mercredi 25 août 2021

FABIEN ROUSSEL SUSCITE CERTAINES RÉACTIONS TRÈS VIVES D’UNE GAUCHE QUI A DU MAL À SE REMETTRE EN QUESTION, 

dit Jean-Paul Legrand

Aujourd’hui ce blog est plus ou moins dédié à une réflexion sur ce vers quoi il nous parait important d’avancer dans l’action autant que dans la réflexion critique. Je dois dire que je partage pleinement ce constat de J.P. Legrand sur le rôle joué par la campagne de Fabien Roussel et je me permets d’y ajouter quelques remarques de “sociologues” sur ce qui apparaît.

D’abord j’irai encore plus loin que lui dans le diagnostic en insistant sur le moment historique et la débâcle de la gauche, cela rappelle la faillite de la IIe internationale qui n’avait pas su défendre la paix et s’était engagée dans une politique de collaboration de classe qui avait débouché sur le massacre de la première guerre mondiale.

La crise du capitalisme comprend en elle même une crise historique de la gauche” dit Jean-Pierre. Oui mais il est nécessaire de caractériser cette crise ajouterai-je et où nous conduirait la poursuite d’une telle ligne : au fascisme qui est dans la logique de l’évolution des dirigeants et des capitalistes occidentaux. Tous déclarent de plus en plus ouvertement que la démocratie est un luxe que leur hégémonie ne peut pas leur permettre et ils font de plus en plus appel aux forces conservatrices. Ils attribuent les succès du socialisme à l’absence de démocratie pour éviter d’avoir à s’interroger sur les succès d’une planification au service des couches populaires, axée sur la souveraineté de la nation se donnant pour but la satisfaction des besoins et non du seul profit. Celui-ci s’il existe dans le socialisme doit être encadré, contraint dans le sens de l’intérêt général. Le capital occidental n’accepte pas cela et il lui faut idéologiquement transformer cette contrainte pour le capital en pseudo contrainte pour l’individu. La démocratie, la sienne, celle du libre renard dans le libre poulailler est opposé à “l’autoritarisme”, au “totalitarisme” jamais défini mais ayant pour vocation d’identifier contrainte du capital et fin des libertés individuelles. C’est une escroquerie intellectuelle alors qu’une des formes de la crise sociale du capitalisme et qui touche en particulier la jeunesse est la difficulté à créer des rapports sociaux, collectifs, épanouissants. En fait, ce prisme idéologique refuse de considérer que l’individu est aussi la somme de ses relations sociales.

Mieux ou pire, on tente de faire de certaines formes d’émancipation individuelles des contraires de la fin de l’exploitation, le sociétal est opposé au social, ce qui est une autre escroquerie. Que l’on ne se fasse pas d’illusion quand le capital aggrave les conditions de son exploitation ce ne sont pas seulement les conquis sociaux, les droits à la santé, à l’éducation, les retraites qui sont remis en cause, l’emploi, un salaire décent, non ce sont les conquêtes en matière d’émancipation individuelle, le sociétal, le refus de l’oppression des femmes, la lutte contre l’homophobie sont également en cause. Parce que quand le capital en appelle aux forces conservatrices pour dompter les mouvements des travailleurs, il leur accorde toutes les haines réactionnaires en prime. Et le sociétal s’effondre quand la question sociale est niée. Là aussi, et pour les mêmes raisons, la soumission de classe, la social démocratie porte le poids d’une défaite, elle qui n’a plus su parler au peuple et s’est vanté de représenter le progrès à partir d’un sociétal non ancré dans les couches populaires, même cultivant l’opposition avec elles, les repoussant vers le fascisme.

Comme après avoir justifié toutes les expéditions de pillage au nom des droits de l’homme, la même gauche porte le poids d’un monde invivable où la méditerranée devient un cimetière. Elle peut refuser le sort fait aux migrants tout en justifiant ce qui engendre le drame de la migration, là encore elle organise la rupture et attribue l’absence de solidarité aux couches populaires, aux travailleurs dont elle accepte la mise en concurrence par une UE dont elle se fait le chantre.

Tout cela existe et a besoin d’une prise de conscience forte, Fabien Roussel avec sa sincérité nous force à nous en rendre compte.

Donc J.P. Legrand a raison de dire que “certains devraient être très attentifs à ce que dit Fabien Roussel. La crise est telle que les réponses qui ont été apportées par la gauche et qui sont actuellement présentées au peuple ne sont pas à la hauteur des transformations nécessaires qu’elles aient été celles du PS où qu’elles soient celles de la FI. Quant au PCF, il doit aussi beaucoup travailler notamment au contact des salariés pour élaborer des mesures de classe qui seront salutaires pour l’économie du pays. Fabien Roussel jette des pavés dans la mare et c’est un bon début pour bousculer de vieilles certitudes. Si Fabien Roussel poursuit en ce sens et que les communistes s’emparent de ce début de remise en cause salutaire et critique de la gauche en agissant sur le terrain avec les couches populaires, alors le PCF fera œuvre utile pour notre nation et son peuple.

Bravo Jean-Pierre et tu n’es pas le seul à partager ce constat qui nous donne à tous le sentiment que nous sommes dans un processus qui bouscule l’ordre des choses existant. Tous ceux qui ressentent cela ont envie comme nous d’y participer, là où il se sentent les plus utiles… Ce sont les échos que nous recevons tous les jours de militants qui ne se connaissent pas et qui pourtant partout agissent dans le même sens. Comment vous expliquer le ton gavroche de ce changement … Hier un camarade gentiment me téléphonait en se moquant de cette génération d’anciens dirigeants qui dans une distribution de tracts ne savent pas entamer la conversation avec les passants, qui ne se parlent qu’entre eux, et ne paraissent ne se réveiller que quand ils peuvent discuter avec le dirigeant socialiste, de la FI, des verts… C’était dit sans méchanceté mais avec le constat que ces gens ne savent pas diriger .Alors que “nous nous faisons des adhésions, nous nous partageons les rues…Non seulement ils ne fichent rien mais ils désorganisent et ils ne s’en rendent même pas compte”… Je n’aurai pas la cruauté de décrire les cadres fédéraux qui correspondent à ce type de dirigeants mais notons qu’en général ils adorent feindre savoir des choses que le tout venant des militants ignore, et ont des conciliabules secrets avec quelques autres triés sur le volet, et surtout le socialiste, le Fi, le vert, leur semblable leur frère… Mais cette attitude-là est exactement la même que celle du secteur international que je décris par ailleurs et dont les responsables ne daignent pas partager avec le militant ce qui se dit et ce qu’il dit lui-même au niveau international. Il sait et ne dit rien, il est dans “l’élite”, bref c’est un bureaucrate de première… Et Fabien Roussel tranche incontestablement.

L’originalité du PCF c’est qu’il se trouve encore quelques-uns de ses membres pour aspirer à un parti communiste qui accorde toute sa place au militant, au fait qu’il compte pour un, qu’il n’a pas envie de se rallier à un combat de chef, mais agir pour que ça change vraiment et qui sait qu’il faut un parti. Mais c’est plus dur pour les autres forces de gauche chez qui tout ce que nous venons de remettre en cause constitue le fond de boutique et Jean-Pierre a raison cela explique la violence des réactions contre Fabien Roussel qui lui ne cherche des noises à personne… C’est du délire, le caractère démesuré des propos contre un parti dont on s’obstine dans le même temps à dénoncer la faiblesse, le peu d’effets supposés de ladite candidature prouve que l’on touche là au nerf même de ce que Jean-Pierre appelle “la crise de la gauche”


En tant que sociologue attentive aux pratiques, je constate qu’il y a un retour au faire, quelque chose que nous les anciens, nous croyons voir venir des temps oubliés et qui nous font penser qu’il serait stupide de rater cela, de ne pas songer y compris par la critique constructive à changer l’ordre des choses existant. Ce n’est pas CONTRE c’est POUR.

Danielle Bleitrach

 Note . Les caractères surlignés l'ont été par Pedrito