mardi 23 juin 2020

La Pravda : Le projet polonais “Intermarium” n’est pas oublié

Dans la figure de Iago, “le monstre aux yeux verts”, la Pologne comme d’habitude est là pour inscrire le projet hitlérien à la Pilduski du “go east” en soutien à la politique américaine. Celle-ci affirme hautement se désengager de l’OTAN en Allemagne mais c’est pour mieux assurer sa prise européenne en Pologne et en Ukraine en exaspérant la russophobie de ces pays. Encore un fagot apporté à la joyeuse flambée d’une guerre mondiale, en tous les cas à une augmentation des dépenses militaires (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop).
La Pravda No 46 (30978) 16-17 juin 2020
Auteur: Tatyana AVERTCHENKO.
Le président de la République de Pologne, Andrzej Duda, a déclaré ce printemps: «Le projet historique Intermarium* n’est pas oublié. J’aimerais que nous devenions un tel centre d’expansion américaine dans les Trois mers. » Et il a souligné qu’à cette fin, plusieurs milliers de soldats de l’Alliance de l’Atlantique Nord seront bientôt déployés dans le pays. »
Et VOILA que les médias nous annoncent: la première phase de la construction d’un canal contournant les eaux territoriales de la Russie sur le cordon littoral de la Baltique (presqu’île de la Vistule), faisant partie du projet Intermarium, est terminée. TVP.Info cite le Secrétaire d’Etat de Duda – Krzysztof Szczierski: «Nous devons restaurer la souveraineté sur nos propres eaux territoriales, sur notre côte, qui est en outre située dans une partie géopolitiquement sensible de l’Europe, à la jonction entre le flanc oriental de l’OTAN et les voisins de l’OTAN à l’Est» . Le responsable a indiqué que ce canal permettra à la Pologne de renforcer sa position de leader parmi les républiques baltes, la Biélorussie et l’Ukraine.
… Oui, les nationalistes polonais se bercent encore du rêve de voir la mise en œuvre du projet bien connu «La Pologne d’un océan à l’autre», mis en avant au début du siècle dernier après la Première Guerre mondiale par le chef du pays Jozef Pilsudski et soutenu par les États de l’Entente. Son essence agressive était la suivante: restaurer la Pologne à l’intérieur des frontières de 1772, apporter la soi-disant liberté aux marges de la Russie et la transformer elle-même en pays de second ordre. Il s’agissait de la conquête de territoires de la mer Noire et de la mer Adriatique à la Baltique, de la création d’un puissant État confédéré qui comprendrait la Pologne, l’Ukraine et la Biélorussie, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie, la Moldavie, la Hongrie, la Roumanie et la Yougoslavie, une partie de la Tchécoslovaquie, et aussi, si possible la Finlande. Il n’y a pas à dire, ils ont un gros appétit !
Cependant, ils ne sont pas seuls à rêver, et certains non seulement en Pologne, mais aussi en Occident imaginent la mise en œuvre d’au moins une partie de ce projet. Par exemple, George Friedman, le chef de l’agence de renseignement américaine Stratfor, a écrit il y a plusieurs années: «Je vais étudier la théorie que Pilsudski a posée sur la table. Ce projet bloque les Russes, les coupe des Allemands et limite doucement l’empiètement de la Turquie sur l’Europe du Sud-Est. “Les Polonais devraient être les dirigeants du bloc, et les Roumains – l’ancre sud.”
Les élections présidentielles en Pologne, prévues pour le 28 juin, peuvent, selon les analystes, insuffler une nouvelle énergie aux relations ukraino-polonaises. L’extrême droite de l’Ukraine « indépendante » ne pouvait qu’approuver un tel projet. L’un des dirigeants néonazis, Andrei Biletsky, a même créé un groupe de soutien idoine. Il existe des informations sur la formation d’un réseau d’organisations néonazies interdites en Fédération de Russie, qui possède tous les attributs d’une structure paramilitaire souterraine du futur “Intermarium”.
L’essentiel, bien sûr, est le plein soutien du projet par les États-Unis d’Amérique. L’OTAN déplace le centre de gravité européen de l’Europe occidentale (l’Allemagne et la France se sont récemment distanciées des demandes de Washington, malgré sa pression politique et économique brutale) vers l’Est. Et maintenant, comme l’écrivent les experts, “l’extrémité européenne de l’axe transatlantique est fermement ancrée sur la Pologne”. L’administration actuelle des États-Unis et de Varsovie avait un désir persistant et mutuel: renforcer le flanc oriental de l’OTAN. Afin de devenir un pilier fiable de l’alliance, le ministère polonais de la Défense a approuvé en février un plan de modernisation de l’armée du pays, qui lui coûtera 48,9 milliards de dollars. Varsovie offre proactivement ses terres pour le déploiement de bases militaires américaines, exprime sa volonté de payer d’énormes sommes d’argent pour cela, et fait même campagne auprès d’autres États pour qu’ils augmentent leurs contributions à l’OTAN. Il est clair que les armes seront achetées aux États-Unis.
Ainsi, la phase initiale de construction du canal sur le cordon littoral de la Baltique (Vistule) est terminée, nous parlons maintenant de la construction des brise-lames nord, ouest et est, ainsi que de deux ponts. Les cercles dirigeants de la Pologne sont pressés d’achever la construction, ils sont impatients de réaliser ces objectifs ambitieux de longue date: permettre aux navires polonais d’entrer librement dans les ports de la baie, en contournant les eaux territoriales de la Fédération de Russie. Varsovie est inspirée, selon les experts, par le fait que les investissements européens afflueront dans le pays. En un mot, le chef susmentionné de l’appareil présidentiel K. Shchersky souligne: «Le canal s’inscrit dans les trois dimensions: économie polonaise, emplois polonais, infrastructure polonaise; cohésion régionale, importance régionale, subjectivité des régions et plan européen de relance économique après la crise. »
Mais l’essentiel n’est pas dit: le projet Intermarium a été repris par les stratèges américains et l’armée, et la Pologne est devenue un agent fidèle de Washington.
*Intermarium (en polonais Międzymorze) appelé aussi Union Baltique-Mer Noire

LE SAVEZ-VOUS ?


C'EST LE MON
NNA FERMETURE DE ONZE M EN FRANCE, DONT LET
LE BRICO DÉPÔT DE CALAIS.
410 000

C'est le nombre de travailleurs précaires qui, selon la CGT, n'ont pas pu ouvrir ou recharger leurs droits au chômage au 1er mars à cause de l'application de la première phase de la réforme de l'assurance-chômage. La seconde phase est prévue en septembre et entraînerait une baisse des allocations de 22 %.
1 425
milliards
1 425
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PRENEZ NOTE

ÉVASION FISCALE. UNE BIEN TERNE LISTE NOIRE

Bercy a publié une mise à jour de sa liste des paradis fiscaux. Seuls 13 petits territoires y subsistent, Brunei et les îles Marshall en sont sortis. Certaines îles des Caraïbes, comme les îles Vierges ou Trinité et Tobago, y font enfin leur entrée. Bercy épargne toujours les principaux paradis fiscaux européens - Irlande, Pays-Bas ou Luxembourg en tête -, tout comme les Émirats ou Hong Kong, où transitent les 118 milliards d’euros qui échappent chaque année la France, selon l’étude I de l'économiste Richard Murphy.

L'INDE DES PAUVRES N'EN FINIT PAS D'AGONISER

La petite Jamlo et les travailleurs migrants

L’un des malheurs le plus emblématiques de cette catastrophe est la mort de la petite Jamlo. Cette petite fille de 12 ans, ouvrière agricole, dans les champs de piments. En février, sans le dire à ses parents, elle était partie travailler dans les champs de piments du Telangana avec d’autres jeunes de son village. Le 18 avril, après avoir marché trois jours avec d’autres travailleurs tentant de rentrer chez elle, Jamlo est morte d’épuisement.
Source : https://ruralindiaonline.org/articles/we-dont-fear-coronavirus-or-the-heat-now/
L’histoire de Jamlo est emblématique, mais c’est un arbre dans une forêt de travailleurs héroïques tentant de survire, de rentrer chez eux, vers leurs proches, où il n’est pas forcément dit qu’ils y survivront plus aisément. Ces migrants, qui avaient perdu leur travail, ont été soumis à des persécutions policières pour infraction au confinement. Mais où se confiner quand son lieu de travail, où on dormait aussi certainement, ferme ? Sans travail, sans argent, de nombreux travailleurs sont morts d’épuisement. Le gouvernement Modi ordonna aux propriétaires de ne pas demander de loyer et aux employeurs de payer les salaires sans déductions. On doute que cela fût suivi d’effets. Finalement certains Etats comme l’Uttar Pradesh décidèrent d’arranger des bus allant chercher les migrants à Delhi. Le premier mai, le gouvernement Modi autorisa la réouverture des lignes de trains pour les migrants, mais les tarifs furent augmentés. Malgré la réouverture de ces lignes, les travailleurs ne les attendirent pas et partirent quand même à pied par leurs propres moyens, probablement pour ne pas mourir de faim.

Les distributions de produits de première nécessité

Le 26 Mars 2020, le gouvernement indien annonça un plan de 22.6 milliards de dollars pour aider les plus pauvres. Le plan devait bénéficier aux travailleurs migrants, avec des transferts d’argent, et des distributions de nourriture. Néanmoins il apparaitrait que des millions de travailleurs indiens n’ont pas pu accéder à ces services.
Selon la cour suprême indienne, les gouvernements des Etats indiens ont ouvert 22 567 refuges pour travailleurs migrants. 15 541 ont été ouverts par le Kerala socialiste, le reste se partageant entre ONG et autres Etats indiens. Sans organisation séculaire pour s’occuper des travailleurs, ce sont les organisations religieuses qui en ont profité : l’organisation d’extrême droite hindouiste Rashtriya Swayamsevak Sangh a fourni énormément de services, en termes de masques, savons, et nourriture partout dans l’Inde. Les organisations sikhes telles que le Shiromani Gurdawara Parbandhak Committee ont offert des soins aux patients positifs au coronavirus. Le CPI (m) (Parti communiste d’Inde (marxiste)) a aussi participé à diverses distributions de nourriture dans la mesure de ces moyens.

Le prétexte de la crise sanitaire, de la crise économique pour détruire les conquis sociaux des travailleurs indiens

En Uttar Pradesh, Etat peuplé de plus de 200 millions d’habitants, le gouvernement conservateur BJP, l’un des fiefs les plus importants pour le premier ministre Modi, suspend le droit du travail pour une durée de 3 ans.  Dans l’espoir de faire redémarrer l’économie, 32 des 34 lois relatives au Code du travail encadrant les droits des syndicats, le salaire minimum, les inspections du travail sont abrogées. Seules les lois sur l’esclavage (sic) continuent de s’appliquer.
Avec la nouvelle guerre froide s’intensifiant entre la Chine et les Etats-Unis et les éventuels déplacements de production industrielle réalisés pour les marques américaines en Chine, le premier ministre Narendra Modi veut dérouler le tapis rouge aux entreprises américaines. C’est probablement un rêve inatteignable pour les capitalistes et le gouvernement indien. En effet, ce n’est pas le droit du travail qui est un obstacle à la production en Inde, mais les infrastructures insuffisantes malgré les promesses régulières du gouvernent Modi de les améliorer. Les routes, l’un des plus grands réseaux de chemin de fer du monde, le traitement des eaux et des ordures, sont en décrépitude ou n’ont jamais existé. Le gouvernement Modi veut profiter de cette crise pour déployer son programme ultra-libéral économiquement plutôt que de développer rationnellement les infrastructures de son pays. Les travailleurs broyés après 2 mois sans salaire n’auront certainement plus la force de faire grève et de protester.
Malheureusement, ça ne se passe pas qu’en Uttar Pradesh mais dans une dizaine d’autres grands Etats indiens. On diminue les salaires minimums, on augmente la durée des journées de travail.
Après tant de souffrances, les travailleurs indiens ne sont pas au bout de leur peine. Il leur faudra trouver un courage formidable pour se relever après ces mois de privations et combattre pour leur dignité !
.Rédigé par Collectif international le 27 mai 2020
http://jrcf.over-blog.org/2020/05/la-longue-marche-des-confines-le-sort-des-ouvriers-travailleurs-des-services-et-des-paysans-indiens-a-l-heure-de-la-crise-sanitaire

Les “confessions d’un assassin financier”: quand la mémoire libère.


Quoiqu’en dise l’auteur de l’article sur les capacités d’oubli, j’avais lu le livre de John Perkins à la Havane en 2004, et je m’en souviens fort bien. Il est vrai qu’à la même époque, je découvrais à quel point mes contemporains français, enfoncés dans leur certitudes sur la démocratie et la culpabilité des “régimes” socialistes, suivant avec confiance toutes les opérations impérialistes semblaient tout ignorer des mœurs du “camp de la démocratie”, pourtant effectivement le récit de cet homme est hallucinant, comment les institutions financières internationales, dominées par les USA, ont des employés, de véritables “assassins” chargés de détourner les budgets publics vers quelques groupes et familles. Depuis, et c’est ce qui rend fou les USA, la Chine si elle n’a pas totalement changé la logique de ses institutions en y prenant place infléchit leur logique et d’autre part offre sur le terrain des alternatives. C’est ce que grâce à la lecture d’un rapport de Fidel Castro j’avais envisagé à la même époque dans “les Etats-Unis de mal empire.” Intéressant ce retour en arrière au moment même où L’Amérique latine commençait un élan progressiste qui sans être totalement détruit aujourd’hui est la proie du virus celui de l’empire et celui de la contre-révolution avec deux lieux de résistance Cuba et le Venezuela, ceux qui sont allés le plus avant dans la voie du socialisme… (note de Danielle Bleitrach pour Histoire et société).
27 avril 2020
“L’individu qui ne veut pas oublier ses parents disparus, et s’obstine à répéter leurs noms, se heurte assez vite à l’indifférence générale. Muré dans ses souvenirs, il s’efforce en vain de mêler aux préoccupations de la société actuelle celles des groupes d’hier : mais il lui manque précisément l’appui de ces groupes évanouis. Un homme qui se souvient seul de ce dont les autres ne se souviennent pas ressemble à quelqu’un qui voit ce que les autres ne voient pas. C’est, à certains égards, un halluciné, qui impressionne désagréablement ceux qui l’entourent”. Maurice Halbwachs, “Les cadres sociaux de la mémoire”.
Quand on referme l’ouvrage de John Perkins, publié en 2004, on est gagné par un sentiment étrange. Au nom de la lutte anticommuniste, comment de telles horreurs démocratiques ont pu piétiner avec une telle impunité des vies si nombreuses? Plus inquiétant encore, par quels détours une écrasante majorité d’entre nous ne se souvient nullement de cette avalanche de faits ignobles, qui ont eu lieu il y a une cinquantaine d’années à peine ? Assurément, il y a de quoi halluciner, et l’amnésie collective qui frappe cette période historique est proportionnelle à l’immunité totale dont a joui (et jouit encore) l’appareil d’état nord-américain, au service de son complexe militaro-financier.
A ce titre, les “confessions d’un assassin financier” est un témoignage majeur de la fréquence impérialiste sanguinaire et brutale de la seconde moitié du XXème siècle. On peut être fatigué de l’exercice littéraire contemporain du “témoignage”, un formalisme à la mode et paresseux, mais on se situe ici sur un autre plan. En effet, les confessions de Perkins portent un discours à l’épreuve de la vérité, d’une brutale honnêteté et d’une mise en danger de soi non pas simplement intellectuelle ou morale, mais pratique et concrète.
Recruter un “assassin financier”: mode d’emploi.
Qu’est-ce qu’un assassin financier? Perkins ne va pas par quatre chemins et appelle un chat un chat. “Les assassins financiers sont des professionnels grassement payés qui escroquent des milliards de dollars à divers pays du globe. Ils dirigent l’argent de la Banque mondiale, de l’Agence américaine du développement international (U.S Agency for International Development-USAID) et d’autres organisations “humanitaires” vers les coffres de grandes compagnies et vers les poches de quelques familles richissimes qui contrôlent les ressources de la planète. Leurs armes principales: les rapports financiers frauduleux, les élections truquées, les pots-de-vin, l’extorsion, le sexe et le meurtre.”.
Les choses sont dites! Mais comment diable le jeune Perkins s’est-il retrouvé dans cette galère? Dès les premiers chapitres, l’auteur s’explique avec une sincérité désarmante.
Pour qui en douterait encore, on voit parfaitement dans cette première phase de l’ouvrage comment, dans sa logique profonde, l’impérialisme capitaliste est structurellement opportuniste, et n’a jamais été un défenseur réel de la famille et de la tradition. A ce titre, le début des confessions de Perkins est exceptionnel: il montre la tranche de vie d’un jeune nord-américain des couches moyennes quelque peu perdu, d’un milieu campagnard, traditionaliste, républicain et conservateur, sexuellement frustré par son environnement social, malheureux en amours du fait d’un père tyrannique, et qui trouve un espace d’émancipation et de libération dans le gauchisme culturel qui se développe, lors des années 60-70, sur les campus étatsuniens (notamment à partir de l’opposition fondatrice à l’agression du Vietnam par les USA).
Après un bref moment œdipien et quelques accès de colère infantile, Perkins se marie rapidement (l’auteur y voit même “avec amertume la continuation du moralisme prude et archaïque de (s)es parents”). Mais de ce mariage prématuré Perkins retire un réseau social décisif, essentiellement grâce à son beau père, ingénieur et en poste au ministère de la Marine, qui l’introduit auprès d’un personnage, “oncle Frank” (ce qui n’était pas son vrai prénom), cadre à la NSA (National Security Agency). Nous sommes alors encore en pleine guerre du Vietnam, et Perkins veut être éligible à l’exemption du service militaire, ce que lui accorderait un emploi à la NSA. “Oncle Frank” organisa alors une journée d’entretiens pour Perkins, à travers différents tests de recrutement épuisants, le soumettant même au détecteur de mensonges.
Perkins établit alors un développement biographique majeur: “Vu mon attitude à l’endroit de la guerre du Vietnam, j’étais sûr d’échouer. Au cours de l’interrogatoire, j’admis que je m’opposais à cette guerre en tant qu’Américain loyal et je fus très surpris que les interviewers ne poursuivent pas sur le sujet. Ils se concentrèrent plutôt sur mon passé, sur mon attitude à l’égard de mes parents, sur les effets émotionnels de mon éducation puritaine dans la pauvreté parmi des B.C.B.G riches et hédonistes. Ils explorèrent aussi ma frustration causée par le manque de femmes, de sexe et d’argent dans ma vie, et le monde fantasmatique qui en avait résulté. (…) On ne m’a pas évalué en fonction de ma loyauté envers mon pays, mais plutôt de mes frustrations personnelles. Mon ressentiment contre mes parents, mon obsession des femmes et ma recherche du plaisir indiquaient à mes examinateurs que j’étais facile à séduire”.
Peu de temps après cette série d’examens, la NSA proposa au jeune Perkins une formation en espionnage. Avant d’accepter officiellement, Perkins se donna un peu de temps, et alla assister à un séminaire des Peace corps, ces “corps de la paix”, organisation pseudo-indépendante et non gouvernementale, censée aider à la paix dans les pays en voie de développement (un poste chez les Peace corps rendait également éligible à l’exemption du service militaire, ce qui attirait Perkins).
Le recruteur-conférencier de ce séminaire séduisit alors le jeune Perkins en évoquant la forêt tropicale d’Amazonie et les indigènes qui y vivaient, mais Perkins eut peur en acceptant ce stage de contrarier les projets de son “Oncle Frank”. Seulement, écrit Perkins, “A ma grande surprise, il m’encouragea à solliciter mon admission dans les Peace corps. Il me confia que, après la chute de Hanoï, qui était alors une certitude pour lui et ses collègues, l’Amazonie deviendrait un point chaud. “C’est plein de pétrole, me dit-il. Nous aurons besoin de bons agents là-bas, des gens qui comprennent les autochtones.”. Il m’assura que d’être membre des Peace corps constituerait un excellent entraînement et m’exhorta à apprendre l’espagnol ainsi que les dialectes indigènes locaux. “Il se peut très bien que tu finisses par travailler pour une compagnie privée plutôt que pour le gouvernement”, me dit-il en riant”.
A partir de cet encouragement, Perkins intègre en tant que stagiaire les Peace corps, et finit par être affecté en Equateur (qu’il croyait d’abord, à presque 26 ans, se situer en Afrique (!), ce qui témoigne du rôle que joue l’absence de culture historique dans la construction de tels métiers qu’il est difficile d’épouser sans une certaine sociopathie nombriliste).
Une fois sur place, et après avoir sympathisé avec les communautés locales (qui lui rappellent les paysans de son enfance), Perkins rencontre Einar Greve. Celui-ci est un homme d’affaires, qui dit à Perkins être agent de liaison pour la NSA, également colonel de l’armée de réserve des Etats-Unis, et vice-président de “Chas. T. Main. Inc.” (MAIN), qui est “une firme de consultation internationale très discrète, qui effectuait des études pour déterminer si la Banque Mondiale devait prêter des milliards de dollars à l’Équateur et aux pays voisins pour construire des barrages hydroélectriques et d’autres infrastructures”. Au terme de son stage aux Peace corps, Greve propose à Perkins de travailler pour MAIN, qui a besoin d’économistes capables de rédiger des rapports auprès de la Banque Mondiale sur la faisabilité de projets d’ingénierie et pas seulement en Equateur, mais en Indonésie, en Iran et en Egypte, ce qui nécessitait de la part de Perkins une grande mobilité géographique. Celui-ci accepta cette formidable ascension sociale sans hésiter.
Au fond, que nous dit cette histoire? Sur un plan presque sociologique, on voit d’abord une triangulation incestueuse très profonde entre l’échelon gouvernemental (NSA), le privé (MAIN) et l’humanitaire (Peace corps) afin de repérer des profils efficaces d’agents à même de faire avancer les intérêts impérialistes. Comme un piège, ce triangle se resserre de plus en plus autour de Perkins, et le coince dans ses fantasmes: “Je me voyais déjà comme un intrépide agent secret voyageant dans des pays lointains ou me prélassant au bord d’une piscine d’hôtel en buvant un martini, entouré de magnifiques femmes en bikini”.
Dans ces milieux, il se manifeste spontanément une savante ingénierie sociale de la frustration psycho-affective des futurs “assassins financiers”. Deux éléments sont à distinguer. D’abord, une fois la géopolitique du capitalisme bien acquise, il est à noter que le statut d’assassin financier émerge également en tant que production anthropologique, comme résultat partiel d’une réification sociopathique de la psyché (ce concept se rapportant à la production historique de la subjectivité sentimentale, et ne se limitant pas seulement à la question sexuelle, mais plus largement à la frustration, à l’amour propre et à l’empathie). Ensuite, du côté de l’appareil d’état, un assassin financier est le résultat d’une habile et prudente gestion de cette production anthropologique par le biais d’outils scientifiques (que ce soit au moyen de méthodes psychologiques, psychanalytiques, ou tout autre moyen destiné à mieux comprendre les ressorts émotifs et cognitifs de l’être humain, pour mieux le manipuler).
L’impérialisme, chemin de croix des pauvres.
Le projet des assassinats financiers se précise au fur et à mesure du livre. Il s’agit de justifier d’énormes prêts internationaux auprès de pays en voie de développement, des prêts dont l’argent doit être redirigé vers MAIN et d’autres compagnies américaines à travers la médiation de grands projets de construction et d’ingénierie, tout en conduisant à la banqueroute les Etats qui recevaient ces prêts de sorte qu’ils soient redevables à leurs créanciers et qu’on puisse faire facilement pression sur eux pour des faveurs géo-politiques (implantation de bases militaires, votes aux Nations Unies, accès au pétrole et aux ressources naturelles, etc.).
Vite, au fur et à mesure du livre, les corruptions, les dégagismes et les morts s’enchaînent. D’abord, Perkins va oeuvrer en Indonésie, celle postérieure aux massacres de 1965 orchestrés par le général Sohearto à l’encontre des communistes indonésiens (entre 400 000 et 2 millions de morts selon les estimations).
La mission de MAIN est alors d’éviter qu’elle ne suive les traces du Viêtnam, du Cambodge et du Laos, Perkins oeuvrant alors sous la houlette d’un chef de projet qui soutient que pour sauver l’Indonésie du communisme “Un système électrique intégré est la clé de notre succès”. A l’entendre, si le communisme, c’était les soviets plus l’électricité, comme le disait Lénine, manifestement, l’impérialisme, c’est désormais l’électricité moins les soviets!
Le monde est alors hanté par l’arbitraire nord-américain, et la peur. Vingt ans plus tôt, en 1953, le premier ministre iranien Mossadegh subit un coup d’état qui l’éjecte définitivement des responsabilités nationales. Au Guatemala, Arbenz est renversé en 1954 par un coup d’état de la CIA, au profit d’une junte militaire. En 1973, Salvador Allende est dégagé de la présidence du Chili et assassiné au profit de Pinochet. Jaime Roldos, président de l’Equateur, non communiste, élu en 1979, défenseur d’une réforme des hydrocarbures meurt d’un accident d’hélicoptère en 1981. Au Panama, Omar Torrijos, soutien de Salvador Allende, meurt sous la présidence de Reagan dans un accident d’avion similaire, en 1981. Il meurt après avoir défendu la souveraineté de son pays face à Washington, au sujet du canal de Panama. Le Panama sera plus tard envahi par Bush en 1989 pour déloger le narco dictateur Noriega, qui s’était retourné contre ses maîtres de Washington (cet homme avait été fait commandeur de la légion d’honneur en 1987 par François Mitterrand sur proposition de Jacques Chirac, alors premier ministre). La liste est encore longue. Alberto Fujimori, au Pérou, sera soutenu par la CIA de 1990 à 2000, alors même qu’il est l’auteur de stérilisations forcées de femmes indigènes, et autres crimes contre l’humanité. Sans compter les deux guerres du Golfe, le 11 septembre 2001, le coup d’état au Venezuela contre Chavez en 2002, la guerre en Irak, la chute de Sadam Hussein, l’invasion de la Lybie et sa déstabilisation définitive, sans même évoquer le catastrophique cas syrien ou le bourbier afghan.
Dans ce vaste échiquier sanglant, Perkins décrit l’implacable étau impérialiste à travers trois figures “types”: l’assassin financier, d’abord. Ensuite, s’il échoue, les “chacals”, individus chargés de fomenter des coups d’états, des révolutions, des guerres civiles ou des assassinats dans les pays récalcitrants. Enfin, si même les “chacals” échouent, la question d’une intervention militaire massive se pose (peu importe que son casus belli porte sur les droits de l’homme, le “droit d’ingérence”, la “responsabilité de protéger” ou le ressort idéologique de la sacro-sainte “destinée manifeste” des Etats-Unis).
Toute la longue confession de Perkins s’articule comme un polar aux quatre coins du Tiers-monde, traversé par l’antagonisme profond entre développement financier et progrès réel, entre gouvernance globale et souveraineté nationale. En effet, les confessions de Perkins sont traversées d’une opposition antédiluvienne entre un développementisme capitaliste sous pilotage étranger et privé, d’une part, et des résistances nationales œuvrant à la réorientation étatique des richesses pour sortir du sous-développement, d’autre part.
Aussi, Perkins est bien l’inverse d’un conspirationniste. Bien plutôt, il s’intéresse depuis 2004, sur un plan sociologique et intersubjectif à l’affrontement entre différentes forces sociales, à de puissantes dynamiques économiques impersonnelles, et à la façon dont cet affrontement fait son chemin dans les tragédies biographiques individuelles. Aucune rhétorique à base de réseaux occultes, de cabales secrètes, ou de plans millénaires et messianiques. A la place, la réalité sociale, rien que la réalité, dans toute sa médiocrité, sa cruauté et son effroyable banalité.
Autrement, sur le plan conceptuel, et alors même que cela puisse paraître à des années lumières de l’ouvrage de Perkins, nous devrions relire “les cadres sociaux de la mémoire”, de Maurice Halbwachs. Sa thèse centrale? Opposer la mémoire au rêve. Sans mémoire collective, le rêve intérieur qui formalise un souvenir n’est qu’impuissance. “Et la mer efface sur le sable les pas des amants désunis”, chantait Yves Montand. De même, chaque jour, la propagande capitaliste efface les empreintes des horreurs passées, les engloutit, et les emporte vers le grand large. L’historien et conférencier Henri Guillemin disait quelque part comment il ressentait, au terme de ses recherches, qu’il ressortait des archives quelque chose comme un “cri”.
Car le livre de Perkins a quelque chose d’un “cri”. Il permet de retracer les pas tragiques des plus grands héros des luttes de libérations nationales. Il constitue une oeuvre salutaire et courageuse, contre l’infâme conspiration du silence. Mais une dernière chose: le livre de Perkins ne concernerait-il pas que des pays exotiques et sous-développés, sans que nous n’ayons, nous autres occidentaux, le moindre motif de préoccupation à ce sujet?
Voyons plutôt ce que l’auteur écrivait, par exemple, au sujet de la Grèce, dans un article pour Mediapart: “Pour l’essentiel, mon boulot consistait à identifier les pays détenant des ressources qui intéressent nos multinationales (…). Une fois que nous avions identifié ces pays, nous organisions des prêts énormes pour eux, mais l’argent n’arriverait jamais réellement à ces pays; au contraire, il irait à nos propres multinationales pour réaliser des projets d’infrastructures dans ces pays (…). Et une fois [qu’ils étaient] liés par cette dette, nous revenions, sous la forme du FMI – et dans le cas de la Grèce aujourd’hui, c’est le FMI et l’Union européenne – et posions des exigences énormes au pays : augmenter les impôts, réduire les dépenses, vendre les services publics aux entreprises privées, des choses comme les compagnies d’électricité et les systèmes de distribution de l’eau, les transports, les privatiser, et devenir au fond un esclave pour nous, pour les sociétés, pour le FMI, dans votre cas pour l’Union européenne. Fondamentalement, des organisations comme la Banque mondiale, le FMI, l’UE sont les outils des grandes sociétés multinationales, ce que j’appelle la corporatocratie.”

A bon entendeur…

Benjamin L., pour le GRQT!

COMITÉ THÉODULE ?

22 Juin 2020
Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Incontestablement, pour les associations écolos -et j'ose dire bobos-, les 150 Gaulois, tirés au sort, ont réalisé une avancée juridique d'importance.
Ben oui, ils proposent un double référendum sur 2 rajouts à la Constitution: "La République garantit la préservation de la biodiversité, de l'environnement et lutte contre le dérèglement climatique". Qui peut être contre?
Sauf que la Constitution grave actuellement dans le marbre que la 5e République est sociale et chacun s'aperçoit aujourd'hui où on en est sur ce sujet. Quant à notre Constitution qui accorde des pouvoirs exorbitants au président de la République, notamment celui de ne rendre aucun compte à personne, en particulier aux parlementaires soi-disant représentants de la Nation...
Le 2e rajout concerne "l'écocide", c'est à dire la condamnation de tout acte ayant causé un dommage écologique grave. Sauf que c'est déjà punissable par le Code pénal.
Bref, Macron avait institué ladite CCC en réponse à sa manière au mouvement social amené par les Gilets jaunes. Façon pour lui de mieux faire prendre les vessies pour des lanternes ou de ficher un grand coup d'épée dans l'eau. C'est comme on veut.
Greenpeace France, qui veut y croire,  affirme : "Une réponse purement symbolique aux travaux de la convention serait un désastre économique et la preuve que le président est incapable  d'emmener le pays  vers le monde d'après". Ah, le monde d'après ripoliné en vert!
Le CAC40, les 40 plus grands groupes gaulois cotés en Bourse, ont augmenté en 10 ans leurs dividendes de 70% dans notre république dite sociale. Tant que ces prédateurs, et d'autres, seront aux affaires de la France, le capitalisme aura les meilleurs jours chez nous.
Maintenant, libre à chacun de préférer un emplâtre sur une jambe de bois.
Pour autant, la France c'est toujours ça:
Convention citoyenne pour le climat: comité théodule ou pas?

L'EMBARGO ÉCONOMIQUE NE LEUR SUFFIT ¨PAS: NOUVEL EXPLOIT HUMAIN DES USA CONTRE CUBA

Etats-Unis : des sénateurs réclament des sanctions contre les médecins cubains (EFE)










La réponse des Cubains de FRANCE à ceux - la confrérie de la pègre de Miami manipulée par l'agité de bocal de la Maison Blanche  - qui se prennent toujours pour les gendarmes du monde.

Communiqué de l’Union des associations de Cubains résidant en France.
La confrérie de la pègre de Miami a orchestré, à des fins électorales, une nouvelle campagne pour étouffer économiquement la nation cubaine. L’indécent trio composé de Marco Rubio, Ted Cruz et Rick Scott, sénateurs républicains de l’État de Floride et du Texas, a élaboré un projet de loi visant à sanctionner les pays qui acceptent la collaboration médicale de Cuba.
Loin de reconnaître le rôle humaniste que notre pays a joué au cours des six dernières décennies, et cherchant cruellement à imposer ses desseins à tout le continent et au reste du monde, ces illusionnistes du droit cherchent ainsi à s’attirer des faveurs pour la réélection de leur parti durant les prochaines élections de novembre 2020.
Comment peut-on justifier une telle politique agressive contre une petite nation, victime d’un blocus criminel ? Ces sénateurs mesurent-ils le coût en vies humaines qui résulterait de l’approbation de leur projet ? La crise actuelle a révélé la supériorité du système de santé cubain dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 et malgré les menaces grandissantes des États-Unis, Cuba continuera d’offrir de façon désintéressée son expérience en matière de santé aux pays qui solliciteront son aide solidaire.
Le paradoxe d’un pays puissant, qui ne parvient pas, hélas, à sauver son peuple, est grand. Derrière le masque d’une guerre contre Cuba et sous des intérêts mesquins, il n’est pas possible de dissimuler autant de morts. Fiers de notre système de santé, dont la vocation est et sera de faire honneur à l’Homme, les associations de Cubains résidant en France condamnent une fois de plus l’hostilité injustifiée et tenace des politiciens étasuniens.
París, le 20 juin 2020.
Asociación Cuba Va París
Asociación Entre Comillas
Asociación Les enfants de Cuba
Colectivo Entre Amigos
Asociación Viva Cuba Asociación Habana Club

Un tribunal de guerre soviétique : qu’est-ce que la justice internationale ?

JUSTICE INTERNATIONALE: je dois dire que la lecture de ce texte et de ces événements dont j’ignorais tout m’a non seulement stupéfaite mais révulsée, ce qu’ont accompli les Japonais en Asie semble le disputer en horreur aux nazis eux-mêmes, cette entreprise de torture “au nom de la science” est une abomination. Si les soviétiques ont créé ce tribunal c’est parce que les Américains avaient décidé de “blanchir” nombre de criminels de guerre pour ici comme ailleurs les enrôler dans leur croisade anti-communiste. Une pièce au dossier de ceux qui cherchent à minimiser la victoire des troupes soviétiques et qui osent créer des identifications nauséabondes (note de Danielle Bleitrach).
 KHABAROVSK, LE TRIBUNAL OUBLIE
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A l’issue de la deuxième guerre mondiale se mettent en place des tribunaux spéciaux chargés de juger les dirigeants des pays dont les agressions ont déclenché la guerre.
Le plus connu est le tribunal de Nuremberg devant lequel comparaissent les dirigeants allemands ayant ouvert les hostilités le 01 Septembre jour où l’armée du III° Reich envahit la Pologne, le second, déjà moins connu, est le Tribunal de Tokyo chargé de juger les dirigeants japonais responsables de l’attaque des Etats-Unis à Pearl Harbor le 7  décembre 1941.
Il a souvent été écrit que ces tribunaux mettaient en œuvre la justice des vainqueurs. Cette vérité n’est qu’apparente puisque les pays accusés dont les dirigeants seront condamnés sont effectivement les vaincus mais ils ont avant d’être vaincus d’abord été les agresseurs et les déclencheurs de la guerre : en Europe l’Allemagne, en Asie le Japon. Ils avaient d’ailleurs lié leur destin en signant en 1936 le pacte « Anti-Kominterm » c’est-à-dire anti soviétique.
Mais un troisième tribunal du même type a existé qui est presque totalement méconnu : le Tribunal de Khabarovsk.
Celui-ci va siéger du 25 au 31 décembre 1949 dans la principale ville de l’Extrême-Orient soviétique : Khabarovsk. Pourquoi cette juridiction tardive et pourquoi ce procès où les accusés sont tous des militaires japonais alors que le Tribunal de Tokyo a rendu ses jugements un an plus tôt ?
Tout simplement parce ce que le tribunal de Tokyo a, sur la demande expresse des Etats-Unis exprimée dès la capitulation du Japon en  septembre 1945, écarté un des principaux criminels de guerre japonais, le général Shiro Ishii, commandant de l’unité de guerre bactériologique dite UNITE 731.
Cette unité a sévi en Chine à partir de l’invasion japonaise de 1937.
A son « palmarès » deux catégories de crimes majeurs :
– des actions de guerre bactériologiques sous forme de parachutages sur des villes chinoises de puces porteuses de la peste et des disséminations de divers germes : anthrax, variole, typhus, typhoïde qui auraient fait entre 300 000 et 400 000 morts civils principalement. L’attaque biologique la plus connue est celle de la ville chinoise de Changde dans la province du Hunan. Elle a eu lieu pendant une bataille ayant opposé pendant les mois de novembre et décembre 1943 les armées de la Chine et du Japon impérial. Dans cette bataille L’armée japonaise a également utilisé des gaz de combat. Des recherches récentes menées par des chercheurs chinois ont montré que des petits groupes de l’UNITE 731 avaient également sévi en différents lieux pendant la guerre du Pacifique comme les Philippines. Le bilan complet des crimes de l’UNITE 731 reste donc encore à faire.
– des expériences à une échelle industrielle sur des prisonniers vivants chinois, russes, étasuniens tout ceci effectué dans un vaste camp installé dans la colonie japonaise du Mandchoukouo à Pingfan à proximité de la ville chinoise d’Harbin. Ce camp d’où aucun prisonnier n’est sorti vivant est du même niveau de barbarie qu’Auschwitz.
Les accusés au procès de Khabarovsk sont, à défaut de Shiro Ishii et de nombreux cadres de l’unité des militaires japonais capturés par l’armée soviétique au moment de son attaque – entamée le 8 Aout 1945 – de la Mandchourie japonaise. Les documents récupérés par l’armée soviétique dans les installations de l’UNITE 731 sont accablants et tous les inculpés qui reconnaissent les faits sont condamnés à des peines s’étageant entre 6 et 25 ans. En pratique ils seront, à l’instar de tous les prisonniers de guerre japonais détenus en URSS, tous libérés en 1956. Shiro Ishii qui a été protégé et a échappé au procès des criminels de guerre de Tokyo bien que le procureur ait demandé aux Etats-Unis des documents sur l’UNITE 731 qui ne lui ont jamais été fournis. Il vit tranquillement au Japon. Il ne sera pas inquiété par le tribunal de Khabarovsk puisqu’il n’est pas aux mains de l’URSS qui a compris qu’il ne lui serait pas livré et doit se contenter de condamner ceux de ses collaborateurs qu’elle a pu faire prisonniers.
Shiro Ishii a donc été aussi bien traité par les Etats-Unis que l’empereur du Japon lui-même. Mais pour des raisons différentes : les documents sur les travaux de l’UNITE  731 saisis au Japon même par l’armée étasunienne ont en effet été remis au laboratoire d’étude et de fabrication des armes bactériologiques ouvert par les Etats-Unis en 1941 à Fort Detrick (Maryland) et qui n’a jamais cessé son activité. Curieusement il a fait l’objet d’une fermeture administrative au mois d’aout 2019 en raison de « fuites » sur lesquelles aucune explication publique n’a été fournie. Il faut bien comprendre qu’une « fuite » dans un laboratoire de très haute sécurité de ce type qui manipule des produits très dangereux n’est pas une fuite d’eau. Son activité a repris après le début de la pandémie COVID 19.
Les jugements du procès de Khabarovsk étaient très solidement fondés  et ne pouvaient être contestés. En cette période de lancement de la guerre froide la seule solution pour l’Occident était d’étouffer l’affaire et quand elle était, très rarement, évoquée, de riposter sur le mode anti communiste en usage à l’époque : « En URSS tous les procès sont truqués » et le débat était clos. Il l’est resté longtemps.
L’ensemble de la documentation sur ces crimes de guerre a fini par être  rassemblé par l’administration étasunienne à partir de la fin des années 90 (https://ahrp.org/conspiracy-of-denial-complicity-of-u-s-government-in-japans-fabricated-history-decades-of-willful-national-amnesia/). Des chercheurs japonais soutenus par un mouvement d’opinion réclamant l’expiation officielle de ces crimes avaient ouvert la voie. Dans son gros livre consacré à la bataille de Nomahan (ou Khalkin Gol) « Nomahan –Japan against Russia 1939 » (Stanford University Press 2015) Alvin D. Coox  -– ne reconnait pas l’usage d’armes biologiques et bactériologiques par l’armée japonaise mais concède dans note 38 page 1167 que des chercheurs japonais « de gauche » en font état.
Bien que l’historiographie occidentale évite de classer l’empire japonais parmi les régimes fascistes, cet épisode montre bien qu’il y avait toute sa place car les « buches », voir le texte qui suit, ont toute leur place dans la catégorie des « UNTERMENSCHEN » (sous hommes)  chère aux nazis mais que plus encore que dans le cas de l’Allemagne nazie les Etats—Unis ont décidé de limiter « l’épuration » au strict minimum. Encore aujourd’hui sous occupation militaire étasunienne le Japon s’est rapidement reconstruit, est rentré dés 1964 dans l’OCDE, a été admis dans la commission Trilatérale en 1974. Il est partenaire de l’OTAN depuis les années 90 et ses forces armées très modernes participent régulièrement aux manœuvres navales de l’OTAN.
Pour le capitalisme occidental le fascisme n’est qu’un désordre passager dans la famille même si le rappel à l’ordre est brutal. Le seul adversaire c’est le communisme.
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UN TEXTE ECLAIRANT
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Docteurs de la dépravation
Par CHRISTOPHER HUDSON*
Dernière mise à jour à 23:50 2 mars 2007
(Traduction COMAGUER)

Après plus de 60 ans de silence, le secret le plus durable et le plus horrible de la Seconde Guerre mondiale est dévoilé à la lumière du jour. Un par un, les participants, aux cheveux blancs et aux manières douces, font la queue pour raconter leurs histoires terribles avant de mourir. Akira Makino est un veuf frêle vivant près d’Osaka au Japon. Sa seule habitude inhabituelle est de visiter régulièrement une petite ville obscure du sud des Philippines, où il donne des vêtements à des enfants pauvres et a érigé des monuments aux morts. M.Makino y était stationné pendant la guerre. Ce qu’il n’a jamais dit à personne, y compris à sa femme, c’est qu’au cours des quatre mois qui ont précédé la défaite du Japon en mars 1945, il a disséqué dix prisonniers de guerre philippins, dont deux adolescentes. Il a coupé leurs foies, leurs reins et leurs utérus alors qu’ils étaient encore en vie. Ce n’est que lorsqu’il a ouvert leurs cœurs qu’ils ont finalement péri.
Ces actes barbares étaient, a-t-il dit cette semaine, “éducatifs”, pour améliorer ses connaissances en anatomie. “Nous avons prélevé certains organes et amputé des jambes et des bras. Deux des victimes étaient des jeunes femmes de 18 ou 19 ans. J’hésite à le dire mais nous avons ouvert leur utérus pour montrer aux jeunes soldats. Ils connaissaient très peu les femmes – c’était de l’éducation sexuelle. “
Pourquoi l’a-t’il fait? “C’était l’ordre de l’empereur, et l’empereur était un dieu. Je n’avais pas le choix. Si j’avais désobéi, j’aurais été tué.” Mais les vivisections étaient aussi une vengeance contre “l’ennemi” – des tribus philippines que les Japonais soupçonnaient d’espionner pour les Américains. Les prisonniers de M. Makino semblent avoir été plus chanceux que certains: il les a anesthésiés avant de les couper. Mais le département du gouvernement secret qui a organisé de telles expériences dans la Chine occupée par le Japon a pris plaisir à expérimenter sur leurs sujets alors qu’ils étaient encore en vie. Un vieux fermier japonais jovial qui pendant la guerre avait été assistant médical dans une unité de l’armée japonaise en Chine a récemment décrit à un journaliste américain ce que c’était que de disséquer un prisonnier chinois encore en vie.
En mangeant des gâteaux de riz, il se souvient: “Le gars savait que c’était fini pour lui, et donc il n’a pas eu de mal quand ils l’ont conduit dans la pièce et l’ont attaché. Mais quand j’ai ramassé le scalpel, c’est alors qu’il a commencé à crier. Je l’ai ouvert de la poitrine à l’estomac et il a crié terriblement, et son visage était tordu d’agonie. “Il a fait ce son inimaginable, il criait si horriblement. Mais finalement, il s’est arrêté. “Tout cela faisait partie d’une journée de travail pour les chirurgiens, mais cela m’a vraiment laissé une impression car c’était ma première fois.” L’homme n’a pas pu être mis sous sédation, a ajouté le fermier, car cela aurait pu fausser l’expérience. L’endroit où ces atrocités ont eu lieu était une unité secrète d’expérimentation médicale de l’armée impériale japonaise. Il était officiellement connu sous le nom de Bureau antiépidémique d’approvisionnement en eau et de purification – mais tous les Japonais qui y travaillaient le connaissaient simplement sous le nom d’unité 731.
Il avait été créé comme unité de guerre biologique en 1936 par un médecin et officier de l’armée, Shiro Ishii. Diplômé de l’Université impériale de Kyoto, Ishii avait été attiré par la guerre contre les germes par le Protocole de Genève de 1925 interdisant les armes biologiques. S’ils devaient être interdits en vertu du droit international, a expliqué Ishii, ils doivent être extrêmement puissants. Ishii a prospéré sous le patronage du ministre japonais de l’armée. Il a inventé un filtre à eau qui était utilisé par l’armée et aurait démontré son efficacité à l’empereur Hirohito en urinant dedans et en offrant les résultats à l’empereur à boire. Hirohito a refusé, alors Ishii l’a bu lui-même. Un coureur de jupons courageux qui pouvait se permettre de fréquenter les maisons de geisha haut de gamme de Tokyo, Ishii est resté assidu dans la promotion de la cause de la guerre des germes. Sa chance est venue lorsque les Japonais ont envahi la Mandchourie, la région de l’est de la Chine la plus proche du Japon, et l’ont transformée en un État fantoche.
Compte tenu du budget important accordé par Tokyo, Ishii a rasé huit villages pour construire un énorme complexe – plus de 150 bâtiments sur quatre miles carrés – à Pingfan près de Harbin, une partie isolée et désolée de la péninsule mandchoue. Complet avec un aérodrome, une ligne de chemin de fer, des casernes, des donjons, des laboratoires, des salles d’opération, des crématoires, un cinéma, un bar et un temple shintoïste, il rivalisait pour la taille du tristement célèbre camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau.
Le nombre de prisonniers était plus faible. De 1936 à 1942, entre 3 000 et 12 000 hommes, femmes et enfants ont été assassinés dans l’unité 731. Mais les atrocités qui y ont été commises étaient physiquement pires que dans les camps d’extermination nazis. Leurs souffrances ont duré beaucoup plus longtemps – et aucun prisonnier n’a survécu. À l’unité 731, Ishii a rendu sa mission limpide. “La mission donnée par un médecin à Dieu est de bloquer et de traiter la maladie”, a-t-il déclaré à son personnel, “mais le travail sur lequel nous devons maintenant nous engager est à l’opposé de ces principes.” La stratégie consistait à développer des armes biologiques qui aideraient l’armée japonaise à envahir le sud-est de la Chine vers Pékin. Il y avait au moins sept autres unités parsemées dans la zone d’occupation japonaise
Il y avait au moins sept autres unités disséminées dans l’Asie occupée par le Japon, mais elles étaient toutes placées sous le commandement d’Ishii. L’un a étudié les fléaux; un autre dirigeait une usine de bactéries; un autre a mené des expériences de privation humaine de nourriture et d’eau et de typhus d’origine hydrique. Une autre usine au Japon a produit des armes chimiques pour l’armée. Les bactéries: typhoïde, choléra et dysenterie ont été cultivées pour être utilisées sur le champ de bataille.
La plupart de ces installations ont été combinées à l’unité 731 afin qu’Ishii puisse jouer avec sa boîte d’horreurs. Sa parole était la loi. Quand il a voulu expérimenter un cerveau humain, les gardes ont attrapé un prisonnier et l’ont retenu pendant que l’un d’eux ouvrait son crâne avec une hache. Le cerveau a été prélevé et transporté au laboratoire d’Ishii. Les êtres humains utilisés pour les expériences étaient surnommés “maruta” ou “bûches” parce que l’histoire de couverture donnée aux autorités locales était que l’unité 731 était une scierie. Les grumes étaient une matière inerte, une forme de vie végétale, et c’est ainsi que les Japonais considéraient les “bandits”, “criminels” et “suspects” chinois ramenés de la campagne environnante.

Blog de Danielle Bleitrach
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