DÉCEVANTS NOVILLOS PORTUGAIS
Les spectateurs
auront éprouvé une grande déception, à l’issue de la novillada
matinale du dimanche 13 Juillet. L’élevage Portugais de VALE DO
SORRAIA (Herdade de Madeiros-COUÇO) suscitait pourtant envie
et curiosité, et, dans sa recherche d’encastes variés, l’ADAC
méritait au moins de recevoir l’appui du public le plus large.
Mais ses efforts n’ont pas été récompensés à
leur juste mérite, même si la novillada conserva jusqu’au bout
l’intérêt habituellement recherché par les aficionados,
davantage préoccupés ici par le choix des encastes dignes de
combattre dans les ruedos, que par les défilés d’animaux
insignifiants ou indignes d’être qualifiés de toros de combat.
Ici, il y eut en effet des vrais
novillos, parfois des novillos-toros, à la présentation impeccable,
gabarit magnifique, armures quasiment
irréprochables, veletos, astifinos, sauf le dernier, aux défenses
plus discrètes. Mais tous firent preuve des mêmes insuffisances:
ils sortirent vite de la pique, se défendirent plus qu’ils ne
poussaient, ils furent imprévisibles, sans cette étincelle qui
grandit les combats des vrais « mansos con casta ». Ni
noblesse, ni bravoure. Des hachazos à tout va, des embestidas sans
alegria contre la cavalerie – hormis DEUX vraies piques poussées,
15 piquettes ou picotazos, dans le dos, l’épaule, ou carioqués,
plus infâmants les uns que les autres –. Mais comme ils avaient
des cornes et qu’ils savaient instinctivement s’en servir, ils
cherchèrent en permanence à faire le ménage, d’autant que, en
reculant dès les premiers muletazos, leurs jeunes opposants leur
montrèrent vite le chemin à ne pas suivre.
Rapidement, les
novilleros se montrèrent ainsi à leur désavantage, avec un bagage
trop mince, face à ces toros pas forcément difficiles, mais qui
n’étaient pas là pour rendre aux jeunes piétons la tache aisée:
dès le début de ses deux « faenas », Diego FERNANDEZ
enclancha la marche arrière, se fit accrocher de multiples fois le
leurre, fit des passes de profil, donna à son second novillo les
défauts qu’il n’avait pourtant pas à sa sortie des chiqueros,
étalant ainsi le vide abyssal existant entre la tauromachie
enseignée dans les écoles pour être appliquée à des demi-toros,
et la réalité devenue imprévisible, lorsque apparaissent dans
l’arène des animaux tels qu’ils devraient toujours être:
puissants, armés, imprévus, sauvages, tout le contraire de la
domec-stication en vogue pour petites vedettes sans recours, et qui
entraine la corrida à sa perte.
Golletazos, pinchazos
multiples, ronde des enterreurs, rien ne manqua. Toreria désasreuse.
Robert BLANCO m’avait,
semble-t-il, fait bien meilleure impression que ce jour, mais il se
fit pareillement promener par son premier opposant : multiples
muletazos désordonnés, accrochés, sur la main droite comme sur la
gauche, faena sans relief, sans domination, au contraire, c’est le
novillo qui resta le maitre du ruedo. Entière sur le côté, 4
pinchazos, 7 descabellos. Second novillo plus noble, faible, sans
charge, BLANCO étire le bras, mais sans succès. Nombreux
accrochages sur les deux mains, toreo fuera de cacho. Entière
foudroyante.
Idem pour Vicente SOLER,
que nous avions vu avec de meilleures dispositions, par le passé.
Aujourd’hui, il fut à l’unisson de ses compagnons de cartel.
Profil, passes à reculons, ce n’est plus pasito detràs, c’est
marathon en marche arrière. Avec un desplante de tricheur, par
dessus le marché, et quelques gogos de se réjouir ! Céret
deviendra-t-il Palavas, malgré la pédagogie méritoire déployée
par l’ADAC ? Personne ou presque, peu de sifflets, pour
rappeler à l’ordre le peon Miguelito, qui se précipite pour
puntiller crapuleusement le novillo qui a simplement glissé et
s’étale sur le sable!!! Face au dernier, même destoreo: SOLER
recule avant d’achever sa naturelle, faenita tronquée, ou truquée,
comme on voudra. Un quart d’épée, mort trop longue, près de
trois minutes.