mardi 17 mai 2022

J’ai jadis croisé ma consoeur Shireen Abu Akleh à Ramallah, à Gaza, à Jérusalem...

Il est scientifiquement prouvé qu’une balle dans la tête fait taire une journaliste

Cinquante six journalistes assassinés en Palestine depuis 20 ans . Pas très grave puisque l'important demeure : les balles qui tuent ces femmes et ces hommes sont tirées par des démocrates. L'état sioniste est bien sûr coupable puisqu' un feu vert éclatant et permanent est donné à toutes les exactions et atteintes au droit de l'homme. La mort de Shireen, la journaliste Palestinienne, est "un crime de guerre" ! Et alors, la traduction de Tsahal n'est elle pas "Armée de Défense". Tout crime israélien est légitime.

Aujourd’hui ces vidéos implacables qui nous déroulent à volonté la bobine de la vie nous permettent aussi, quand le drame tend sa toile, de voir la mort en face. En regardant les images de ma magnifique consœur Shireen Abu Akleh, prise dans une rafale de tirs, j’ai revécu ma propre mort, ou presque mort. En effet puisque le 21 octobre 2000 à Ramallah, j’ai été ainsi pris, comme elle, dans la mire d’un tireur « d’élite » israélien. Qui m’a visé au cœur. Hasard de l’histoire, le criminel de guerre -puisqu’il s’agit de cela selon la Convention de Genève- n’a pas touché ce qu’il voulait détruire ; tirant juste quelque centimètres trop haut. Grâce à cette association du hasard et du formidable talent des chirurgiens Palestiniens j’ai survécu.

Soyons clairs, la victime est bien Shireen et non moi qui suis encore là. Ecrire ces lignes ce n’est qu’une façon d’être solidaire par le témoignage. D’expérience, je peux décrire les secondes horrifiantes qui furent, pour Shireen, les dernières de sa vie. Vous êtes journaliste, vous êtes là sans armes, non pour faire la guerre mais pour rendre compte, permettre au monde de voir l’invisible. Puis c’est l’ahurissement, l’incompréhensible de la blessure, le passage dans un autre monde. Une reporter de la qualité de Shireen avait assez d’expérience pour ne pas se mettre volontairement sous le feu. Si elle est tombée ce n’est pas le hasard d’une malchance, c’est qu’un barbare a décidé, en lui ôtant la vie, de commettre un crime de guerre. Selon la loi un attentat terroriste dont il se moque puisqu’il sait en appuyant sur la détente qu’il sera impuni.

J’ai jadis croisé la jeune femme à Ramallah, à Gaza, à Jérusalem, dans le patio de l’hôtel « American Colony » qui fût le palais de Lawrence d’Arabie. Elle était intimement journaliste et Palestinienne, mais aussi Palestinienne et journaliste. Comme Paul Nizan (mort lui aussi sous des balles) était marxiste et Français. Ceux qui oseront aujourd’hui nous dire que ses écrits étaient militants sont des lâches, ils étaient simplement justes. Courageuse dans ses récits, courageuse sur le terrain, elle gardait toujours le sens de l’accueil, toujours prête à aider l’autre. Plus qu’une femme, c’est un exemple qui a été assassiné.

J’en reviens à l’expérience de la mort. Et je tiens aussi à demander pardon à ces Palestiniens « anonymes » qui, chaque jour ou presque, tombent sous des tirs israéliens. De ceux-là, la presse occidentale parle peu et ils apparaissent rarement sur les écrans. Ils ne sont rien qu’un nombre qui vient s’ajouter au chiffre des morts comptabilisés tous les mois, tous les ans... Et le monde, les yeux clos, se moque de ce cortège. Par sa mort Shireen ressuscite aussi la mémoire de toutes ces victimes tombées sans faire de bruit.

Très gravement blessé, laissé sur le pavé par les démocrates israéliens indifférents qui ont refusé de me porter secours, je connais le refrain repris aujourd’hui par les « autorités » israéliennes : « ce sont les palestiniens qui ont tiré ». Les mensonges du « story telling » sont tenus en réserve, prêts à être servis à chaud. Ce déni permet à tous les aveugles de la planète, si épris de vérité, mais qui là ne veulent rien savoir, d’être les relayeurs d’une insupportable prudence « ne nous emballons pas, attendons les preuves ». Des preuves qui ne viendront jamais, ou trop tard, le drame étant effacé des mémoires occidentales.

Vient ensuite le bobard, celui de « l’enquête impartiale ». Qui bien sûr, ne peut être crédible qu’exécutée par les « experts » israéliens. Personnellement après ma blessure, on m’a servi ce mensonge, celui d’une « armée qui se livrait à une investigation ». C’est faux et cette illusion, ce leurre sont ignobles : des pelles qui jettent la terre de l’enterrement. A force de me battre, avec l’aide de l’avocat William Bourdon et de quelques juges français, j’ai fini par apprendre officiellement d’Israël : « que mon cas avait été étudié, mais que le rapport militaire était secret. Comble du mépris, mes assassins osaient ajouter que ce compte rendu officiel avait été « perdu » mais, que de toutes façons, le tir qui m’a traversé le corps était le fait « des palestiniens » !

Après 20 années de combat la justice française a reconnu que j’avais bien été « victime d’une tentative d’assassinat de la part d’Israël » (un crime de guerre). Mais d’où les magistrats français tiennent-ils cette certitude ? A une mince ogive de métal retirée de mon omoplate. Analysée par des experts la munition est bien une balle de M16 fabriquée par IMI, l’industrie d’armement israélienne. Faute d’être puni, le coupable est connu.

Même si les amateurs du port de parapluie par beau temps affirment les lèvres serrées que « comparaison ne vaut pas raison », intimement je sais tout de la mort de Shireen et que seul le hasard a voulu que je respire encore. Mon témoignage entend aller, en bouclier, au devant des mensonges officiels et donner un peu d’espoir à ceux qui aimaient Shireen. L’étude balistique, dans la zone où notre consœur a été tuée, et celle d’un projectile -s’il est retrouvé- peuvent encore dénoncer un coupable. Un jour il sera puni, lui et ceux qui lui sont solidaires, ses enfants peut-être, punis par trop de honte et d’injustice accumulées. Ainsi, je recommande à ceux qui ne sont pas indignés, de visionner les images tournées au moment où le corps de Shireen est retiré de la morgue de l’hôpital de Jérusalem.

On voit alors un peloton de policiers israéliens lancer l’assaut contre un cercueil, comme si ces non-humains souhaitaient la deuxième mort d’une journaliste trop indomptable. L’Accumulation d’une barbarie à visage humain, suicidaire pour Israël, feront un jour sauter le manteau de plomb qui veut étouffer la Palestine.

Jacques-Marie BOURGET
Pour Le Grand Soir.

URL de cet article 38015

 

Lettre aux communistes et amis qui nous ont soutenus !

, par  section PCF Vénissieux , popularité : 29%

Nous voulons tout d’abord remercier tous ceux, communistes ou amis, qui ont soutenu la candidature de Michèle Picard qui reste la plus légitime dans la 14ème circonscription du Rhône. Nous expliquons avec franchise notre décision finale et donnons notre avis sur les enjeux politiques.

La 14ème circonscription du Rhône a été conquise dans les années 60 par le PCF, perdue en 1981 dans la vague Mitterrand, regagnée en 1993 dans le reflux du PS, perdue en 2012 à la faveur de la vague Hollande et d’un redécoupage favorable au PS, voire à la droite. C’est donc une circonscription disputée surtout à gauche, soumise aux vagues nationales qui ne sont jusqu’à maintenant devenues dominantes sur les résultats que lorsqu’elles permettaient une victoire au second tour dela présidentielle. Le député sortant est un transfuge du PS passé à la REM.

Nous étions en situation de reconquête et nous nous sommes donc préparés pour cette échéance avec notre candidate Michèle Picard qui a battu deux fois en 2020 le macroniste Yves Blein, la droite et l’extrême droite dans la ville et dans la circonscription métropolitaine assez proche de la législative.

L’épisode Taha Bouhafs est connu, il est le reflet de l’évolution des cercles dirigeants de la France Insoumise pour qui tous les coups sont permis, du parachutage jusqu’à la tentative de masquer les vraies raisons du retrait de la candidature en instrumentalisant l’antiracisme.

Au delà des péripéties locales, nous voulons pointer les obstacles au maintien de notre candidature ;

L’essentiel tient à la teneur de l’accord national qui est un mauvais accord.

Il l’est au plan électoral puisqu’il n’accorde au PCF le droit de se présenter que sur 50 circonscriptions dont 15 gagnables, parfois menacées d’un candidat FI dissident, interdisant toute candidature sur plus de 500 circonscriptions restantes.

Cet accord est dangereux au plan stratégique. D’une part, il enferme le parti dans une coalition- la Nupes- que Mélenchon veut transformer en fédération pour mieux détruire les partis. D’autre part, il réduit l’intervention populaire au vote -si j’étais président vous n’auriez plus besoin de faire grève dixit Mélenchon- alors qu’il faudrait travailler à développer les luttes et l’intervention populaire sur toutes les questions politiques pour gagner la confrontation avec les forces du capital.

Il est dangereux pour la reconstruction du PCF, car il sacrifie nombre d’ancrages locaux. A Vénissieux, nous sommes justement dans la situation où cet accord s’est révélé très nuisible. Il était raisonnable de vouloir regagner la 14ème circonscription dans laquelle se trouve la plus grosse ville dirigée par un maire communiste mais l’accord interdisait à Michèle Picard de se présenter autrement qu’en "voyageur sans papier" puisque nous ne pouvions faire référence ni à la Nupes, ni aux forces politiques qui la composent, pas même au PCF alors que le candidat FI investi par la Nupes pouvait abondamment y faire référence. Nous avons à plusieurs reprises rappelé à la direction nationale l’enjeu de cette circonscription et de Vénissieux, ville dirigée par un maire communiste la plus importante hors région parisienne. Si le choix de préserver les sortants a été explicite, celui des quelques circonscriptions gagnantes ajoutées n’a jamais été clarifié. Nous mesurons les conditions difficiles de cet accord mais il est certain qu’il laisse un goût amer.

La deuxième difficulté tient à la posture adoptée par le PCF suite à cet accord.

A l’issue du premier tour, Mélenchon a écrit sa fable, une sorte de mauvaise farce qui lui permet de faire une OPA sur les partis de gauche. J’ai perdu, c’est la faute des autres surtout Fabien Roussel, mais j’ai gagné. En désignant un coupable à la vindicte de ses troupes, il a surtout voulu éviter tout débat sur les causes de son échec, en premier lieu son choix de se concentrer sur le vote utile pour écraser la gauche en délaissant la bataille contre l’abstention, vote utile dont la logique profitait pourtant aux trois premiers, donc l’éloignait du 2ème tour ! Avec son slogan publicitaire "Élisez moi premier ministre et le président sera foutu", il tente encore de prolonger le vote utile jusqu’aux législatives, faisant courir un risque majeur à toute la gauche.

Pourtant, chacun peut constater que la gauche est faible au point de ne pas pouvoir assumer au premier tour des législatives ses différences et la droite et l’extrême droite sont largement majoritaires. La plupart des militants savent que cet accord est mauvais pour le PCF mais pensent qu’il n’y a pas le choix. Tout cela peut se dire et s’expliquer, ce serait même intéressant de le faire pour faire progresser les consciences sur la question de la force du PCF. Mais depuis 1981, le PCF a pris l’habitude de boire la ciguë dans la joie et la bonne humeur en masquant aux yeux des citoyens les contradictions. Il faut être de la farce et totalement. Comment s’étonner alors que les citoyens ne perçoivent pas ce qui se passe à gauche ? La résistance de Michèle Picard et de Vénissieux, notre positionnement quant au parachutage de Taha Bouahfs auront au moins permis que s’expriment les contradictions de la situation !

Cette volonté de s’inscrire dans la vague conduit aussi à ce que des organisations locales du parti, sans doute aussi mécontentes que nous, se plient à l’accord. D’autant qu’il s’est trouvé dans le Conseil National du PCF, des camarades pour relayer les menaces de Mélenchon, excluez les, suspendez les ces résistants dont nous ne voulons pas ! Avec le recul, on peut se dire que si une vingtaine de circonscriptions avaient refusé de se soumettre à l’accord national, il se serait peut-être créé un autre mouvement autour des candidats qui cherchaient à se maintenir.

Nous avons poussé tous les atouts que nous avions en main jusqu’au bout, de la campagne des jours heureux à notre ancrage local, nous en sommes fiers et et vous nous nous avez aidés à le faire. Après le retrait du candidat parachuté, la FI a lancé dans la course un adjoint au maire de Vénissieux qui avait 15 jours avant expliqué longuement qu’il n’était pas candidat, jouant ainsi sur les risques que feraient courir un affrontement dans la majorité municipale. Au final, un tel affrontement n’aurait de toutes façons pas permis dans la situation de la gauche de battre la droite et l’extrême droite.

Nous sommes dans une bataille de longue haleine pour reconstruire le PCF et la caractéristique première d’un communiste c’est d’être organisé et d’affronter les contradictions d’une situation. Et puisque nous ne sommes pas dans le monde des bisounours mais dans un combat exigeant, je dirais que nous nous sommes retirés en bon ordre, en prenant le temps de la construction collective de la décision et en préservant nos forces pour l’avenir. Il nous a semblé qu’il y avait mieux à faire que de nous offrir en sacrifice des 15 années d’effacement du PCF au profit de Mélenchon et de sa volonté de construire un nouveau parti socialiste, versus populiste et intersectionnel.

Tout cela a donné lieu à de très nombreux échanges entre communistes, avec nos soutiens dont nous sortons renforcés. Quelque soit le résultat de la législative , le pays et le monde sont confrontés à une situation gravissime. Le capitalisme a besoin d’imposer une domination sans partage aux peuples, tout particulièrement en France. Le risque d’un conflit mondial, à partir de la situation ukrainienne est intense. Nous aurons de grands combats à mener tous ensemble et le PCF doit être à la hauteur de ces enjeux.

 

 

À propos de la « NUPES » et du « mélenchonisme » : le point de vue de Patrice Carvalho, ex-député communiste élu dans l’Oise

Sur le plan électoral et de ses logiques, on ne peut qu’être d’accord avec cette analyse mais il y a plus et c’est même l’essentiel: ceux qui ont voulu que le congrès du PCF ait lieu après les élections savaient ce qu’ils faisaient en matière de liquidation et ils sont disposés à utiliser à plein ce qui désormais détruit de l’intérieur le PCF: la désorganisation social-démocrate, l’absence de formation des adhérents et même des dirigeants, l’absence de stratégie vers un but le socialisme, un parti largement devenu un club de discussion imbibé par l’idéologie dominante et dont les seules activités militantes sont centrées sur les élections et les fêtes de l’huma… Une implantation locale qui est de moins en moins liée au monde du travail et des couches populaires, la domination des élus pour les meilleurs à la recherche de compromis et les voici logiquement réduits à la portion congrue avec un Mélenchon digne produit de l’union de la carpe (le mitterrandisme) et du lapin (le trotskisme lambertiste) qui a une seule obsession qui lui assure le rôle de premier “opposant” celle de la destruction du PCF avec la complicité des liquidateurs dont certains ne se sont pas cachés voter utile sans toujours comme le pathétique maire de Stain recevoir le prix de sa trahison. Fabien Roussel et son équipe n’ont pas su bénéficier de l’adhésion des communistes et avoir une ligne plus offensive, ils ont préféré dans la deuxième partie de leur campagne croire les “élus parisiens”, “le printemps républicain” et autres et faire une campagne de “sommet” avec des ralliements sans consistance en renonçant à s’adresser directement au monde du travail et aux couches populaires. L’obligation de céder à la NUPES a suivi le vote utile mais aussi cet abandon et cette campagne droitière faisant la part belle aux liquidateurs et décourageant la gauche du parti y compris avec la position de fait pro-OTAN. Qu’en résultera-t-il ? Partout les amis de Pierre Laurent ne chôment pas, ils préparent le congrès dans la logique de la NUPES. Mais ce serait une erreur de la mener dans cette seule logique et d’en rester à ce texte circonstanciel, Mélenchon si exécrable dans sa soif de domination soit le personnage n’est qu’une conséquence : il faut le centrer sur le fond, stratégie pour le socialisme, position anti-impérialiste, le parti qu’il faut, cellules en particulier d’entreprise, centralisme démocratique et formation des adhérents, est-ce possible, je l’espère même si je ne suis plus concernée. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)


Patrice Carvalho

On me demande ce que je pense de l’accord intervenu à gauche après la présidentielle. J’ai l’habitude d’être franc. Le comportement hégémonique de Mélenchon, qui croit avoir décroché la timbale avec son score du 1er tour ne créé pas les meilleures conditions du rassemblement. Cet accord a été négocié sur un coin de table. Le programme – celui de Mélenchon – était à prendre ou à laisser. La répartition des circonscriptions a suivi. Les Insoumis s’en accordent 324 et en laissent 100 aux Verts, 70 au PS et 50 au PCF. C’est oublier que les législatives, ce sont deux dynamiques : l’une nationale, l’autre dépendant des implantations locales. Or, les Insoumis n’ont pas d’implantations locales. Ils présentent des candidats qui sont d’illustres inconnus sans bilan et écartent des élus PS ou PCF solidement ancrés sur leur territoire.

L’exemple de Vénissieux, qui fait beaucoup causer dans les médias est exemplaire de ce point de vue. Les « mélenchonistes » présentent un candidat contre la Maire de Vénissieux. Ils doivent le retirer car il a des comptes à rendre à la justice mais s’apprêtent à désigner un autre candidat au lieu de soutenir la Maire communiste;

Dans la circonscription où j’ai été député (6ème de l’Oise) au cours de deux mandats (mais j’ai décidé de ne pas me représenter. Il faut savoir passer la main.), on présente un candidat du PS. Or, le PS a disparu de la circonscription. Il ne dirige aucune mairie quand nous comptons plusieurs communes avec des maires communistes et deux conseillers départementaux. Les seuls élus socialistes siègent à Compiègne dans l’opposition et ont été élus derrière une tête de liste UDI. Pas idéal pour rassembler à gauche!

L’égocentrisme de Mélenchon est mortifère. Après « la République, c’est moi! » puis « le vote utile, c’est moi! », voilà « le futur Premier Ministre, c’est moi! ». Tout cela risque de tourner court, après avoir soulevé de faux espoirs.

Patrice Carvalho

Maire de Thourotte

Député communiste de 1997 à 2002 et 2012 à 2017