jeudi 9 septembre 2021

 

1. Pourquoi avez-vous accepté de rédiger ce livre ? Combien de temps avez-vous consacré à ce recueil ?

Nous avons fait le choix avec mon ami Maxime Vivas de faire le livre « la Chine sans œillères » avec les contributions de 17 auteurs de différentes disciplines et opinions, des 5 continents et de plusieurs pays dont la Chine, parce que les médias maintiennent le public français dans une grave ignorance.

Celui-ci est quotidiennement harcelé par de fausses informations sur ce qu’est la Chine et ce que sont ses objectifs. Cela se fait, à travers des caricatures, des idées reçues souvent héritage de notre passé colonial. Mais plus généralement, parce que la France tout comme l’Union Européenne accompagnent la vision hégémonique qui est celle des Etats-Unis et du camp occidental.

Pour notre part, nous ne considérons pas la Chine comme un modèle, mais comme un exemple. Le monde change très vite et les conservatismes qui caractérisent la plupart des pays occidentaux doivent et devront reculer pour faire place aux idées nouvelles. C’est la seule voie pour répondre aux enjeux auxquels doit faire face l’humanité.  Il s’agit de promouvoir comme réponse,  la justice sociale, la coopération, la non-ingérence, le multilatéralisme, le respect scrupuleux de la souveraineté des états, la paix. Tous les auteurs du livre partagent ce point-de-vue et ces exigences!

C’est pourquoi, nous avons voulu faire un livre « pro vérité », un livre qui rétablit les faits dans leur contexte, et présente de manière objective ce qu’est la réalité de la politique chinoise avec à sa tête un Parti communiste fort de 95 millions d’adhérents dans ce pays continent de 1,4 milliards d’habitants et de 56 ethnies..

Nous avons voulu être fidèles à la demarche qui était celle de ces intellectuels qui au moment où la Chine a commencé à se libérer de l’oppression étrangère, puis des inégalités sociales et qu’elle a commencé à explorer la mise en oeuvre d’un nouvel ordre des choses ont fait le choix de chercher à la comprendre. A cette époque, ce qui les intriguait était de savoir comment dans ce pays continent à la civilisation 5 fois millénaire en continu, un groupe de jeunes militants marxistes dont Mao Zedong pouvait avoir l’ambition titanesque d’entraîner le peuple chinois dans un projet d’émancipation unique dans l’histoire humaine. Inciter à comprendre et à partager  sont les maîtres-mots de cet ouvrage.

Réunir autant de personnalités de talent était donc un défi, nous l’avons relevé. La plupart des auteurs et notre éditeur Delga ne se connaissaient qu’à travers leur réputation. Tous et toutes ont accepté la mise en commun d’un objectif:  si l’on veut parler de la Chine, faisons-le à partir de ce qu’elle est et non à partir de fantasmes ou de contre-vérités délibérées.

Pour l’essentiel, ce travail avec les traductions a pris plus de 6 mois. Dans notre diversité, nous voulions collectivement que l’ouvrage coincide avec cet évènement historique qu’a été le 100e anniversaire du Parti communiste Chinois. La couverture du livre est un geste amical à cette actualité autant qu’il rend homage au peuple chinois.


2. Hong Kong, Xinjiang, Tibet, les origines de COVID-19. Ce recueil touche presque tout les sujets desquels les médias occidentaux font usage pour attaquer la Chine, ou, autrement dit, font une propagande antichinoise. Les sujets ont été choisis et distribués comment ? Quels sont les messages que ce livre voudrait transmettre aux lecteurs ?

L’intérêt de la France, c’est la coopération sans exclusive et sans ostracisme politique. Cette manière de voir pour être constructive doit tourner le dos aux idées reçues et être conforme à la période nouvelle dans laquelle nous sommes entrés sur le plan international. Certes, celle-ci comporte des risques, des menaces, mais elle comporte également des opportunités. Par consequent, prenons appui sur les besoins de nos peuples pour écarter les obstacles et les incompréhensions. Les Chinois aiment notre pays et ils respectent les français. C’est un point d’appui important, il est essentiel ! C’est pourquoi nous devons également faire le choix de la réciprocité à l’égard de la Chine et de son grand peuple. Les choses ne peuvent être à sens unique, nous avons tous à apprendre les uns des autres. Nous n’avons pas à craindre le rayonnement de la Chine, elle contribue aux progrès de l’humanité toute entière, tout comme en d’autres temps cela a été le cas de la France ou encore d’autres pays.

Par conséquent, le but de notre livre, était d’encourager la curiosité, l’ouverture d’esprit, la compréhension mutuelle d’une Chine qui est devenue un état moderne et dont les progrès sont incontestables. Soutenir cette démarche est aussi important que la signature de contrats économiques. Il y a les défis économiques mais il y a aussi les défis politiques et culturels.  C’est ce à quoi nous avons voulu contribuer. Nous voulions montrer la Chine telle qu’elle est, à partir de sujets qui ont été au cœur de l’actualité récente et dont l’on a beaucoup parlé.  

Par conséquent les sujets on été répartis selon certaines compétences, les enjeux économiques de la Chine nouvelle par des économistes réputés, les enjeux géo politiques en mer de Chine par exemple par une ancienne ambassadeur, la crise sanitaire et le covid 19 par une médecin épidémiologiste, le Tibet et le Xinjiang par des observateurs lucides qui connaissent bien ces régions, etc. Nous avons aussi voulu que des auteurs chinois évoquent la manière dont ils observent le regard des français à l’égard de la Chine. Ils l’ont fait avec talent.

Je le répète l’objectif était de chercher et aider à comprendre. Par principes je récuse pour ma part la démarche qui consiste à dénaturer le sens de décisions prises par la Chine et dans quelques domaines qui soit. En fait, cela se fait souvent pour flatter la politique de conflictualité que poursuivent les Etats-Unis. Nous avons donc voulu dans notre diversité d’opinions faire le choix de la compréhension et de la conviction. D’une certaine manière, notre livre se veut pédagogique.



3.Dans le chapitre que vous rédigez, vous citez que "La guerre est semblable au feu, lorsqu’elle se prolonge elle met en péril ceux qui l’ont provoquée". Qu’est-ce que vous voudriez souligner sur le dossier de Hong Kong par cette formule de Sun Tzu ? Quel est le rôle des États-Unis sur les questions de Hong Kong ? Et d’après vous, quel est le sens de l’adoption de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong par la Chine ?


J’ai volontairement donné le titre suivant à ma contribution : “ N’en déplaise à Donald Trump et Joe Biden, Hong Kong est en Chine”. Ce qui peut sembler une évidence mais elle ne l’est pas pour tout le monde et en particulier pour ceux dont l’hostilité déclarée à l’égard de la Chine les ont conduit à travestir ce fait historique qui par ailleurs est doublé d’une certitude.

J’ai cité volontairement, le philosophe et grand stratège militaire Sun Tzu pour qui j’ai une grande admiration, parce qu’il a décrit de manière simple et anticipatrice ce qui finalement est arrivé à ceux qui ont tenté de provoquer une rupture entre Hong Kong et la mère patrie.  Délibérément, au plan international les Etats-Unis assument cette responsabilité,  avec comme relais,  les médias mainstream et des ONG locales connectées à des reseaux outre atlantique.  C’est ce que mon ami Bensaada a parfaitement démontré dans son texte. Au fond, il s’agissait d’une entreprise de déstabilisation visant la Chine toute entière, Ce fut un échec complet pour les apprentis sorciers, et ils en ont été pour leurs frais.

Loin de remettre en cause le statut spécial de Hong Kong, la loi sur la sécurité nationale a comblé un vide. Je constate d’ailleurs que peu de personnes se sont exprimé sur le contenu de cette loi prise légitimement par le Parlement et l'Assemblée nationale Populaire de Chine. Le droit de se protéger à l’intérieur de ses frontières contre toute forme d’ingérence est un droit inaliénable pour chaque nation. Il est garanti par le droit international et la Charte des Nations Unies. Hong Kong d’ailleurs n’est pas membre de l’ONU, ce qui est d’ailleurs aussi le cas de Macao et Taïwan.

Comme au Xinjiang, à Taïwan ou en mer de Chine méridionale, on ne peut examiner ce qui s’est passé à Hong Kong indépendamment de la politique générale des USA à l’égard de la Chine. En réalité et dans les faits, la rétrocession de Hong Kong n’a pas bouleversé le monde des affaires, conformément aux accords Hong Kong est demeuré une des plus importantes places financières au monde et le capitalisme continue à y dominer, le territoire y dispose de sa propre monnaie. Pour autant, son statut est parfaitement clair ”un pays, deux systèmes”. En d’autres termes et selon la formule de Ji Pengfei qui comme ministre des affaires étrangères supervisa les négociations avec la Grande-Bretagne, “une seule Chine, une seule souveraineté, une seule diplomatie, une seule défense”. Il fallait donc en tirer les conséquences politiques et assumer ce qui devait l’être. C’est ce qui a été fait.

L’objectif de Washington et de ses vassaux était d’internationaliser les tensions qu’a connu Hong Kong.  Les autorités chinoises ont fait preuve de sang-froid et de patience, de plus, une large majorité de la population a rejeté la violence, elle aspire au calme. Dans ces conditions, la loi sur la sécurité a permis de stabiliser les choses. D’ailleurs ces dernières semaines, j’ai noté que  les protagonistes politiques qui brandissaient drapeaux américains et britanniques dans leurs manifestations ont annoncé l’auto dissolution de leur mouvement.

Mais , je voudrai ajouter qu’on a oublié bien vite 1967 et la répression brutale du gouverneur britannique de l’époque face à des revendications sociales, ayant fait l’objet d’une large mobilisation syndicale. Il y avait eu officiellement  51 morts, 800 blessé, des centaines d’arrestations, des peines de prison très lourde. En fait, aujourd’hui, la Chine par ses décisions a introduit à Hong Kong un système autrement plus démocratique que sous la colonisation britannique. C’est pourquoi, il y a une arrogance insupportable à vouloir donner des leçons à la Chine, quand l’on connait le bilan des pays occidentaux dans tous les domaines tout particulièrement dans celui du respect des droits de l’homme comme on le voit malheureusement en France ou aux Etats-Unis..



4.Jusqu’à présent, quelles sont les réactions ou commentaires des lecteurs et des médias français sur ce livre ?

Le livre est en circulation depuis peu de temps. Il a rencontré déjà beaucoup d’intérêts, y compris internationalement et plusieurs articles dans la presse ou sur les réseaux sociaux ont mis en évidence la prouesse d’avoir réunis un nombre aussi important de personnalités sur un tel sujet. André Lacroix, qui est un fin connaisseur de la Chine, a dit du livre: « qu’il représentait une petite encyclopédie à entrées multiples. »

Je pense que les éditions Delga dont le directeur a été reçu en audience officielle par son Excellence l’Ambassadeur Lu Shaye à l’occasion de la sortie du livre a eu raison de souligner la portée politique de ce livre pour les lecteurs français, mais aussi pour ceux de Chine. L’ouvrage représente une somme importante d’informations qui contribuent à clarifier des dossiers importants.

Pour les détracteurs habituels de la Chine, ils semblent plus faciles à mettre en cause par exemple le travail de mon ami Maxime Vivas sur le Xinjiang. Ils le font  à partir de procès d’intention sans fondements et souvent d’une grande vulgarité se comportant ainsi comme de véritables mercenaires. Dans le cas de notre livre,  c’est évidemment plus compliqué à faire à l'égard de17 auteurs de sensibilités diverses, mais animés du souci de rendre compte avec sincérité de leur vision de la Chine. Notre grand écrivain et ministre de la Culture du Général de Gaulle, André Malraux, qui admirait la civilisation chinoise a écrit : « La Chine est la Chine, et le reste du monde est le reste du monde ». Je serai tenté de dire, par respect pour elle et aussi pour nous-mêmes, comment ne pas en tenir compte.


5. En outre, si c’est possible, pourriez-vous me présenter un peu votre prochain livre

Ce prochain livre sur lequel nous travaillons avec Bruno Drweski qui enseigne à l’Institut National des Civilisations et langues orientales(INALCO) qui est un chercheur et auteur de nombreux ouvrages, portera sur la politique étrangère de la nouvelle administration américaine de Joe Biden à l’égard de la Chine.

Notre opinion est que les Etats-Unis vont non seulement poursuivre, mais développer leur politique agressive  à l’égard de la Chine. Cette volonté de  restaurer une “nouvelle guerre froide” qui était celle de Donald Trump,  est aujourd'hui celle de Joe Biden. Comme le declare celui-ci, il s’agit d’ un “défi majeur “. En fait, pour comprendre cette orientation, il faut prendre en compte l’antériorité de la politique américaine en particulier depuis Barack Obama et la réorientation de celle-ci à travers le fameux document stratégique « Pivot to Asia ».

Au moment même de l’intronisation du nouveau Président américain à Washington, une des plus fameuses fondations nord-américaines,  “l’Atlantic Council » a produit pas moins de trois rapports visant à donner une stratégie offensive à la nouvelle administration y compris avec son volet militaire. Le néo conservatisme continue donc d’influencer profondément la politique étrangère des Etats-Unis et c’est pourquoi s’y retrouvent dans un large consensus, républicains et démocrates.

Ce qu’il y a de nouveau dans ces documents, c’est que cette fois-ci les choses sont dites crument . Il ne s’agit plus de contenir ni de refouler l’influence de la Chine, mais d’en finir avec le Parti communiste Chinois et son principal dirigeant à la tête du pays : Xi Jiping. L’objectif serait ainsi selon les auteurs de favoriser par tous les moyens une direction plus modérée afin de contribuer à ce que le peuple chinois s’émancipe de la domination centenaire du Parti communiste.
Les Etats-Unis dont le déclin est une chose largement  admise traversent une crise profonde qui divise et affaiblit  la société américaine toute entière. Joe Biden et ses conseillers, cherchent à faire porter la responsabilisé de leurs échecs économiques, sociaux, sur le plan international comme en matière de droits de l’homme à la Chine. Le dynamisme de celle-ci entraînerait  selon eux des conséquences négatives pour la mise en oeuvre de la politique intérieure et étrangère américaine. C’est ridicule! En fait, Joe Biden cherche à disculper un système incapable de répondre aux enjeux de notre temps et aux propres besoins de ses citoyens. Les événements que nous vivons actuellement en Afghanistan sont de mon point de vue révélateur, tout comme le sont sur un autre plan la crise épidémique.

Le discrédit, la perte de crédibilité des USA en même temps que l’influence grandissante de la Chine bouleverse la donne, les références internationales, et d’une certaine manière le rapport des forces dans le monde en même temps que se nouent de nouvelles alliances contre la recherche d'imposer toute forme d’hégémonie. Comme le dit le Président Xi Jiping « Pour construire une communauté de destin, l’ancienne mentalité de jeu à somme nulle doit céder la place à une nouvelle approche de la coopération gagnant-gagnant. ». Je crois que cette pensée anticipatrice et novatrice  contribue à donner confiance.
car elle représente aujourd’hui une alternative crédible.

 

Ça n'empêche pas Nicolas

une nouvelle intervention armée en Afghanistan...

Description de l'image Carte de l'Afghanistan FR.png.Description de l'image Afghanistan (orthographic projection).svg.

Jeudi 19 août, M.Borrell a déclaré lors d’une vidéoconférence que l’UE devait prendre des mesures immédiates pour contrer l’influence russe et chinoise en Afghanistan.

«Ce que nous ne pouvons pas faire, c'est laisser les Chinois et les Russes prendre le contrôle de la situation et devenir les principaux acteurs à Kaboul, sinon nous deviendrions inutiles», a-t-il signalé.
 
 

Sergueï Lavrov

 

 

«J’ai pitié pour les pays membres»:

Lavrov réagit aux propos de Borrell sur la Russie en Afghanistan

Le ministre russe des Affaires étrangères a déploré que des personnes comme le chef de la diplomatie européenne mettent au point la politique étrangère de l’Union européenne. Ceci intervient après les propos de Josep Borrell sur la place de la Russie et de la Chine en Afghanistan.

Sergueï Lavrov, effectuant une visite de travail en Hongrie, s’est dit attristé par les propos du Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères Josep Borrell, préoccupé par la possible prise de contrôle de la Russie et de la Chine en Afghanistan.

«Si le chef de la politique étrangère de l’Union européenne réfléchit de cette façon, j’ai pitié pour les pays membres forcés d’écouter et, visiblement, de soutenir une telle philosophie. Les préoccupations de M.Borrell ne vont pas dans le bon sens: il faut se soucier du fait que les Afghans ramènent le calme dans leur pays le plus vite possible. Penser qu'il ne faut pas abandonner l’Afghanistan à la Russie et à la Chine est dans le même ordre d’idées: soit ça, soit ça. "Que les pays choisissent: ils sont soit avec l’Occident, soit avec la Russie et la Chine." Il est triste que de telles personnes mettent au point la politique extérieure de l’Union européenne», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à l’issue des négociations avec son homologue hongrois Péter Szijjártó. 

Une nouvelle réalité en Afghanistan

M.Lavrov estime que les événements en Afghanistan doivent être considérés comme un fait accompli et qu’il faut éviter toute politisation dans le règlement de la situation.
«Une réalité nouvelle s’est créée et quelle que soit la position envers elle, c’est une réalité dont il faut tenir compte», a-t-il constaté.
Il a ajouté que la Russie et ses partenaires restaient attachés à l’objectif du rétablissement de la paix et de la stabilité dans ce pays:
«J’espère que tous ceux qui suivent les événements en Afghanistan seront inspirés par cet objectif et non pas par des phobies idéologisées et politisées.»

 

Publié par El Diablo

Chers tous,

Ces dates se rapportent à deux événements que les médias n'ont guère mis en relation l'un avec l'autre. Il s'agit de la prise de Kaboul par les talibans (donc de leur victoire finale, après 20 ans de guerre, sur les Occidentaux) et du refus, par la Cour suprême des États-Unis, d'examiner une loi de l’État du Texas (gouverné par les Républicains), loi qui interdit de facto l'IVG au-delà de six semaines, y compris en cas d'inceste ou de viol (et ce refus d'examen est revenu, en fait, à laisser passer cette loi sans s'y opposer).

Où est la relation ? Il faut, pour la voir trois, exposer trois ordres de fait :

1. La victoire des talibans a été présentée comme une grande menace pour le statut des femmes afghanes. Celles-ci risquent d'y être de nouveau soumises - comme dans tous les pays musulmans régis par la charia (l'Arabie saoudite, le Pakistan, le Soudan, le Yémen, l'Afghanistan...) à une lourde sujétion masculine (maritale et patriarcale - de la part du père, de l'oncle ou du frère), notamment dans le domaine de la profession, de l'éducation, de la sexualité et de la procréation.

[Par exemple, un travail universitaire rédigé en 1995 par la doctorante canadienne Lyne Marie Larocque établissait que, dans nombre de pays musulmans, le viol n'est pas distingué de l'activité sexuelle ordinaire, et qu'en cas de viol (par n'importe qui, y compris par un ascendant, un frère ou un oncle), c'est la femme violée qui est considérée comme souillée - et son opprobre rejaillit alors sur toute la famille - souillée et coupable ! Coupable au point qu'elle est souvent bannie... quand elle n'est pas carrément assassinée par ses proches].

2. L'affrontement entre les Américains et les talibans a souvent été vu, de façon emblématique, comme un conflit de civilisation, l'Afghanistan des talibans étant présenté comme le contre-modèle absolu de la société américaine, censée, elle, représenter la liberté, l'émancipation, la prééminence des droits de la personne, l'éducation, l'ouverture aux autres, bref ce qu'à l'époque de la guerre froide, on appelait "le monde libre". [Par opposition au "totalitarisme communiste", censé représenter, selon les propos de Ronald Reagan, l'empire du Mal]. En outre, dans les fantasmes de l'extrême-droite française et européenne, le monde musulman est vu comme une menace de submersion migratoire et de subversion des valeurs du monde "chrétien", c'est-à-dire de l'empire du Bien.

3. La loi texane interdisant tout IVG au-delà de six semaines est une loi très restrictive et très régressive. En effet, comme une femme a ses règles en moyenne toutes les quatre semaines, elle n'a que deux à trois semaines (également en moyenne) pour se rendre compte de son aménorrhée - donc de son début de grossesse. Et, à ce moment-là, elle a souvent dépassé le délai légal et elle tombe sous le coup de la loi. Qu'est-ce que cela signifie ? Cela signifie que la loi texane, de facto, encourage carrément le viol et l'inceste par ascendant... Et comme cette loi n'a pas confié aux autorités judiciaires mais aux simples citoyens le soin de dénoncer à la justice les femmes qui se sont fait avorter, on peut imaginer que - perversité suprême ! - ce soit le violeur lui-même qui aille dénoncer sa victime qui se serait fait avorter...

Ce lien entre deux des idéologies les plus rétrogrades du monde est bien illustré par le numéro du magazine Rivarol du 1er septembre. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, Rivarol est un organe d'extrême-droite pétainiste, pro-hitlérien, intégriste catholique, homophobe (il nomme les homosexuels des "invertis" et les couples homosexuels des "paires"), négationniste de la Shoah, antiféministe, raciste...

Il écrit ceci : "Certes, le sort des femmes afghanes ne sera pas fameux à partir de cet été, mais la lutte féministe n’est pas du tout la nôtre ; en Occident, elle a servi de prétexte à la destruction de la famille. La victoire des Talibans est une incontestable défaite de l’axe américano-onusien mondialiste." On ne saurait "mieux" dire (ou pire)...

Je vous saurais gré de vos remarques, précisions, compléments et critiques.

Bien à vous

Philippe Arnaud, AMD Tours

 

  Troisième partie de l'article 

LE SOCIALISME CHINOIS ET LE MYTHE....

C’est pourquoi l’ouverture de la Chine aux flux internationaux fut massive, mais rigoureusement contrôlée. Le meilleur exemple en est fourni par les zones d’exportation spéciales (ZES). «Les réformateurs chinois voulaient que le commerce renforce la croissance de l’économie nationale, et non qu’il la détruise», notent Michel Aglietta et Guo Bai. Dans les ZES, un système contractuel lie les entreprises chinoises et les entreprises étrangères. La Chine y importe les ingrédients de la fabrication de biens de consommation industriels (électronique, textile, chimie). La main d’œuvre chinoise fait l’assemblage, puis les marchandises sont vendues sur les marchés occidentaux. 

C’est ce partage des tâches qui est à l’origine d’un double phénomène qui n’a cessé de s’accentuer depuis trente ans : la croissance économique de la Chine et la désindustrialisation de l’Occident. Cent cinquante ans après les «guerres de l’opium» (1840-1860) qui virent les puissances occidentales dépecer la Chine, l’Empire du Milieu a pris sa revanche. Car les Chinois ont tiré les leçons d’une histoire douloureuse. «Cette fois, la libéralisation du commerce et de l’investissement relevait de la souveraineté de la Chine et elle était contrôlée par l’État. Loin d’être des enclaves ne profitant qu’à une poignée de "compradors", la nouvelle libéralisation du commerce fut un des principaux mécanismes qui ont permis de libérer l’énorme potentiel de la population» notent encore Michel Aglietta et Guo Bai. 

Une autre caractéristique de cette ouverture, souvent méconnue, est qu’elle bénéficia essentiellement à la diaspora chinoise. Entre 1985 et 2005, elle détient 60 % des investissements cumulés, contre 25 % pour les pays occidentaux et 15 % pour Singapour et la Corée du Sud. L’ouverture au capital «étranger» fut d’abord une affaire chinoise. Mobilisant les capitaux disponibles, l’ouverture économique a créé les conditions d’une intégration économique asiatique dont la Chine populaire est la locomotive industrielle.

 Qu’il y ait des capitalistes en Chine ne fait pas de ce pays un "pays capitaliste" Dire que la Chine est devenue «capitaliste» après avoir été «communiste» relève donc d’une vision naïve du processus historique. Qu’il y ait des capitalistes en Chine ne fait pas de ce pays un «pays capitaliste», si l’on entend par cette expression un pays où les détenteurs privés de capitaux contrôlent l’économie et la politique nationales. En Chine, c’est un parti communiste de 90 millions d’adhérents, irrigant l’ensemble de la société, qui détient le pouvoir politique. Faut-il parler de système mixte, de capitalisme d’Etat ? C’est davantage conforme à la réalité, mais encore insuffisant. Dès qu’il s’agit de qualifier le système chinois, l’embarras des observateurs occidentaux est patent. Les libéraux se répartissent entre deux catégories : ceux qui reprochent à la Chine d’être toujours communiste, et ceux qui se réjouissent qu’elle soit devenue capitaliste. Les uns n’y voient qu’un «régime communiste et léniniste» bon teint, même s’il a fait des concessions au capitalisme ambiant. Pour les autres, la Chine est devenue «capitaliste» par la force des choses et cette transformation est irréversible. Lire aussi La ville de Qingdao en Chine, où se tiendra le sommet de l'OCS des 9 et 10 juin 

L'Organisation de coopération de Shanghai en cinq chiffres clés Certains observateurs occidentaux, toutefois, essaient de saisir le réel avec davantage de subtilité. C’est ainsi que Jean-Louis Beffa, dans un mensuel économique libéral, affirme carrément que la Chine représente «la seule alternative crédible au capitalisme occidental». «Après plus de trente ans d’un développement inédit, n’est-il pas temps de conclure que la Chine a trouvé la recette d’un contre-modèle efficace au capitalisme à l’occidentale ? Jusque-là, aucune solution de rechange n’était parvenue à s’imposer, et l’effondrement du système communiste autour de la Russie en 1989 avait consacré la réussite du modèle capitaliste. Or la Chine d’aujourd’hui n’y a pas souscrit. Son modèle économique, hybride, combine deux dimensions qui puisent à des sources opposées. La première emprunte au marxisme-léninisme ; elle est marquée par un puissant contrôle du parti et un système de planification vigoureusement appliqué. La seconde se réfère davantage aux pratiques occidentales qui donnent la part belle à l’initiative individuelle et à l’esprit d’entreprendre. Cohabitent ainsi la mainmise du PCC sur les affaires et un secteur privé foisonnant» écrit Jean-Louis Beffa. Dirigé par un puissant parti communiste, l'Etat chinois [...] maîtrise la monnaie nationale [...] Il contrôle la quasi-totalité du système bancaire. 

Cette analyse est intéressante, mais elle renvoie dos-à-dos les deux dimensions — publique et privée — du régime chinois. Or c’est la sphère publique, manifestement, qui est aux commandes. Dirigé par un puissant parti communiste, l’Etat chinois est un Etat fort. Il maîtrise la monnaie nationale, quitte à la laisser filer pour stimuler les exportations, ce que Washington lui reproche de façon récurrente. Il contrôle la quasi-totalité du système bancaire.

Surveillés de près par l’État, les marchés financiers ne jouent pas le rôle exorbitant qu’ils s’arrogent en Occident. Leur ouverture aux capitaux étrangers est d’ailleurs soumise à des conditions draconiennes fixées par le gouvernement. Bref, le pilotage de l’économie chinoise est confié à la main de fer d’un Etat souverain, et non à la «main invisible du marché» chère aux libéraux. Certains s’en affligent. Libéral bon teint, un banquier international qui enseigne à Paris I, Dominique de Rambures relève que «l’économie chinoise n’est ni une économie de marché, ni une économie capitaliste. Pas même un capitalisme d’État, car en Chine c’est le marché lui-même qui est contrôlé par l’Etat» ; c'est ce qu'il écrit dans son livre : La Chine, une transition à haut risque. 

Mais si le régime chinois n’est même pas un capitalisme d’État, est-ce à dire qu’il est «socialiste», c’est-à-dire que l’État y détient la propriété des moyens de production, ou y exerce du moins le contrôle de l’économie ?