jeudi 24 janvier 2019

J'AI COMPRIS TRÈS TARD.....

 ....POURQUOI TOUT ÉTAIT ALLÉ SI VITE.
Ou, en sous-titre, un cancer qui n'est pas près de guérir:
LE CAPITALISME!
Ces jours-ci, mon cher amour, je tardais à me remettre au clavier, pour te parler, de tout ce qui me préoccupe, de toi, de moi, de notre couple que je croyais éternellement inséparable et pourtant déchiré, de mes soucis quotidiens depuis que tu n'es plus là. Justement, en parlant de soucis, j'ai tellement de problèmes de santé que le seul fait de m'asseoir devant cet écran et d'y rester me coûte....- mal aux yeux, migraine- et me contraint à attendre un moment plus favorable. Qui se fait attendre.....Vertiges, insupportables, et handicapants, dès le lever, je reste debout sans bouger, à attendre de pouvoir faire un pas sans trop tituber, mais le vertige persiste tout le jour, migraine douloureuse chaque soir, - sans doute due à l'arthrose cervicale- mal au creux de l'épaule droite, douleur permanente dans le dos, au-dessus de la nuque, ensuite conjonctivite à l'œil droit, diagnostiquée mardi par le Dr A., sans oublier le gros calcul de mon rein gauche qui s'est réveillé, -j'ai rendez-vous samedi avec l'urologue, pour recommencer les séances de "mitraillage" - ultra-sons- d'un caillou de 27mm sur 17mm,- et puis une espèce de déchirure au-dessus de la cheville droite, et puis aussi un coup de tête contre le robinet de la douche, en me relevant, avec plaie et saignement, comme çà m'était déjà arrivé, mais là, tu étais présente comme l'adorable petite fée attentionnée que tu fus toujours pour limiter les dégâts, avec amour, et je guérissais comme par enchantement......Ah! J'oubliais aussi ce gros rhume que je traite grâce au Dr F. depuis une semaine, entre les cachets et divers poutines qui m'assomment sans calmer les autres douleurs, ni me rendre un peu de ce sommeil qui m'a quitté depuis le 30 Novembre, et même bien avant l'horrible nuit. 
Je crois que je n'ai rien oublié! A croire que tout s'est réveillé depuis que mon être tout entier s'est inconsciemment relâché dès ton départ.....Comme si la souffrance de t'avoir perdue ne me suffisait pas! Ce mal qui me torture à chaque instant qui passe, ne faiblit pas. Au contraire! C'est toujours plus violemment que j'ai mal de toi, de ton absence, de ce néant qui m'entoure, je ne parviens pas à me raisonner. D'ailleurs ce vide que tu as laissé a-t-il quelque chose de raisonnable? Pourquoi, comment, me raisonner, puisque tu étais et que tu restes ma raison de vivre et d'espérer, justement que pourrais-je espérer raisonnablement de bon et de beau sans toi? Et qu'est-ce qui pourrait ou pourra atténuer cette douleur de ne plus pouvoir jamais au grand jamais t'aimer et être aimé de toi, ma perle adorée? 
Depuis que j'ai commencé à écrire, il y a quelques minutes, j'ai du plusieurs fois essuyer les verres de mes lunettes. Ma "consolation", pour calmer autant que faire se peut  mon chagrin: je mets un peu de ton parfum sur mes mouchoirs, ainsi je te sens, quand coulent mes larmes,je t'embrasse, à travers ce rêve, tu m'embrasses, ma douleur est vive mais grâce à ce parfum me parait moins forte. Un tout petit peu moins forte. Mais que ce parfum m'est doux, ma petite femme chérie...Et que je t'aime....
Souvent, très souvent, chaque jour, je pense et repense à nos derniers jours de bonheur.... Pourquoi se sont-ils évanouis avec une telle rapidité? Nous étions à Anglet, nous étions partis heureux, moi, du moins, et il me semblait qu'il en était de même pour toi, tendre amour chéri, nous avions pris cette semaine de vacances, tu y tenais beaucoup, à croire, évidemment, que tu sentais que ces huit jours auprès de l'Océan seraient les derniers beaux jours de ta vie. Chaque matin, après notre douche, nous partions déjeuner, tu avais un bon appétit, tu paraissais heureuse, calme, détendue, comme tu le fus pendant nos 29 années de vie commune faite de complicité et d'amour, mais ici, tu cachais si bien ta souffrance. Puis nous descendions nous promener, et là, il fallait que je me rende à l'évidence: tu peinais à marcher au bout de quelques dizaines de mètres, on trouvait vite un coin pour faire une halte, tu te plaignais de ne pas pouvoir respirer, nous ne savions pas à ce moment-là que tes poumons étaient gorgés d'"eau". Mais tu gardais sourire et bonne humeur, même après m'avoir dit " J'ai mal", on se reposait, on repartait pour quelques dizaines de mètres.... L'après-midi, nous prenions la voiture, pour quelques courtes balades, à la recherche d'un coin tranquille, ensoleillé, toujours au bord de l'Océan, à croire que tu voulais dévorer cette image d'infinie beauté pour la cacher au fond de ton cœur et de ta mémoire, pour l'éternité, avant notre fatal retour vers la maison, puis vers la clinique maudite. L'enfer pourtant commençait à se dessiner, mais je ne pouvais y croire, m'y résigner..;
La veille de notre retour, le soir, au bar,  où nous aimions aller prendre, pour toi, un kir, pour moi un pastis, ou un café, nous avions sympathisé avec ce jeune serveur si aimable. Je lui avais soufflé deux mots sur le terrible mal dont tu tu souffrais et dont tu te savais condamnée, par l'infinie psychologie d'oncologues inhumains. Infâme psychologie! Infamante, pire encore dans la bouche d'une femme. Quand j' ai dit à ce jeune homme que nous quittions Azuréva le lendemain matin, souviens-toi comme il a sauté par-dessus le bar pour te donner deux grosses  bises et te souhaiter tout le meilleur du monde. Quelle chaleur, quel profond humanisme! Je n'oublierai jamais ce geste spontané d'un garçon qui, nous connaissant si peu, manifesta à ton égard et sans chichi aucun ces marques de sympathie, de respect, d'affection naturelle, et de générosité. Qui contrastait avec la cruauté de certains que nous pensions "proches", mais qui furent pour toi, et pour toi seule, mon cher amour, des goujats. J'ai essayé de savoir où peut-il être, pour lui parler de toi, le remercier, pour son geste magnifique, je n'ai pas réussi, mais je recommencerai, dès la prochaine ouverture de la maison de vacances.
Et puis nous sommes rentrés. Et là, tout s'est précipité. Je me suis toujours demandé pourquoi tout était allé si vite. Pourquoi, quelques jours à peine avant ta chimio prévue dès notre retour, tu paraissais encore heureuse de vivre, et puis, en quelques heures, tout avait basculé. Il a suffi que tu rentres dans le bureau de l'oncologue pour que tu te mettes à vomir. Et le toubib a immédiatement décidé de t'hospitaliser d'urgence. Et çà a été le commencement de la fin.... Sept semaines plus tard, tu me quittais, alors que nous étions encore si heureux avant le jour maudit de cette chimio! Pourquoi? Je crois, depuis lors, avoir deviné que cette trente cinquième chimio, tu la refusais, ton corps la refusait, ton cerveau n'en voulait pas, ton mental la rejetait, tellement les chimios précédentes te faisaient souffrir, c'était malgré toi, tout ton être a sans doute ce jour-là refusé de se battre, et toi, mon cher amour, tu lui as obéi. Tu commençais à en avoir marre. Tu me le disais souvent. Et je ne voulais pas l'admettre, y croire. Pourtant, le plus dur était encore devant toi, devant nous. Tu avais vécu jusque là tes meilleurs derniers jours avec moi, mais tu ne voudrais plus servir de cobaye à cette médecine de merde!  Cette médecine en retard d'un siècle de millions de vies sacrifiées, le prix de milliards d'euros, de francs, et de dollars, économisés, ÉCONOMISÉS, oui !!! sur tout ce qui devrait être mis en œuvre depuis très longtemps, depuis des décennies, pour se donner les vrais moyens nécessaires pour venir à bout du cancer. DES cancers les plus virulents, les plus dangereux, dont on ne guérit pas. JAMAIS!!!  Comme celui qui t'a emporté! ON MEURT dans des souffrances atroces. Inhumaines! Et l'on continue de remplir les hôpitaux et les cliniques de patients que non seulement on ne pourra pas guérir, tous le savent, les toubibs, les soignants, les chirurgiens qui t'annoncent royalement TRENTE POUR CENT DE NON RÉCIDIVE", en oubliant de préciser 70% de décès probables, parce qu'on ne s'en donne pas les moyens, mais qu'en plus on leur annonce crûment, clairement, dès le premier jour, "QU'ON NE LES GUÉRIRA PAS !!" Et ces gens-là, ces oncologues, ces médecins, ces chirurgiens, produits et garants du système de la santé par le fric sont fiers de leur cruauté, ils la disent, la répètent, ils et ELLE te l'ont répétée, et toi, mon immense trésor, ma Gisèle adorée, il ne te restait qu'à attendre, attendre, attendre, pendant 900 jours, que vienne l'heure maudite où tu cesserais de vivre. Mais jusqu'à la fin, j'ai cru au miracle.  J'étais resté sourd aux 70% d'échecs dont on ne nous parlait pas.... D'abord avec toi, pendant deux ans, et puis seul, lorsque tu as décroché, ce que je n'ai pas su, cru, ou voulu comprendre. Mais toi, tu as payé le prix de ces fortunes économisées pour la santé, mais gaspillées dans des domaines financiers rentables en totale opposition à cette indispensable  lutte contre le mal infect, domaines financiers au service de la cupidité humaine et de son "'économie mondialisée", la macronienne, la sarkozienne, la hollandiste, toutes, mais toutes, ces politiques capitalistes profondément et viscéralement inhumaines, les russes, les chinoises, comme les américaines, qui garantissent des  fortunes injustement colossales à quelques minorités planétaires mafieuses.
 Et pendant ce temps là, les médias nous bassinent sur l'alliance militaire franco allemande, sur les traités, sur l'Europe, le brexit, les gilets jaunes, ces salauds de privilégiés qui s'acharnent à rêver de justice sociale,  sur les budgets faramineux consacrés aux armements, aux guerres, à la découverte des planètes...Sur les écrans, les navets succèdent aux navets, en boucle, défilent des heures et des heures d'endormissement, d'endoctrinement au médiocre, d'abrutissement garanti: des millions de foyers laissent leurs postes allumés du matin au soir, sans discontinuer, parfois vingt quatre heures sur vingt quatre Est-ce ainsi qu'on fabrique des consciences civiques, des citoyens responsables? Ou des moutons bêlants, jaloux de tout, et de leurs voisins souvent plus à plaindre qu'eux. Alors que des milliards d'êtres humains ne rêvent que de paix, de vie digne, de santé.....

Ce soir, je suis allé voir le Dr. B., notre rhumatologue. Il m'a passé des radios, m'a juste prescrit quelques antalgiques pour calmer mes douleurs cervicales... Il a ajouté que le poids que je portais depuis quelques mois était très lourd, que je ne devais pas m'étonner des répercussions sur l'ensemble de mon état général, y compris bien sûr sur mes cervicales. Il est toujours aussi humain. Je persiste à dire que nous avions, que j'ai, beaucoup de chance de l'avoir choisi pour soigner nos douleurs. Mais pourquoi cette chance je ne puis plus la partager avec le seul être qui m'ait redonné   un tel espoir, un tel bonheur, il y a presque trente ans, et un tel goût à la vie? 

Mon amour chéri, mon tendre trésor adoré, mon bien, ma vie, je te réécrirai bientôt. J'ai un tel besoin de te dire que je t'ai aimé de toute mon âme, et que je t'aimerai jusqu'à mon dernier souffle, comme tu le méritais tant.....Je te serre passionnément contre mon cœur qui n'en finira jamais de saigner .... Qu'est-ce qui le cicatrisera?
Mais je crois avoir enfin compris, très tard, mais sûrement, pourquoi tu avais attendu notre retour de  l'océan,  pour te résoudre à abandonner le combat, à rendre les armes: tu n'accepterais plus aucune chimio, leur seule pensée te faisait déjà vomir, tu n'opposerais plus aucune défense aux tentacules de la pieuvre médicale infernale qui t'emprisonnait dans son système voué à l'échec, à la mort. Pendant sept ou huit semaines, tu as eu le courage, la force, de faire bonne figure, de me sourire, de continuer à me laisser rêver. Que je t'admire, que je plains et continue de partager tes souffrances, et que je t'aime!
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Le jour de notre mariage, le 25 MARS 1991: Gisèle et Pierre
- "Pedrito", sur le blog,- à la locura, à la folie....

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 La plaque qui sera bientôt apposée auprès de l'urne, sur le caveau familial des parents de ma  Gisèle chérie, avec son éternel sourire, rayonnant, empreint d'amour, et de ses mille qualités, plaque réalisée à l'initiative de mes petites nièces.Ayez, vous qui l'avez appréciée, aimée comme elle l'a  tellement mérité, une pensée toute spéciale pour ma grande chérie, cette femme d'exception, élégante, toujours souriante, aimable et sociable à souhait, adorable, avec son humeur toujours égale, toujours constante, tolérante, et patiente avec son râleur, toujours heureuse de vivre et de partager ses joies avec ses amis, ses proches, et avec la famille aficionada qu'elle découvrit dès notre rencontre, il y presque trente ans,  à qui elle resta fidèle, attachée, attentionnée, et qui lui prodiguait bien la grande affection qu'elle méritait.
Elle nous manquera, elle me manque tellement déjà, et pour toujours.  
Repose en paix, mon cher amour, je te retrouverai.
Nous nous retrouverons.