jeudi 29 mars 2018

LES DROGUES BANALISÉES, CE CRIME...

Chouf, ça veut dire "regarde" en arabe.

C’est le nom des guetteurs des réseaux de drogue de Marseille. Sofiane, 24 ans, brillant étudiant, intègre le business de son quartier après le meurtre de son frère, un caïd local. Pour retrouver les assassins, Sofiane est prêt à tout. Il abandonne famille, études et gravit rapidement les échelons. Aspiré par une violence qui le dépasse, Sofiane découvre la vérité et doit faire des choix.

Ciné-débat
Mercredi 4 Avril 18h30 Ciné Gérard Philipe
Chouf, film de Karim Dridi, nomination Cannes 2016

Débat
Michèle Picard, une journaliste de Marseille, une soignante en addictologie...

 Drogue, trafics... c’est la vie de nos familles et de nos quartiers qui est en jeu !

Insécurité, sentiment d’abandon, d’impuissance, d’inefficacité, trafiquants apparemment tout puissants...
Dans les assemblées générales de conseils de quartiers, face au trafic de stupéfiant et ses conséquences sur le quotidien, les habitants expriment souvent leur ras le bol. Ils connaissent le travail important réalisé par la Ville, par la police, pour qu’il n’y ait pas de zone de non droit, travail qui a des résultats. Mais ce travail semble insuffisant car les squatts au pieds des immeubles ou dans les espaces publics demeurent.
On sait que le trafic de drogue est une activité majeure d’une économie parrallèle qui pèse partout et dont on connait mal l’ampleur.
Cette question du trafic et donc de la consommation exige un engagement plus fort de l’Etat à tous les niveaux pour apporter une réponse.
Avant tout parce que c’est une véritable question de santé publique. La drogue, sous toute ses formes, est nocive. Prise de manière régulière elle entraîne une dépendance avec des conséquences sur la santé tant physique que psychique. Socialement elle peut isoler, précariser, jusqu’à soumettre aux mafias.
Il faut de véritables campagnes d’information, de sensibilisation. En lançant le forum des addictions, Michèle Picard apporte la contribution de la Ville. L’Etat, notamment à l’école, devrait faire plus, mener des campagnes importantes, répétées, pour sensibiliser parents et enfants.
La drogue a aussi des conséquences dans les familles.
Parents désarmés devant un enfant consommant. Violences liées à l’état dans lequel une personne peut se trouver sous l’effet de la drogue. Sans compter que si l’enfant devient dealer et apporte des revenus dans des familles en difficultés, cela lui donne un rôle de chef qui normalement n’est pas le sien.
Sur les 2,3 milliards de chiffre d’affaires c’est le chef du réseau qui prend la plus grosse part, à l’image du premier de cordée de Macron. Les têtes de réseaux, qui habitent ailleurs, s’enrichissent et font ruisseler une (petite) part vers les distributeurs, les guetteurs.
Cette part qui vient alimenter une économie souterraine permet sans doute à certains de vivre mieux, mais elle les lie aussi à un trafic illégal où la violence et la loi du plus fort règnent, et au bout du bout, ce sont des milliers de vies qui sont détruites.
L’arsenal policier, juridique, demande a être revu, renforcé et réorienté. Pour mieux s’attaquer aux têtes de réseaux qui font venir la drogue et organisent le trafic dans notre pays, et pour faire reculer la consommation.
Les débats autour de la dépénalisation de la consommation, de la légalisation, ressurgissent régulièrement sans que l’Etat n’aille au bout et apporte des réponses sur ces questions.
Nous voulons aider à débattre sur cette réalité qui impacte le quotidien de beaucoup d’habitants. Même si les réponses ne sont pas simples, immédiates, dire que cela existe, ne pas se taire, vouloir en sortir, c’est déjà agir.