L’arbre qui cache la forêt.
L’attaque du 7 octobre a surpris tout le monde. Une semaine plus tôt,
le conseiller à la sécurité nationale, Jack Sullivan prononçait cette
phrase déjà entrée dans l’histoire : « le Moyen-Orient n’avait jamais été aussi calme depuis deux décennies ».
Cela s’appelle avoir de bons capteurs et une intelligence des situations
dans une région où pourtant les Etats-Unis sont omniprésents. En plus
de leurs nombreuses emprises militaires et de leurs imposantes
ambassades, le Pentagone dispose également comme le révèle Intercept,
d’une base secrète au cœur du désert israélien du Néguev, à seulement 32
kilomètres de Gaza. Mais les militaires surveillaient l’Iran au lieu de
regarder ce qu’ils avaient sous leurs yeux.
Deux autres événements majeurs n’auraient pas dû passer inaperçus.
Après 15 ans de luttes intestines et de très longues négociations, en
octobre 2022, à Alger, 14 factions palestiniennes se sont
officiellement réconciliées. Islamiques ou laïques comme le Hamas, le
Djihad Islamique ou le Front Populaire de libération de la Palestine
(FPLP), ces organisations se sont réunies sur la base de la cause
palestinienne au-delà de leurs différences religieuses et idéologiques.
Ce sont les branches armées des factions citées qui opèrent sur le front
de Gaza.
L’autre fait marquant fut la coupe du monde à Doha où cette cause
s’est affichée massivement dans les tribunes à tel point que certains
journaux titraient : « La Palestine a remporté la coupe du monde ».
Comment dès lors continuer à penser que cette lutte était devenue
surannée et invisible ? Comment imaginer que les milliers de prisonniers
dans les geôles israéliennes, l’embargo sur Gaza, la colonisation en
Cisjordanie pouvaient durer indéfiniment ?
L’aveuglement américain a été tel qu’il a malgré tout fait des
accords d’Abraham sa priorité au Moyen-Orient. Ces accords, initiés sous
le mandat de Donald Trump, signés par les Emirats Arabes Unis, le
Bahreïn, le Soudan et le Maroc, rejetés par l’Autorité Palestinienne
comme par le Hamas, sont pourtant basés sur le postulat que la cause
palestinienne était définitivement enterrée.
Mieux, de manière incompréhensible, alors que cette normalisation
avec Israël est en partie responsable de l’explosion en cours, les
diplomates américains continuent à s’entêter et à multiplier les
pressions sur Mohamed Ben Salmane pour qu’il la signe.
La stratégie du poulet sans tête
Depuis le 7 octobre, la Maison Blanche mène une politique encore plus
erratique qui montre à quel point elle est démunie. Une semaine après
le début du conflit, le Secrétaire d’Etat s’est rendu en Egypte et en
Jordanie avec, comme l’a raconté sur France Inter l’ancien envoyé
spécial de l’ONU en Libye, Ghassam Salamé, : « l’idée folle de mettre les Palestiniens au Sinaï ».
En réalité, le plan consistait à transférer les Gazaouis en Egypte et
les Cisjordaniens en Jordanie. Organiser une deuxième Nakba, comme en
1948, avec des tentes en dur ? Selon une source libanaise proche du
dossier, devant les ponts d’or qui lui étaient promis, le maréchal Sissi
aurait un temps hésité, mais l’armée a opposé un non catégorique.
Le roi Abdallah ne s’est pas montré plus enthousiaste.
Toute la stratégie américaine est à l’avenant. D’un côté, les dirigeants américains répètent inlassablement le mantra : « Israël a le droit de se défendre » ;
la Maison Blanche envoie deux porte-avions en Méditerranée ; le
Pentagone fournit les armes en ne traçant pas de lignes rouge quant à
leur utilisation ; le Congrès vote une aide de 14 milliards de dollars à
Tel Aviv. De l’autre, elle demande à Benjamin Netanyahu de protéger les
civils.
Après avoir, dix jours plus tôt, mis son véto à une résolution du
Conseil de Sécurité demandant une pause humanitaire, Anthony Blinken a
demandé à Tel Aviv… une pause humanitaire ! Il espérait ainsi obtenir la
libération des otages détenteurs d’un passeport américain. Tsahal a
répondu à cette proposition en intensifiant les bombardements. Les
appels de Joe Biden à cesser la colonisation et la répression en
Cisjordanie, ont reçu une réponse similaire. Résultat, le Secrétaire
d’Etat repartira encore bredouille de son deuxième voyage dans la
région.
La colère du monde
Le conflit Israël/Palestine dure depuis 75 ans, ce qui signifie
qu’environ 98% des habitants de la planète sont nés avec cette crise en
héritage, le monde arabe la porte dans ses gènes. Au 5 novembre, le
bilan des bombardements israéliens faisait état, selon le Hamas, de
9.488 personnes dont 3900 enfants auxquels il faut ajouter plus de 25
000 blessés. Pour les opinions publiques de la région, ce soutien
inconditionnel à Israël fait de Washington le complice de ce décompte
macabre. Retour à la période de la guerre en Irak, de Guantanamo, de
l’Afghanistan, avant Obama et son fameux discours du Caire...
Dans tout le monde arabo-musulman, de l’Egypte à l’Indonésie les
manifestations de soutien aux Palestiniens sont impressionnantes. Les
éditorialistes se sont beaucoup émus de celles qui ont eu lieu en
Turquie accompagnées des propos durs à l’endroit d’Israël tenus par
Recep Tayyip Erdogan. Mais le président turc parle beaucoup, agit peu,
tient ses troupes et n’est pas prêt de quitter l’OTAN. En revanche, il
faut prêter attention aux cortèges encore plus massifs qui se sont
déroulés au Pakistan, pays de 250 millions de musulmans.
En Afrique, le Maghreb est vent debout, y compris au Maroc qui a
signé les accords d’Abraham. Dans les pays d’Afrique subsaharienne,
malgré les nombreux évangélistes, qui pour des raisons bibliques
vénèrent Israël, l’empathie se porte majoritairement vers les
Palestiniens. Une Ivoirienne membre de cette communauté explique « Nos
églises nous demandent de soutenir les Israéliens, mais nous sommes
nombreux à considérer que c’est une affaire politique. De toute façon,
entre notre religion et les peuples colonisés notre solidarité va à ces
derniers ».
En Amérique du Sud, la contestation prend une autre forme, avec la
rupture des relations diplomatiques comme en Bolivie, ou le rappel des
ambassadeurs en poste à Tel Aviv par la Colombie, le Honduras ou encore
l’Argentine.
Les Etats-Unis font face également à leurs divisions internes,
notamment au sein de la jeunesse démocrate, woke et décolonialiste. Ils
doivent aussi affronter une bronca sourde au sein de leur propre
administration, de l’ONU et des ONG (1-2-3). Il faut reconnaître qu’un
tel bilan : décès de 88 employés des Nations Unies, de 36 journalistes
sur une période aussi courte est sans précédent.
Le siège moyenâgeux de Gaza, les bombardements sur les populations et
les infrastructures civiles remettent également en cause le droit
international que ces organisations sont censés défendre. Ce deux poids,
deux mesures des Etats-Unis, par rapport à leur position sur d’autres
théâtres, qui affaiblit tant l’Occident fragilise aussi, de manière
inédite, l’édifice des organisations multilatérales.
Zéro pointé
A la veille d’entrer en campagne électorale, le bilan de la politique
étrangère de Joe Biden est un désastre. Les faits sont implacables. Les
Etats-Unis se sont mis, et avec eux leur alliés occidentaux, une grande
partie du monde arabo-musulman à dos et le reste des pays dits du Sud
ne sont guère plus bienveillants. Alors que, précisément leur stratégie
consistait à reconquérir ce « Sud global » pour peser dans leur
confrontation avec la Chine.
Raté.
La défaite ukrainienne est sur le point d’être actée. Il faudra en
assumer la responsabilité d’autant que cette guerre aura renforcé le
Kremlin sur le plan militaire et démuni les alliés de l’OTAN de leur
armement. Dans le même mouvement, les sanctions à l’encontre de la
Russie ont considérablement affaibli les économies des pays de l’Union
européenne, pendant que l’axe Moscou/Pékin/Téhéran se renforçait.
Lors de son discours du 4 novembre, le patron du Hezbollah, Hassan
Nasrallah a clairement expliqué que l’élargissement à une guerre
régionale, tant redoutée par la Maison Blanche, était corrélé à la
poursuite des hostilités en Palestine. Dans ce cas, avec quels alliés
les Américains feront-ils face à tous les fronts ? Ils sont en première
ligne et seuls, l’Europe est divisée, atone et plus aucune voix ne porte
dans son camp. Les dirigeants arabes, proches de Washington, ne
pourront intégrer une coalition en l’état de la colère de leurs peuples.
Les bases américaines en Syrie en Irak sont déjà régulièrement
attaquées. Du côté de la mer Rouge, les Houtis du Yémen ont déclaré la
guerre à Israël en tirant des missiles sur Eilat et le Soudan voisin est
aussi la proie des flammes. Ce conflit est un autre échec américain
patent. Alors que la médiation internationale sous leur égide était
censée ramener la démocratie, elle a créé les conditions de l’explosion.
Les conséquences sont là aussi catastrophiques : six millions de
déplacés, un million de réfugiés, des milliers de morts dont le décompte
est impossible tant la situation est chaotique.
Au Moyen-Orient, plus les heures passent et plus la situation se
dégrade. Si les Etats-Unis n’obtiennent pas un cessez-le-feu à Gaza
rapidement et ne trouvent pas une issue politique, inévitablement
l’embrasement aura lieu. Ils seront embourbés dans une région dont ils
pensaient s’être débarrassée pour focaliser leur énergie et leurs moyens
sur la Chine.
Encore raté...
.....LA BANDE A ZÉLINSKI RÈGLE SES COMPTES SOUS LA HOULETTE DE L'OTAN (°)
post relevé sur le blog Histoire et Société signé FM
Un proche conseiller du général Zalouzhni, le chef d’état major de l’armée ukrainienne a été tué dans un attentat au colis piégé, une technique très utilisée par les services secrets ukrainiens. Les couteaux sont sortis. Précédemment, le même Zalouzhni a été contraint à faire son auto-critique dans les médias, et à assumer la pleine responsabilité de l’échec. Les donneurs d’ordre de l’OTAN, qui ont alimenté la propagande mais se sont contenté d’envoyer des armes de seconde main restent très silencieux. Ils ont poussé à la guerre, empêchant la signature de la paix dès les premières semaines du conflit et font aujourd’hui porter la responsabilité de l’échec sur les ukrainiens. C’est sordide. Tous les malheurs du monde valent mieux que d’être le pion de ces pays …
https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/guerre-en-ukraine-un-conseiller-proche-du-commandant-en-chef-de-l-armee-ukrainienne-tue-dans-l-explosion-d-un-colis-envoye-pour-son-anniversaire_6167796.html