Deux
éboueurs, arrêtés vendredi matin à Paris au volant d’un camion-benne
qu’ils conduisaient en vue de déverser des détritus devant le siège de
La République en marche (LREM) pour protester contre la politique du
parti présidentiel. Un rassemblement de soutien à ces deux travailleurs
syndiqués à la CGT a eu lieu sur place pour demander leur libération.
« Ils n’ont rien volé »
Une
vidéo de l’arrestation montre les agents mis en joue par des policiers
armes au poing, l’un des éboueurs assis par terre et menotté, tandis que
la partie sud de l’avenue de l’Opéra a été fermée à la circulation une
partie de la matinée, a constaté sur place l’Humanité.
Les
deux agents projetaient de se joindre à une action symbolique menée au
même moment au siège de LREM à l’appel de la CGT énergie Paris par
environ 300 gaziers et électriciens accompagnés de cheminots des gares
Montparnasse et d'Austerlitz, d’éboueurs, d’égoutiers et d’autres
personnels des services publics. « Ils n’ont rien volé, ils ont utilisé un outil de travail dans le cadre d’une action collective syndicale revendiquée », affirme à l’Humanité Cédric Liechti, secrétaire général de la CGT énergie Paris, qui dénonce une interpellation d’une «
violence extrême où l’on a braqué des syndicalistes comme des
terroristes ». « Les deux agents sont accusés d’un vol de camion-benne,
accusation totalement absurde que nous nions avec énergie », a réagi de son côté la confédération CGT, qui poursuit : «
Nous (leur) apportons notre soutien, notre solidarité, (et) exigeons
leur libération immédiate et aucune poursuite. Le gouvernement Macron
méprise les lycéens, les étudiants, les salariés qu’il traite comme des
hors-la-loi ».
Une action syndicale pacifique
L’action des agents des services publics se voulait absolument « pacifique »,
rappelle la CGT. Parvenus peu après 9 heures au siège de LREM, un hôtel
particulier bien caché au fond de la cour d’un immeuble du 2e
arrondissement de Paris, les participants se sont heurtés à
l’intervention de policiers, qui les ont repoussés sans ménagement à
coups de gaz lacrymogènes, a constaté l’Humanité. Tandis que
des CRS étaient dépêchés dans les rues adjacentes pour faire la course
aux syndicalistes, la fourniture d’électricité a subitement été coupée
du côté du siège de LREM. « Avant la ‘‘marée populaire’’ appelée ce
samedi, nous avons décidé de mener une action interprofessionnelle de
convergence des luttes avec nos collègues des services publics contre la
destruction du fruit de 70 ans de luttes sociales, a expliqué un peu plus tôt à l’Humanité Cédric Liechti. En
ciblant le parti au pouvoir, on conduit une action symbolique contre la
politique d’Emmanuel Macron tout entière au service du patronat. »
Pour
le responsable de la CGT énergie Paris, la présence côte à côte dans
l’action des cheminots et des agents de l’énergie se justifie par la
nature semblable des attaques contre les services publics : « La
conséquence de la libéralisation de l’énergie, c’est 70 % d’augmentation
des tarifs du gaz depuis 2004 et 30 % pour l’électricité, poursuit Cédric Liechti. D’ici
un an, tous les accueils publics de l’électricité auront disparu dans
la capitale, avec la fermeture programmée du dernier d’entre eux. A
Paris, on comptait 17 agences quand EDF et GDF étaient 100 % publics.
Nous ne sommes pas en lutte par solidarité avec les cheminots, mais
parce qu’on est tous concernés. Si la SNCF tombe, tout le monde va s’en
prendre plein la figure. On en a bien conscience. »
Multiplication des initiatives revendicatives
Auparavant,
des agents avaient démonté 300 concentrateurs Linky répartis dans toute
la région parisienne. L’absence de ces instruments, qui échangent des
données avec les compteurs des particuliers, perturbe le relevé des
consommations.
Source: l'Humanité du 24 05 2018
Note de ma pomme:
Naturellement, les médias de la pensée au service du capitalisme parle
de camion volé. Si je vous dis que je suis solidaire de l'action de mes
camarades CGT, m'en voudriez-vous beaucoup si je veux un autre monde?