ZARAGOZA: MÉDIOCRES FUENTE YMBRO
ESCRIBANO laisse échapper
son premier toro vers la cavalerie. Mise en suerte indigne d’un
matador chevronné, comme toujours plus préoccupé de banderiller à
corne passée, avec son habituel cérémonial plus destiné à
arracher les palmas des gogos, qu’à assurer une lidia sérieuse.
Ce qui n’a pas empêché le toro de balancer piquero et cheval à
terre. Très vite, le Fuente Ymbro laisse pendre la langue. Et le
matador peut commencer son numéro de cirque, d’esbrouffe, avec au
final les sempiternelles circulaires, les yeux dans les tendidos, à
un animal soso, sans charge ni force. Le medio toro, comme en produit
aujourd’hui Fuente Ymbro. Avis, épée trasera..
Second rese accueilli à
porta gayola, avec la longue mise en scène qui sied si bien à
ESCRIBANO pour ce numéro de cirque dont il est coutumier. Avec les
quatre paires de banderilles médiocres qui vont suivre, cela fait
parfaitement oublier le destoreo. Une piquette, d’abord, puis une
bonne lance dans le dos pour le Fuente Ymbro. Piquero asesino, pero
no pasa nada en los tendidos. Puis passes dans le dos, dans
l’attitude cambrée du recortador qui cite à cuerpo limpio.
Spectaculaire pour les gogos, et le toro donne déjà les premiers
signes de fatigue. Muleta présentée à 40 cm du museau,
l’aburrimiento s’installe. Épée qui sort sous le ventre, puis
entière trasera après un avis. Fin du numéro d’engaño du torero
de Gerena, qui a seulement toréé les gradins. A oublier !
FANDIÑO lui aussi laisse
le toro s’empaler à bout portant contre la lance : mise en
suerte totalement bâclée. L’animal s’agenouille dès les
premiers muletazos, profilés, bien sûr. A droite comme avec la main
gauche, le pico domine, mais pas le torero, promené par un animal
sans jus, vite immobile, et le drapelet promené sous son museau ne
le décide pas à charger. Entière dans le dos, plutôt dans les
cartilages. Du grand art !
Le quinto est lui aussi
conduit sous le cheval. Première piquette symbolique, seconde
appuyée et rageusement pompée. Aux banderilles, le Fuente Ymbro
ouvre déjà la gueule, langue pendante. Long brindis à la
cuadrilla, le public friand du moindre non événement applaudit
longtemps. Premiers muletazos accrochés. Avertissements multiples.
Toujours ponctués d’applaudissements !!!
Hachazos dangereux.
Changement de muleta : çà devrait aller mieux....Trois
derechazos avec le (telesco) pico. Le toro continue de peser, le
public est ravi. Même si FANDIÑO continue de reculer, il applaudit
sa démonstration de destoreo. Avis. Demi épée hasardeuse dans les
côtes à la troisième tentative. A oublier !
Le premier opposant de
DEL ALAMO reçoit lui aussi une bonne ration d’acier dans le dos,
loin, très loin du morillo. Et pousse....Deuxième embestida :
piquette vite levée. Piquero applaudi !! Le Salmantin cite
depuis le centre du rond, le toro se lance sur le leurre. Secons cite
à 5 mètres : sûrement les moments forts de la tarde, le toro
charge sans se faire prier. Puis la faena finit par basculer dans le
répertoire en vogue dans les ruedos : toreo de profil, torero
qui se découvre, accrochages, cogida imminente. Ce qui met en transe
les tendidos, qui exigent une oreille, après une entière au-dessus
du morillo.
Malgré une vilaine
ration d’acier qu’il prend lui aussi au milieu du dos, le dernier
toro pousse la monture jusqu’aux planches, puis recommence pour la
seconde embestida, pique vite levée. Piquero applaudi jusqu’à sa
sortie, c’est vrai qu’ici, en deux jours, les mises en suerte au
cheval furent l‘exception. Première série de la gauche applaudie.
Pourtant, DEL ALAMO ne se croise pas, ou peu. Sauf pour le premier
cite de la série, le reste est profilé. Puis viennent les passes en
rond, dernier artifice pour conclure une faenita qui aurait tendance
à s’éterniser, lorsque le toro se fige. Entière sur le côté.
Avis. Oreille.
Des trois, DEL ALAMO est
sans doute celui qui nous a gratifiés des plus beaux gestes taurins.
Qui s’est le plus livré...
Les toros, quand à eux,
ont paru sans grande caste, sans poder, ni bravoure, les lidias
désastreuses n’ont pas aidé à déceler ni qu’ils expriment
leurs éventuelles qualités. Hormis la noblesse, rien de très
marquant.
Président copieusement
hué par le public de festival pueblerino en quête exclusive de trophées, spectateurs
incapables de trier le bon grain de l’ivraie, de déceler le vrai
du clinquant: tout pour les tricheries, la fiesta circo, l’esbroufe, aucun
goût ni respect pour l’intégrité de la corrida.
Merci aux amis LANDAIS, à
ceux d’AIROUX, et d’ARLES, pour les bons moments partagés.