31 JUILLET: TOROS DE VALDELLAN
Nous étions habitués à mieux.
Après surtout VIC FEZENSAC 2013, après ORTHEZ 2014, nous étions habitués à mieux....
Son premier toro est manso et semble bizco: Victor PUERTO bâcle la mise en suerte. Commence alors le festival de cariocas qui durera toute la tarde, sans que le public ne s'offusque outre mesure, hormis quelques protestations, les piqueros, ici, peuvent s'adonner aux piques traseras, aux cariocas putassières, sans crainte d'être hués par les aficionados "talibanes" les mal nommés; plus rares encore qu'en France sont les voix qui condamnent les tricheurs de tout poil. PUERTO distribue quelques doblones en reculant, abandonne très vite le "combat": bajonazo. Bronca certainement orchestrée par l'importante colonie française qui s'est donné rendez-vous en GUIPUZCOA.
Le quatrième, manso, prend la carioca imposée, il gratte, comme un manso, pousse, mais le piquero ferme la sortie vers le centre. Séance habituelle de pico et toreo de profil, passes sans se croiser, musique dès les premiers derechazos sur le passage, palco essentiellement mélomane, plus que préoccupé de l'avenir de la fiesta brava y integra. Tout naturellement, le toro s'avise, il apprend vite le latin, ce que PUERTA comprend sans savoir ni l'anticiper, ni le corriger. Malgré une timide tentative à gauche, le prétexte est vite trouvé pour conclure au plus tôt. Bajonazo après un pinchazo. Oreille (!!!) Quelques sifflets.
Quatre véroniques et la demie élégante pour conclure: ENCABO nous a mis l'eau à la bouche, mais pour peu de temps. Carioca de gala après une première lance honnête. A croire que c'est dans les gènes, et que l'épidémie de cette maladie ne s'éteindra qu'avec la corrida. Banderilles à corne passée. Et musique, sitôt les premiers derechazos aidés du pico, muleta accrochée en permanence. Avec en prime la valse du pasito atràs. Puis le toro se réfugie rapidement aux planches. Épée tombée, sur le côté, au deuxième essai.
Le quinto embestit avec noblesse et entrain. Armures commodes, deux rencontres, dont l'inévitable carioca. ENCABO aligne ensuite des séries de passes de profil, avec la main droite. Une série de naturelles en avançant la jambe, émerge ensuite de ce fatras de gestes sans aucun relief, sans s'engager: un éclair dans la grisaille. La faena ensuite retourne à sa médiocrité, avant la demi épée de travers qui couche l'animal.
SANCHEZ MORA se fait désarmer dès les premiers capotazos. Puis laisse son picador carioquer deux fois le bronco toro de VALDELLAN. Un banderillero se fait poursuivre et prendre: plus de peur que de mal! Suerte! Puis l'animal se calme, devient plus noble, il encaisse quantité de derechazos profilés sans se faire prier. Le torero, sans doute bercé et rendu trop sûr de lui par la musique déclenchée dès les premières passes, se fait très tôt manger tout cru, c'est le toro qui commande, mais il ne s'en aperçoit pas, jusqu'à la cogida, brutale, violente, au moment de la suerte de matar. Il est emporté et ne reviendra pas, c'est PUERTA qui se charge d'occire le toro au deuxième essai.
C'est aussi lui qui est chargé d'affronter le dernier de la tarde, en l'absence de MORA. Deux piquettes sans que l'animal ne soit mis en suerte, la troisième APRÈS les clarines, sans aucune honte. Banderilles accompagnées des flûtistes et du tambourin, ainsi que du public qui chante "Pescadores de la cuesta Bizcaina", après avoir chanté "Yo vendo unos ojos negros", chant qui leur vient du MEXIQUE. Victor PUERTO semble alors décidé de sortir le grand jeu, avec des séries de derechazos dominateurs, mais retourne vite aux vieux démons : sans se croiser, sans aguanter, il torée sur le passage de l'animal qui embestit et collabore sans mièvrerie. Il alterne séries à gauche et à droite, mais sans véritablement se croiser et peser. Entière pour conclure en prenant le périphérique.
3/5 d'arène, à peine plus, peut-être, public festif et bon enfant, peu regardant aux piques assassines, aux cavaliers qui franchissent les deux lignes, aux épées truquées, aux banderilles escamotées, aux suertes bâclées de la fiesta integra.
VENDREDI 1° AOÛT: TOROS DE CUADRI.
Toros lourds, comme les habituels CUADRI de CELESTINO, du trapio, certes, mais peu de transmission.
Le premier, de Javier CASTAÑO, pousse avec le piton gauche. Une seule pique.! Puis faenita avec le pico, exclusivement, tantôt de la main droite, puis ensuite de la gauche, en oubliant de se croiser. La muleta est sans cesse frappée et accrochée, c'est une vraie leçon de destoreo, mais comme le torero fait des passes, le gentil public l'applaudit avec reconnaissance, pour ce bon moment passé sur les tendidos et les gradas de la jolie placita de AZPEITIA, pendant que les "hermanitas" regardent depuis leurs fenêtres, entre deux prières. Aussi aficionadas que le public, leurs mouchoirs sont prêts pour la récompense qu'elles estiment justifiée. Une demi épée qui sort seule, une mention pour la cuadrilla. Comme souvent pour les peones de ce torero.
Deux piquettes pour son second opposant, banderilles avec le public qui accompagne en chantant, banderilleros qui saluent. Meilleur moment de la prestation. Corne gauche suspecte d'afeitado. Faenita profilée jusqu'à l'indécence, et oreille de la honte.
¿ AGUSTIN, gran maestro de la banda municipal: oreja sin valor, NO?
Pique trasera suivie d'une piquette symbolique, pour le premier CUADRI de PAULITA. Après un derechazo croisé, série profilée. Puis naturelles croisées agréables, avec temple et douceur. Qui précèdent une série de la main droite, mais fuera de cacho. Pinchazo, épée trasera, troisième tentative tendida. Matador de gallinas, lance un voisin. Le quinto est lourd, sans doute afeité, il provoque le batacazo que l'on attendait. Le piquero a traversé les deux cercles, public totalement muet, sans réaction, hormis les cris de quelques galos, sans doute. Le CUADRI n'a reçu qu'une ration, mais les clarines annoncent le changement, il a probablement encore du jus à revendre sous le sabot. PAULITA le cite de face, pour un derechazo de bonne facture, puis se met à reculer à chaque mouvement. Jusqu'à l'épée arrière et tendue qui l'envoie ad patrès. Fin de l'acte 5.
Le troisième prend lui aussi la pique trasera coutumière, il peine sans trop pousser. Sergio SERRANO nous sert une énième leçon de destoreo du jour, comme on en voit toujours et partout aujourd'hui dans les ruedos, sous toutes les signatures et sous toutes les latitudes. Il force sur les mimiques pour séduire le public friand de spectacle, il compose la figure en forçant le trait, le bloc de marbre ne voulant pas vraiment se prêter au jeu. Animal complètement éteint. et la musique qui n'arrête pas un interminable paso-doble, alors qu'il faudrait tout au mieux entamer la marche funèbre, tellement le spectacle servi par SERRANO est nullissime. La "faena" s'achève aussi tristement qu'elle avait commencé, dans la torpeur, l'indifférence, l'aburrimiento.
Sixième CUADRI: une première piquette, une seconde dans les cercles, le public ne bronche toujours pas. Ou si peu! Ensuite, c'est le noble CUADRI qui se charge de promener le torero, l'animal est noble, mais de plus sans genio, ni sentido, aucune aspérité n'émerge de cette faenita parsemée de pico, encore et toujours de pico, jusqu'à plus soif, sans jamais se croiser, toujours y siempre fuera de cacho. Mort du toro au troisième essai.
SAMEDI 2 AOÛT: PEDRAZA DE YELTES
Un remate meurtrier à la véronique du premier tercio, et le premier toro d'Alberto AGUILAR se présente considérablement affaibli face au picador. Une seule pique. Noble, cela ne l'empêchera pas ensuite de prendre le dessus sur le torero qui avait déclaré forfait à CERET il y a peu face à un ESCOLAR GIL, et de le promener. Boca cerrada, sans grandes forces, il va toutefois a mas, se retourne et derrote , pèse sur le torero qui l'expédie d'une entière tombée, qui perd la muleta, mais gagne une oreillette de soldes, cadeau d'un palco incompétent, peu aficionado. Le piton droit de son second opposant est bien escobillé, et déjà, AGUILAR recule dès les premières véroniques. Méconnaissable, le novillero que nous avions connu à VIC il y quelques années, qui enflammait la plaza FOURNIOL. Deux piques pour le PEDRAZA, la première lui ferme la sortie naturelle vers le centre, la seconde est retirée et pompée, tranquillement, par le carnicero aux ordres. Série d'Alberto à gauche, en reculant. Toreo de profil selon les canons actuels. En se découvrant, sans se croiser, sans avancer la jambe palante. La corne gauche parait fréquentable, encore quelques derechazos arrachés sur le passage, puis plus rien avec la main gauche. 3/4 d'épée inefficace, la muleta à nouveau s'envole et retombe sur le sol. Arte!! Et AGUILAR s'octroie depuis les tablas un salut simplement réclamé par la famille et le fan-club.
Le premier toro de Juan del ALAMO pousse la cavalerie jusqu'au centre de l'arène, ce sera l'unique rencontre, ce qui devient hélas la règle dans la plaza d'AZPEITIA. Ensuite, le toro peine à embestir, son semblant de charge est poussif, il nous fait penser à un sous produit doméquisé asthmatique qui peinerait à tenir 25 redondos. Quelques naturelles fuera de cacho arrachées au faible animal, précèdent une mise à mort calamiteuse. Entière sur le côté après quatre essais, et un avis.
Avec le quinto, del ALAMO va réveiller et enflammer le conclave. Ce sera LE toro de la tarde. A peine le piquero entre-t-il dans l'arène qu'il est immédiatement catapulté contre les planches. Bis repetita à peine le picador est-il à son sitio, le toro le bouscule contre les planches, second batacazo évité de justesse. Seconde rencontre avec le cheval bien poussée . Clarines. Puis le manso se plaint des banderilles, alors qu'il paraissait embestir avec bravoure. Multiples capotazos, selon les mauvaises règles en vigueur dans les cuadrillas, et le toro poursuit les peones jusqu'à la barrière. Le toro s'essouffle, semble s'éteindre, puis récupère, et se jette dans la muleta avec la valentia des braves. C'est à ce moment-là que le torero nous sert une faena agréable, faite de de derechazos qui pèsent et de naturelles serrées, templées, empreintes de domination, del ALAMO a pris l'ascendant et conduit une faena plaisante, qui arrache au public des olés de plaisir. Puis pico et toreo de profil reprennent hélas le dessus, avant un désarmé annonciateur de la fin de la minute magique. Entière dans le cou, oreille, et vuelta excessive - DEUX PIQUES!!- pour ce toro . Public ravi.
JIMENEZ FORTÈS hérite d'un medio toro faiblard, de peu de charge. Pique unique, et le piquero à nouveau enferme le toro contre le cheval, sortie naturelle bien cadenassée. La tricherie érigée en art! Muletazos sur le passage, et passes de profil: on en attendait pas mieux d'un torero qui ne voulut ou ne sut transmettre que son incapacité de toréer. Et osa pourtant se permettre le desplante des médiocres. Nada emoción. Pitos, épée trasera, avis, 4 descabellos, pitos encore. Circulez, il n'y avait rien à voir.
Hélas, le pire était à venir, avec le dernier de la tarde, qui reçoit deux piques DANS L'ÉPAULE, retirée et replacée, la seconde, à croire que ces massacreurs reçoivent une prime conséquente lorsqu'ils s'appliquent à fignoler leurs basses oeuvres. Lorsqu'ils assassinent les toros comme le leur demandent leurs petits maîtres. Série à gauche pour commencer, avec le pico, naturellement, puis on continue avec la main droite le même destoreo. L'animal parait noble, sur les deux cornes, mais FORTÈS ne se croise jamais, il se contente d'essayer de faire passer le toro, se replace, recommence, sans parvenir à donner même l'illusion qu'il torée, et qu'il domine. Une épée tendida, sur le côté, un avis, un second, le troisième, enfin, et les cabestros ramènent hors de l'arène le pauvre PEDRAZA qui eut la malchance d'être très mal lidié par un torero sin pena, sin gloria, sin saber.
Les toros étaient pourtant assez faibles, nobles, peu armés, ils furent surtout peu ou pas toréés de verdad, hormis le quinto. A la sortie des arènes, les costumes restaient immaculés, comme pour le paseillo.
Ici, pas de merienda. Et les enfants sont invités à monter aux gradas dès le 5° toro, je crois.
Les palcos sont comme chez nous, ainsi que les aguaciles: tout est permis, même les pires saloperies.
C'était ma vision de la feria d'AZPEITIA. Il est certain que tous les spectateurs qui voient les mêmes images ne retiennent pas le même ressenti. Le journal qui titrait vendredi "Très Grande Corrida de Valdellan" n'a pas retenu les mêmes détails, les choses très importantes, parfois primordiales, pour moi ont échappé aux encenseurs qui sur les blogs ne tarissent pas d'éloges sur les uns ou les autres protagonistes, ne ménagent pas leurs compliments, souvent injustifiés, ou excessifs, pour moi.
Voici deux exemples de ce que j'ai relevé ici et là. Est-ce, moi, Pedrito, qui serais excessif? Combien de temps la fiesta circo portée aux nues par les hommes et les femmes des callejons qui vivent de leur commerce survivra-t-elle à ses dérives outrancières?
Premier exemple
La Feria de San Ignacio d’Azpeitia a débuté par une intéressante corrida de Valdellan .
Le lot, sérieux de présentation, comporta trois bons toros, les trois autres présentant des difficultés à des degrés divers.
Victor Puerto, chef de
lidia du jour, ouvrit la feria par la lidia d’un toro compliqué.
Desconfiado, il baissa très vite les bras et l’expédia après une brève
tentative de faena. Mal avec l’épée, il se retira sous les sifflets du
public. Le noble quatrième proposait des options que le torero ne sut
(ou ne voulut) saisir lors d’un trasteo sans engagement qui lui valut à
nouveau les sifflets de la foule. Le bon sixième, qu’il lidia à la place
de Sanchez Mora, lui permit un peu le rachat. Puerto composa cette fois
une faena qui, faute d’être brillante, fut de correcte facture. Bien
conclu avec l’acier, ce trasteo fut primé de l’unique oreille de la
tarde.
Luis Miguel Encabo
hérita en premier lieu d’un toro encasté qui prit deux piques en brave.
Bien reçu au capote et bien banderillé par le maestro, ce Valdellan
aurait pu laisser une oreille dans l’affaire mais il dura trop peu.
Salut au terme d’une faena volontaire et intelligente. Le quinto fut un
toro dur et exigeant qui fit son devoir au premier tiers avant d’être
bien lidié par un Encabo engagé et professionnel mais qui hélas ne put
conclure correctement son trasteo lors de la suerte suprême.
Sanchez Mora ne put
assurer que le combat du troisième toro. Pris lors de l’entrée a matar,
il fit une grosse voltereta et, commotionné, fut emporté vers
l’infirmerie dont il ne ressortit pas. Auparavant, face à ce toro noble
mais qui garda la tête haute, il avait surpris par ses bonnes
dispositions. Bien au capote lors de la réception et au quite, il fut
templé avec la muleta, courant bien la main lors de séries à l’accent du
sud où il se montra à la hauteur de la situation.
Second exemple
Azpeitia, 2 de agosto de
2014. Tercera y última de la Feria de San Ignacio. Toros de Pedraza de Yeltes, bien presentados, serios, con
mucha plaza. Variados y de buen comportamiento. Excelente el 5º
-"Brigadier", colorado, de 620 kilos y nacido en diciembre de 2009-,
premiado con la vuelta al ruedo en el arrastre. Exigente y encastado el 1º; con
clase y dulzura el 6º; con fondo el 2º. El más deslucido, por apagado, fue el 3º;
mientras que el 4º no se entregó nunca. Alberto
Aguilar, oreja con petición de la segunda y ovación con saludos tras
aviso; Juan del Álamo, ovación con
saludos y oreja; y Jiménez Fortes,
silencio tras aviso y pitos tras tres avisos. Entrada: Casi lleno.
Cherchez les erreurs. ....la langue de bois