Si l'on en croit Les Echos,
quotidien patronal français, les capitalistes sont tous en Russie,
potes de Poutine. Et depuis l'agression militaire russe en Ukraine, ils
sont dans le camp des mauvais.
C'est vrai qu'avec la fin de l'URSS, avec le soutien du FMI -Fonds Monétaire International pour ceux qui ne suivraient pas-
et de la BCE, banque de l'UE du capital, sous Elstine et Poutine, les
oligarques ont rapiné à leur seul profit les secteurs clés de l'économie
soviétique, notamment la très lucrative industrie pétrochimique et
gazière.
Et
dans l'Ukraine, ex-république soviétique, des oligarques ont aussi
prospéré. L'un d'eux fut même président de ce pays de 2014 à 2019. Mais
dans cette guerre en Ukraine, gageons qu'ils sont à l'abri et pas dans
le besoin.
Donc feu à volonté sur les oligarques russes dans les Echos.
En
France, pas de ça. Il n'existe que des entrepreneurs qui ont réussi.
Ils sont tous beaucoup plus riches que les plus riches de l'oligarchie
russe. Mais secret défense, comme dirait JY Le Drian, ex-ministre
socialiste de Hollande, devenu ministre macroniste des affaires
étrangères du patronat français.
Citons-en
quelques uns toutefois: Arnault, Bolloré, Drahi, Bettencourt-Meyer,
Dumas, Dassault, Wertheimer frères, Pinault, Mulliez, etc. Ils
contrôlent également presse et médias comme Le Parisien, Radio Classique, Bfmtv, Canal plus et ses satellites, l'Obs ou le Monde, le JDD et Paris Match, Europe 1, l'agence Havas, Hachette, etc, etc. Sans parler des instituts de sondages.
Bref, ce ne sont pas des oligarques, simplement des hommes et des femmes qui font dans le libéralisme. Pas dans le capitalisme. Le capitalisme, ça n'existe plus en France depuis la chute du Mur de Berlin.
Et ces dernières années, la sphère politique française n’a pas échappé à l’emprise des oligarques russes. Mediapart
revient sur quatre histoires emblématiques. Où l’on retrouve,
pêle-mêle, le Rassemblement national, Nicolas Sarkozy, Alexandre Benalla
et l’actuel ministre de la justice Éric Dupond-Moretti. Mais chut,
campagne présidentielle oblige.
Sommet de Versailles : Plus d’armes et d’armements n’apporteront jamais la paix.
vendredi 11 mars 2022
par PRCF
Un sommet européen se tient le 10
et 11 mars à Versailles. Assurant la présidence de l’Union pendant le
premier semestre 2022, Macron avait annoncé ce sommet début décembre.
Le président de la République avait alors déclaré : " nous devons
passer d’une Europe de coopération à l’intérieur de nos frontières à une
Europe puissante dans le monde, pleinement souveraine, libre de ses
choix et maîtresse de son destin.".
Depuis le 24 février, les
perspectives ont évolué, profitant de la situation Ukrainienne ils
accélèrent la mise en place de nouveaux outils de financement européens
pour leurs multinationales...
Au sein de l’UE, les monopoles, comme les États luttent pour affirmer
leur place dans les concurrences entre capitalistes au sein de l’Europe
et au plan international pour le contrôle des marchés, des voies de
communications, le cyberespace, l’énergie, l’alimentation, l’accès aux
matières premières et de la force de travail…
L’objectif est clair pour l’UE : museler les peuples en s’attaquant
aux libertés, accroitre une politique de guerre comme un moyen de
s’imposer dans la concurrence acharnée que se mènent les monopoles
capitalistes dans le monde.
« L’Europe de la défense doit être une Europe qui s’assume. Qui a
la liberté de protéger ses citoyens et de préserver ses intérêts », en clair ceux du capital ! avait lancé Florence Parly.
« Le moment est venu pour l’Europe de passer à la vitesse supérieure" pour se "défendre contre les cyber attaques, agir là où l’Otan et l’ONU ne sont pas présents et gérer les crises à temps", déclare la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, donc d’être les "supplétif" des USA.
Ce sommet ce sera aussi celui d’une intégration plus poussée de
l’Union Européenne dans l’OTAN pour appliquer le programme militaire
imposé par les USA qui veulent accélérer le déploiement en Europe de
nouvelles bases militaires et des nouvelles bombes nucléaires B61-12 et
les nouveaux missiles nucléaires à moyenne portée en direction de ses
ennemis désignés : la Russie et la Chine.
"Les États membres doivent également en faire plus", a averti la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. "Il nous faudra payer " le prix du courage, de la paix et de la liberté ",
a renchéri le chancelier allemand Olaf Scholz, annonçant au parlement
allemand des investissements militaires de 100 milliards d’euros et un
budget annuel de la défense de 2 % du PIB, l’Allemagne veut des F35
équipés de bombes nucléaires pour rééquiper son aviation.
Cette décision allemande, qu’ils légitiment par le fait que la Russie
a attaqué l’Ukraine, permettra de faire sauter le dernier verrou lui
interdisant d’accéder au rang de grande puissance militaire mondiale,
effaçant ainsi définitivement les dernières obligations nées de la
défaite nazie de 1945, les États-Unis portent une responsabilité
essentielle dans cette évolution.
À Berlin, des soignants ont adopté une résolution contre l’invasion
russe mais aussi contre la politique de réarmement portée par le
gouvernement allemand. « 100 milliards d’euros pour les forces armées
allemandes sont décidées du jour au lendemain. Ces 100 milliards
d’euros pourraient être utilisés pour employer 200 000 soignants avec un
salaire de 4 000 euros pendant dix ans et ainsi atténuer la crise
actuelle dans le secteur des soins." dénoncent-ils.
Le chancelier autrichien vient d’annoncer, dans la foulée, une hausse
substantielle de ses dépenses de défense, tout comme le gouvernement
danois.
La Finlande, compte acheter des missiles et renforcer ses liens militaires avec les États-Unis,
La Suède pense à organiser un référendum sur une adhésion à l’Otan…
En France, une nouvelle hausse du budget de la défense en 2022,
devrait atteindre les 41 milliards d’euros (contre 39,2 en 2021), des
hausses plus importantes (+ 3 milliards par an) sont prévues à partir de
2023, Une enveloppe de programmation militaire globale de 295 milliards
d’euros sur sept ans 2018/2025, l’Armée de l’air disposera de 210
Rafale.
La « Préparation et emploi des forces » obtiendra 10,8 milliards
d’euros. 1,2 milliards financera les surcoûts des opérations extérieures
et des missions extérieures. !
À ce sommet la force rapide d’intervention de 5 000 hommes sera en discussion.
À qui veulent-ils faire croire « qu’une nouvelle ère, annonciatrice de davantage de souveraineté et même de paix » va sortir de ce sommet !
Plus d’armes et d’armements n’apporteront jamais la paix.
Suite aux sanctions, une autre arme de guerre est dans les mains des impérialistes : celle des céréales.
Les pays impérialistes jouent avec des millions de tonnes de céréales
sur le marché pour la production des multinationales de
l’agroalimentaire, condamnant des pays entiers à la famine. Arrêtons par
la lutte cette machine de guerre, la mainmise sur les céréales pour
garantir les profits des grands monopoles agricoles devient aussi une
question de vie ou de mort pour des millions d’êtres humains.
Notre Parti se bat contre l’impérialisme, exige le retrait de la
France de l’OTAN, ce bras armé des grandes puissances capitalistes sous
la direction des États-Unis, dont les dépenses s’élèvent à 1051
milliards de dollars 778 pour les USA et 273 pour l’U-E soit plus de 50%
des dépenses mondiales, face à la Chine 185 milliards de dollars, pour
la Russie les dépenses s’élèvent à 61.7 milliards de dollars.
Nous refusons que les peuples se laissent entraîner dans un futur
conflit impérialiste qui se fera contre eux. Il faut assurer la
souveraineté et l’indépendance de la France, lutter pour libérer la
France de la domination capitaliste.
L’objectif du capital est clair : développer une politique de guerre
comme un moyen pour s’imposer dans la concurrence acharnée que se mènent
les monopoles capitalistes dans le monde. Cette politique de
surarmement ne peut mener qu’au désastre, elle ne peut être combattue
que par la lutte des peuples contre la guerre et par la lutte politique
pour ouvrir une perspective révolutionnaire et avancer vers la
construction d’une société socialiste.
Nous luttons pour le respect de la souveraineté des peuples de chaque
pays dans tous les domaines, contre tout instrument supranational,
contre tout organisme politique ou militaire, ou gouvernement
supranational. Nous voulons une étroite coopération entre les pays
européens dans tous les domaines, une coopération qui impulse un
véritable développement économique et social dans l’intérêt des peuples,
des accords mutuellement avantageux qui assurent le développement de
chaque Nation, qui respectent la souveraineté de chaque peuple, ses
acquis sociaux et démocratiques.
Nous luttons pour instaurer une véritable politique de paix,
développer la coopération pacifique, pour une politique de désarmement
dans le monde, avec la dissolution de l’OTAN et de tous les pactes
militaires.
Nous appelons à organiser la mobilisation et l’organisation immédiate
de la classe ouvrière, de tous les travailleurs et du peuple pour dire
Non à la guerre impérialiste ! Rejoignez notre combat
Le Président de la République populaire de Lougansk, Leonid
Pasechnik, a signé un décret sur l'abolition de la loi ukrainienne sur
la décommuisation des noms des rues et villes dans les territoires
libérés de la république.
Article et traduction Nico Maury
La Guerre en Ukraine a débuté en 2014. Et les premières victimes furent les communistes.
Aujourd'hui un coflit meurtrier déchire des peuples frères. D'un
côté une Russie qui n'est pas l'Union soviétique mais une puissance
impérialiste avec a sa tête Vladimir Poutine, un oligarque nationaliste,
de l'autre côté une Ukraine qui n'est pas une démocratie, dans laquelle
le Parti communiste est interdit, les militants communistes sont
persécutés et assassinés et dans laquelle les nostalgiques de la
collaboration avec le nazisme s'expriment publiquement et sont honnorés.
La loi dite de "décommunisation" en Ukraine a été adopté le 9
avril 2015 par la Rada (Parlement ukrainien) et promulgué le 15 mai
suivant par le président Petro Porochenko.
Le Gouvernement du fasciste Arseni Iatseniouk a établi un paquet
de lois interdisant la propagande et les symboles communistes. L'espace
public doit aussi, en 6 mois, être débarrasé des symboles et monuments
soviétiques, les noms des rues et villes d'inspiration communiste
doivent aussi être renommés.
Cette loi instaure la primauté des combattants nationalistes et
collaborateurs des nazis au détriment des anciens combattants
soviétiques.
Et le 16 décembre 2015, la cour d’appel administrative du district
de Kiev confirme la demande du ministère de la Justice d'interdire les
activités du Parti communiste d'Ukraine. Le 18 décembre 2015, la
Commission de Venise a déclaré que les lois de décommunisation de
l'Ukraine n'étaient pas conformes aux normes législatives européennes.
Cette loi n'est pas appliquée en Crimée, et dans les Républiques Populaire de Donetsk et Lougansk (DNR, LNR).
Le 11 mars 2022, la République Populaire de Lougnask annule cette
loi dans les territoires libérés du Donbass occupés par l'Ukraine depuis
le déclenchement de l'Opération dite "anti-terroriste" (ATO).
Le Président de la République populaire de Lougansk, Leonid
Pasechnik, a signé un décret sur l'abolition de la loi ukrainienne sur
la décommuisation des noms des rues et villes dans les territoires
libérés de la république.
« Qui ne connaît la vérité n’est qu’un imbécile. Mais qui, la connaissant, la nomme mensonge, celui-là est un criminel ! »
Bertolt Brecht
(La vie de Galilée)
Article publié initialement sur ce blog le 3 avril 2016
Odessa, 2 mai 2014
Qui
s’en souvient en France ? Encerclés par une foule en furie, plusieurs
dizaines de membres et partisans du mouvement anti-maïdan réfugiés à la
maison des Syndicats, à Odessa le 2 mai 2014, sont brûlés vifs ou
asphyxiés, d’autres achevés à coups de barres de fer après s’être jetés
par les fenêtres pour échapper à l’incendie. Qualifiés de « prorusses »,
ils avaient fait l’objet d’une opération de « nettoyage » lancée à
l’instigation de groupes néo-nazis qui s’étaient déjà illustrés à Kiev
quelques semaines auparavant dans la pseudo-révolution orchestrée dans
la capitale pour renverser par la force le gouvernement démocratiquement
élu. Or, sans ces groupes, et leur encadrement comme fer de lance des
manifestations, il n’y aurait jamais eu de « révolution » sur la place
Maidan. Quant à Odessa, non seulement des activistes ukrainiens
d’obédience fasciste ont bel et bien constitué les troupes de choc
armées, cuirassées et casqués qui ont assailli puis envahi la Maison des
Syndicats pour y « liquider la racaille pro-russe », comme en
témoignent de nombreuses vidéos filmées par des gens n’ayant rien à voir
avec le FSB (1),
mais le déroulement de cette opération a pu s’effectuer sans que les
autorités locales n’interviennent pour y mettre fin, la police, présente
sur les lieux faisant preuve d’une remarquable passivité, tandis que
les pompiers dont la caserne trouvait à proximité, battaient le record
de lenteur pour se rendre sur place.
Sans
doute, le gouvernement de Kiev s’est-il vu obligé de procéder à
quelques limogeages de responsables locaux, à commencer par le
gouverneur de la région d’Odessa, sous peine de perdre aux yeux de
l’étranger une légitimité démocratique déjà douteuse. Mais les coupables
directs ou indirects du carnage semblent toujours bénéficier, bientôt
deux ans après l’événement, d’une totale impunité. Bien plus, certains
d’entre eux continuent de patrouiller et parader dans les rues d’Odessa,
à pied ou en véhicules, pour poursuive la chasse aux « prorusses » et
menacer les habitants de la ville qui trouveraient à y redire, et ce
jusque dans les tribunaux. Résultat : les parents et amis des victimes
en sont encore à attendre que lumière soit faite sur les conditions de
leur disparition, terme à prendre dans les deux acceptions du terme,
puisque les cadavres de certaines d’entre elles n’ont pas encore été
retrouvés.
C’est
afin que justice soit rendue qu’une Association des mères des personnes
assassinées s’est constituée pour qu’une enquête sérieuse soit réalisée
sur ce qui s’est passé à Odessa le 2 mai 2014.
Une justice qui, jusqu’ici, semble malheureusement encore relever de la
mission impossible. En ce domaine en effet, c’est la parodie qui
prédomine. Seul un activiste « pro-ukrainien » c’est-à-dire antirusse et
vraisemblablement sympathisant sinon militant de Pravy Sektpr ou
Svoboda, a été poursuivi, alors que les assiégeants et les assaillants
de la Maison des Syndicats se comptaient par dizaines. À l’inverse, mais
de manière complémentaire, 20 manifestants catalogués comme «
pro-russes » étaient mis en examen. « Enquête judicaire opaque » titrait un journaliste du Monde, journal pourtant acquis aux positions pro-européennes et néo-libérales des nouveaux dirigeants ukrainiens (2).
Effectivement, cette enquête traînait au point d’inciter un certain
nombre de personnalités à former un « groupe du 2-mai » qui mènerait ses
propres investigations. Néanmoins, bien que composé en principe de
personnes de « toutes les opinions politiques » et que son travail ait été « considéré comme objectif et sérieux »,
selon le même journaliste qui ne précise d’ailleurs pas à qui ledit
travail devait cette considération, il ne semble pas que
l’éclaircissement des faits survenus le 2 mai 2014 auquel il a abouti
ait donné pleine satisfaction.
Il faut dire que la version des faits concoctée par ce « groupe du 2 mai » concordait un peu trop, n’en déplaise à l’envoyé du Monde, avec
les attentes de tous ceux qui, à Odessa comme à Kiev, souhaitent que
l’affaire honteuse d’un meurtre de masse perpétré par des
ultra-nationalistes dans un pays européen dont on se félicite
à l’étranger qu’il soit en passe de rejoindre la grande famille des «
démocraties », soit au plus vite étouffée, enterrée et oubliée. Ainsi le
coup d’envoi des affrontements était-il imputé aux activistes «
prorusses » qui auraient attaqué une manifestation pacifique
pro-ukrainienne, c’est-à-dire nationaliste, spontanément organisée par
les supporteurs de deux équipes de football à l’issue un match. Les deux
premiers morts de la journée proviendraient de leurs rangs, atteints
par les balles de tireurs « russophiles » sans que cela soit encore
prouvé. Un scénario qui n’était pas sans rappeler celui fabriqué après
coup dans la foulée de la « révolution de Maïdan » avant que l’on ne
découvre qu’en réalité, les snipers qui avaient tiré sur la police aussi
bien que sur les manifestants le 20 février 2014 faisaient partie d’un «
groupe clandestin » où « se trouvaient impliqués, directement ou
indirectement, l’extrême-droite (Pravy Sektor, Svoboda) et un parti
oligarchique pro-occidental (Patrie) », avec pour objectif, grâce à un «
meurtre de masse perpétré sous une fausse bannière », de « l’emporter
dans le conflit assymétrique de Maïdan et prendre le pouvoir en urkraine
» (3).
La suite du récit ne dépare pas le début. Les « deux camps » auraient ensuite« échangé
des cocktails Molotov, provoquant l’incendie ravageur du fait de la
quantité de combustible stockée par les anti-Maïdan dans le bâtiment » (4). Enfin, les commandos munis de barres ou de battes cernant l’immeuble en flammes auraient « dans leur grande majorité essayé de sauver les personnes pris au piège » au lieu de les achever comme en attestent pourtant les scènes filmées de multiples videos.
Que le « journal de référence » que Le Monde est
censé être — de révérence à l’égard des puissants, en fait — se fasse
le relais des mensonges et des contre-vérités destinés à dissimuler ou
travestir une réalité aussi gênante pour les nouveaux dirigeants
ukrainiens que pour leurs alliés euro-atlantistes, n’a rien qui doive
surprendre. La présentation unilatérale pour ne pas dire caricaturale
qui en est faite, de même que celle de la pseudo-révolution de Maïdan,
offre un bon exemple de ce manichéisme primaire auquel cède le complexe
médiatico-politico-intellectuel de notre pays pour embrigader une
opinion publique qu’ils formatent plutôt qu’ils ne la forment. On a là
une fable typique de ce que peut produire ou, dans ce cas, reproduire
une presse françaisemainstream en phase avec la réécriture de
l’histoire en temps réel par les autorités officielles ukrainienne ; et
ce afin de relativiser l’importance des évènements funestes qui ont
endeuillé une partie de la population d’Odessa, en falsifier la
signification et nier leur propre implication en plus de celle, avérée,
de leurs supplétifs d’extrême-droite.
Si ce conte à dormir debout avait le mérite, comme s’en félicite notre journaliste mondain, d’écarter l’« hypothèse avancée par les médias russes du massacre délibéré » (5),
il ne pouvait toutefois convaincre que les gens déjà convaincus. Ce qui
n’était apparemment pas le cas d’un groupe de membres du Parlement
européen qui, préoccupés par l’absence de données fiables relatives au
massacre, demanderont en mai 2015 au Premier ministre Arseni Iatseniouk
de « tout mettre en œuvre pour rendre publics les résultats des enquêtes
sur les meurtres commis sur le Maïdan et les meurtres de masse
perpétrés à Odessa ». Peine perdue. Dans un rapport très critique publié
en octobre 2015, les experts européens d’un comité consultatif
international créé à l’initiative du Secrétaire général du Conseil de
l’Europe Thorbjorn Jagland, jugeaient que l’enquête menée en Ukraine,
censée établir les circonstances exactes du massacre et évaluer le
travail des services municipaux d’urgence le jour des troubles, « ne
répondait pas aux exigences de la Convention européenne des droits de
l’homme ». Bien plus, outre qu’elle ne pouvait pas « être qualifiée
d’indépendante et efficace », ils estimaient que le « contexte général »
qui régnait en Ukraine empêchait les enquêteurs de « réaliser de
sérieux progrès dans l’élucidation de la tragédie d’Odessa ».
On
comprend dès lors que les mères des victimes du carnage n’aient plus
d’autre recours aujourd’hui que de s’adresser à l’ONU pour qu’il ne
demeure pas impuni. D’où leur requête auprès d’une instance compétente
de cet organisme en matière de protection des droits humains, mandatée
pour les cas de tortures, exécutions sommaires, disparitions forcées et
détentions arbitraires, pour qu’une commission internationale réellement
indépendante, impartiale et objective puisse faire enfin éclater la
vérité sur ce qui s’est passé à Odessa le 2 mai 2014 et que les
responsables soient punis.
C’est la raison pour laquelle, une conférence suivie d’un débat s’est tenue dans les locaux de l’ONU à Genève le 21 mars 2015 au Palais des Nations,
en marge des travaux du Conseil des Droits de l’Homme, avec la
participations de M. Xavier Moreau, co-fondateur du site Stratpol,
spécialiste des questions géopolitique, de Mme Victoria Malchulko,
fondatrice et présidente de l’Association des mères du 2 Mai, témoin
direct des évènements survenus ce jour-là et de Mme Elena
Radzikhovskaiya, mère d’André Brazhevsky, tué lors du siège et de
l’incendie de la Maison des Syndicats, toutes deux enseignantes, l’une à
la retraite, l’autre en activité, et habitantes d’Odessa. Le but de
cette conférence était d’une part, de retracer l’évolution de l’Ukraine
depuis la «révolution» de la Place Maïdan, d’exposer l’impact sur le
pays du changement de régime qui s’en est suivi, de replacer la tuerie
d’Odessa dans ce contexte socio-historique, tant national
qu’international, et de pointer le rôle des différents acteurs de ce
drame. D’autre part, il s’agissait de faire connaître à partir de
témoignages, non seulement le déroulement concret des évènements mais
aussi les multiples obstacles rencontrés pour que la lumière soit faite
sur les responsabilités directes et indirectes des autorités de la ville
dans cette violence sans précédent à Odessa.
Il
faut croire, cependant, que cette recherche de la vérité ne plaisait
pas à tout le monde et encore moins l’idée de créer une commission
d’enquête libérée de la pression des pouvoirs en place en Ukraine. Après
la tentative d’un certain Mykola Cusin, président d’un Comité de
Défense de la Démocratie en Ukraine, branche européenne du Comité des
Ukrainiens d’Amérique du Nord, pour faire annuler la conférence, sous
prétexte qu’elle offrirait une tribune à l’anti-américanimsme,
l’antisémitisme, la russolâtrie et l’extrême droite, trois agents
provocateurs dont une journaliste urkrainienne mêlée de très près aux
évènements du 2 mai, sont venus jouer les agents d’ambiance à leur
manière : interruptions du conférencier accompagnées d’injures à son
égard, prises de paroles bruyantes sans y être conviés, discours haineux
interminables… L’intention de ces perturbateurs était évidente :
saboter la conférence et surtout faire capoter la projet de mise en
place d’une commission d’enquête internationale. Il a fallu que je leur
explique ainsi qu’à l’assistance que nous étions dans une assemblée de
gens de pays civilisés et non dans la jungle qu’était devenue l’Ukraine
depuis l’arrivée au pouvoir de leurs commanditaires aidés de leurs
acolytes néo-nazis pour les obliger à se taire, tâche rendue aisée par
les applaudissements approbateurs de la plupart des gens présents.
Le
calme revenu, Mme Elena Radzikhovskaiya a pu exprimer, au nom des mères
qui comme elle, ont été privées de leurs fils par ce qu’il faut bien
appeler un assassinat collectif, le souhait qu’un maximum de personnes
des autres pays se solidarisent avec elles pour que les coupables, quels
qu’ils soient, soient identifiés, poursuivis, jugés et châtiés.
Que
celles et ceux qui se refusent à rejoindre la cohorte des imbéciles ou
des criminels, au sens où Bertolt Brecht les désignait, signent cet
appel. Les mères des Ukrainiens assassinés le 2 mai 2014 leur en sauront
gré.
Jean-Pierre Garnier - Le 28 mars 2016
(1)
FSB : Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie Service
secret chargé des affaires de sécurité intérieure. Principal successeur
du KGB soviétique dissous en novembre 1991.
(2) Benoît Vitkine, « Odessa, un an après le drame du 2 mai », Le Monde, 02.05.2015