LES PIQUANTS NOVILLOS DE PILAR POBLACIÒN.
Tous les ingrédients de l'automne étaient réunis pour cette fraîche matinée de Novembre. Les trombes d'eau des heures précédentes, la piste noyée malgré les bâches, le temps frais, le ciel incertain, les gradins presque déserts....Et puis cette appréhension qui me taraudait: Ces Pilar sortis à Benidorm, Palavas, Getafe, que des plazas à touristes, tout çà n'était pas très rassurant. Il fallait pourtant y être, comparer d'autres encastes, retrouver les copains, croire encore au miracle, et partager de bons moments. Et encourager aussi les efforts et l'entrega de la dynamique équipe "Peña Jeune Afición" du Cap de Gascogne. Dès 9 H, la piste était libre, les dégâts des violentes averses réparés. A 10H30, le toujours fringant Patrick VARIN s'avance dans l'arène boueuse pour accueillir avec calme et détermination son fougueux novillo du Campo Charro.
Patrick VARIN: je l'avais vu toréer à Nîmes, un dimanche de septembre 1982, ou 83. Je lui ai dit après toute ma joie de le revoir: son toreo n'avait pas pris une ride, et ce dimanche matin, à ST SEVER, il a donné aux deux jeunots qui le regardaient toréer, et au public, une vraie leçon de tauromachie, en se croisant, en avançant la jambe, comme très peu de grandes "vedettes" savent aujourd'hui se livrer, sans tricher. Et comme ne l'ont surtout pas imité les deux apprentis qui le suivaient.
Son novillo: du jus à revendre, beaucoup d'allant et d'alegria dans ces très nombreuses charges, il est vif comme un chat, se retourne brusquement à chacun de ses rapides démarrages, il fuse et repart sans cesse, il a pourtant le trapio d'un bel animal de 3 ans, alors qu'il est marqué du 2 : "mystères" de ce mundo taurino. Il déborde d'énergie au cours de ses embestidas répétées, il faut tout le métier, l'art, et le poder du matador, pour le canaliser et se jouer de ses avertissements. Une longue pique administrée dans les règles de l'art, un seul impact, dans le morillo: piquero applaudi. Sur la corne droite, essentiellement, le novillo s'avère excellent, noble, sans débilité, et VARIN peut enchainer derechazos et naturelles croisés, il est dominateur, même si l'animal étale une caste débordante, c'est le torero qui conduit la faena sans reculer d'un pouce. Entière applaudie, au troisième essai. Salut mérité aux tiers.
Le novillo d'Antonio NAZARÉ s'écroule sous le cheval du picador contre lequel il s'est élancé, dès la toute petite morsure du fer: mais a-t-il seulement été piqué? Il est plus léger que le premier, gabarit plus fin, flojo et manso comme un mouton de Domecq. Et le novillero a peu de bagage, face à cet animalito qu'il devait dominer avec un peu de métier et un peu plus de volonté. Pico por fuera à deux mètres, muleta plusieurs fois accrochée, quelques essais à gauche assez agréables, mais pas de quoi bâtir une faena à un novillo pourtant noble, vite épuisé, alors qu'il n'a pas été piqué du tout, faut-il le répéter. Une épée tombée sur le côté pour conclure. A oublier! Vite!
Le troisième novillo sort en trombe: du trapio, de la vivacité, il ne laisse aucune chance à l'inexpérience du pauvre Mario DEGUÉS, qu'il cueille violemment et balance dans les airs: le novillero tombe contre les planches, et se fait reprendre pour une deuxième rouste. Sérieusement secoué, notre Mario! Il se relève, et repart au combat, se fait encore désarmer deux fois, puis reprend une autre rossée carabinée. Pas de sentido, chez ce toro, mais de la caste! Qu'il aurait fallu savoir canaliser, ce qui n'est pas toujours du ressort de la novilleria actuelle. C'est le piquero qui va corriger son excès d'alegria, avec deux piques, correctes, certes, mais en fermant la porte de sortie vers le centre. La faena sera ensuite plutôt quelconque, malgré le courage du novillero, mais le courage ne peut effacer les carences. Pas une passe croisée, de nombreux désarmés encore et toujours, enfin une série méritoire avec la main gauche, alors qu'éclate pourtant l'immense noblesse de ce novillo qui restera ainsi jusqu'au terme le maître du rond. Un tiers d'épée, après pinchazos hasardeux, et l'animal se couche près des planches.
La mise en bouche a ainsi tenu toutes ses promesses pour les trop rares gourmets: 297 sur les gradins, c'est peu, 112 dans le callejon, c'est beaucoup !
PS: un bémol pour l'organisation du matin. Sur le blog de la peña, l'affiche annonçait 35 euros pour la journée complète. Mais pour le casse croûte salmantin, deux oeufs frits et une chiche tranche de ventrèche, il fallait ajouter 4 euros! Plus 1 euro pour le mini rouge. Pas correct! Il faudra repenser votre affiche.