de la vie
internationale.
En Ukraine, seul l’hégémonisme des Etats-Unis a intérêt à la guerre, par
Bruno Guigue
22 févr. 2022
En Ukraine, seul l’hégémonisme des Etats-Unis a intérêt à la guerre, par
Bruno Guigue
Source: AP
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L'analyste politique Bruno Guigue explique dans son nouveau billet pour
RT France comment il faut interpréter la crise ukrainienne dans le
contexte des derniers événements, dont la reconnaissance par la Russie
des Républiques autoproclamées.
Les rotatives de la désinformation auront beau le répéter ad nauseam,
chacun sait que la Russie n’envahira pas l’Ukraine. Pourquoi ? Tout
simplement parce qu’elle ne souhaite pas la guerre et qu’elle compte
obtenir la satisfaction de ses exigences par d’autres voies.
Que veut la Russie ? Principalement, deux choses.
Premièrement, elle veut un traité international garantissant la
non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Cet accord en bonne et due forme
mettrait un coup d’arrêt à la politique d’encerclement orchestrée par
Washington depuis la chute de l’URSS et offrirait à la Russie de
véritables garanties de sécurité. Après l’extension ininterrompue de
l’alliance militaire occidentale, une telle limitation de ses ambitions
aurait pour effet d’instaurer un climat de confiance en rassurant Moscou
quant aux relations futures avec le monde occidental. Elle dissiperait
aussi le fantasme des ultras de Kiev qui s’imaginent qu’ils vont
reconquérir la Crimée alors que 96% de sa population a choisi la Russie.
Deuxièmement, la Russie veut l’application des accords de Minsk et
notamment la fédéralisation de l’Ukraine, laquelle permettrait de
concilier les intérêts des deux parties en présence : l’octroi effectif
de l’autonomie qui avait été promise garantirait les droits de la
minorité russophone du Donbass tout en préservant l’intégrité
territoriale ukrainienne, comme le demande à juste titre le gouvernement
de Kiev.
Il est évident que pour atteindre ce double objectif, Moscou ne veut
surtout pas d’une escalade militaire qui en compromettrait au contraire
la réalisation. Car seul un processus politique est de nature à ménager
une sortie de crise respectant les desiderata des uns et des autres. La
guerre ou la paix, il faut choisir. En demandant à l’OTAN de ne pas
s’étendre davantage, la Russie a fait le choix de la paix par la
négociation, et non d’un affrontement militaire qui justifierait,
précisément, la mise en place d’un bouclier occidental destiné à
soutenir l’Ukraine.
Mais le problème vient de ce que les objectifs de Washington ne sont pas
du tout de même nature, et c’est pourquoi la crise prend des
proportions alarmantes.
Que veulent les Etats-Unis ?
On l’a compris depuis le début : leur propagande fabrique de toutes
pièces une guerre imaginaire qui joue le rôle de prophétie
auto-réalisatrice. Ils annoncent une conflagration imminente en faisant
passer cette fiction pour la réalité, et cette supercherie fonctionne :
il suffit de circuler sur la Toile pour s’apercevoir qu’une partie de
l’opinion occidentale croit que la Russie a déjà attaqué l’Ukraine.
Si la méthode employée par cette propagande est grossière, l’objectif
poursuivi par Washington est parfaitement transparent. Il s’agit de
justifier de nouvelles sanctions contre Moscou, de saboter la mise en
place du gazoduc Nord Stream 2 et de ressouder l’Europe autour de l’OTAN
sous la direction hégémonique des Etats-Unis. Dans ce scénario cousu de
fil blanc, l’Ukraine sert d’appât et de maillon faible : en la
colonisant, Washington y exerce une influence délétère qui menace la
sécurité de la Russie à ses propres frontières, tout en ayant l’air de
voler au secours d'une pauvre petite nation qui risque de se faire
dévorer par l’ours russe.
Dans cette conjoncture, seul l’hégémonisme des Etats-Unis a intérêt à la
guerre. Si jamais un conflit de grande ampleur éclatait dans la région,
aucun soldat de l’armée des Etats-Unis n’y participerait. Ceux qui
étaient présents en Ukraine ont d’ailleurs déjà été évacués. Bien sûr,
Moscou serait immédiatement désigné comme l’agresseur même et surtout si
c’est totalement faux : l’imputation à autrui des guerres américaines
est un classique des relations internationales depuis deux siècles.
Enfin le bénéfice économique d’un tel conflit, pour Washington, serait
considérable : la Russie serait punie par l’Union européenne et le
projet Nord Stream 2 définitivement torpillé.
Mais les dividendes géopolitiques de cette nouvelle guerre par
procuration seraient beaucoup plus larges que le théâtre d’opérations
russo-ukrainien : l’augmentation démentielle du budget militaire de
l’OTAN, qui fait déjà 16 fois celui de la Russie, serait justifiée, aux
yeux d’une opinion occidentale manipulée, par l’abominable «menace
russe». Cerise sur le gâteau, l’acharnement contre la Russie
affaiblirait le principal allié de la Chine, qui est considérée par les
Etats-Unis, conformément à la doctrine Pompeo confirmée par Biden, comme
«l’ennemi numéro Un du peuple américain».
Que les Etats-Unis aient intérêt à la réalisation d’un tel scénario,
heureusement, ne signifie pas qu’il verra le jour. Il est plus que
probable qu’aucune guerre de grande ampleur n’éclatera, et pour une
raison très simple : pour qu’elle ait lieu, il faut que deux camps
soient résolus à y participer. Or la Russie n’en veut pas, et les
Etats-Unis n’en veulent que si elle est faite par les autres. Washington
s’en accommoderait fort bien, mais l’Ukraine est-elle prête à en payer
le prix ? Certes, le conflit de basse intensité qui frappe le Donbass
risque de s’accentuer, et c’est déjà le cas. Mais lorsque Donetsk et
Lougansk évacuent les populations civiles pour les soustraire au feu
roulant des bombardements ukrainiens, qui est l’agresseur et qui est
l’agressé ? Qui refuse l’application des accords de Minsk et
l’instauration d’un système fédéral comme solution politique ?
Corrompus par Washington et Bruxelles, certains dirigeants ukrainiens
s’imaginent peut-être qu’ils vont tirer profit de la situation pour
régler leur compte aux résistants du Donbass. Commettront-ils la folie
d’une attaque massive contre les deux Républiques ? Si cette catastrophe
survenait, l’invasion militaire ukrainienne ne pourrait être longtemps
déguisée en riposte légitime à une «provocation séparatiste», comme le
répète aujourd’hui la propagande occidentale. Il suffira de constater où
se trouvent les blindés et les fantassins ukrainiens. L’agression
dûment constatée, la Russie prendra ses responsabilités et réagira de
manière proportionnée afin de défendre les populations russophones. On
souhaite bien du plaisir aux ultras de Kiev engagés dans cette opération
hasardeuse. Secourus par Moscou, les combattants du Donbass se battront
pour leur liberté, tandis que les soldats de Kiev se battront pour
l’OTAN. Il suffit alors de considérer l’Histoire. Washington trahit
toujours ses alliés. Moscou n’abandonne jamais les siens.
En savoir plus sur RT France :
https://francais.rt.com/opinions/96060-en-ukraine-seul-l-hegemonisme-des-etats-unis-a-interet-a-la-guerre-bruno-guigue
En Ukraine, seul l’hégémonisme des Etats-Unis a intérêt à la guerre,
par Bruno Guigue
L'analyste
politique Bruno Guigue explique dans son nouveau billet pour RT France
comment il faut interpréter la crise ukrainienne dans le contexte des
derniers événements, dont la reconnaissance par la Russie des
Républiques autoproclamées.
Les
rotatives de la désinformation auront beau le répéter ad nauseam,
chacun sait que la Russie n’envahira pas l’Ukraine. Pourquoi ? Tout
simplement parce qu’elle ne souhaite pas la guerre et qu’elle compte
obtenir la satisfaction de ses exigences par d’autres voies.
Que veut la Russie ?
Principalement, deux choses.
Premièrement,
elle veut un traité international garantissant la non-adhésion de
l’Ukraine à l’OTAN. Cet accord en bonne et due forme mettrait un coup
d’arrêt à la politique d’encerclement orchestrée par Washington depuis
la chute de l’URSS et offrirait à la Russie de véritables garanties de
sécurité. Après l’extension ininterrompue de l’alliance militaire
occidentale, une telle limitation de ses ambitions aurait pour effet
d’instaurer un climat de confiance en rassurant Moscou quant aux
relations futures avec le monde occidental. Elle dissiperait aussi le
fantasme des ultras de Kiev qui s’imaginent qu’ils vont reconquérir la
Crimée alors que 96% de sa population a choisi la Russie.
Deuxièmement,
la Russie veut l’application des accords de Minsk et notamment la
fédéralisation de l’Ukraine, laquelle permettrait de concilier les
intérêts des deux parties en présence : l’octroi effectif de l’autonomie
qui avait été promise garantirait les droits de la minorité russophone
du Donbass tout en préservant l’intégrité territoriale ukrainienne,
comme le demande à juste titre le gouvernement de Kiev.
Il
est évident que pour atteindre ce double objectif, Moscou ne veut
surtout pas d’une escalade militaire qui en compromettrait au contraire
la réalisation. Car seul un processus politique est de nature à ménager
une sortie de crise respectant les desiderata des uns et des autres. La
guerre ou la paix, il faut choisir. En demandant à l’OTAN de ne pas
s’étendre davantage, la Russie a fait le choix de la paix par la
négociation, et non d’un affrontement militaire qui justifierait,
précisément, la mise en place d’un bouclier occidental destiné à
soutenir l’Ukraine.
Mais
le problème vient de ce que les objectifs de Washington ne sont pas du
tout de même nature, et c’est pourquoi la crise prend des proportions
alarmantes.
Que veulent les Etats-Unis ?
On
l’a compris depuis le début : leur propagande fabrique de toutes pièces
une guerre imaginaire qui joue le rôle de prophétie auto-réalisatrice.
Ils annoncent une conflagration imminente en faisant passer cette
fiction pour la réalité, et cette supercherie fonctionne : il suffit de
circuler sur la Toile pour s’apercevoir qu’une partie de l’opinion
occidentale croit que la Russie a déjà attaqué l’Ukraine.
Si
la méthode employée par cette propagande est grossière, l’objectif
poursuivi par Washington est parfaitement transparent. Il s’agit de
justifier de nouvelles sanctions contre Moscou, de saboter la mise en
place du gazoduc Nord Stream 2 et de ressouder l’Europe autour de l’OTAN
sous la direction hégémonique des Etats-Unis. Dans ce scénario cousu de
fil blanc, l’Ukraine sert d’appât et de maillon faible : en la
colonisant, Washington y exerce une influence délétère qui menace la
sécurité de la Russie à ses propres frontières, tout en ayant l’air de
voler au secours d'une pauvre petite nation qui risque de se faire
dévorer par l’ours russe.
Dans
cette conjoncture, seul l’hégémonisme des Etats-Unis a intérêt à la
guerre. Si jamais un conflit de grande ampleur éclatait dans la région,
aucun soldat de l’armée des Etats-Unis n’y participerait. Ceux qui
étaient présents en Ukraine ont d’ailleurs déjà été évacués. Bien sûr,
Moscou serait immédiatement désigné comme l’agresseur même et surtout si
c’est totalement faux : l’imputation à autrui des guerres américaines
est un classique des relations internationales depuis deux siècles.
Enfin le bénéfice économique d’un tel conflit, pour Washington, serait
considérable : la Russie serait punie par l’Union européenne et le
projet Nord Stream 2 définitivement torpillé.
Mais
les dividendes géopolitiques de cette nouvelle guerre par procuration
seraient beaucoup plus larges que le théâtre d’opérations
russo-ukrainien : l’augmentation démentielle du budget militaire de
l’OTAN, qui fait déjà 16 fois celui de la Russie, serait justifiée, aux
yeux d’une opinion occidentale manipulée, par l’abominable «menace
russe». Cerise sur le gâteau, l’acharnement contre la Russie
affaiblirait le principal allié de la Chine, qui est considérée par les
Etats-Unis, conformément à la doctrine Pompeo confirmée par Biden, comme
«l’ennemi numéro Un du peuple américain».
En Ukraine, seul
l’hégémonisme des Etats-Unis a intérêt à la guerre, par Bruno Guigue
22 févr. 2022
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Bruno Guigue
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des Républiques autoproclamées.
Les rotatives de la désinformation auront beau le répéter ad nauseam,
chacun sait que la Russie n’envahira pas l’Ukraine. Pourquoi ? Tout
simplement parce qu’elle ne souhaite pas la guerre et qu’elle compte
obtenir la satisfaction de ses exigences par d’autres voies.
Que veut la Russie ? Principalement, deux choses.
Premièrement, elle veut un traité international garantissant la
non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Cet accord en bonne et due forme
mettrait un coup d’arrêt à la politique d’encerclement orchestrée par
Washington depuis la chute de l’URSS et offrirait à la Russie de
véritables garanties de sécurité. Après l’extension ininterrompue de
l’alliance militaire occidentale, une telle limitation de ses ambitions
aurait pour effet d’instaurer un climat de confiance en rassurant Moscou
quant aux relations futures avec le monde occidental. Elle dissiperait
aussi le fantasme des ultras de Kiev qui s’imaginent qu’ils vont
reconquérir la Crimée alors que 96% de sa population a choisi la Russie.
Deuxièmement, la Russie veut l’application des accords de Minsk et
notamment la fédéralisation de l’Ukraine, laquelle permettrait de
concilier les intérêts des deux parties en présence : l’octroi effectif
de l’autonomie qui avait été promise garantirait les droits de la
minorité russophone du Donbass tout en préservant l’intégrité
territoriale ukrainienne, comme le demande à juste titre le gouvernement
de Kiev.
Il est évident que pour atteindre ce double objectif, Moscou ne veut
surtout pas d’une escalade militaire qui en compromettrait au contraire
la réalisation. Car seul un processus politique est de nature à ménager
une sortie de crise respectant les desiderata des uns et des autres. La
guerre ou la paix, il faut choisir. En demandant à l’OTAN de ne pas
s’étendre davantage, la Russie a fait le choix de la paix par la
négociation, et non d’un affrontement militaire qui justifierait,
précisément, la mise en place d’un bouclier occidental destiné à
soutenir l’Ukraine.
Mais le problème vient de ce que les objectifs de Washington ne sont pas
du tout de même nature, et c’est pourquoi la crise prend des
proportions alarmantes.
Que veulent les Etats-Unis ?
On l’a compris depuis le début : leur propagande fabrique de toutes
pièces une guerre imaginaire qui joue le rôle de prophétie
auto-réalisatrice. Ils annoncent une conflagration imminente en faisant
passer cette fiction pour la réalité, et cette supercherie fonctionne :
il suffit de circuler sur la Toile pour s’apercevoir qu’une partie de
l’opinion occidentale croit que la Russie a déjà attaqué l’Ukraine.
Si la méthode employée par cette propagande est grossière, l’objectif
poursuivi par Washington est parfaitement transparent. Il s’agit de
justifier de nouvelles sanctions contre Moscou, de saboter la mise en
place du gazoduc Nord Stream 2 et de ressouder l’Europe autour de l’OTAN
sous la direction hégémonique des Etats-Unis. Dans ce scénario cousu de
fil blanc, l’Ukraine sert d’appât et de maillon faible : en la
colonisant, Washington y exerce une influence délétère qui menace la
sécurité de la Russie à ses propres frontières, tout en ayant l’air de
voler au secours d'une pauvre petite nation qui risque de se faire
dévorer par l’ours russe.
Dans cette conjoncture, seul l’hégémonisme des Etats-Unis a intérêt à la
guerre. Si jamais un conflit de grande ampleur éclatait dans la région,
aucun soldat de l’armée des Etats-Unis n’y participerait. Ceux qui
étaient présents en Ukraine ont d’ailleurs déjà été évacués. Bien sûr,
Moscou serait immédiatement désigné comme l’agresseur même et surtout si
c’est totalement faux : l’imputation à autrui des guerres américaines
est un classique des relations internationales depuis deux siècles.
Enfin le bénéfice économique d’un tel conflit, pour Washington, serait
considérable : la Russie serait punie par l’Union européenne et le
projet Nord Stream 2 définitivement torpillé.
Mais les dividendes géopolitiques de cette nouvelle guerre par
procuration seraient beaucoup plus larges que le théâtre d’opérations
russo-ukrainien : l’augmentation démentielle du budget militaire de
l’OTAN, qui fait déjà 16 fois celui de la Russie, serait justifiée, aux
yeux d’une opinion occidentale manipulée, par l’abominable «menace
russe». Cerise sur le gâteau, l’acharnement contre la Russie
affaiblirait le principal allié de la Chine, qui est considérée par les
Etats-Unis, conformément à la doctrine Pompeo confirmée par Biden, comme
«l’ennemi numéro Un du peuple américain».
Que les Etats-Unis aient intérêt à la réalisation d’un tel scénario,
heureusement, ne signifie pas qu’il verra le jour. Il est plus que
probable qu’aucune guerre de grande ampleur n’éclatera, et pour une
raison très simple : pour qu’elle ait lieu, il faut que deux camps
soient résolus à y participer. Or la Russie n’en veut pas, et les
Etats-Unis n’en veulent que si elle est faite par les autres. Washington
s’en accommoderait fort bien, mais l’Ukraine est-elle prête à en payer
le prix ? Certes, le conflit de basse intensité qui frappe le Donbass
risque de s’accentuer, et c’est déjà le cas. Mais lorsque Donetsk et
Lougansk évacuent les populations civiles pour les soustraire au feu
roulant des bombardements ukrainiens, qui est l’agresseur et qui est
l’agressé ? Qui refuse l’application des accords de Minsk et
l’instauration d’un système fédéral comme solution politique ?
Corrompus par Washington et Bruxelles, certains dirigeants ukrainiens
s’imaginent peut-être qu’ils vont tirer profit de la situation pour
régler leur compte aux résistants du Donbass. Commettront-ils la folie
d’une attaque massive contre les deux Républiques ? Si cette catastrophe
survenait, l’invasion militaire ukrainienne ne pourrait être longtemps
déguisée en riposte légitime à une «provocation séparatiste», comme le
répète aujourd’hui la propagande occidentale. Il suffira de constater où
se trouvent les blindés et les fantassins ukrainiens. L’agression
dûment constatée, la Russie prendra ses responsabilités et réagira de
manière proportionnée afin de défendre les populations russophones. On
souhaite bien du plaisir aux ultras de Kiev engagés dans cette opération
hasardeuse. Secourus par Moscou, les combattants du Donbass se battront
pour leur liberté, tandis que les soldats de Kiev se battront pour
l’OTAN. Il suffit alors de considérer l’Histoire. Washington trahit
toujours ses alliés. Moscou n’abandonne jamais les siens.
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Les rotatives de la désinformation auront beau le répéter ad nauseam,
chacun sait que la Russie n’envahira pas l’Ukraine. Pourquoi ? Tout
simplement parce qu’elle ne souhaite pas la guerre et qu’elle compte
obtenir la satisfaction de ses exigences par d’autres voies.
Que veut la Russie ? Principalement, deux choses.
Premièrement, elle veut un traité international garantissant la
non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Cet accord en bonne et due forme
mettrait un coup d’arrêt à la politique d’encerclement orchestrée par
Washington depuis la chute de l’URSS et offrirait à la Russie de
véritables garanties de sécurité. Après l’extension ininterrompue de
l’alliance militaire occidentale, une telle limitation de ses ambitions
aurait pour effet d’instaurer un climat de confiance en rassurant Moscou
quant aux relations futures avec le monde occidental. Elle dissiperait
aussi le fantasme des ultras de Kiev qui s’imaginent qu’ils vont
reconquérir la Crimée alors que 96% de sa population a choisi la Russie.
Deuxièmement, la Russie veut l’application des accords de Minsk et
notamment la fédéralisation de l’Ukraine, laquelle permettrait de
concilier les intérêts des deux parties en présence : l’octroi effectif
de l’autonomie qui avait été promise garantirait les droits de la
minorité russophone du Donbass tout en préservant l’intégrité
territoriale ukrainienne, comme le demande à juste titre le gouvernement
de Kiev.
Il est évident que pour atteindre ce double objectif, Moscou ne veut
surtout pas d’une escalade militaire qui en compromettrait au contraire
la réalisation. Car seul un processus politique est de nature à ménager
une sortie de crise respectant les desiderata des uns et des autres. La
guerre ou la paix, il faut choisir. En demandant à l’OTAN de ne pas
s’étendre davantage, la Russie a fait le choix de la paix par la
négociation, et non d’un affrontement militaire qui justifierait,
précisément, la mise en place d’un bouclier occidental destiné à
soutenir l’Ukraine.
Mais le problème vient de ce que les objectifs de Washington ne sont pas
du tout de même nature, et c’est pourquoi la crise prend des
proportions alarmantes.
Que veulent les Etats-Unis ?
On l’a compris depuis le début : leur propagande fabrique de toutes
pièces une guerre imaginaire qui joue le rôle de prophétie
auto-réalisatrice. Ils annoncent une conflagration imminente en faisant
passer cette fiction pour la réalité, et cette supercherie fonctionne :
il suffit de circuler sur la Toile pour s’apercevoir qu’une partie de
l’opinion occidentale croit que la Russie a déjà attaqué l’Ukraine.
Si la méthode employée par cette propagande est grossière, l’objectif
poursuivi par Washington est parfaitement transparent. Il s’agit de
justifier de nouvelles sanctions contre Moscou, de saboter la mise en
place du gazoduc Nord Stream 2 et de ressouder l’Europe autour de l’OTAN
sous la direction hégémonique des Etats-Unis. Dans ce scénario cousu de
fil blanc, l’Ukraine sert d’appât et de maillon faible : en la
colonisant, Washington y exerce une influence délétère qui menace la
sécurité de la Russie à ses propres frontières, tout en ayant l’air de
voler au secours d'une pauvre petite nation qui risque de se faire
dévorer par l’ours russe.
Dans cette conjoncture, seul l’hégémonisme des Etats-Unis a intérêt à la
guerre. Si jamais un conflit de grande ampleur éclatait dans la région,
aucun soldat de l’armée des Etats-Unis n’y participerait. Ceux qui
étaient présents en Ukraine ont d’ailleurs déjà été évacués. Bien sûr,
Moscou serait immédiatement désigné comme l’agresseur même et surtout si
c’est totalement faux : l’imputation à autrui des guerres américaines
est un classique des relations internationales depuis deux siècles.
Enfin le bénéfice économique d’un tel conflit, pour Washington, serait
considérable : la Russie serait punie par l’Union européenne et le
projet Nord Stream 2 définitivement torpillé.
Mais les dividendes géopolitiques de cette nouvelle guerre par
procuration seraient beaucoup plus larges que le théâtre d’opérations
russo-ukrainien : l’augmentation démentielle du budget militaire de
l’OTAN, qui fait déjà 16 fois celui de la Russie, serait justifiée, aux
yeux d’une opinion occidentale manipulée, par l’abominable «menace
russe». Cerise sur le gâteau, l’acharnement contre la Russie
affaiblirait le principal allié de la Chine, qui est considérée par les
Etats-Unis, conformément à la doctrine Pompeo confirmée par Biden, comme
«l’ennemi numéro Un du peuple américain».
Que les Etats-Unis aient intérêt à la réalisation d’un tel scénario,
heureusement, ne signifie pas qu’il verra le jour. Il est plus que
probable qu’aucune guerre de grande ampleur n’éclatera, et pour une
raison très simple : pour qu’elle ait lieu, il faut que deux camps
soient résolus à y participer. Or la Russie n’en veut pas, et les
Etats-Unis n’en veulent que si elle est faite par les autres. Washington
s’en accommoderait fort bien, mais l’Ukraine est-elle prête à en payer
le prix ? Certes, le conflit de basse intensité qui frappe le Donbass
risque de s’accentuer, et c’est déjà le cas. Mais lorsque Donetsk et
Lougansk évacuent les populations civiles pour les soustraire au feu
roulant des bombardements ukrainiens, qui est l’agresseur et qui est
l’agressé ? Qui refuse l’application des accords de Minsk et
l’instauration d’un système fédéral comme solution politique ?
Corrompus par Washington et Bruxelles, certains dirigeants ukrainiens
s’imaginent peut-être qu’ils vont tirer profit de la situation pour
régler leur compte aux résistants du Donbass. Commettront-ils la folie
d’une attaque massive contre les deux Républiques ? Si cette catastrophe
survenait, l’invasion militaire ukrainienne ne pourrait être longtemps
déguisée en riposte légitime à une «provocation séparatiste», comme le
répète aujourd’hui la propagande occidentale. Il suffira de constater où
se trouvent les blindés et les fantassins ukrainiens. L’agression
dûment constatée, la Russie prendra ses responsabilités et réagira de
manière proportionnée afin de défendre les populations russophones. On
souhaite bien du plaisir aux ultras de Kiev engagés dans cette opération
hasardeuse. Secourus par Moscou, les combattants du Donbass se battront
pour leur liberté, tandis que les soldats de Kiev se battront pour
l’OTAN. Il suffit alors de considérer l’Histoire. Washington trahit
toujours ses alliés. Moscou n’abandonne jamais les siens.
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