LA NOVILLADA MATINALE, AVEC LES HÉRITIERS DE D.J.Ma. ESCOBAR.
Trois quarts d'arènes, beau temps, palco qui respecte l'horaire, impatience du public. Tout est réuni. Clarines.
El DANI tente de recevoir et d'intéresser son premier novillo, avec quelques difficultés, mais le manso préfèrerait enjamber la barrière. Il est mis en suerte au centre du ruedo, et fonce pour une modeste piquette. Replacé au milieu, il refuse d'en sortir. Puis se décide, au terme de longues, très longues hésitations. Seconde piquette. La 3° mise en suerte s'avère inutile, d'ailleurs, les mêmes erreurs seront souvent répétées au long de la matinée, les novillos, mansos, pour la plupart, refusant d'embestir à distance. A 20 mètres du cheval, le premier novillo reste immobile, distrait. Faible, également, il accomplit plusieurs génuflexions devant la muleta. Peu de charge, plus toreo parallèle, ne diminue pas le danger: au contraire. Malgré ses carences pour charger la suerte et avancer la jambe, le DANI fait front avec courage, face à un novillo qui s'est avisé, il s'applique à dérouler quelques naturelles, hélas la muleta souvent pendue au bout des cornes. Le toro se décompose, il reçoit une entière un peu sur la côté, efficace, mais il lutte longuement contre son destin, près des planches: la caste ne trompe pas.
Doté d'un joli trapio, mais aux armures plus modestes, le quatrième est accueilli par véroniques. Puis reçoit une première lance dans l'épaule.(!!) Le novillo accuse le coup et boite. Deuxième charge en partant du centre, pique vite levée. Multiples cites du piquero pour provoquer la troisième embestida. Piquette. Suivie d'une faenita fuera de cacho, car le garçon oublie de se croiser, malgré la douce noblesse de son opposant. "Cosas de toreo moderno". Abus du pico, et comme de coutume, muleta souvent accrochée avec la main gauche, temple absent, comme la domination qui ne présentait pas beaucoup de difficultés. 1/3 d'épée, un autre, nombreux descabellos hasardeux ratés, à toro vif. A souligner les interventions de l'alguazil, frappant des coups répérés contre les planches, pour faire cesser la ronde des enterreurs. Idem pour les picadors qui s'endorment sur leurs actes crapuleux.
Comme ses frères, le second novillo, pour Imanol SANCHEZ est placé au centre du rond: deux rencontres avec la cavalerie, sorti seul de la seconde, troisième charge impossible, çà n'est décidément pas dans les vertus de la maison ESCOBAR. Leur lien commun est au contraire: mansedumbre, peu d'embestidas. Mais l'intérêt ne faiblit jamais, à mon goût. Par la suite, le novillo s'élance dans la cape pattes en avant, en jouant de ses pitones. A l'image de ce cabeceo, le toreo est désordonné, une autre pique m'aurait paru nécessaire. Après plusieurs avertissements, Imanol se fait prendre et secouer. Heureusement, plus de peur que de mal. Conclusion par une entière tendue et un peu miraculeuse.
Le cinquième sort en boitant: mouchoir vert. Le sobrero se blesse à son tour. Pour qu'il se remette sans doute de son handicap, SOPEÑO PALACIOS le gratifie de trois piques traseras(!): dans la gêne, pas de plaisir! Dépassé, décevant, dominé, Imanol entreprend une faenita dagereuse, il s'envoie dessus ce toro qui ne paraissait pas particulièrement avisé. Mais entre piques assassines et capotazos.....Quelques essais fébriles avec la main gauche, mais le novillo garde l'initiative et le dominio. Imanol ne semble disposé d'aucun recours, face au problème que lui pose ce quinto. Il réussit toutefois une entière tendue, et le novillo meurt debout, bouche fermée, comme la plupart de ses frères.
J'avais découvert Imanol SANCHEZ à ANDORRA et ALCORISA, en 2011: je n'ai pas décelé le moindre progrès.
Emilio HUERTAS hérite du troisième de la matinale, un manso perdido, gris, bien armé, qui voudrait lui aussi aller voir ce qui se passe dans le callejón. Début de panique, là, puis dans le ruedo. Deux piques poussées, puis deux paires de banderilles signées Angel OTERO BELTRAN, fortement ovationnées. Le novillo s'avère noble, peut-être le plus noble de la matinée. Série de derechazos applaudis. Puis le ESCOBAR gratte le sol, avant de s'engouffrer dans la série de naturelles que déploie HUERTAS. Mais la muleta rencontre les cornes, le novillo découvre le jeu et garde la tête haute, oeil et cornes aux aguets. Il n'a pas subi de domination, il n'a pas humilié suffisamment. Une entière adroite et correcte, et il finit son combat en luttant contre la mort, bouche fermée. Oreille généreuse.
Avec un peu moins de trapio, le sixième se présente doté de belles armures. MARTINEZ SUAREZ, le piquero de turno, le massacre par deux fois, sans vergogne. Pour ses deux paires de bâtonnets cloués avec art et entrega, José OTERO BELTRAN reçoit la même ovation que son frère Angel. Dos artistas, los hermanos. Ensuite, faena brouillonne, HUERTAS fait des passes fuera de cacho. Sans se croiser. En fait de croisement, c'est du toreo de rond point, ironise un voisin. En point d'orgue: une naturelle, avec pico télescopique, à 1 mètre 50 de la ceinture. Arrimate, lance une voix rauque. Mais Emilio n'entend que le bruit de la pendule de son estomac qui marque bientôt 14H. Conclusion par 2/3 d'épée atravesada.
FIN DU DEUXIÈME ACTE, en attendant les ESCOLAR de la tarde.