dimanche 21 avril 2024

 

La nouvelle étape de la marche vers la souveraineté nationale panafricaine au Sénégal

vendredi 19 avril 2024 par Diagne Fodé Roland (RC)

Le peuple a chassé dans les urnes l’État libéral néocolonial hors la loi. Le grand absent dans la victoire a été pour la première fois de l’histoire du Sénégal le mouvement syndical sous la houlette des bureaucraties chasseurs de perdiem.
La jeunesse a payé un lourd prix macabre, de blessés et emprisonnés pour obtenir cette révolution citoyenne dans les urnes contre l’État hors la loi.
L’espérance ainsi que l’attente sont grandes pour que les deux alternances libérales néocoloniales après 40 ans de pouvoir du PS social-libéral cèdent la place à l’alternative souverainiste.

Le nouveau pouvoir hérite d’un État libéral néocolonial.

Une dette externe et interne estimée à 15.000 milliards de francs CFA, une économie contrôlée par 600 entreprises françaises, une bourgeoisie nationale majoritairement confinée dans l’import-import et dans l’économie informelle, un État dont le rôle socio-économique stratégique a été réduit à néant par les diktats libéraux du FMI, de la Banque Mondiale et de l’OMC, une souveraineté monétaire panafricainement bradée à l’ex-métropole coloniale, une intégration de la bourgeoisie compradore dans les réseaux prédateurs françafricain, eurafricain, usafricain, une corruption systémique et endémique de la petite bourgeoisie politicienne et/ou technocratique d’État alternante au pouvoir depuis plus de 60 ans servile à l’impérialisme et utilisant ses fonctions à la tête de l’État comme le chemin le plus court pour devenir milliardaire, une gouvernance francophile excluant les cadres formés ailleurs qu’en France, en Europe et aux USA, une aliénation culturelle consécutive à l’assimilationnisme colonial francophile « peau noire masque blanc », un présidentialisme se soumettant les pouvoirs judiciaire, législatif, médiatique, etc dans le cadre d’un règne autocratique.

La révolution citoyenne souverainiste dans les urnes n’a pas brisé mais a hérité de cet État néocolonial.
Et le nouveau pouvoir compte sur les travailleurs et agents résistants de l’État néocolonial pour appliquer le programme alternatif de Pastef et de la « coalition Diomaye = Sonko président ».
La lutte contre les corrupteurs et les corrompus est à l’ordre du jour.

Nous autres révolutionnaires communistes du camp souverainiste devons continuer à contribuer à l’expérience en cours consécutivement à notre participation à la lutte pour abattre l’État hors la loi de Macky/APR/BBY /PS/PDS et notre contribution à l’actuelle hégémonie culturelle du souverainisme en mettant en application le principe énoncé par Mao Tsé Toung « unité, critique, unité ».

Consolider la victoire par la tenue du congrès de Pastef et des législatives.
Changer cet héritage qu’est l’État néocolonial, devenu par la mal-gouvernance libérale mafieuse un État hors la loi, nécessite aussi l’élection d’une nouvelle Assemblée Nationale dès la fin des deux ans légaux de la 14éme législature.

Annoncée en 2021, la fusion dans Pastef/Les Patriotes des 14 organisations dont Yoonu Askan Wi qui rassemble en son sein les résistants de l’ex-gauche communiste historique issus des partis traîtres And-Jëff, PIT, LD, RTA-S avait été manifestée par la signature du protocole de fusion, la mise en place du Bureau Politique, du Cabinet du président du parti, de la rédaction des nouveaux statuts, des commissions scientifiques, des structures des cadres, des jeunes, des femmes, des Domu Daraa, des Magi Pastef, de la commission préparatoire du premier congrès et de fusion dans Pastef/Les Patriotes, etc.

Toutes ces structures internes étaient provisoires jusqu’à la tenue du premier congrès et de fusion de Pastef/Les Patriotes.
Ce congrès n’ayant pu être organisé en raison de l’agression répressive de l’État hors la loi libéral néocolonial de Macky/APR/BBY, il devient nécessaire de le réaliser avant la dissolution et la prochaine élection législative.

Prolonger la consolidation du souverainisme au pouvoir par une réforme constitutionnelle

Une des leçons de la lutte récente a été le retour répressif entre 2021 et 2024 contre le camp souverainiste sous la houlette de Macky/APR/BBY de l’époque 1960/74 marquée par la dissolution en 1960 du PAI, premier parti indépendantiste du Sénégal, par la clandestinité imposée, l’emprisonnement, la torture subis par les révolutionnaires sous l’égide le parti unique UPS de Mamadou Dia/Senghor puis après le coup d’état de 1962 du PS sous Senghor.

Les « multipartisme limité » puis « intégral » qui sont des conquêtes démocratiques de nos luttes dans la clandestinité ont été ensuite instrumentalisés pour renforcer le présidentialisme singeant la 5éme République de la métropole impérialiste coloniale.

La première alternance libérale du PDS puis la seconde APR/BBY flanquées des renégats ex-leaders de la gauche communiste empêtrés dans les travaux pratiques de la collaboration de classe dans les pouvoirs libéraux néocoloniaux se sont transformées littéralement en État hors la loi sanglant et embastilleur contre le nouveau « moom sa reew, bok sa reew, defaar sa reew » porté par le nouveau camp souverainiste.

La trahison des Assises Nationales et de la CNRI par la quasi-totalité de ses signataires doit maintenant être réparée par son actualisation par l’actuel gouvernement souverainiste non signataire dans la perspective d’une refondation parlementaire de la République mettant fin à ce que d’aucun appelle « hyper-présidentialisme ».

Le souverainisme se divise en trois

L’opposition frontale à la mal-gouvernance des corrupteurs et corrompus, à la servilité abrutissante à la françafrique, l’eurafrique et l’usafrique pilleuses de nos richesses nationales et l’option souverainiste de la jeunesse pour une vie meilleure au pays contre l’émigration piroguière ou désertique macabre pour devenir sans papiers dans les « eldorados » en déclin d’Europe et des USA met en présence trois courants au sein même du camp souverainiste uni :

- le souverainisme libéral mondialiste qui considère que seul le secteur privé crée des emplois et permet la transformation industrielle des richesses nationales pour obtenir une valeur ajoutée en vue d’exporter ;

- le souverainisme conservateur libéral mondialiste qui ramène le souverainisme à sa dimension culturaliste sans différencier ce qui est progressiste et réactionnaire ;

- le souverainisme révolutionnaire qui œuvre pour que les classes laborieuses (ouvrier, paysan, éleveur, pêcheur, travailleur de l’informel) s’invitent dans le grand débat national pour le « moom sa reew, bok sa reew et defaar sa rew ».

Dans cette phase post-victoire électorale, la recette maoïste « unité, critique, unité » est la méthode indiquée de consolidation souverainiste pour que notre pays renforce progressivement à terme, mais sûrement, l’Alliance des États du Sahel (AES) pour que vive « l’union libre des pays libres d’Afrique » selon la juste formule des communistes Tiémokho Garan kouyaté et Lamine Arfan Senghor.

Nous invitons le président Bassirou Diomaye Faye et le premier ministre Ousmane Sonko, président de Pastef/Les patriotes à veiller à l’unité à égale dignité des courants du camp souverainiste.

 

Syndicalistes CGT et militants Fi ciblés par le bourgeoisie : il va falloir faire front !

dimanche 21 avril 2024 par RC

Cette dernière semaine a vu la multiplication des attaques contre la démocratie, la guerre à dimension génocidaire qu’Israël mène contre le peuple de Palestine étant le prétexte à la tentative de bâillonner les forces de résistances en France.

Vous trouverez ci-dessous 2 déclarations du RC :

Affaire de l’Université de Lille contre J-L Mélenchon : nouvelle attaque contre la démocratie !

L’Université de Lille a donc fini par interdire la conférence de Jean-Luc Melenchon et Rima Hassan sur la Palestine prévue à l’Université de Lille ce jeudi 18 avril. Cette décision est une honte : le durcissement de la situation internationale évoquée dans les motifs n’est qu’un prétexte pour dissimuler les pressions menées par des élus PS, macroniste, de droite et RN [lire la suite sur notre site]

Tous et toutes unis derrière Jean-Paul Delescaut et l’UD CGT du Nord !

La sanction injuste, scandaleuse, honteuse est tombée : le secrétaire général de l’Union départementale des syndicats CGT du Nord, Jean-Paul Delescaut, est condamné à 1 an de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende pour le délit imaginaire d’« apologie du terrorisme ». Tout ça pour un simple tract (collectif d’ailleurs, pas en son nom), de solidarité avec la lutte du peuple palestinien. La fascisation de l’appareil judiciaire est en marche. [lire la suite sur notre site]

A présent, c’est Rima Hassan, juriste franco-palestinienne candidate FI, qui est la cible de la macronie. Le Rassemblement Communiste lui apporte tout son soutien [https://www.instagram.com/rassemblementcommuniste/p/C59AMASMOls/?img_index=1]

 

Le mouvement pacifiste nord-américain à un point d’inflexion

19 AVRIL 2024

Aujourd’hui dans ce weekend de la fin d’avril 2024, comment faire percevoir à quel point la nuit dans laquelle nous paraissons nous enfoncer, la confusion, les haines gratuites qui sont partout le lot quotidien et créent découragement, en fait traduisent aussi une avancée de ce qu’on peut appeler le monde en train de naitre. Il nait sur un terreau, celui qui ne cesse de se gonfler des espérances trahies, des répressions, de l’injustice qui grandit mais il est aussi différent de tout ce qui l’a précédé. Si c’est plus perceptible dans “le sud” qui se bat ou construit, ça l’est également au cœur de l’impérialisme. Le mouvement pacifiste nord-américain conteste les guerres américaines en cours en Ukraine et en Palestine et les préparatifs de guerre avec la Chine. Du brouillard de ces guerres, une orientation anti-impérialiste claire émerge. Comme le note l’article, il a une forte composante juive dans la dénonciation de ce qui se passe en Palestine et qui a été le détonateur. Donner une chance à la paix n’a jamais été aussi clairement compris comme une opposition à ce que Martin Luther King, Jr., a appelé « le plus grand pourvoyeur de violence dans le monde : mon propre gouvernement ». Ce qui est également intéressant c’est l’idée que l’impérialisme US n’est pas un accident dû à de mauvais politiciens, c’est un système qui doit être abattu en priorité.

Mais l’intérêt de l’article tient aussi à la manière dont ce qui se passe en France, y compris le rôle d’une gauche française qui peut être identifié aux diverses tendances des démocrates dans un pays où le communisme a été “éradiqué” parait un copié-collé de ce qui se passe aux Etats-Unis et dans la plupart des pays soumis à l’empire… là aussi l’analogie est un “adjuvant épistémologique” comme dirait Bourdieu mais il y a aussi le terrain fortement dégradé sur le plan économique et social, beaucoup de choses dépendent de la lutte des classes et des revendications à vivre dans la dignité. Mais il y a l’affaiblissement des partis communistes, en France l’effacement de la mémoire communiste inscrite dans la fierté ouvrière et populaire va très loin et on s’interroge sur les chances d’une reconstruction face à ce qui se passe au niveau géopolitique. A ce titre, sur le plan idéologique, l’Italie est souvent plus intéressante que la France dans laquelle la liquidation du communisme, la social-démocratisation a été plus loin. (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

PAR ROGER HARRISFacebook (en anglais seulementGazouillerSur RedditMessagerie électronique

Le mouvement pacifiste nord-américain à un point d’inflexion

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Les groupes palestiniens, musulmans, arabes et juifs antisionistes ont été à l’avant-garde du mouvement pacifiste anti-impérialiste. Avec de fortes composantes de jeunesse, ils ne sont pas déroutés par le fait de s’appuyer sur des démocrates libéraux vendus (par exemple, contre la guerre en Irak) ou par des appels utopiques à des organisations sans leader sans revendications concrètes (par exemple, Occupy). Ils n’ont pas non plus été distraits par des expressions individualistes de colère en saccageant de petites entreprises ou en affrontant la police par des confrontations aventureuses.

La résistance palestinienne a radicalisé des millions de personnes dans le monde. La revendication populaire d’un cessez-le-feu permanent en Palestine conduit à un projet encore plus vaste visant à mettre fin à l’ordre impérialiste dirigé par les États-Unis.

La conscience générale du mouvement pacifiste résurgent reflète la normalisation de l’anti-impérialisme en tant que courant dominant. Le sentiment anti-guerre devient explicitement anti-impérialiste.

Évolution de la compréhension du conflit en Ukraine

Le mouvement pacifiste reconnaît que, bien que l’action du Hamas du 7 octobre ait été une surprise, elle n’a pas simplement éclaté à l’improviste. Le soulèvement a eu une gestation de 75 ans à partir de la Nakba de 1948 et de la création de l’État colonialiste d’Israël.

Dans un premier temps, il y avait moins de clarté concernant les événements du 24 février 2022 en Ukraine. Grâce à la recherche et à la réflexion, la plupart des membres du mouvement ont compris que le conflit n’avait pas commencé ce jour-là. L’intervention russe prétendument « non provoquée » en Ukraine a été déclenchée par le rapprochement de plus en plus de l’OTAN de la frontière russe, le coup d’État de Maïdan en 2014, le sabotage des accords de Minsk, etc.

Un consensus est en train de mûrir dans le mouvement anti-guerre selon lequel l’Ukraine est une guerre par procuration menée par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN pour affaiblir la Russie. Même les principaux responsables de la presse et du gouvernement reconnaissent maintenant le conflit comme une « guerre par procuration totale » menée par les États-Unis dans le but d’utiliser le peuple ukrainien pour mettre la Russie hors d’état de nuire de manière mortelle.

De même, les opinions se rejoignent autour de la reconnaissance qu’il n’y a qu’une seule superpuissance avec des centaines de bases militaires étrangères, la possession de la monnaie de réserve mondiale et le contrôle du système mondial de paiement et de transaction SWIFT. Le simple fait de réduire le conflit à un conflit de capitalistes contestataires obscurcit le contexte de l’empire.

Le mouvement anti-guerre peut différer sur la question de savoir s’il faut qualifier le 24 février d’invasion, d’incursion ou d’opération militaire spéciale pour protéger les régions ethniques russes de l’Ukraine attaquées. Mais l’unité s’est forgée sur le fait que la solution au conflit est un règlement négocié et que le projet des États-Unis et de l’OTAN de « gagner » la guerre est une menace pour la paix mondiale. L’exception est le Réseau de solidarité avec l’Ukraine (USN).

Toujours en utilisant le langage de l’anti-impérialisme, les intellectuels et activistes de gauche de l’USN s’opposent à une paix négociée mais se font les champions d’une “victoire” soutenue par les Etats-Unis et l’OTAN. En outre, ils soutiennent le “droit” des États-Unis à financer ce qu’ils considèrent comme une guerre contre Poutine. Leur déclaration à l’occasion du deuxième anniversaire de la guerre accuse Washington d’avoir un “double standard” en soutenant l’impérialisme en Palestine et en se rangeant du côté de la justice en Ukraine.

L’appel de l’USN à une victoire sur l’Ukraine est conforme à celui du parti démocrate. En revanche, la position de la United National Antiwar Coalition (UNAC) sur l’Ukraine est la suivante : “Non à la guerre par procuration de l’OTAN et à l’aide militaire de 80 milliards de dollars accordée par Biden à l’Ukraine ! Non à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ! De même, Peace in Ukraine Coalition demande : “ARRÊTEZ les armes !

Le mouvement pacifiste anti-impérialiste émergent considère que la nature de l’impérialisme américain est systématique et non élective. L’empire américain est fondamentalement impérialiste ; ce n’est pas une question de choix.

Première grande conférence anti-guerre depuis la pandémie de Covid

Pour la première grande conférence  anti-guerre depuis la pandémie de Covid, l’UNAC a réuni 400 militants à Saint Paul, MN, du 5 au 7 avril, sous la bannière de la “décolonisation et de la lutte contre l’impérialisme”. Parmi la cinquantaine de groupes participants figuraient l’Alliance pour la justice mondiale, les Musulmans américains pour la Palestine, l’Alliance noire pour la paix, CodePink, l’Organisation socialiste de Freedom Road, le Réseau de la communauté palestinienne des États-Unis et le Parti mondial des travailleurs.

Parmi les organisations locales figuraient Students for Justice in Palestine, Twin Cities Students for a Democratic Society et les vénérables Women Against Military Madness, qui manifestent chaque semaine dans les rues depuis 1982. Danaka Katovich de CodePink, Cody Urban de Resist US Wars, Wyatt Miller du Minneapolis Antiwar Committee et un certain nombre d’autres jeunes leaders ont fait état de l’immédiateté de l’organisation militante.

La libération de la Palestine contre le colonialisme a été l’un des principaux points centraux de la conférence. Mnar Adley, rédactrice en chef de MintPress News, a décrit de manière émouvante son expérience de vie sous la répression israélienne. Aujourd’hui, a-t-elle expliqué, « l’Intifada a été mondialisée », ajoutant que la résistance palestinienne et le mouvement qui la soutient ont révélé que les démocrates étaient le « parti assoiffé de sang et assoiffé de guerre qu’ils sont ».

À l’approche de l’élection présidentielle américaine, les participants à la conférence ne se faisaient pas d’illusions sur le fait que l’un ou l’autre des partis défendrait la paix. L’initiative de voter aux primaires démocrates pour les « non-engagés » (pour signifier l’opposition à la complicité de Biden dans la guerre contre Gaza et pour exiger un cessez-le-feu) a reçu un soutien considérable. Des slogans spontanés de « honte » ont éclaté tout au long de la conférence chaque fois que la conduite des démocrates a été soulevée.

K.J. Noh, de Pivot for Peace, a mis en garde contre les préparatifs de guerre des États-Unis contre la Chine. Michael Wong, de Veterans for Peace, a décrit la lutte mondiale non pas comme une lutte entre la démocratie et l’autoritarisme, mais comme une lutte de libération nationale contre l’impérialisme.

Les ambassadeurs Lautaro Sandino du Nicaragua, dont le gouvernement poursuit l’Allemagne devant la Cour internationale de justice pour avoir facilité le génocide d’Israël, et le Dr Sidi M. Omar du Front Polisario du Sahara occidental ont pris la parole lors de la conférence. La solidarité internationale s’est affirmée dans les ateliers sur les zones de paix dans nos Amériques, l’opposition aux mesures économiques coercitives et le NON à l’OTAN.

La lutte contre la répression contre le mouvement a été soulignée par la présentation d’Efia Nwangaza sur la campagne « Stop Kop Cities » et celle du Dr Aisha Fields sur la résistance aux attaques contre le Parti socialiste du peuple africain. Mel Underbakke s’est adressé aux coups montés par le FBI contre les musulmans, et la lanceuse d’alerte du FBI, Colleen Rowley, a informé la conférence de la mobilisation en faveur de Julian Assange. Des leçons ont également été tirées par les orateurs des défenses réussies des 23 anti-guerre et de la libération du diplomate vénézuélien Alex Saab.

Tâches à venir

Janine Solanki, de la Mobilisation contre la guerre et l’occupation à Vancouver, a parlé du « mouvement anti-guerre et pro-palestinien qui se déploie et qui a le potentiel d’aller au-delà du mouvement anti-guerre du Vietnam ». Elle a indiqué que ce qui a été un mouvement spontané de masse doit maintenant évoluer vers une forme plus coordonnée et structurée. « Nous avons l’humanité de notre côté… Notre rôle est de vraiment organiser ces forces ».

Margaret Kimberley, rédactrice en chef du Black Agenda Report (BAR), a conclu la conférence avec le mandat de mettre fin aux guerres au pays et à l’étranger. Le contexte actuel est celui d’un régime économique néolibéral qui ne parvient pas à répondre aux besoins intérieurs de base et d’une pax americana mondiale de plus en plus contestée. Se référant à l’atelier sur le changement climatique, elle a fait remarquer : « Nous sommes engagés dans une bataille pour la survie. Ce n’est pas une hyperbole ».

En bref, la conférence était révélatrice d’un mouvement plus large qui fusionne la démographie des jeunes – soutenue par les manifestations de masse contre la guerre contre la Palestine – avec la compréhension mature de la gravité des tâches à venir. Kimberly a conclu en conseillant de « s’engager dans une lutte de principe avec nos camarades. Si vous n’avez pas de difficultés avec quelqu’un, vous ne faites pas assez de travail ».

Perspectives pour le mouvement anti-impérialiste

La formule du Parti démocrate selon laquelle « Trump l’emporte sur tout » va-t-elle étouffer l’initiative anti-guerre ? En 2015, le regretté rédacteur en chef de BAR, Glen Ford, a écrit de manière prémonitoire : « Les démocrates espèrent que le mouvement Black Lives Matter, comme le mouvement Occupy Wall Street, disparaîtra au milieu du battage médiatique de la prochaine saison électorale. » Qu’adviendra-t-il du mouvement de protestation anti-guerre de 2024 lorsqu’une autre élection présidentielle américaine se profile dans cinq mois ?

La Conférence du peuple pour la Palestine, qui réunira du 24 au 26 mai à Détroit, réunira des groupes anti-impérialistes, dont le Mouvement de la jeunesse palestinienne, les Étudiants nationaux pour la justice en Palestine, Al-Awda et les Travailleurs de la santé pour la Palestine, résistera à l’absorption dans ce que Ford a appelé le blitz électoral démocrate pour enterrer le mouvement. La Coalition ANSWER, associée au Parti pour le socialisme et la libération, en est un élément de premier plan. ANSWER et certains de ces autres groupes ont également joué un rôle déterminant dans la mise en place de grandes manifestations pro-palestiniennes à Washington DC, les plus importantes jamais organisées aux États-Unis.

Jewish Voice for Peace (JVP), la plus grande organisation juive progressiste antisioniste au monde, fait partie des groupes confessionnels qui ont forgé une nouvelle identité implicitement anti-impérialiste pour leurs adeptes. Il est certain que JVP et d’autres organisations militantes juives, comme IfNotNow et International Jewish Anti-Zionist Network, continueront à protester contre le soutien militant des États-Unis au système d’apartheid d’Israël en unité avec les groupes palestiniens et d’autres groupes d’activistes.

Cet été, CodePink, Bayan et d’autres seront confrontés aux plus grands exercices de guerre interarmées au monde avec Cancel RIMPAC. Des manifestations sont également prévues pour le sommet du 75e anniversaire de l’OTAN, les 6 et 7 juillet, à Washington DC ; la Convention nationale républicaine à Milwaukee, du 15 au 18 juillet ; et la Convention nationale démocrate à Chicago, du 19 au 22 août.

Roger Harris est membre du conseil d’administration du Groupe de travail sur les Amériques, une organisation anti-impérialiste de défense des droits de l’homme fondée il y a 32 ans.


 

Pour clore mon dimanche sur ce monde nouveau qui est déjà là, voici ma contemporaine palestinienne

On a rencontré Samia Halaby, peintre palestinienne pionnière de l’art abstrait

“L’artiste palestinienne Samia Al-Halabi, 87 ans, remporte un prix d’honneur “spécial” à la Biennale de Venise. ce site a rencontré Samia Halaby, peintre palestinienne pionnière de l’art abstrait. je pense que Nous appartenons au même monde, celui dont l’enfance a tremblé sous le bruit des bombes, celui qui n’a jamais oublié la rupture inouïe de l’URSS, il peuvent moquer la vieillesse, qu’ils s’inclinent devant celle qui ne détache jamais ce qui se passe à Gaza ou dans le monde de l’impérialisme et du rôle des USA et de ses vassaux occidentaux. Y compris quand on est au coeur de l’empire et que la reconnaissance en dépend… Mais lisez plutôt ce que cette palestinienne dit : “La translation picturale de la réalité nous permettrait ainsi “de nouvelles découvertes esthétiques” autant que des compréhensions inédites du monde qui nous entoure, de mises à mal de nos certitudes.” C’st aussi cela que je veux défendre dans histoireetsociete. (note de danielle Bleitrach histoireetsociete)

Image :

© Samia Halabyphoto de profil

Par Lise Lanot

Publié le 25/09/2023

Dressant un lien entre son abstraction et son identité palestinienne, Samia Halaby interroge la réalité et le monde qui l’entoure grâce à son art.

Enfant, Samia Halaby s’amusait à peindre “comme beaucoup d’enfants”. Au contraire de la plupart des enfants, la petite fille voit les sons, qui revêtent couleurs et formes à ses oreilles. Au contraire de nombre d’enfants également, elle subit la guerre et la colonisation : “Enfant, je voyais les tensions du monde extérieur. Il y avait les couvre-feux et le bruit nocturne des balles. Les matins de nos derniers mois à Jaffa, je rassemblais les douilles tombées pendant la nuit sur notre balcon. Je réveillais mon père les mains remplies.”

Pendant la Nakba, Samia Halaby a 11 ans. Elle et sa famille quittent la Palestine pour le Liban puis les États-Unis. Là-bas, elle continue de peindre, étudie le design à l’université. Aujourd’hui, l’artiste a 87 ans et elle n’a jamais cessé de peindre, de raconter sa terre natale et de donner la parole à ses compatriotes palestinien·ne·s. Ses pinceaux, ses crayons et, au bout d’un moment, son ordinateur lui permettent de voir et montrer le monde autrement.

Samia Halaby, 908 Unknow Destinations, 2020.

Des découvertes esthétiques et humaines

Comme une nécessité, elle interroge la réalité, défait ses formes et tord sa perspective. Pionnière souvent oubliée de l’abstraction, elle joue avec “la géométrie et la symétrie de la nature” depuis ses débuts, sourit-elle en visio, depuis son appartement new-yorkais :

“J’ai suivi la trace commencée par les Constructivistes soviétiques dont j’admirais le travail et de qui j’ai lu avec grande attention les écrits. Je me suis basée sur leur travail et ai imaginé une abstraction qui imite les principes de la nature.

Je regarde le monde depuis un point de vue mouvant. Je veux comprendre comment le mouvement convertit et modifie les formes et les couleurs d’un état à un autre. Pour moi, l’abstraction n’est pas une invention sèche qui sort du cerveau humain mais plutôt le cerveau humain qui observe la nature et la réalité, en extrait certains principes et les utilise pour créer des œuvres abstraites.”

Elle souligne le lien intrinsèque entre la peinture et les sociétés dans lesquelles nous vivons. La translation picturale de la réalité nous permettrait ainsi “de nouvelles découvertes esthétiques” autant que des compréhensions inédites du monde qui nous entoure, de mises à mal de nos certitudes.

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Samia Halaby, Pre Hawaii experimentation. (© Samia Halaby)

La figuration ou comment “devenir un appareil photo”

Refusant tout enfermement, Samia Halaby n’a pas peur de parfois s’éloigner de l’abstraction. Au fil de sa carrière, elle a ressenti le besoin de travailler des œuvres figuratives afin de documenter des événements “non photographiés, que les médias bourgeois préfèrent oublier”. L’artiste s’est demandé “comment devenir un appareil photo”.

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Elle dessine notamment le massacre de Kafr Qassem, de 1956, quand Israël a délibérément tué 49 travailleurs qui rentraient chez eux à la fin de leur journée”. Elle se rend sur place et rencontre les villageois·es et les proches des victimes afin de recueillir leurs témoignages : “Je voulais fidèlement rapporter ce qui s’était passé dans ce village. Je ne voulais pas créer une composition de symboles. Je me documentais consciencieusement, d’après une recherche attentive. Ce n’était pas une exploration de mon langage pictural comme avec ma peinture abstraite. C’est un usage réfléchi de l’histoire du langage pictural pour décrire un événement.”

Couverture de Drawing the Kafr Qasem Massacre, édité chez Schilt Publishing. (© Samia Halaby)

Armée de ses crayons, elle immortalise les visages des victimes : “Je ne voulais pas montrer des piles de cadavres. Je ne voulais pas que les enfants et petits-enfants voient ça. Je voulais aussi les montrer avant qu’ils ne meurent, représenter la violence des balles, la réalité de l’effondrement des corps parce qu’on ne connaît les tirs et la mort que d’après ce que nous montre Hollywood.”

Pour montrer les horreurs subies, la peintre ne montre pas que des visages. Nombre de ses œuvres représentent les oliviers, symboles de résistance de sa terre natale : “Quand le mur a été construit, des Palestiniens ont pu sauver certains arbres et les replanter dans la même orientation. C’était des oliviers réfugiés, des jeunes oliviers, des oliviers décapités. Ils ne donnaient plus toujours de fruits”, souffle Samia Halaby, qui n’oublie pas les oliviers qui n’ont pu être sauvés et sont devenus la possession de foyers israéliens. C’est aussi ces oliviers-là que l’artiste fixe sur ses toiles.

Samia Halaby en octobre 2020. (© Samia Halaby)

Exil et abstraction

Bien qu’éloignés de sa pratique abstraite, ces exercices de documentation interrogent les mêmes principes techniques, ceux de la compréhension des images, de leur composition et leur perspective. Munie de ses pinceaux, elle questionne le monde et ses représentations : “Je me suis demandé comment on voyait les choses. Par exemple, je me suis demandé ce qui se passerait si on supprimait les deux extrémités d’un cylindre et ses ombres : est-ce qu’on verrait toujours une forme ronde ? Cela m’a menée dans une recherche géométrique, une exploration de la perspective.”

Une pratique viscérale

Difficile de ne pas lier cette quête de “de la façon dont on voit les choses, l’horizon, l’espace” à l’expérience de l’exil et de la terre volée. “Il existe un lien entre mon abstraction et le fait que je sois Palestinienne, que ma maison m’ait été volée, que mes compatriotes soient constamment sous la terreur israélienne et états-unienne. Être Palestinienne et être considérée comme extérieure à la société états-unienne me permet d’avoir un point de vue extérieur sur l’intérieur – ce que ceux qui demeurent à l’intérieur ne peuvent pas avoir. […] Depuis l’extérieur, je suis libre de regarder où je veux, je vois que le monde est bien plus grand et que ceux qui restent à l’intérieur sont enfermés dans une cage pleine de privilèges, mais une cage quand même.”

Ses œuvres constituent des ponts entre les âmes et les sensibilités qui dépassent les différences de langue et de société : “Je m’inspire du monde dans lequel nous vivons toi et moi. Si tu aimes une de mes peintures, tu apprécies le fait qu’une artiste ait traduit en langage visuel quelque chose que tu connais. […] Une peinture peut être pornographique ou une illustration médicale. Ça peut être de la propagande raciste ou représenter la crucifixion du Christ, on peut l’utiliser pour dessiner un plan et construire des villes et des routes ; pour dessiner un missile qui détruira des milliers de vies ; pour une affiche présentant un message politique. Les peintures, les images, les dessins aident nos vies et nos mauvaises conduites mais, plus que tout, elles nous nourrissent et nous abritent.” 

Pour Samia Halaby, ce n’est pas seulement que la peinture est utile ou agréable : elle peut être dangereuse ou apaiser les âmes, elle est indispensable et elle représente un élan vital, depuis toujours et à jamais. 

Samia Halaby, 900 In Green Light, 2020.

Samia Halaby, 905 River Rapids, 2021.

Samia Halaby, 911 Red Velvet, 2021.

Samia Halaby, 914 Spawning Pool, 2021.

Samia Halaby, 920 Shadows of the Sun, 2022.

Vous pouvez retrouver le travail de Samia Halaby sur son site et sur Instagram. Elle a publié en 2003 son livre Liberation Art of Palestineun essai sur l’art palestinien de la seconde moitié du XXe siècle.


Le sens de l’assaut anarchique de l’Equateur contre le Mexique

19 AVRIL 2024

Dans le fond, il y a une logique à la manière dont Israël peut bombarder une ambassade, ne nous étonnons pas qu’il jouisse ce faisant de l’aval des USA et de la bande de truands qui chasse en groupe avec le parrain, c’est une pratique utilisée par les USA pour assassiner les dirigeants et politiques qui leur déplaisent. L’Equateur devenu laboratoire du pire de ce que recèle ce continent sous la botte impériale vient d’agir dans ce sens, mais le fantoche de l’empire ne fait qu’exécuter ce qu’on lui ordonne, l’assassinat, la torture, la guerre. Il faut être arrivé au niveau de division, de haine, d’imbécilité et sur le fond de consensus autour du capitalisme auquel est arrivé le monde politico-médiatique français, relayé par toutes les hystéries des réseaux sociaux pour adopter des pratiques de gangsters en refusant de mettre en cause le rôle de l’impérialisme, en renforçant les haines racistes de toutes part, j’ai rarement été aussi pessimiste sur l’état de mon malheureux pays, c’est pire que les USA où est en train de s’amorcer un mouvement de la paix conscient des réalités du moment. (note et traduction de Danielle Bleitrach histoire et société)

PAR EVE OTTENBERGFacebook (en anglais seulementGazouillerSur RedditMessagerie électronique

Source de la photographie : Asamblea Nacional del Ecuador – CC BY-SA 3.0

Ce que signifie l’assaut anarchique de l’Équateur contre le Mexique

La marionnette des États-Unis en Équateur, le président Daniel Noboa, a le vent en poupe. Tout d’abord, le Mexique rompt ses relations diplomatiques avec l’Équateur, après que des flics aient pris d’assaut l’ambassade du Mexique le 5 avril pour arrêter l’ancien vice-président Jorge Glas, qui s’y était réfugié, et dans l’affaire ont molesté le personnel de l’ambassade. Ensuite, le Nicaragua rompt ses liens. On ne peut que se demander quelle nation sera la prochaine à se débarrasser du régime voyou de l’Équateur. Certainement pas Washington, qui a créé un précédent pour ce comportement atroce il y a quelques années, alors que l’éminence grise derrière la police britannique a chassé Julian Assange de son sanctuaire à l’ambassade d’Équateur à Londres. L’Empire est rancunier et il ne pardonne ni n’oublie jamais : l’ancien président (de gauche) équatorien, Rafael Correa, avait ouvert l’ambassade à Assange, il est donc clair que lui et tout son ancien personnel sont maintenant une proie facile pour les hommes de main impériaux. Depuis que l’Empire – ou plutôt sa marionnette de gangsters, Noboa – a mis la main sur l’ancien vice-président de Correa, il y a fort à parier que les jours de Glas pourraient être comptés.

En effet, dans la soirée du 8 avril, on apprit sur X qu’après sa capture, Glas avait tenté de se suicider dans la prison de Guayaquil par overdose de médicaments et avait été transféré dans un hôpital militaire. Alors que certains rapports font état d’une grève de la faim, d’autres disent qu’il est maintenant dans un coma artificiel. Comme c’est commode pour ceux qui veulent se débarrasser de ce politicien qui gratte comme l’ortie ! Quelle heureuse coïncidence pour eux qu’au moment où ils ont été forcés de l’enlever violemment à l’ambassade du Mexique, il ait décidé de se suicider ! C’est étrange comme les choses se passent si bien pour les vassaux impériaux ! Qui aurait pu imaginer un développement aussi heureux pour le petit chien d’attaque de Washington à Quito ? Oh, et j’ai une explication à vous vendre.

« Je suis très inquiet qu’ils puissent tuer Glas », a déclaré le diplomate mexicain Roberto Canseco le 6 avril. Il s’avère que ses inquiétudes étaient justes. Canseco « a été visiblement secoué après avoir été agressé par la police équatorienne », a rapporté Kawsachun News, « alors qu’ils envahissaient l’ambassade du Mexique à Quito afin d’enlever » Glas. Canseco a vu de près la brutalité des voyous officiels équatoriens et sait qu’ils ne plaisantent pas. Et puis, pour souligner l’anarchie fondamentale du régime de Noboa, dans la soirée du 12 avril, les tribunaux équatoriens ont jugé la détention de Glas illégale et qu’elle violait les lois sur la perquisition des ambassades. Le gang Noboa s’est-il conformé à la décision du tribunal ? Pas du tout. Glas est toujours en détention.

Il ne s’agissait donc pas d’une violation pacifique du caractère sacré d’une ambassade tel qu’il est énoncé dans la Convention de Vienne. « L’ambassadeur du Mexique a été violemment battu et le personnel a été forcé de partir », selon le journaliste Denis Rogatyuk le 6 avril. « En termes juridiques, il s’agit d’une invasion du Mexique par les forces armées équatoriennes. » Le président mexicain Manuel Andres Lopez Obrador a rapidement rompu « les relations diplomatiques avec le régime de Noboa. Même Augusto Pinochet au Chili n’a pas osé envahir les ambassades d’autres pays.

Mais en fait, il y a eu plusieurs attaques d’ambassades en Amérique latine au fil des ans : l’assaut du Pérou en 1987 contre l’ambassade du Japon ; l’attentat à la bombe incendiaire perpétré en 1980 contre l’ambassade d’Espagne au Guatemala ; l’invasion uruguayenne de l’ambassade du Venezuela en 1976. Toutes ces ambassades abritaient des personnes que les gouvernements locaux pourchassaient – et même capturaient et tuaient. Il y a donc un précédent criminel sanglant, mais cela n’en est pas moins scandaleux.

Cette prise d’assaut de l’ambassade du Mexique en Équateur est survenue après une impasse de plusieurs mois. Glas « avait été condamné deux fois pour corruption et séjournait à l’ambassade depuis la fin de l’année dernière », a rapporté RT le 6 avril. « Glas insiste sur le fait qu’il a fait l’objet de persécutions politiques. » Eh bien, s’il ne l’était pas avant, il l’est certainement maintenant. Les laquais latino-américains de Washington n’emploient pas le lawfare à la légère – à tout le moins, cela mène à la prison, comme ce fut le cas pour le président brésilien Luis Inacio Lula da Silva. On ne peut qu’envisager le pire auquel un voyou comme Noboa (l’héritier de l’empire bananier de 36 ans et fils de l’homme le plus riche d’Équateur) pourrait avoir recours. Il va sans dire que cette absurdité érode la confiance dans les tribunaux et c’est en fait le moindre de ses maux. Mais le lawfare semble être l’arme de prédilection de Washington contre les politiciens étrangers qu’il n’aime pas. Pensez à la façon dont il a été utilisé contre Correa lui-même, qui vit maintenant en exil à Bruxelles depuis 2018, Lula et le Pakistanais Imran Khan, pour commencer.

La rancune entre la CIA et tout ce qui concerne Correa remonte à 2012, lorsque le président de l’époque, Correa, a accordé l’asile à l’éditeur de Wikileaks, Julian Assange, à l’ambassade d’Équateur à Londres. Il a fallu sept ans à Washington pour sortir Assange de ce créneau et mettre la main sur lui, et pour cela, vous pouvez parier votre chèque de paie que l’État profond américain blâme Correa. Washington le considère donc sans aucun doute comme un gibier – et une menace. Après tout, l’homme de gauche Correa est très populaire en Équateur et est donc resté au pouvoir pendant plus de 10 ans. Ce politicien rusé sait très bien que l’Empire est à ses trousses et s’est sagement tenu à l’écart des griffes équatoriennes compromises en Belgique, depuis que Washington a retourné son successeur Lenin Moreno.

Moreno s’est présenté à la présidence en tant qu’acolyte de Correa, mais après s’être emparé de la couronne, il a rapidement poignardé Correa dans le dos, abandonnant son mentor pour l’étreinte très louche de Washington. Des accusations de financement illégal de campagne ont été portées contre Correa en mai 2019, et il est devenu clair que s’il retournait un jour à Quito, il risquait la prison – au mieux. Mais surprise ! Le peuple équatorien n’aimait pas Moreno et maintenant il est parti, remplacé par une figure de proue néolibérale de Washington, Guillermo Lasso, puis Noboa – en poste depuis seulement six mois, puisqu’il a remplacé Lasso lorsqu’il a été menacé de destitution – qui est clairement pire. Le régime de Noboa s’en est pris à Glas et il est probable qu’il en poursuivra d’autres de l’administration Correa. Ce serait le bon moment pour tous les fidèles de Correa d’émigrer.

Les autorités équatoriennes ont tenté de justifier l’invasion de l’ambassade du Mexique en affirmant que Glas pourrait échapper à leur emprise féroce. Bien que Glas soit là depuis un certain temps, le 5 avril, « le Mexique lui a accordé l’asile sur la base de son insistance sur le fait qu’il avait été soumis à une persécution politique », a rapporté RT le 7 avril. Le soir même, les flics ont pris d’assaut l’ambassade, ce qui semblait être la nouvelle méthode de choix des vassaux impériaux pour persécuter les dissidents en fuite. Mais le Mexique n’est pas le seul pays à s’opposer à la violence contre ses diplomates : « De nombreux pays d’Amérique latine, dont l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Chili, le Venezuela et d’autres, ont dénoncé les actions de l’Équateur. » Il en va de même pour la Colombie, Cuba, le Honduras, le Panama et l’Uruguay. Qui peut dire que certains d’entre eux ne suivront pas l’exemple du Mexique et du Nicaragua et ne couperont pas les liens avec le régime voyou de Noboa ?

Le Mexique était furieux. « Il s’agit d’une violation flagrante du droit international et de la souveraineté du Mexique », a tonné le président Obrador. Comme l’a dit un responsable mexicain, compte tenu de ce mépris flagrant « de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et des blessures subies par le personnel diplomatique mexicain en Équateur, le Mexique annonce la rupture immédiate des relations diplomatiques avec l’Équateur ». Selon Common Dreams du 6 avril, le Mexique a rapporté que « des membres du personnel de l’ambassade ont été blessés lors du raid. Ils ont également déclaré que tout le personnel diplomatique mexicain quitterait immédiatement l’Équateur et que le Mexique ferait appel à la Cour internationale de Justice pour que l’Équateur rende des comptes. Ma prédiction est que Noboa s’en fout ; Juste une supposition folle sur quelqu’un d’assez effronté pour briser toutes les subtilités du droit international.

Pendant ce temps, Washington a tenté d’aplanir les choses pour sa marionnette agressive, l’ancien responsable du département d’État Eric Farnsworth déclarant à CNN le 7 avril que le raid de l’Équateur était « impulsif et inutile… [il] transforme un criminel en victime et donne aux adversaires un point de ralliement contre » Noboa. Mais Will Freeman, du Council of Foreign Relations, craint que cette attaque éhontée « soulève des inquiétudes quant aux mesures que Noboa est prêt à prendre pour se faire réélire. Son mandat se termine en 2025, car il n’a été élu que pour terminer le mandat de l’ancien président Guillermo Lasso », selon Spectrum News le 6 avril.

Rappelez-vous que l’élection que Noboa a remportée a été très irrégulière, avec la violence des cartels de la drogue, un candidat assassiné et des sourcils levés sur la façon dont les autres candidats, y compris Noboa, ont mené leurs campagnes. Avec le recul, il ne faut pas s’en étonner. Si Noboa est si désireux de saccager le droit international, l’immunité diplomatique et la protection des ambassades, personne ne devrait être choqué s’il montre le même mépris pour les lois du pays qui a le malheur d’être gouverné par lui. Oui, il y a de quoi s’inquiéter. Noboa pourrait être sur le point de voler les prochaines élections en Équateur – violemment.

Eve Ottenberg est romancière et journaliste. Son dernier livre s’intitule Lizard People. On peut la joindre sur son site web