mercredi 18 juillet 2012

CÉRET DE TOROS: ACTE II, Hros D.J. Ma. ESCOBAR

LA NOVILLADA MATINALE, AVEC LES HÉRITIERS DE D.J.Ma. ESCOBAR.


Trois quarts d'arènes, beau temps, palco qui respecte l'horaire, impatience du public. Tout est réuni. Clarines.

El DANI tente de recevoir et d'intéresser son premier novillo, avec quelques difficultés, mais le manso préfèrerait enjamber la barrière. Il est mis en suerte au centre du ruedo, et fonce pour une modeste piquette. Replacé au milieu, il refuse d'en sortir. Puis se décide, au terme de longues, très longues hésitations. Seconde piquette. La 3° mise en suerte s'avère inutile, d'ailleurs, les mêmes erreurs seront  souvent répétées au long de la matinée, les novillos, mansos, pour la plupart, refusant d'embestir à distance. A 20 mètres du cheval, le premier novillo reste immobile, distrait. Faible, également, il accomplit plusieurs génuflexions devant la muleta. Peu de charge, plus toreo parallèle, ne diminue pas le danger: au contraire.  Malgré ses carences pour charger la suerte et avancer la jambe, le DANI  fait front avec courage, face à un novillo qui s'est avisé, il s'applique à dérouler quelques naturelles, hélas la muleta souvent pendue au bout des cornes. Le toro se décompose, il reçoit une entière un peu sur la côté, efficace, mais il lutte longuement contre son destin, près des planches: la caste ne trompe pas.
Doté d'un joli trapio, mais aux armures plus modestes, le quatrième est accueilli par véroniques. Puis reçoit une première lance dans l'épaule.(!!) Le novillo accuse le coup et boite. Deuxième charge en partant du centre, pique vite levée. Multiples cites du piquero pour provoquer la troisième embestida. Piquette. Suivie d'une faenita fuera de cacho, car le garçon oublie de se croiser, malgré la douce noblesse de son opposant. "Cosas de toreo moderno". Abus du pico, et comme de coutume, muleta souvent accrochée avec la main gauche, temple absent, comme la domination qui ne présentait pas beaucoup de difficultés. 1/3 d'épée, un autre, nombreux descabellos hasardeux ratés, à toro vif. A souligner les interventions de l'alguazil, frappant des coups répérés contre les planches, pour faire cesser la ronde des enterreurs. Idem pour les picadors qui s'endorment sur leurs actes crapuleux.

Comme ses frères, le second novillo, pour Imanol SANCHEZ est placé au centre du rond: deux rencontres avec la cavalerie, sorti seul de la seconde, troisième charge impossible, çà n'est décidément pas dans les vertus de la maison ESCOBAR. Leur lien commun est au contraire: mansedumbre, peu d'embestidas. Mais l'intérêt ne faiblit jamais, à mon goût. Par la suite, le novillo s'élance dans la cape pattes en avant, en jouant de ses pitones. A l'image de ce cabeceo, le toreo est désordonné, une autre pique m'aurait paru nécessaire. Après plusieurs avertissements, Imanol se fait prendre et secouer. Heureusement, plus de peur que de mal. Conclusion par une entière tendue et un peu miraculeuse. 
Le cinquième sort en boitant: mouchoir vert. Le sobrero se blesse à son tour. Pour qu'il se remette sans doute de son handicap, SOPEÑO PALACIOS le gratifie de trois piques traseras(!): dans la gêne, pas de plaisir! Dépassé, décevant, dominé, Imanol entreprend une faenita dagereuse, il s'envoie  dessus ce toro qui ne paraissait pas particulièrement avisé. Mais entre piques assassines et capotazos.....Quelques essais fébriles avec la main gauche, mais le novillo garde l'initiative et le dominio. Imanol ne semble disposé d'aucun recours, face au problème que lui pose ce quinto. Il réussit toutefois une entière tendue, et le novillo meurt debout, bouche fermée, comme la plupart de ses frères.
J'avais découvert Imanol SANCHEZ à ANDORRA et ALCORISA, en 2011: je n'ai pas décelé le moindre progrès. 
Emilio HUERTAS hérite du troisième de la matinale, un manso perdido, gris, bien armé, qui voudrait lui aussi aller voir ce qui se passe dans le callejón. Début de panique, là, puis dans le ruedo. Deux piques poussées, puis deux paires de banderilles signées Angel OTERO BELTRAN, fortement ovationnées. Le novillo s'avère noble, peut-être le plus noble de la matinée. Série de derechazos applaudis. Puis le ESCOBAR gratte le sol, avant de s'engouffrer dans la série de naturelles que déploie HUERTAS. Mais la muleta rencontre les cornes, le novillo découvre le jeu et garde la tête haute, oeil et cornes aux aguets. Il n'a pas subi de domination, il n'a pas humilié suffisamment. Une entière adroite et correcte, et il finit son combat en luttant contre la mort, bouche fermée. Oreille généreuse.
Avec un peu moins de trapio, le sixième se présente doté de belles armures. MARTINEZ SUAREZ, le piquero de turno, le massacre par deux fois, sans vergogne. Pour ses deux paires de bâtonnets cloués avec art et entrega, José OTERO BELTRAN reçoit la même ovation que son frère Angel. Dos artistas, los hermanos. Ensuite, faena brouillonne, HUERTAS fait des passes fuera de cacho. Sans se croiser. En fait de croisement, c'est du toreo de rond point, ironise un voisin. En point d'orgue: une naturelle, avec pico télescopique, à 1 mètre 50 de la ceinture. Arrimate, lance une voix rauque. Mais Emilio n'entend que le bruit de la pendule de son estomac qui marque bientôt 14H. Conclusion par 2/3 d'épée atravesada.

FIN DU DEUXIÈME ACTE, en attendant les ESCOLAR de la tarde.

MORENO DE SILVA EN CÉRET: JUSTITO!

PRÉAMBULE.
Bien sûr, les aficionados espagnols, très nombreux autour de nous, notamment les catalans du Sud, ne tarissent pas d'éloges sur CÉRET, sur la chance que nous avons, nous, Français, de pouvoir compter encore sur des plazas telles que celle-ci, où l'afición sans bornes d'une poignée de militants permet que nous puissions assister à de véritables lidias de véritables toros, à l'heure où le perri-toro dégénéré a remplacé le fauve qui seul autorise la poursuite du passionnant combat séculaire que l'on nomme la corrida.
Et ils ont raison!
Mais quelques excès et débordements auxquels nous avons assisté durant ces deux journées peuvent aussi laisser craindre des revers désagréables, dangereux, même, pour le futur de ce pour quoi nous luttons: la fiesta brava authentique. Par exemple on a vu des piqueros qui ont massacré les toros, sous l'oeil impassible et complice de certains toreros, comme MARIN, la sortie en triomphe  de José ESCOLAR GIL, qui ne s'imposait pas, suivie d'un troisième personnage porté lui aussi "a hombros", et d'autres choses qui me reviendront...
J'ai beaucoup aimé:
- le solo de David GONZALEZ, artiste parmi les artistes, interprétant seul, face à EL FUNDI, avant le paseillo, à l'entrée du ruedo, "En er Mundo", en honneur à José PRADOS, pour son dernier combat  en VALLESPIR.
- les retrouvailles, souvent émouvantes, avec les amis aficionados accourus de partout, les Cérétans, bien sûr, André, Robert, et Bruno, mais ausi le Narbonnais JLB- disparu dimanche a.m.?-, Maxime, Jean, Julito, Yohan, Zanzi, Juanique, Florent, Vincent, Éric, tous jeunes aficionados qui ont pris le flambeau, JPC, Pierre du 31, Pierre du 30 et Colette, André, Francine, Serge B. et Madame, d'Avignonet, les amis Miélanais longtemps perdus de vue, Claude, Mireille, Serge, Joaquim, Vicente, Josemi, sans oublier les Quintana - trois générations- et tous ceux que je peux oublier le temps de ce petit texte, je leur demande pardon.
- la tradition Cérétane: le bonheur de retrouver ce ruedo unique, dans son cadre merveilleux, la "Cobla millenaria," interprétant d'abord, juste avant la sortie du premier toro, "els Segadors", ( les Moissonneurs), hymne dédié aux paysans de Catalogne, puis enfin, avant la sortie du dernier toro, "la Santa Espina", en référence au Christ, mélodie magnifique accompagnée avec les palmas par toute une arène debout.

J'ai détesté:
- la présence pesante de la "sécurité", jusque sur les andanadas, où les aficionados qui s'expriment et protestent par des cris, des broncas, comme il est de tradition dans une arène et dans les corridas, depuis la nuit des temps, sont surveillés comme des jeunes délinquants. Le prix de nos places augmente démesurément, notamment en partie pour payer des gens qui, en retour de nos sacrifices financiers, se comportent comme des flics surveillant des casseurs que nous ne sommes évidemment pas, épiant nos moindres faits et gestes, l'oreille collée à leur téléphone, prêts à intervenir parce qu'un spectateur de la peña "CHUTTTT!" crée son petit scandale: parce qu'un aficionado plus exigent a morigéné son torero préféré, n'a pas apprécié son absence d'engagement, de cargar la suerte: de nos jours, il faut rester light, applaudir les astuces, ou/et se taire. Sinon, on s'expose à la vindicte des névrosé(e)s, dans  leurs dangereux états délirants
Messieurs de l'ADAC, laissez ces gens-là - les maniaques de la surveillance et de l'ordre dont ils ont une notion trop étriquée- en bas des gradins, SVP, il se répand un détestable climat d'intolérance, au point qu'un illuminé a publié aujourd'hui sur son blog la photo d'un aficionado qui lui déplait, en priant les organisateurs de l'interdire d'arène. Le pétainisme est de retour! Si c'est pas de la délation fasciste, de sinistre mémoire, c'est quoi?

SUR LA CORRIDA, BRIÈVEMENT...
Le premier MORENO DE SILVA a poussé trois fois sous le fer. Le FUNDI, lui, a beaucoup reculé, il est depuis longtemps en "pré-jubilación". On ne lui en voudra pas. Mais ces cérémonies se répètent, se succèdent, et ne garantissent rien de bon pour la suite des hostilités, les compagnons de cartel sont invités à partager l'ovation, et ils ne se mouillent pas par la suite davantage pour cela. Minimum syndical, pico, et profil. José a logé un acier dans le ventre du premier. Le quatrième avait de petites cornes, FUNDI le laissait s'échapper au cheval, sans faire l'effort de le retenir. Faenita à un torito qui humiliait, et golletazo final. Une oreille!!! Merci, bravo, M. MANENT, mais ce cadeau était vraiment DE TROP,  vous pouvez dès maintenant prendre du repos, et vous abstenir.
Le numéro 2 est magnifique, armé, et difficile à fixer. Il cherche la sortie de secours,  par dessus les planches. Tito SANDOVAL lui administre une vraie pique, puis deux piquettes, enfin provoque la quatrième charge pour un regaton: public debout, ovation! A son tour, avec les banderilles, David ADALID est invité à saluer. Par la suite, à la muleta, le SILVA s'avère noble, permettant une faena templée, mais sans se croiser, et donc sans émotion ni transmission. Conclusion par une entière tendue. Javier CASTAÑO salue, puis s'avance pour la vuelta. Sifflets et bronca: retour immédiat au callejón. Le cinquième boite, le mouchoir vert se fait attendre. Changement. Le sobrero prend deux piques de voyou, dont une dans l'épaule, crapuleuse. CASTAÑO se fait avertir deux fois, puis tente quelques naturelles sur la passage. Il se fait secouer, mais continue sa faena marginale. Jamais dominé, le toro ne charge qu'à moitié. Sans doute l'effet désastreux de la pique. 1/3 d'épée qui ressort.

Serafin MARIN cultive une détestable spécialité: il laisse trop fréquemment s'échapper ses toros vers le piquero, sans "pouvoir" les retenir. Puis les laisse assassiner par le même, sans bouger le petit doigt. Ajoutez y ses attitudes disgrâcieuses, arc bouté loin de l'animal, aujourd'hui, il n'a pas failli à la règle. Batacazo à la première rencontre du toro avec le piquero. Le manso- comme ses frères, tous mansos, avec un fond de caste- rue comme un baudet. Il reçoit deux rations, puis part encore seul pour le troisième puyazo, puis le quatrième, que ALMODOVAR lui administre consciencieusement, après les clarines, MARIN fait alors semblant d'intervenir. Déjà, pourrait-on dire avec humour. Si çà n'est pas de la magouille la plus honteuse!!!..
Il n'empêche: le toro restera quand même, et comme très souvent dans ce cas, même trop piqué, le maître du rond. Serafin recule la jambe pour le faire passer à distance, pico largement déployé. Une naturelle croisée émerge enfin de la médiocre prestation. Pas de transmission, ni émotion à fortiori, la mise en suerte de matar s'éternise, deux mete y saca avant un bajonazo.
Magnifique, lui aussi, le sixième pousse à la première rencontre, puis sort vite seul de la seconde. Puis repart pour une troisième sous le regard toujours indifférent du Catalan- MARIN ne "sait" ou ne "veut" pas le retenir- Puis il sort et revient ensuite se coller au carapazon. La faena sera du même niveau que la première, parallèle, superficielle, à des kilomètres du MORENO, hormis là aussi quelques détails de la gauche. Mais si peu! Et avec une attitude si empruntée....
2/3 d'épée pour conclure une tarde qui ne restera pas sur les rétines. Fin du premier acte.

CONCLUSION.
Lot assez bien présenté, dans le type, trois furent plus nobles, les autres un peu moins maniables. Tous solides, aucun ne fléchirent, ils arrivèrent bouche fermée à la mort. Tous ont dominé leurs opposants bipèdes, seul Javier CASTAÑO me parut celui qui disposa de plus de recours, il émergea grâce à de beaux gestes, malgré un tirage au sort qui ne l'avantageait pas. Les six toros furent applaudis à la sortie des chiqueros, peu à pas à l'arrastre.
Me reste surtout de cet élevage le souvenir du MORENO DE SILVA qui prit dix piques à CARCASSONNE il y a quatre ans, qui resta seul au milieu du ruedo, face au cavalier qui ne lui épargna pas la ration qu'on imagine, pendant que tous les piétons se terraient derrière les planches, sans oser sortir.
Et qu'un président minable ne gratifia même pas de l'immense vuelta al ruedo qui s'imposait. Alors que le novillero osa s'attribuer la vuelta

Mais, de tels toros: il en sort un tous les combien ?