales impérialistes, des vols systémiques des deniers publics par la bourgeoisie bureaucratique néocoloniale et des exodes meurtriers du désert et des mers.

Par sa révolte, la jeunesse patriotique veut vivre de son travail au pays et non plus mourir dans le désert et les océans ou devenir esclave sans papiers dans les pays impérialistes.

Voyons comment le « vent d’est démocratique » a engendré le nouveau vent souverainiste.

 

Ce que cachait le « vent d’est démocratique »

Dans les années 80, les économies des puissances impérialistes – USA et UE – sont de plus en plus secouées sur fond de crise générale systémique par les crises conjoncturelles comme celle provoquée par les vagues de nationalisations à la fois de l’extraction et du raffinage du pétrole et la naissance de l’OPEP entre les années 68 et au milieu des années 70.

La sur-accumulation du capital financier ayant besoin de débouchés à l’échelle mondiale a fomentée « la crise de la dette » pour imposer les plans libéraux d’ajustement structurel dépossédant les États du Sud dominés de leur appropriation des richesses minières nationales et par les privatisations des entreprises nationales et parapubliques. L’Afrique de la zone monétaire françafricaine CFA allait subir la dévaluation de 50 % pour que les Multinationales françaises en particulier s’emparent à moindre coût des richesses minières, du foncier (terre) et des entreprises publiques et parapubliques ainsi bradées.

La pensée unique libérale, le « there is no alternative » au libéralisme va réduire le secteur formel étatique et privé à la portion congrue et généraliser le secteur de l’économie informelle de survie dont une des conséquences visibles est l’émigration forcée piroguière et la traversée du désert mortifère vers des prétendues eldorados pour y devenir travailleurs sans papiers alimentant ainsi l’économie souterraine informelle toujours en extension qui s’ajoute à l’armée de réserve du chômage toujours en croissance.

La défaite du camp socialiste d’Europe et la restauration du capitalisme en URSS et son implosion vont être utilisées par les impérialistes pour s’emparer de pans entiers des économies nationales tant des pays de l’ex-camp socialiste d’Europe que des pays du Sud, notamment en Amérique du Sud et en Afrique.

Les stratégies de délocalisations vers les pays à faibles coûts salariaux des entreprises à faibles composition organique du capital détenues par les Firmes transnationales impérialistes vont s’accélérer parallèlement à l’externalisation avec la sous traitance d’activités jugées subalternes avec des donneurs d’ordre et/ou maison-mère ré-organisant les Grands monopoles capitalistes-impérialistes dans les pays impérialistes en séparant activités à forte et faible composition organique du capital et travailleurs intellectuels et manuels.

Comme on le voit, contenu durant 70 ans par l’URSS et le camp socialiste d’Europe et du Tiers Monde, la mondialisation inhérente au capitalisme sur fond de crise systémique de surproduction et de sur-accumulation du capital est à la base d’une restructuration de la globalisation expansive du capital dorénavant limitée que par le développement souverain des vrais « pays émergents » capitalistes et socialistes dont les BRICS, notamment les pays rescapés de l’ex-camp socialiste que sont la Chine, le Vietnam, la Corée du nord, Cuba.

Voilà ce que cachait le fameux « vent d’est de la démocratie » propagé par le monopole dictatorial hégémonique des médias de l’impérialisme (USA/OTAN/UE).

 

L’échec des expériences démocratiques révolutionnaires d’alors

Cette face cachée du « vent d’est démocratique » a été dans un premier temps en Afrique voilée par la conquête démocratique du multipartisme et des alternances électorales changeant les hommes et partis au pouvoir sans changer le programme unique libéral dicté par les institutions financières internationales, les institutions de Bretton woods.

Les luttes populaires et révolutions inachevées dans nos pays d’Afrique ont renversé incomplètement les dictatures militaires ou civiles françafricaines, eurafricaines et usafricaines sans balayer de fond en comble le système néocolonial. L’architecture néocoloniale s’est adaptée en aiguillant les insurrections populaires de nos peuples vers le cul de sac du « multipartisme » présenté comme le fin du fin « démocratique, condition sine qua non du développement » par « la  coopération » et non la rupture avec l’impérialisme.

Ainsi se sont succédé au pouvoir par la voie électorale dans nos pays africains les libéraux et sociaux libéraux et parfois des ex-gauches totalement intégrés aux gouvernements néocoloniaux. L’idéologie du « there is no alternativ » au libéralisme a été ainsi transférée des libéraux et sociaux libéraux au sein même des partis et dans la tête des leaders de la gauche historique marxiste-léniniste et maoïste. On est littéralement passé de « l’impérialisme tigre de papier » asséné subjectivement en dehors de toute lecture scientifique de la réalité idéologique et politique du rapport des forces entre capital et travail, entre camps impérialiste et socialiste, entre impérialisme et peuples opprimés à la soi-disant « invincibilité » de l’impérialisme.

Mais comme nous l'écrivons contre ce vent capitulard au sein de la gauche petite bourgeoise dans l’article intitulé « SORTIE PROGRESSIVE DES ANNÉES CONTRE–REVOLUTIONNAIRES 80/90 : Les peuples et les travailleurs reprennent l’initiative, l’Afrique ne peut rester hors du mouvement historique ! » : « Dans le contexte international actuel de contre-révolution bourgeoise impérialiste, les résistances nationales, démocratiques, anti-impérialistes, malgré le rapport des forces encore favorable aux impérialistes et leurs alliés bourgeois nationaux compradores, se manifestent dans certaines victoires électorales, notamment en Amérique du Sud.

Les luttes sociales, nationales et démocratiques débouchent, par-ci par-là, sur des victoires électorales mettant au pouvoir, à l’instar de Salvador Allende au Chili dans les années 70, des révolutionnaires, des patriotes démocrates anti-impérialistes.

Cette évolution correspond à une nouvelle étape, succédant à la période de défaite, marquée par la montée en puissance progressive des résistances sociales, populaires et nationales. C’est ainsi qu’il faut comprendre les victoires électorales des peuples français et néerlandais lors des référendums sur la Constitution Européenne et la récente percée électorale du camp du NON au Pays-Bas pour les législatives récentes.

C’est aussi cela qu’expriment les victoires électorales de Lula au Brésil, de Chavez au Venezuela, d’Evo Morales en Bolivie, d’Ortéga au Nicaragua, de Corréa en Equateur, etc., et la contestation électorale de millions d’électeurs Mexicains en faveur d’Obrador au Mexique contre la fraude du candidat pro-US.

En Amérique du Sud, la lutte anti-impérialiste prend l’allure de victoires électorales des forces politiques révolutionnaires qui ont rompu avec la social-démocratie, voire même s’opposent à celle ci sur le plan idéologique et politique. Les représentants officiels de l’Internationale Socialiste révèlent ainsi clairement en pratique leur nature d’agents de l’impérialisme, en particulier de la domination US sur « son arrière cour ».

Mais cette résistance va au delà et se propage peu à peu sur tous les continents. C’est ainsi que les fraudes électorales, les conséquences du Tsunami et la contestation qui s’en est suivie a débouché au Népal et au Sri Lanka sur la lutte armée actuelle contre les monarchies pro-impérialistes.

En Afrique, cela s’est traduit par les victoires électorales de Mugabe au Zimbabwe, par l’alternance au Sénégal, la résistance de Gbagbo en Côte d’Ivoire, etc. Tous ces exemples non exhaustifs manifestent à des degrés différents les résistances des peuples à la re-mondialisation, à la re-colonisation capitaliste-impérialiste.

Ces victoires électorales sont le contre-pied de l’utilisation par l’UE et les USA des élections pour prendre le contrôle de pays entiers et poursuivre le démantèlement des États nations ou multinationaux. C’est le cas des prétendues « révolutions de couleurs, à fleurs » en Ukraine, en Georgie, en ex-Yougoslavie, etc.

Même s’il est clair que quand les impérialistes et les bourgeois nationaux compradores sont électoralement mis en échec par la volonté populaire au profit des forces objectivement anti-impérialistes, alors l’impérialisme n’hésite pas à revenir à sa vieille tradition des coups d’état comme celui qui a échoué au Venezuela contre Chavez ou celui réalisé au Togo par Eyadéma fils.

La leçon à retenir de tout cela est que les élections sont et peuvent être un moyen pour les révolutionnaires tout comme pour les impérialistes et leurs alliés bourgeois compradores pour atteindre chacun leurs objectifs contradictoires opposés. Les enjeux électoraux actuels dans lesquels les révolutionnaires, les patriotes démocrates sont parties prenantes mettent en exergue les deux processus contradictoires qu’engendre la reprise de la mondialisation capitaliste : unification au centre et soumission/implosion à la périphérie du système impérialiste.

D’où l’importance majeure que prend la question nationale, non seulement sous la forme de la lutte pour l’indépendance nationale, mais aussi sous la forme de la défense en tant que telle de l’État nation ou multinational dans le respect des principes du droit des nations, des peuples à disposer d’eux-mêmes et de l’union libre des peuples libres. (...)

Les résistances actuellement victorieuses sont parfois dirigées par les représentants politiques des classes féodales, aux contenus idéologiques moyenâgeux. Ce fait objectif est souvent instrumentalisé par l’impérialisme pour empêcher toute solidarité avec ces résistances nationales dans les pays faibles et dépendants. Les révolutionnaires prolétariens doivent toujours garder en vue que ces luttes, au delà de la nature idéologique et de classe de ceux qui les dirigent, participent objectivement à l’affaiblissement de l’impérialisme, du capitalisme et donc facilitent jusqu’à un certain point le changement du rapport des forces au bénéfice des forces révolutionnaires, patriotiques et de progrès. En ce sens, les résistances nationales mêmes dirigées par des bourgeoisies et/ou des féodalités nationalistes sont éminemment plus progressistes que les sociaux libéraux, les révisionnistes et autres renégats « modernes » qui capitulent devant l’impérialisme.

Ajoutons à tout cela, l’important sommet de la Havane des pays non alignés et le rôle décisif d’avant-garde qu’y jouent Cuba avec Fidel Castro, le PC cubain et Hugo Chavez » (2006).

La faillite des expériences libérales flanquées des ex-gauches consécutive à leurs luttes des places dans les gouvernements sociaux libéraux et libéraux à la place de la lutte des classes est à la base de l’émergence d’une jeunesse patriotique sur la scène politique sans et contre les renégats de l’ex-gauche.

Cette trahison tragique, qui n’est pas nouvelle dans l’histoire de la lutte des classes et des peuples, a toujours été contrebalancée par l’existence de résistants de gauche communistes qui poursuivent la lutte et fusionnent peu à peu avec la rébellion de la jeunesse contre l’apatridie et l’égoïsme prédateur bourgeois de la « mal-gouvernance ».

La résistance souverainiste actuelle des peuples met en alliance toutes les classes sociales de la société qui contestent la domination néocoloniale et le pouvoir de la bourgeoisie bureaucratique compradore d’État, c’est-à-dire les ouvriers, les paysans, les pêcheurs, les éleveurs, les artisans, les travailleurs de l’informel, la petite bourgeoise intellectuelle, des fractions de la bourgeoisie nationale victime d’ostracisme de la part de l’impérialisme et de la bourgeoisie bureaucratique d’État.

Cette alliance objective souverainiste est subjectivement dominée par la petite bourgeoisie intellectuelle civile et militaire. Son programme combine généralement ré-appropriation et protection souverainiste de l’économie nationale, souveraineté monétaire, renégociation des contrats léonins, priorité aux capitalistes nationaux pour l’attribution des marchés publics et investissements sociaux dans l’école et la santé.

La nécessité de l’unité tactique du camp patriotique doit être assumée par les communistes révolutionnaires pour contribuer au développement et à la consolidation de l’hégémonie culturelle du patriotisme tout en œuvrant à la re-conscientisation de classe du prolétariat et de l’ensemble des classes laborieuses. Telle est la double besogne du moment.

 

L’actuel vent souverainiste de la seconde phase de libération africaine prépare la phase de l’émancipation sociale

En effet, l’histoire seule à le secret de conférer une certaine actualité à l’analyse du communiste marxiste-léniniste Amilcar Cabral à la Troisième Conférence des peuples africains au Caire, tenue du 25 au 31 mars 1961 :

«  Dans plusieurs pays la lutte de libération n’a pas pu atteindre un caractère révolutionnaire. Le bilan positif de l’année 1960 ne peut pas faire oublier la réalité d’une crise de la révolution africaine. C’est l’existence de cette crise et la certitude qu’il est possible de la résoudre qui donnent une importance extraordinaire à cette Conférence.

Quelle est la nature de cette crise ? Il nous semble que loin d’être une crise de croissance, elle est principalement une crise de connaissance. Dans plusieurs cas, la pratique de la lutte de libération et les perspectives de l’avenir sont non seulement dépourvues d’une base théorique mais aussi plus ou moins coupées de la réalité concrète du milieu. Les expériences locales ainsi que celles d’autres milieux, concernant la conquête de l’indépendance nationale, l’unité nationale et les bases pour la construction du progrès, ont été ou sont oubliées.

Cependant les conditions historiques de nos jours sont très favorables à la marche victorieuse de la révolution africaine. Pour agir en accord avec ces conditions favorables, que nous aussi nous avons créées, il nous semble que parmi les nécessités à satisfaire, les trois suivantes sont très importantes : a) connaissance concrète de la réalité de chaque pays et de l’Afrique ainsi que des expériences concernant d’autres peuples ; b) élaboration, sur des bases scientifiques, des principes qui doivent orienter la marche de nos peuples vers le progrès (lutte de libération et reconstruction économique) ; c) définition des mesures pratiques à adopter dans chaque cas particulier. Tout le monde peut facilement voir en quoi ces nécessités répondent à la nature et à l’origine des principaux problèmes que nous affrontons... » .

La « crise de connaissance » dont parlait Amilcar Cabral liant passé et présent pour préparer le futur des luttes révolutionnaires africaines est à compléter par l’enseignement de Karl Marx disant que parfois dans la lutte « tout pas en avant vaut mieux que 12 programmes ». Les renégats opportunistes de l’ex-gauche africaine ont jeté aux oubliettes ces deux enseignements pour justifier leurs luttes des places dans les gouvernements néocoloniaux.

Les dégâts de ces reniements et capitulations sont tels qu’en août 1994, en pleine défaite du camp socialiste d’Europe et des diktats mondialisés de la pensée unique libérale, de la vague des privatisations bradages née de la dévaluation du CFA, nous écrivons dans Ferñent  ».

Toutes les théories libérales du « village monde », de la « globalisation » libérale, de la « libre circulation de la finance, des marchandises, des services », de la soi-disant « citoyenneté mondialisée », de la « mondialisation de la démocratie multipartite, condition du développement », de « la liberté individuelle contre le corset collectif moutonnier » s’écroulent comme des chimères sous les coups de boutoirs de la réalité naturelle du capitalisme impérialiste « cause de la destruction de la nature et de l’humain » selon la juste formule de Karl Marx.

Après des décennies, cet état objectif de reflux de la lutte de classe et de la lutte de nos peuples opprimés commence à prendre fin avec le formidable réveil de la jeunesse souverainiste qui oppose le patriotisme au néocolonialisme.

L’hégémonie culturelle du souverainisme pour paraphraser Gramsci contre la servilité apatride néocoloniale est la première étape qui a triomphé au Mali, au Burkina Faso, au Niger et est peu à peu en voie de l’être dans les autres pays africains et le nôtre au Sénégal.

Telle est la direction prise par la roue de l’histoire qui oppose la « mondialisation » libérale hégémonique unilatérale de l’impérialisme US/OTAN/UE au multilatéralisme souverainiste.

1er mars

 

Publié par El Diablo

 

Chers tous,

Je reviens sur deux aspects de l'attentat de Moscou, aspects qui, à ma connaissance, n'ont pas été relevés par les médias.

1.1. Le Crocus City Hall est (ou plutôt était...) une salle incluse dans un vaste ensemble appelé Crocus City, comportant un parc des expositions (Crocus Expo), un grand centre commercial (Crocus City Mall), un aquarium, un complexe d'affaires et de divertissements (Vegas City Hall). Où veux-je en venir ? A ceci : il est pour le moins étrange (ou paradoxal) que la Russie, qui se pose en adversaire (idéologique, stratégique, politique, économique...) des États-Unis, abrite en son sein un complexe qui imite en tous points (y compris - ce qui est un comble ! - par l'usage de mots anglophones et de caractères latins pour les désigner), ce qui se fait à Disneyworld Floride, à Las Vegas, à New York ou dans les gigantesques ensembles équivalents des pays du golfe arabo-persique.

1.2. De plus, l'attentat a eu lieu alors que se produisait un groupe de rock russe, appelé Piknik. Je ne me prononce pas ici sur le fond ou l'inspiration des chansons de ce groupe. Je m'arrête juste sur l'énumération de ses instruments : une guitare, une batterie, une guitare-basse, des claviers. En somme, dans la forme (j'insiste sur le mot), les mêmes instruments que ceux des groupes européens, nord-américains ou australiens (donc "occidentaux"). Il y a de ce fait une forte dissociation entre l'opposition (idéologique, stratégique, politique et économique) de deux États et leur proche proximité culturelle. Cela rappelle des épisodes de l'histoire européenne qui parleront aux Français. En 1715, la mort de Louis XIV a coïncidé avec le coup d'arrêt porté à la puissance politique et militaire de la France (après la guerre de Succession d'Espagne). En revanche, tout au long du XVIIIe siècle, les divers pays européens, bien que souvent adversaires de la France, ont multiplié les constructions de petits Versailles, et, parmi leurs élites, se sont mis à parler français. [Frédéric II de Prusse disait ainsi que l'allemand était une langue bonne pour les chevaux]. Cela a recommencé, un siècle plus tard, en 1815, après la défaite de la France. Les élites européennes ont continué à parler français - au point que lors de la fameuse "dictée de Mérimée", ce fut la princesse de Metternich qui commit le moins de fautes...

2. L'autre aspect de cet attentat est le suivant : le lendemain de l'attentat, la télévision russe a célébré le courage, la présence d'esprit, le sang-froid de deux jeunes employés du Crocus City Hall, âgés de 15 ans, qui ont guidé des centaines de spectateurs hors de la salle de concert. La question est : comment peut-on être employé (c'est-à-dire salarié) à l'âge de 15 ans ? Comment peut-on l'être sans travail dissimulé ou exploitation d'une main d’œuvre censée être plus docile ? Sauf à imaginer qu'en Russie la législation du travail permet de tels écarts... Ou que le créateur et propriétaire du Crocus City, le milliardaire azéri Aras Agalarov, en raison de sa fortune, de son entregent, de son carnet d'adresses, peut se permettre d'ignorer impunément la législation sociale. 

L'autre curiosité est que ce jeune homme s'appelle Islam (il porte donc un prénom musulman) et a les yeux légèrement bridés, ce qui peut laisser supposer qu'il est originaire d'une des ex-républiques soviétiques d'Asie centrale, se terminant en "stan" (Tadjikistan, Ouzbékistan, Kazakhstan, Turkménistan) ... comme les terroristes qui ont perpétré l'attaque ! Et son camarade se prénomme Artiom, qui est un prénom d'origine kurde. Ces deux jeunes Russes ne relèvent donc pas de l'image folklorique du Slave blond aux yeux bleus orthodoxe... Cela, de nouveau, ne peut qu'évoquer la France où, lors des attentats perpétrés depuis des années par des terroristes se réclamant de l'islamisme, on a relevé, parmi les victimes, nombre de Français ou d'étrangers eux-mêmes de confession musulmane. Voire, parmi ces derniers, des sujets courageux qui ont soit protégé d'autres personnes, soit contribué à faire arrêter les auteurs des attentats. 

3. Autre chose qui n'a rien à voir : tous les matins, je reçois de France Info un mail intitulé : "Toute l'actu à 7 h 30". Ce mail retrace brièvement plusieurs dépêches d'actualité. Et hier 26 mars, la première de ces dépêches était libellée ainsi : "Guerre entre Israël et le Hamas : les combats continuent, malgré l'appel du Conseil de sécurité de l'ONU à un cessez-le-feu immédiat". Sans avoir l'air d'y toucher, ce titre en disait long sur l'idéologie de son auteur.

3.1. D'abord, dans l'ordre de présentation des belligérants : Israël est nommé en premier. Même si cela ne change rien à la violence des combats, le premier que l'on nomme est, inconsciemment, subrepticement, celui au côté duquel on se place. C'est pourquoi je m'efforce de dire "palestino-israélienne" au lieu de "israélo-palestinienne" ou "arabo-israélienne" au lieu de "israélo-arabe". Ensuite dans l'entame de l'annonce : "les combats continuent". Ce qui est faux, car la disproportion des forces (au moins de 100 contre 1, voire 1000 contre 1 au bénéfice d'Israël) fait que la responsabilité de la poursuite des combats, dès le 7 octobre, ne peut émaner que d'Israël. Il est dans l'intérêt du Hamas (et des autres groupes armés palestiniens, il ne faut pas l'oublier) que les combats cessent, pour que la monnaie d'échange des otages reprenne de la valeur et pour que le Hamas reconstitue ses forces. En disant "les combats continuent", le rédacteur de la dépêche renvoie dos à dos les deux protagonistes, alors que c'est Israël qui porte l'écrasante part de responsabilité de cette poursuite des combats.

Je vous saurais gré de vos remarques, précisions, rectifications et critiques.

Bien à vous

Philippe ARNAUD

Amis du Monde Diplomatique - Tours

 

Le Niger lutte contre les difficultés et expulse l’armée américaine

27 MARS 2024

Notre conviction est que l’on ne peut pas prétendre instaurer le débat sur la sécurité en France y compris l’immigration et les routes des armes, de la drogue, en ignorant totalement le contexte géopolitique, et le fait que la plupart des bases occidentales est également le lieu d’où prolifèrent tous les trafics juteux. Le “terrorisme” avant d’être un phénomène “idéologique” est le lieu d’énormes profits qui partout a des sponsors et des bénéficiaires qui comme les guerres par procuration durent d’autant plus qu’ils enrichissent ceux qui leur donnent des prétextes nationalistes, fanatiques. La manière dont des nations, réduites à la misère totale par le néocolonialisme, avec l’entretien de pillards pour justifier le maitien de bases françaises ou américaines, tentent sur le modèle de Sankara, assassiné par les services secrets français, de créer une autre Afrique de l’ouest mérite une autre analyse que celle qui consiste à s’opposer aux attentats criminels sans vouloir voir à quel point le capital monopoliste financiarisé est étroitement imbriqué avec cette “insécurité” ? ce qui se passe en Ethiopie, au Soudan, est tout aussi explicite. Même au Sénégal où l’on attend de voir… (note et traduction de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

PAR W. T. WHITNEYFacebook (en anglais seulementGazouillerSur RedditMessagerie électronique

Logo du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie – Fair Use

En détresse, le Niger expulse l’armée américaine et ressuscite l’espoir

Le 16 mars, Amadou Abdramane, porte-parole du conseil militaire du Niger, a annoncé que le Niger abandonnait son accord de coopération militaire avec les États-Unis, vieux de 12 ans. Le conseil militaire du Niger avait pris le pouvoir à la suite du coup d’État de juillet 2023 qui a renversé Mohamed Bazoum, le président élu.

L’intervention militaire américaine au Niger ne correspond plus aux dures réalités de la région du Sahel occidental en Afrique et aux besoins et aspirations du peuple nigérien.

La présence militaire américaine dans ce pays coexiste avec le danger posé par les groupes militaires extrémistes islamiques. Celles-ci se sont étendues après 2011, lorsque l’OTAN a détruit le gouvernement libyen, une force stabilisatrice dans la région. Le Niger est confronté à une crise humanitaire aggravée par une catastrophe environnementale. Le Conseil militaire cherche d’autres arrangements pour la coopération en matière de sécurité et se tourne vers la Chine pour obtenir de l’aide pour le développement de la société.

Abdramane a dénoncé « l’attitude de la délégation américaine [récemment visitée] qui nie le droit souverain du peuple nigérien de choisir des partenaires et des alliés capables de l’aider réellement à lutter contre le terrorisme ». Le général Michael Langley, membre de la délégation et chef du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM), a « exprimé ses inquiétudes » quant au fait que le Niger poursuivait des liens étroits avec la Russie et l’Iran.

AFRICOM, dont le siège social est situé à Stuttgart, en Allemagne, exploite 20 bases en Afrique. Les deux plus importantes sont les bases aériennes de Djibouti, en Afrique de l’Est, et d’Agadez, dans le centre du Niger. Le Niger abrite deux autres bases américaines, une base aérienne près de Niamey, la capitale, et une base de la CIA dans le nord-est.

Selon un rapport, la base d’Agadez a coûté 110 millions de dollars à construire et coûte 30 millions de dollars par an à entretenir. Il s’agit du « plus grand projet de construction dirigé par l’armée de l’air de l’histoire ». Au moyen de ces deux grandes bases, les États-Unis mènent une guerre aérienne, avec des drones, sur une partie importante de la surface de la terre.

En prenant des mesures pour mettre fin à l’implication militaire des États-Unis, le gouvernement putschiste avait le soutien « des syndicats et du mouvement de protestation contre la présence française ». Le nouveau gouvernement avait déjà fait pression sur la France, colonisatrice du Niger, pour qu’elle retire ses unités militaires du pays ; le dernier d’entre eux est parti en janvier 2024. Les gouvernements putschistes du Mali et du Burkina Faso ont expulsé les troupes françaises en février 2022 et février 2023, respectivement.

Toujours en janvier 2024, les trois pays ont abandonné la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). La France avait joué un rôle de premier plan dans la formation de ce bloc commercial en 1975 ; il inclurait 15 pays africains. Les critiques citées par la BBC affirment que la France, par l’intermédiaire de la CEDEAO, a pu « s’immiscer […] dans la politique et l’économie de ses anciens territoires après l’indépendance.

Le gouvernement français a échoué dans sa tentative de mobiliser une force militaire de la CEDEAO pour punir le Niger d’avoir quitté le bloc commercial. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont réagi en formant leur Alliance des États du Sahel. Ils « explorent d’autres relations en matière de sécurité, y compris avec la Russie ». Le Niger se tourne également vers l’Iran pour obtenir une assistance en matière de sécurité.

L’enquêteur Nick Turse pointe du doigt l’incapacité des États-Unis à expliquer pourquoi le Niger cherche ailleurs une aide militaire. Il documente le grand nombre de morts dans la région du Sahel occidental aux mains de groupes islamistes extrémistes au cours des 20 dernières années. Les tueries ont explosé malgré la présence militaire américaine au Niger.

Le Niger a peut-être également renoncé aux États-Unis, considérant que l’action militaire des États-Unis et de l’OTAN en Libye en 2011 a contribué à aggraver les conditions de vie dans la région. Un commentateur note que « le renversement de Kadhafi a créé un vide de pouvoir qui a favorisé la guerre civile et l’infiltration terroriste, avec des ramifications régionales désastreuses ».

De plus, dans un Niger incapable à lui seul de répondre de manière adéquate aux besoins humains, il aurait été décourageant que les États-Unis se concentrent sur l’avantage militaire sans prêter attention à la souffrance humaine. L’ampleur de la souffrance dans la région du Sahel est immense, comme en témoignent la diminution de la production alimentaireet des migrations, le changement climatique contribuant à ces deux facteurs.

L’International Rescue Committee rapporte que « la région du Sahel central de l’Afrique, qui comprend le Burkina Faso, le Mali et le Niger, est confrontée à une crise humanitaire sans précédent. Plus de 16 millions de personnes ont besoin d’aide et de protection, ce qui représente une augmentation de 172 % par rapport à 2016.

La Chine a réagi et les responsables de Washington sont perturbés. Un rapport du Mali indique qu’« au Niger, les principaux domaines d’investissement [chinois] sont l’énergie (5,12 millions de dollars) ; minières (620 millions de dollars) et immobilières (140 millions de dollars), les autres aspects de la coopération comprennent : la construction de stades et d’écoles, les missions médicales, la coopération militaire, les infrastructures (routes, ponts, matériel roulant, centrales thermiques).

Un « analyste nigérien de la sécurité » a déclaré à l’enquêteur Nick Turse que « les signes extérieurs du paternalisme et du néocolonialisme » ont entaché l’accord de coopération militaire du Niger avec les États-Unis.

Développant ces mots polis tout en commentant la situation actuelle du Niger, l’académicien casablancais Alex Anfruns observe que « le capitalisme international a détruit les espoirs de générations entières d’Africains tout en infligeant sa politique comme un voyou avec des gants blancs. Des acteurs comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale sont complices en tant que fonctionnaires clés du système néocolonial.

Les décideurs politiques américains, facilitateurs du capitalisme mondial, regardent avec nostalgie l’Afrique. L’Afrique revendique « 98 % du chrome mondial, 90 % de son cobalt, 90 % de son platine, 70 % de son coltan, 70 % de sa tantalite, 64 % de son manganèse, 50 % de son or et 33 % de son uranium ». Et plus encore : « Le continent détient 30 % de toutes les réserves minérales, 12 % des réserves de pétrole connues, 8 % du gaz naturel connu et 65 % des terres arables du monde. »

Alex Anfruns y voit de l’espoir : les dirigeants du Niger, du Mali et du Burkina Faso, avec leur Alliance des États du Sahel, « ont envoyé un puissant message de solidarité à des millions d’Africains qui partagent une vision et un projet émancipateur, celui de l’unité panafricaine ». En effet, « désormais, ni les États-Unis ni la France sous le drapeau de l’OTAN ne peuvent détruire un pays africain isolé, comme cela s’est produit en Libye en 2011 ».

Le président du Burkina Faso, Thomas Sankara, a exprimé une sorte d’espoir en 1984, aux Nations Unies : « Nous refusons la simple survie. Nous voulons alléger les pressions, libérer nos campagnes de la stagnation ou de la régression médiévale. Nous voulons démocratiser notre société, ouvrir nos esprits à un univers de responsabilité collective.

W.T. Whitney Jr. est un pédiatre à la retraite et un journaliste politique vivant dans le Maine.

 

Savez-vous ce qu’est le Soudan et ce qui s’y passe ?

est-ce un hasard si ce sont des terres d’aussi antique civilisation et là où les progressistes, les communistes avaient réussi à avoir des forces – y compris féministes- parmi les plus exemplaires du sud que le déchaînement de l’insécurité, celle du terrorisme, des bandes armées, des rivalités au sein de l’armée plus ou moins directement contrôlées par les puissances occidentales coloniales et USA créent les conditions d’une déstabilisation, de la famine… Nous sommes bien là devant ce monde qui n’a plus que la force de détruire et empêcher toute solution de paix. A propos du Soudan et de l’Ethiopie, les deux lieux de la plus antique civilisation africaine, on parle d’un Gaza africain… Non! quand on a la conscience de ce que peut représenter le système dans lequel le consensus atlantiste, sans le moindre contradicteur, peut être imposé en France, on est malgré soi contraint de penser la réalité en dehors de ce consensus. Parce qu’il ne s’agit pas d’un ailleurs mais d’une réalité dont on ne peut faire abstraction pour en finir avec ceux qui prétendent aujourd’hui peser sur le pouvoir d’achat, la sécurité à tous les sens du terme des Français. (note et traduction de danielle Bleitrach)

Afrique de l’Est : l’ONU demande son soutien, des millions de personnes sont confrontées à l’insécurité alimentaire

20 mars 2024

Le Soudan et l’Éthiopie comptent respectivement 20,3 millions et 20,1 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire, et 5,8 millions au Soudan du Sud et 4,3 millions en Somalie souffrent également d’insécurité alimentaire.

Mercredi, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies a appelé à un soutien urgent de la communauté internationale des donateurs alors que des millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë en Afrique de l’Est.

Dans un communiqué publié lundi soir, le PAM a déclaré qu’au dernier trimestre de 2023, quelque 59 millions de personnes, soit près de 20% de la population totale de l’Afrique de l’Est, souffraient d’insécurité alimentaire aiguë.

Selon les données du PAM, le niveau d’insécurité alimentaire dans la région de l’Afrique de l’Est a augmenté de 95 % par rapport à novembre 2019, principalement en raison des retombées économiques de la COVID-19 couplées aux répercussions du conflit en Ukraine et aux conditions de sécheresse récurrentes.

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Des agriculteurs tués dans le cœur agricole du Soudan alors que la faim engloutit le pays déchiré par la guerre

Alors que plus de la moitié de la population de ce pays déchiré par la guerre souffre de la faim, les troupes en maraude des Forces de soutien rapide (RSF) tuent des centaines d’agriculteurs et dépeuplent les villages du cœur agricole du Soudan

by Pavan Kulkarni
12 mars 2024

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Les troupes des Forces de soutien rapide (RSF) se déchaînent dans l’État de Gezira, dans l’est du pays, pillant et dépeuplant village après village le grenier à blé du Soudan, alors même que plus de la moitié de la population de ce pays déchiré par la guerre souffre de la faim.À lire aussi :Les femmes soldats du Dahomey contre l’occupation européenne

Alors que la famine fait des victimes chaque jour dans la région semi-désertique du Darfour, dans l’ouest du pays, contrôlée par les RSF, le sol fertile mais inculte de Gezira, dans l’est, absorbe le sang des paysans, tués lors d’une série d’attaques menées par les RSF contre des centaines de villages.

En l’absence d’observateurs des droits de l’homme sur le terrain, ces atrocités sont documentées par les Comités de résistance (CR) afin de tenir les RSF responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité devant les tribunaux internationaux.

Malgré leurs efforts, la grande majorité des meurtres ne sont pas documentés. Gezira est coupée d’Internet et des télécommunications depuis environ un mois. L’Internet limité disponible provient principalement des satellites de Starlink. Mais les RSF les ont « monopolisés » en s’emparant des satellites des civils, se sont plaints les CR.

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Les conflits à Gaza et au Soudan pèsent lourdement sur les économies arabes

27 mars 2024

L’offensive israélienne menace de plonger l’ensemble de la population de la bande de Gaza dans la pauvreté.

Mercredi, la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale (CESAO) a déclaré que les conflits prolongés à Gaza et au Soudan pesaient sur les économies arabes et ralentissaient leur croissance.

« Avec la stabilisation des prix du pétrole et du gaz à des niveaux modérés en 2023, le produit intérieur brut (PIB) de la région devrait croître d’environ 3,6 % en 2024 et de 4,2 % en 2025 ; Cependant, les prévisions actuelles ramènent le chiffre à 3,3 % pour 2024 », a-t-il déclaré.

La CESAO a publié les résultats dans le numéro 2022-2023 de son Enquête annuelle sur l’évolution économique et sociale dans la région arabe, qui donne un aperçu des principaux indicateurs de développement économique et social ainsi que des perspectives pour les deux prochaines années.À lire aussi :Avec la tacite de l’apaisement, Sanders perdra comme Corbyn l’a fait !

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Crimes de guerre, viols et meurtres détruisent le Soudan

1 mars 2024

« Le peuple soudanais a l’impression d’avoir été oublié ».

Les Nations Unies dénoncent les crimes contre l’humanité qui ont résulté des luttes entre les forces paramilitaires pour le contrôle du Soudan.

Les affrontements entre les Forces de soutien rapide (RSF) et les Africains au Darfour ont déclenché une vague de viols, de meurtres, de violences ethniques et de vandalisme.

Le chaos au Soudan a commencé en avril de l’année dernière, lorsque les tensions entre l’armée dirigée par le général Abdel Fattah Burhan et les RSF dirigées par Mohammed Hamdan Dagalo ont conduit à des combats dans les rues.

La violence s’est propagée dans tout le Soudan, mais c’est au Darfour qu’ont eu lieu les combats les plus violents avec les RSF, ciblant les civils et les minorités ethniques telles que les Masalit.

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jeudi 28 mars 2024

 

Socialisme, démocratie et système politique à parti unique

28 Mars 2024 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #Qu'est-ce que la "gauche", #Front historique, #Théorie immédiate, #Mille raisons de regretter l'URSS, #classe ouvrière, #Élections, #Chine, #Cuba

Socialisme, démocratie et système politique à parti unique

A propos de l’instrumentalisation de la démocratie par l'Occident, alors que la RP de Chine revendique le rôle dirigeant du parti communiste, face aux pressions impérialistes, à lire ici.

Il existe actuellement cinq pays officiellement socialistes dans le monde, qui sont tous dirigés par un parti unique, ou placé institutionnellement au pouvoir, ce qui revient presque au même. Cela ne signifie pas que ces pays ne sont pas des démocraties. Ce sont : Cuba, La RPD de Corée, la RP de Chine, le Viet Nam, et le Laos.

On a toujours martelé l’accusation : les communistes seraient les fossoyeurs de la liberté.

Et en effet, nous sommes les fossoyeurs de la liberté du capital, des capitalistes, et de leurs agents et des hommes et des femmes dont ils ont lessivés le cerveau. Et cela fait de nous des défenseurs presque exclusifs de la liberté réelle dans ce monde sur-aliéné à l'argent, à la marchandise et au spectacle .

La liberté, pour reprendre la rigoureuse définition de Friedrich Engels, c'est la conscience de ce qui doit être fait nécessairement, et non le droit d'ignorer superbement autrui en faisant tout ce qu'on veut (tout ce qu'on a fait vouloir), ou de scandaliser pour se faire remarquer.

Dans la société bourgeoise, loin que la liberté de l’individu s’arrête aux bornes de celle d’autrui, comme l’affirme la déclaration des droits de l’homme, la liberté illimitée de l’argent y écrase complètement la liberté d’autrui.

Si on veut la démocratie, il faut l’imposer aux minorités qui accaparent la puissance politique : les nobles, les riches. Sinon, on n’en aura que l’apparence.

Il ne faut pas confondre démocratie, et régime d’assemblée. Même la démocratie étymologique, celle de Périclès, à Athènes, au Vème siècle avant Jésus Christ, où l’assemblée du peuple était toute puissante, était fondée sur la guerre, l’impérialisme et l’esclavage, et n’en était pas une au sens actuel.

Tant que les partis communistes ont revendiqué et défendu le système de parti unique qui prévalait dans les pays socialistes, ils ont été de puissantes forces politiques, des contre-pouvoirs démocratiques efficaces dans les pays capitalistes, et des bornes posées par la classe ouvrière à la dictature du capital sur ces pays. Les peuples occidentaux comprenaient très bien qu'il était consistant et logique pour un pays socialiste d'interdire aux représentants du capital sous ses formes diverses de briguer le retour au pouvoir. Mais dès que ces partis ont accepté de se soumettre à l’État de droit tel qu’il est défini par le libéralisme politique leur puissance s’est évaporée.

Les pays qui se revendiquent du socialisme méritent le titre quand ils empêchent les capitalistes étrangers ou à domicile de jouer un rôle politique.

Cet interdit, s’il n’est pas suffisant pour préserver le socialisme, est nécessaire. Il comporte des risques mais il est inéluctable pour la maîtrise de l’échelle temporelle de la révolution de longue durée dont il est question. Personne n'a jamais voté pour le remplacement du féodalisme par le capitalisme, et ce ne sera pas le cas non plus quand celui-ci laissera la place au socialisme. Un petit nombre de personnes ont conscience claire de ce qui est décisif, au moment du choix décisif, et même comprennent son caractère décisif.

Le parti communiste, comme Gramsci l'a défini dans les prisons de Mussolini, est la forme moderne et collective du Prince de Machiavel, qui instruit ce petit nombre et le met au service de la classe prolétarienne. Le parti objectif n’est pas toujours celui qui porte ce nom, ce que chacun sait (ce serait trop simple).

Réclamer le multipartisme à Cuba ou en Chine, c’est réclamer le retour au capitalisme. C’est d’ailleurs tout à fait revendiqué par le discours impérialiste dominant des "révolutions colorées" qui tente de pousser les gens à descendre dans rue contre le socialisme au nom du pluralisme, sans autre programme.

Mais alors demandera-t-on avec un peu d’inquiétude : quelles sont les garanties pour la liberté individuelle s’il n’y a pas de pluralisme ?

Il n’y en a pas. Mais ces fameuses garanties n’existent en réalité nulle part : la bourgeoisie pose des règles, et lorsqu’elles ne lui conviennent plus, elle les change. L’inscription dans le marbre des libertés fondamentales des individus ne pèse pas lourd en face des intérêts matériels. Et son pluralisme n'est que celui des grands intérêts.

De toute manière, la démocratie n’est pas individualiste. Son grand paradoxe dans l’histoire est que lorsqu’elle est véritable, elle est toujours aussi une dictature exercée sans faiblesse l’encontre de ses ennemis, contre les classes privilégiées de la naissance et de la fortune et contre leurs agents culturels. Ce qui explique le fait que dans toute la culture politique classique de l’Antiquité à 1848, la démocratie entendue au sens étymologique, « le pouvoir populaire », est détestée et redoutée par les élites qui donnent le ton dans la culture. C’est le règne de la tourbe, de la racaille, de la canaille, de la foule puérile et cruelle de Gustave Le Bon qui opprime la mince couche sociale civilisée et cultivée qui revendique pour elle-même et pour elle seulement le caractère humain.

Or au contraire la démocratie reflète la prise de conscience des masses, et cela ne peut advenir qu’après avoir éliminé la puissance d'influence mécanique de l’argent qui reproduit à l’infini la foule sans conscience des aliénés.

Un exemple actuel particulièrement frappant de cette puissance mécanique est le développement depuis un demi-siècle du courant politique réactionnaire islamiste qui a fait couler tant de sang et encore plus d’encre, et qui n’a pu se développer dans de telles proportions, que grâce à l’injection massive de fonds pétroliers, et sous la haute protection occidentale. Mais ce qui est dénoncé chez "l'autre" islamique existe aussi chez nous.

Ni les réactionnaires religieux musulmans, ni les églises affairistes évangélistes, ni les courants conservateurs de l’Église catholique, ni les partis chauvins de tous les pays n’ont obtenu la moindre influence par leurs mérites éthiques, ou par leurs analyses et leur compréhension du monde réel et de ses enjeux. Leur seule inspiration provient des fonds illimités de leurs donateurs, et leur seule intelligence est le martelage publicitaire à la manière de Goebbels.

Curieusement personne ne se demande pourquoi contre toutes les lois de la probabilité les résultats des élections "libres" convergent en général vers la constitution de deux camps de force à peu près égale, qui obtiennent des scores très proches, de l’ordre de 50 % pour chaque camp [au Pérou, le 6 juin 2021, Pedro Castillo - exception d'une alternance véritable mais éphémère qui confirme la règle - a obtenu 50,12% des voix!], au lieu de présenter une variation aléatoire de résultats suivant une courbe de distribution normale. On présente une victoire à 52% comme un immense succès alors qu'elle comporte une large part de raisons aléatoires qui auraient aussi bien pu justifier le résultat inverse et qu'elle n'implique aucune prééminence morale ou théorique. Cette convergence s’explique par la pratique concrète des partis électoraux  : ils ne mesurent leur action qu'à la résistance du camp d’en face, ce qui fait que chaque effort du coté "bleu" provoque une réaction similaire du coté "rouge" . Autrement dit, ces partis sont complémentaires dans une totalité stable, et ils ont à peu près la même capacité de recueillir des fonds, ce qui se fait toujours en dernier ressort auprès des capitalistes, et participent en commun à la construction, autour d’enjeux factices ou dépassés, d’une vision purement idéologique du monde, sans prise sur le réel.

La démocratie véritable ne résultera jamais de la confrontation électorale où le slogan anti-apartheid « one man, one vote » est retraduit « one dollar – one vote ». La démocratie en action ne provient pas de la confrontation et des compromis de clans ou de partis qui sont autant de mafias, et dont le jeu libre ferait apparaître magiquement l’intérêt général ou l’optimum politique. Il ressort au contraire du cirque électoral presque universellement méprisé du bon sens populaire mais révéré avec idolâtrie par la culture des Instituts d'études politiques un spectacle complètement nul qui est le contraire parfait de la participation véritable et en connaissance de cause du peuple aux décisions qui le concernent.

Toutes les associations, des confréries mystiques aux clubs de supporters, prétendent partager un idéal, ou une éthique, ou pour parler avec les concepts relâchés de l’époque, « des valeurs », mais on constate que dans l’univers libéral cet affichage moralisant cède le pas aux relations concrètes qui lient entre eux les individus ambitieux qui les constituent, et dont l’ambition personnelle est souvent la seule qualité. Les organisations du pluralisme ont comme objectif rationnel rien autre chose que le beefsteak de leurs adhérents. La franc-maçonnerie est l’archétype de ce fonctionnement à deux vitesses : un idéal commun fumeux à la limite de la puérilité qui recouvre des relations d’affaire et des conflits d’intérêt, avec un double recrutement de naïfs et de pourris, et de naïfs qui pourrissent sur pied au fur et à mesure qu’ils s’affranchissent.

Donc l’idéal du parti communiste n’est pas de ce type. Le parti n’est pas un trafiquant d’influence qui produit des discours et des récits trompeurs mais un maître d’œuvre qui recrute des membres à l’esprit constructif, pour reconstruire le monde.

Le parti bourgeois, par contre, (y compris le parti bourgeois d’extrême gauche) est en fait un lieu de survie tissé par des réseaux d’ordre économique, des trafics, et par des réseaux sexuels.

Pour éviter de lasser le lecteur, concluons : le socialisme et la démocratie réelle qu’il permet et qu’il implique ne sont pas un système libéral, parlementaire, où les représentants du peuple s’insultent en public et magouillent amicalement en privé, et dont les fausses querelles peuvent malheureusement pousser les gens ordinaires à s’entre-tuer, comme hier en Yougoslavie, et en 2019 dans le Caucase (et même aux États-Unis !) .

Simple question : la démocratie règne-t-elle davantage maintenant en Arménie, et en Azerbaïdjan ? Ou régnait-elle plutôt sans en avoir l’air à l’époque où ces deux pays formellement indépendants, aujourd’hui engagés dans un conflit absurde, étaient deux des républiques soviétiques, au sein de l’Union, sur un pied d’égalité avec la Russie ? Et a fortiori, en Ukraine et en Russie ?

Le plus mauvais gouvernement socialiste vaut mieux que la meilleure démocratie libérale, parce qu’en cette pseudo-démocratie, c’est le capital qui gouverne. Il vaut mieux être gouverné par des êtres humains que par des choses. Et ce n’est pas la montée en puissance l’Intelligence Artificielle qui va nous démentir !

GQ, 17 novembre 2020, relu le 27 mars 2024

PS : L'intention de l'article, qui est destiné aux nouvelles générations de militants, n'est pas forcément de promouvoir le système de parti unique, qui a des défauts, comme c'est indiqué dans le texte sans développer, mais de leur montrer qu'y recourir quand c'est nécessaire pour préserver le but est parfaitement légitime. C'est un système que les bolcheviks ont été contraints d'appliquer pour faire face à la contre-révolution, à partir de l'été 1918, et qui a perduré parce que jamais la bourgeoisie mondiale n'a admis la légitimité de l'État issu de la Révolution d'Octobre, ni des autres États socialistes fondés par la suite au XXème siècle. Si le gouvernement américain actuel n'admet pas la légitimité du gouvernement chinois sous la conduite du parti communiste, ce n'est pas parce qu'il n'est pas pluraliste, mais parce qu'il est socialiste et souverain dans une mesure qu'il trouve déjà excessive, et il réclame l'introduction du pluralisme en Chine (ou à Cuba) pour pouvoir y favoriser librement l'action de ses agents, qu'ils le soient objectivement ou qu'ils soient directement patentés. Le pluralisme considéré comme fétiche dans le système de l'Empire globalisé est la garantie qu'à long terme ses clients, financés , publicisés, et légitimés par ses médias et se diplomates l'emportent partout.