USA : une dislocation en mode URSS 1991 ?

L’auteur de ces lignes a des souvenirs très précis du mois de juillet 1991. L’arrivée de Michael Gorbatchev à la tête de l’URSS en 1985, avait débouché sur des réformes importantes en particulier en ce qui concerne la démocratie (glasnost) et l’économie (perestroïka). La situation était assez agitée, notamment dans les pays du glacis d’Europe centrale qui s’émancipait avec d’ailleurs l’accord de Moscou. L’Union soviétique quant à elle, dont il faut rappeler qu’elle n’était pas un État-nation territorial unifié mais en fait une organisation internationale intégrée, semblait solide. Rappelons qu’il s’agissait de l’empire des tsars récupéré et réorganisés par les bolcheviks, qui en avaient fait le vainqueur de la deuxième guerre mondiale et la deuxième puissance du monde. C’est la grotesque tentative de coup d’état du début du mois d’août qui déclencha le processus aboutissant six mois plus tard (!) à la dislocation du pays et à son naufrage corps et biens. Quiconque aurait annoncé cette catastrophe en juillet 91 aurait provoqué de grands éclats de rire.

Qu’en est-il des États-Unis aujourd’hui ? Et sommes-nous si sûrs que cette énorme puissance qui dirige l’Occident depuis 80 ans soit invulnérable ?

Pour essayer de savoir ce qui s’y passe, inutile de se tourner vers le système médiatique français. Les journalistes font preuve en permanence d’un affligeant provincialisme à base d’ignorance et de prétention. Les experts parfois consultés sont en général des agents américains stipendiés par des think tank américains qui régurgitent servilement les positions du bloc démocrate au pouvoir. Que ce soit sur la situation interne avec un Joe Biden, vieillard sénile et bredouillant, représenté comme le digne successeur de Roosevelt maîtrisant la marche du monde. Ou sur le plan international avec la reprise méthodique de la propagande US sur la guerre en Ukraine et la situation de la Chine. Effondrement intellectuel et déontologique de la presse française qui a anéanti tout esprit critique et oblige pour essayer de comprendre (merci Internet), à consulter les médias anglo-saxons et asiatiques.

Une crise financière insoluble ?

On pourrait détailler les catastrophes humaines et sociales, la terrible question de la drogue, la montée vertigineuse de l’insécurité, l’énorme population carcérale, et tous les autres symptômes qui caractérisent une société malade. L’énorme corruption du monde politique qui fait que le Pentagone n’existe qu’en tant que branche du complexe militaro-industriel-médiatique américain et n’est pas conçu pour mener de vraies guerres. Ou la fin du consensus politique aujourd’hui disparu entre les deux grands partis, alors qu’il était le facteur indispensable de la solidité institutionnelle du pays. Contentons-nous d’examiner la question financière. Dans un contexte indiscutable de dédollarisation du monde, la question de la dette américaine qui fut l’instrument de sa domination et permit aux USA de vivre à crédit au détriment du reste du monde, risque de devenir rapidement critique. Cette dette a augmenté de 34 fois depuis 1980 alors que le PIB lui n’augmentait que de 9 fois. Elle se monte aujourd’hui à 31,4 milliers de milliards de dollars ! Et la récente autorisation de dépassement du plafond accordé par le congrès n’est qu’un pansement sur une jambe de bois.

Plus de 75 % de la dette américaine est entre les mains d’acteurs américains. Et pour plus de 12 000 milliards de dollars par… le gouvernement, les agences fédérales ou la Fed, soit près de 40 % de la totalité de la dette publique, notamment via les fonds de pension des fonctionnaires. Les deux autres principaux créanciers, même si tout l’Occident est exposé, sont la Chine et le Japon. Les États-Unis sont par conséquent en « état de cessation de paiement », concept juridique appliqué aux sociétés qui décrit leur situation avant le dépôt de bilan et la faillite déclarée. En effet quoi que fasse la Fed, non seulement cette dette ne sera jamais remboursée, mais elle deviendra bientôt impossible à soutenir ne serait-ce que parce qu’elle engloutit toute la partie variable du budget fédéral. Trois scénarios se profilent, l’hyperinflation, le défaut de paiement et la guerre. Guerre étrangère ou guerre civile ? Sachant que le démantèlement des États-Unis en ses états constitutifs est une hypothèse qui n’a rien de ridicule. Répétons encore une fois, et c’est un élément essentiel, le consensus politique qui rassemblait les deux partis principaux et permettait l’alternance n’existe plus. La guerre civile culturelle, politique, et la catastrophe économique peuvent être les ferments de la dislocation.

Une crise politique insoluble ?

Un des éléments les plus criants du caractère insoluble de la crise politique est celui relatif à la situation judiciaire à un an de l’élection présidentielle de 2024. Les deux principaux candidats déclarés, Donald Trump et Joe Biden sont l’objet de batailles judiciaires visant à les disqualifier et les empêcher de participer au scrutin.

Trump est la cible d’un acharnement extraordinaire de la part du Ministère de la justice entre les mains du parti démocrate. Qui fait tomber sur l’ancien président une myriade d’inculpations dans le but évident de le faire condamner avant l’élection. La partialité politique de ces procédures saute aux yeux, jusque dans le choix des lieux pour leur déroulement permettant la constitution de jurys dévoués aux démocrates. En attendant celui qui arrivera dans quelques jours à propos des événements du 6 janvier 2020 au Capitole, le dernier raid est relatif aux documents classifiés que Donald Trump aurait gardés après son départ de la Maison-Blanche. On se rappelle les masses de documents détournés par Hillary Clinton y compris la destruction d’e-mails classifiés sans qu’il n’y a eu la moindre enquête ni la moindre procédure. Tout comme les malles remplies de documents couverts par le secret trouvées dans le garage de Biden dont le ministère de la justice se désintéresse complètement. Pour essayer de mesurer la consistance de ces nouvelles offensives contre Trump, il faut écouter ce qu’en dit Jonathan Turley professeur de droit constitutionnel appartenant au parti démocrate. Par exemple à propos des émeutes du 6 janvier : « Il y a des raisons évidentes pour lesquelles M. Smith (le procureur fédéral) voudrait la compétence de Washington. Trump ferait face à ce qui est, pour lui, sans doute le pire groupe de jurés du pays. Trump a perdu le vote présidentiel de 2020 dans le district de Columbia, n’obtenant que 5,4 % des voix . Cela signifie que trouver un partisan de Trump dans le groupe de jurés du district n’est que légèrement plus probable que de trouver un léopard des neiges. » Ça c’est pour le bidouillage de la procédure. Concernant les griefs de fond voilà ce que dit Turley : « cette inculpation de Trump concernant les émeutes du 6 janvier 2021 est si farfelue, la théorie sur laquelle elle repose est si farfelue que je ne crois pas qu’un système juridique puisse continuer à fonctionner s’il pousse ce cas à son terme. » Bigre, il s’agit là quand même de l’opinion d’un opposant de toujours à Donald Trump.

La presse française qui partage la haine irrationnelle du deep state américain pour l’ancien président se fait toujours le relais des attaques contre lui. Il faut lire cet article de Libération annonçant triomphalement la dernière des procédures en date, dans une présentation des faits dont la subjectivité militante relève d’une forme de pathologie.

Les Biden, une « famille » mafieuse comme les autres ?

Et pendant ce temps-là, toujours dans un pieux silence de la presse française, l’incendie relatif à l’invraisemblable scandale de corruption du système mafieux de la famille Biden continue d’enflammer l’opinion américaine et ce malgré toutes les tentatives de verrouillage de la presse système démocrate. Il faut ne pas se priver du spectacle des auditions des commissions d’enquête de la Chambre des représentants qui détaillent des faits que l’on connaissait pourtant depuis longtemps et qui n’avaient jamais eu la moindre suite judiciaire. Car ce que donne à voir le scandale, c’est évidemment la dépravation incroyable du fils Biden, Hunter escroc drogué, érotomane amateur de prostituées, passant son temps à utiliser les responsabilités politiques de son père pour se livrer à des trafics d’influence fructueux. Dont l’ensemble de la famille profitait, y compris manifestement l’actuel président. Mais finalement le pire à l’écoute de ses auditions c’est de constater le refus obstiné du ministère de la justice de remplir sa mission et de la protection mafieuse dont le FBI fait bénéficier la famille. Là aussi on invite à prendre connaissance de l’opinion de Jonathan Turley sur l’ampleur du scandale et les perspectives qui s’ouvrent. Dernière anecdote croustillante en date, une galerie d’art New-Yorkaise a exposé et vendu les « œuvres » du fils Biden, car celui-ci est également artiste peintre (!). À 100 000 $ pièce, le gain final a été d’1,5 millions de dollars. Curieusement, certains acheteurs auraient bénéficié de la part du papa de nominations prestigieuses. Nouvel épisode stupéfiant, avec l’audience de « plaider coupable » de Hunter Biden devant une magistrate du Delaware, l’État fief politique de son père. Le Ministère fédéral de la justice a eu une idée lumineuse pour mettre la famille à l’abri. Il a proposé au fils du président de reconnaître quelques peccadilles fiscales, et d’accepter après négociation une peine symbolique. En général, les autorités de poursuite renoncent à aller plus loin. L’accord doit être soumis à un juge du siège qui l’homologue. La juge de district du Delaware, Maryellen Noreika, chargée de cette homologation a annulé l’accord négocié entre l’avocat de Hunter Biden et l’équipe du procureur du ministère de la Justice de Joe Biden.

Sur le fond Hunter Biden avait reconnu deux délits fiscaux et des actes répréhensibles dans une affaire d’armes à feu. Mais l’accord avait été construit d’une manière inhabituelle qui aurait donné à Hunter Biden l’immunité contre des accusations supplémentaires relatives au fait de ne pas s’être enregistré en tant qu’agent étranger en vertu de la loi FARA. Violation qui a permis justement les multiples trafics d’influence que les investigations de la chambre des représentants font apparaître. Madame Noreika n’a pas aimé du tout et ce d’autant que les protecteurs de la famille Biden n’ont pas hésité à charger la barque. Jason Smith le président du comité des voies et moyens de la Chambre des représentants, avait fait déposer un mémoire « d’amicus curiae » dans le dossier soumis à la magistrate. C’est un mécanisme procédural par lequel le tribunal autorise une personne ou une entité à participer à une instance existante entre des parties afin qu’elle lui fournisse des informations susceptibles d’éclairer son raisonnement. Le matin de l’audience, une personne se faisant passer pour l’avocat soutenant le mémoire a pris contact avec le greffier du tribunal pour lui demander de le retirer du dossier du juge ! On imagine le niveau de panique du camp démocrate face à cette grossière manœuvre.

Alors, les républicains vont-ils se lancer dans la procédure de destitution que justifierait ces péripéties invraisemblables et l’évidence du niveau de corruption vertigineux qu’affiche la famille de l’actuel locataire de la Maison-Blanche ? La question s’était déjà posée relativement à son état de santé et à l’évidence de facultés cognitives altérées. Le problème est qu’outre la longueur et la difficulté de cette procédure, pendant la campagne électorale des primaires qui va s’ouvrir à l’automne, la destitution de Joë Biden poserait des problèmes difficilement solubles. Si le congrès prononçait son impeachment, Kamala Harris lui succéderait alors. La perspective de voir arriver dans le bureau ovale une personne dont la sottise abyssale est désormais irréfutable, terrorise l’ensemble du monde politique américain. Dans ce cas, si celle-ci était poussée à la démission ce serait l’actuel président de la chambre des représentants qui prendrait la place. Mais Kevin McCarthy est républicain…

L’Union Européenne quant à elle, et la France en particulier, embarquée dans le Titanic américain en troisième classe se désintéresse des voies d’eau et semble ne pas imaginer une seconde qu’il puisse y avoir des icebergs devant.