«Prise illégale d’intérêts», «trafic d’influence» : le bras droit de Macron visé par une plainte
© Benoit Tessier Source: Reuters
Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée
RT en français
L’association
de lutte contre la corruption et la fraude fiscale Anticor a adressé au
Parquet national financier une plainte contre l'actuel secrétaire
général de l’Elysée, Alexis Kohler. L'affaire concerne notamment ses
liens avec l'armateur MSC.
L'association
Anticor a déposé le 1er juin 2018 une plainte contre Alexis Kohler,
secrétaire général de la présidence de la République, pour «prise
illégale d’intérêts» et «trafic d’influence».
Décrit comme le bras droit d'Emmanuel Macron par Le Monde,
Alexis Kohler est notamment mis en cause pour ses relations étroites
avec l’armateur MSC (Mediterranean Shipping Company), société avec
laquelle l'Etat français a mené de nombreuses négociations pendant que
le haut fonctionnaire occupait des postes clés au ministère de
l’Economie.
La plainte d'Anticor survient quelques semaines après des révélations du site Mediapart qui
mettent en valeur l'évolution professionnelle d'Alexis Kohler entre ses
fonctions au service du gouvernement en 2016 et sa promotion par la
suite en tant que directeur financier de la société italienne MSC.
Détails à suivre...
À
44 ans, cet Alsacien accède à un poste de tour de contrôle, occupé par
d'autres fidèles lieutenants avant lui, comme Dominique de Villepin sous
Jacques Chirac, ou Claude Guéant sous Nicolas Sarkozy.
« C'est le seul » qu'Emmanuel Macron « écoute vraiment », assure un proche du nouveau président, qui juge son aîné de cinq ans « plus intelligent que lui ».
Favori
pour ce poste, Alexis Kohler succède à Jean-Pierre Jouyet, dernier
secrétaire général de l'ère Hollande, qui avait été un des artisans de
l'essor de l'ancien secrétaire général adjoint du palais présidentiel,
Emmanuel Macron.
Alexis Kohler « est
un haut fonctionnaire d'une très grande qualité, d'une extraordinaire
précision quand on lui confie un dossier. Il a beaucoup de sang-froid », loue un de ses anciens patrons, le commissaire européen Pierre Moscovici.
« Il
a une grande connaissance à la fois de l'administration et de
l'entreprise. Il est agréable, pondéré, courtois, c'est un homme dont
les relations humaines avec les autres sont faciles. Il est vraiment
l'homme de la situation, il saura impulser du dynamisme », ajoute l'ancien ministre de François Hollande.
Comme
beaucoup d'autres membres du premier cercle du nouveau chef de l'État,
le haut fonctionnaire, aux cheveux poivre et sel et aux fines lunettes, a
un CV surchargé: Sciences Po, DEA de droit public, Essec, ENA... À la
sortie de la promotion Averroès de l'ENA en 2000, où il est le camarade
des futures ministres Fleur Pellerin et Audrey Azoulay, il entre à Bercy
au Trésor, avant de se spécialiser dans l'endettement international
(Club de Paris, FMI, BIRD...), puis à la très puissante Agence des
participations de l'État (APE).
Un "Macron boy"
Avec le retour de la gauche au pouvoir, il intègre en 2012 à Bercy le cabinet de Pierre Moscovici, comme directeur adjoint. Écarté sous la brève ère Montebourg, il voit lui échapper le poste de directeur du Trésor, pour lequel « il était bien placé », selon un haut responsable de Bercy à l'époque.
Ce poste à l'Élysée, « c'est une belle revanche », juge le même, qui note toutefois qu'Alexis Kohler devra « élargir son expertise au régalien, au-delà des questions économiques et juridiques ». Après l'éviction du héraut du « made in France »,Alexis Kohler était revenu à Bercy avec une promotion: directeur de cabinet du ministre de l'Économie Emmanuel Macron, qu'il avait côtoyé lorsqu'il était conseiller à l'Élysée.
Lieutenant
durant le marathon de la loi Macron et sur l'épineux dossier de PSA,
Alexis Kohler est en première ligne au moment du lancement d'En Marche!
en avril 2016.
Mais
contrairement à beaucoup d'autres membres du premier cercle, il a dû
suivre une large partie de la campagne de loin, même s'il a exercé un
rôle de conseiller à distance.
Car
lorsque Emmanuel Macron démissionne en août 2016 de son poste de
ministre de l'Économie pour se consacrer à son aventure présidentielle,
le directeur de cabinet part à Genève, comme directeur financier au siège de l'armateur italo-suisse MSC*, un des géants du secteur.
Ce
quadra marié et père de trois enfants, décrit comme discret, reste
toutefois en contact régulier avec son ex-patron. Un autre « Macron boy » de Bercy, Ismaël Émélien, atterrit avec lui à l'Élysée, comme conseiller spécial, à 30 ans seulement.
*Basé en Suisse, à Genève, MSC a été créé en 1970, par Gianluigi Aponte, un Italien de Sorrento, près de Naples. Selon le site meretmarine.com, le groupe emploie 60 000 personnes dans le monde, dont 700 à Genève, où il est basé « pour des raisons fiscales », selon Frédérick Auvray, journaliste à l’hebdomadaire le marin.
La Suisse est connue pour son système d’imposition attractif pour les sociétés.
Depuis toujours, la famille italienne, qui tient les rênes, cultive la discrétion. Non-coté en bourse, le groupe ne publie jamais ses résultats.
Depuis toujours, la famille italienne, qui tient les rênes, cultive la discrétion. Non-coté en bourse, le groupe ne publie jamais ses résultats.
(Il est rappelé plus haut qu'Alexis Kohler en était jusqu'à sa promotion à l'Elysée, le directeur financier...)
(*) Le titre est de ma pomme
(*) Le titre est de ma pomme