Pour The Guardian, il s’agit là d’“une démarche tout à fait inhabituelle, qui risque d’engendrer des divisions supplémentaires au sein de l’Union européenne”.

Mercredi 14 février, le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, et son homologue irlandais, Leo Varadkar, ont annoncé avoir envoyé une lettre à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ainsi qu’au chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell. Dans cette missive longue de trois pages, détaille le média britannique, les deux dirigeants ont demandé “une évaluation immédiate du respect par Israël des obligations en matière de droits de l’homme prévues dans le cadre d’un accord commercial avec l’UE”. Il s’agit là de l’accord d’association UE-Israël, qui est entrée en vigueur en 2000, et qui constitue la principale base des relations commerciales entre l’État hébreu et Bruxelles.

“Nous demandons à la Commission d’examiner d’urgence si Israël respecte ses obligations, notamment dans le cadre de l’accord d’association UE-Israël, qui fait du respect des droits de l’homme et des principes démocratiques un élément essentiel de la relation, demandent dans la lettre les deux chefs de gouvernement. Et si elle considère qu’il y a violation, qu’elle propose au Conseil des mesures appropriées à examiner.”

Pour le quotidien espagnol El País, cette initiative revêt une certaine importance, car il s’agit de “la première fois que l’idée de réviser cet accord est mise sur la table”. Comme le rappelle ensuite le journal de Madrid, les échanges entre l’UE et Israël sont très importants pour l’État hébreu, puisque “31,9 % des importations israéliennes proviennent de l’UE, et 25,6 % de ses exportations sont destinées à celle-ci”. En s’appuyant sur le texte de 2000, qui stipule que “le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques” doit être “un élément essentiel”, les deux leaders songeraient donc à dénoncer un accord qui régule les relations commerciales avec Israël, avec ce que cela impliquerait comme conséquences économiques pour Israël.

Ursula von der Leyen trop proche d’Israël ?

Néanmoins, les chances qu’une telle démarche aboutisse semblent infimes, puisque si Madrid et Dublin sont historiquement des pays proches de la cause palestinienne, d’autres poids lourds de l’UE, à l’image de l’Allemagne, sont très attentifs à protéger leurs relations avec l’État hébreu. Qui plus est, “la chef de l’exécutif communautaire, Ursula von der Leyen, est perçue comme proche des positions d’Israël”, note El País, ce qui pourrait rendre encore plus improbable une réponse positive de la Commission aux requêtes venant de Madrid et Dublin.

Quoi qu’il en soit, en attendant une réponse directe de Josep Borrell ou d’Ursula von der Leyen, le Guardian doit se contenter de rapporter la réplique plutôt tiède d’un porte-parole de la Commission. Celui-ci s’est contenté de rappeler que l’UE s’engage à “respecter le droit international et à faire en sorte que les auteurs de violations du droit international aient à répondre de leurs actes”, et également que “l’UE souligne constamment l’importance d’assurer la protection de tous les civils à tout moment, conformément au droit humanitaire international”.