dimanche 29 novembre 2015

L'AUTRE GAUCHE .

Est-ce que l'autre gauche 

est à la hauteur des enjeux?

Pourquoi une partie de l’Autre gauche tente-t-elle d’être plus royaliste que le roi ? Pourquoi rabâche-t-elle que Daesh n’a rien à voir avec l’islam ? Cette partie de l’Autre gauche serait-elle dépositaire du vrai islam ? Quelle légitimité a-t-elle pour cela ? Là réside une des confusions de cette partie de l’Autre gauche. Avec un raisonnement simpliste, elle fait comme s’il y avait deux camps et donc elle prend le contre-pied de l’extrême droite. Qu’il faille s’opposer radicalement à l’extrême droite est une nécessité mais croire qu’il y a deux camps est erroné et organise la confusion. Il n’y a pas deux camps mais au moins quatre. Cette confusion relève de la même confusion que celle sur la laïcité. Là encore, le déficit d’éducation populaire est patent.
L’extrême droite et une partie de la droite prennent prétexte de Daesh pour stigmatiser l’ensemble des musulmans. C’est le pendant de la dérive ultra-laïciste anti-laïque. La majorité du PS et une partie de la droite penchent vers le communautarisme anglo-saxon. Une partie importante de l’Autre gauche est favorable à un gauchissement du communautarisme anglo-saxon contre la république laïque. C’est le pendant de la dérive de la laïcité d’imposture ou adjectivée. Car, doit-on le répéter, dans les pays développés, il y a trois grandes formes d’organisation culturelle, sociale et politique : la dictature, le communautarisme anglo-saxon et le système politique laïque. Le principe de laïcité n’est pas une opinion, ni une valeur, mais simplement un principe d’organisation culturelle, sociale et politique. Restent les partisans du système laïque de la République sociale comme quatrième pôle de la typologie. On en est là.
La position laïque du modèle politique de la République sociale est pourtant claire, elle découle d’une application de la logique du fondateur du journal l’Humanité, Jean Jaurès. Nous devons combattre avec la plus grande fermeté tout racisme en général, et le racisme anti-musulman ou anti-arabe en particulier, mais nous n’avons pas à défendre les islams, comme nous n’avons pas à défendre les christianismes, pas plus que le judaïsme, les bouddhismes, les athéismes et les agnosticismes. Ce n’est pas notre affaire quand il s’agit de la sphère de l’autorité politique ou de la sphère de constitution des libertés (école, services publics et protection sociale).
Dit autrement, nous devons protéger tous les musulmans et tous les arabes de tout racisme, mais nous avons le droit de critiquer toute religion quand elle développe un esprit réactionnaire ou obscurantiste. Par contre, nous devons assurer la liberté de conscience, dont l’une des conséquences est, d’après la loi de 1905 « de garantir [et non d’assurer ! NDLR] le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public » Puis « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. » (Cette partie de la loi n’est pas appliquée par nos élites dirigeantes…)
Pendant près de deux siècles, tout le monde était d’accord sur la définition de la laïcité. Il y avait ceux qui étaient pour et ceux qui étaient contre, mais au moins, on parlait la même langue. Aujourd’hui, tout le monde est pour la laïcité, mais chacun a sa définition, contradictoire avec celle de son voisin. En un mot, en parlant la même langue, l’un dit « table », et l’autre comprend « chaise ». Le débat est donc encore plus difficile. Subissant le rouleau compresseur du mouvement réformateur néolibéral, une partie de l’Autre gauche pratique le relativisme culturel du communautarisme anglo-saxon selon lequel « toutes les idées se valent ». C’est une des raisons (pas la seule évidemment !) de son divorce avec la classe populaire ouvrière et employée qui représentent objectivement la majorité du peuple français.
Voilà pourquoi il faut combattre avec les musulmans l’islamisme et son débouché le total-terrorisme.
"Respublica" 27 Novembre 2015