Comaguer nous adresse ce très pertinent article sur l’épuisement de
Macron, qui est aussi celui de la classe dirigeante, et que l’on
transforme en “déclin de la France”, comme si le sort de cette dernière
était nécessairement confondu avec le leur… On change le personnel faute
de changer de politique… C’est d’ailleurs l’analyse que nous faisions
quand nous prévoyions la tentative d’une partie du patronat de lui
substituer en décembre un autre sauveur. Alternative, qui serait, elle
au moins, en capacité d’imposer les “réformes”. L’actuel hôte de
l’Elysée, à bout de souffle, ne parait pas en état d’affronter le
mouvement social que ces réformes susciteront, en particulier celle
concernant les retraites. Mais l’enjeu n’est pas que français, il est
européen dans son rapport à un monde en pleine mutation. L’alliance
atlantique n’est pas loin et sa méfiance de Macron, qui, comme le
souligne Comaguer dit tout et son contraire sur l’OTAN (1). Le Pen,
Zemmour sont des leurres et la candidate de droite est donc repartie à
l’assaut, mais pour lui créer le terrain, il faut continuer premièrement
à donner un statut d’opposant à Zemmour, tout en le disqualifiant à
droite; deuxièmement empêcher que la gauche adopte un véritable
rassemblement de résistance à la politique du capital. Nous en sommes à
des années lumières avec des verts et la social démocratie la plus bête
du monde et la concurrence est rude. C’est pourquoi d’ailleurs voir le
problème de la gauche dans sa “division” et pas dans la réalité de sa
collaboration avec le capital est une erreur fondamentale. Oui Macron
est à bout de souffle, mais il faut comprendre les tentatives
patronales pour lui trouver un successeur plus efficace. Efficace en
matière de “réforme” et d’atlantisme, dans le cadre d’une UE totalement
vassalisée, avec le nouveau chancelier social démocrate. Macron, “le toujours pas candidat mais follement amoureux de la France et des Français”
selon sa dernière opération de com. Mais pourquoi cette déclaration
amoureuse parait d’abord destinée à ses bailleurs de fond pour les
convaincre qu’ils ont besoin de lui en se déplaçant légèrement vers une
“goche” qui aurait la fibre de gauche et les actes pour la finance ?
(note de Danielle Bleitrach histoire et société)
Voir le Président de la République se féliciter du résultat d’un
référendum où le taux de participation a été de 44% en baisse de 41% sur
le taux du référendum organisé précédemment sur le même sujet est
révélateur de son état d’extrême fébrilité et de surmenage. L’ONU ne
pourra que refuser les résultats de ce référendum.
Parler de l’OTAN comme une organisation en « état de mort cérébrale »
et dans le même temps être toujours le premier à en défendre les
débordements impérialistes, aller à Tel Aviv pour se faire l’avocat des
positions israéliennes anti iraniennes les plus folles et les plus
guerrières, reproduire à quelques jours de la présidence tournante de
l’Union Européenne le même discours ambitieux et inopérant tenu à la
Sorbonne en 2017 en s’aveuglant soi-même sur l’état de dépendance accru
de la France par rapport à l’Allemagne qui domine économiquement et
financièrement l’Union autant, de témoignages d’une incohérence profonde
et d’un désarroi qu’une agitation permanente ne peut plus masquer.
Quoi qu’il dise aujourd’hui la magie du verbe n’opérera plus. Elle ne
fera pas oublier Benalla, les gilets jaunes éborgnés, la justice sans
moyens, les soldats français morts pour rien au Sahel, les chômeurs
affamés, le copinage effronté avec les émirs corrupteurs, les pires
régurgitations coloniales car faire voter par le parlement français la
création d’une nouvelle monnaie l’ECO pour des pays africains souverains
est un signe de profond mépris colonial pour les peuples de ces pays.
Avec un tel bilan qui pourrait être alourdi indéfiniment sur quantité
de dossiers car nous n’avons pas encore bien mesuré toutes les
conséquences sociales à moyen et long terme de la multitude de textes
adoptés à la va-vite par un parlement majoritairement inexpérimenté et
domestiqué, tout individu raisonnable ne se représenterait pas à la
magistrature suprême.
Mais il va le faire.
Ça ne doit pas être un cauchemar. Le personnage est à bout de
souffle, son « parti » est épuisé, le nouveau gouvernement allemand
s’est précipité à Paris pour lui rappeler ses règles du jeu, l’oncle
Biden ne le prend pas au sérieux et sachant son goût prononcé pour les
prestations télévisées lui laisse le rôle d’agitateur occidental
médiatique tout en lui infligeant des camouflets historiques quand il
s’agit d’affaires sérieuses.
La dernière séquence – sublime – du film de Jean-Luc Godard A BOUT DE
SOUFFLE met en scène un jeune voyou incarné par Jean -Paul Belmondo.
Poursuivi par la police qui vient de le repérer il tente de lui échapper
et s’enfuit en courant dans la rue. Claque un coup de feu. Touché dans
le dos Belmondo titube mais sa course ivre continue pendant plusieurs
secondes, déhanché, déséquilibré il va finir par s’écrouler.
Nous en sommes là. Comme les Kanaks, gardons notre calme. L’Histoire reste ouverte.
comaguer
(1) note de Danielle Bleitrach, je suis d’accord avec l’analyse de
Franck Marsal sur ce blog, que je rappelle ici : Je crois que l’Ukraine,
ni la Russie ne sont pas l’enjeu principal de cette terrible menace
d’une nouvelle guerre en Europe. Je crois que le véritable enjeu, c’est
le maintien de l’Europe occidentale dans la zone d’influence américaine.
La Grande Bretagne est sortie de l’UE, l’Allemagne y a construit
patiemment son influence déterminante : industrielle, monétaire. Si
l’Allemagne continue à se développer, et si elle obtient : 1. le soutien
durable de la France et ses capacités d’industrie militaire et
nucléaire, 2. l’accès négocié aux ressources naturelles de la Russie 3.
La capacité à commercer avec la Chine en développant les routes de la
soie, hors d’atteinte des porte-avions américains, le monde multipolaire
est achevé, les USA deviennent une puissance régionale parmi d’autres
et devront faire face à leurs contradictions internes. C’est
inacceptable pour les USA.
Dès lors, la guerre en Ukraine présente de
nombreux avantages, notamment : bloquer le développement des liens
commerciaux entre l’Europe, la Russie et la Chine et priver l’Europe de
l’accès aux matières premières russes, rendre l’Europe dépendante des
USA tant sur le plan énergétique que militaire (car pour l’instant,
l’Europe, ni la France ni l’Allemagne ne dispose d’une défense
pleinement autonome des USA). Si l’Europe est contrainte de refuser le
gaz russe et si les routes commerciales sont coupées, le monde redevient
centré sur l’Atlantique et le Pacifique, deux océans encore dominés par
les USA. Sans énergie bon marché, l’industrie européenne ne pourra
concurrencer les USA, qui conserveront leur prééminence mondiale. Avec
le temps, sans guerre, la relation UE – Russie se normalisera
nécessairement. Plus les américains mettront le feu entre l’UE et la
Russie, plus il sera facile aux politiciens pro-américain en Europe (il y
en a pléthore) de s’opposer à l’émancipation de l’Europe vis-à-vis des
USA et à la stabilisation de sa relation avec la Russie. Nous
reviendrons au bon vieux temps de la guerre froide. L’Europe restera
dépendante des USA et la Russie n’aura plus d’autre débouché que la
Chine, Chine qui se trouvera elle-même très isolée … et plus fragile
face aux attaques commerciales et médiatiques des USA.