J'ai omis de souligner les efforts pédagogiques des Orthéziens dans le domaine de la lidia, et notamment ce texte distribué dans les escaliers pour expliquer au public l'importance de sa mise en valeur : bravo! C'est tellement plus important que d'inviter à applaudir n'importe quoi, à réclamer la musique à tout bout de champ, et à agiter un mouchoir blanc pour récompenser les gestes les plus infâmes.
Si toutes les plazas et placitas de France et de Navarre, à commencer par les revisteros papiers et bloggers, pouvaient s'en inspirer, plutôt que de baver sur les courageux qui tentent de défendre et promouvoir une tauromachie authentique, hardiment autre que commerciale, ils couperaient définitivement l'herbe sous les pieds des adversaires de la corrida! Et le Mollécon pourrait enfin ainsi à écrire autre chose que des débiles copié-collés de trois lignes .....
Première déconvenue, première interrogation: qui est ce Pilarito, n° 76, qui ne figure pas sur le dépliant? Invalide, noble, certes, la faiblesse est vite devinée. Un picotazo, cambio ! Un comble, pour cette plaza qui nous avait mis l'eau santacoloma à le bouche. Nous aurons l'explication plus tard, -trop tard, hélas - Plusieurs chutes plus tard, apprès quelques passes profilées, 3/4 de lame mettront fin au supplice de ce pauvre torito et des aficionados dépités.
Le second, n° 90, Tejon, est un tonton qui fonce sur un peon tout en évitant le piquero. Après les deux rencontres avec le cheval, il est mené au centre par Cruz. Essai à droite, puis à gauche: Tejon coupe le terrain, plusieurs fois Cruz est désarmé, ainsi que son peon. Le danger est présent. Une demi épée règle le sort de se novillo qui aura donné beaucoup de fil à retordre au matador.
Buscador , n° 62, cinq ans bien tapés, ne semble pas s'intéresser à Raoul Velasco, ni à personne.
Après deux charges contre la cavalerie, il répond enfin aux sollicitations de la muleta du madrilène, qui accomplit une faena assez agréables, par derechazos, naturelles, redondos, série à droite terminée par un cambio de bonne facture. Nouvelle série de naturelles précédant une demie sur le côté, l'oreille me parait généreuse après une telle épée. Vuelta fleurie.
N° 4, Miñoto est un negro bragado bien armé, que le torero ne souhaite pas voir. Il continue à pousser à l'issue de la troisième rencontre, après les clarines, sans que ni Vicente ni l'alguazil n'interviennent avec la vigueur qui doit s'imposer. Faena décousue, muleta sur le passage, lidia bâclée : golletazo, puis pinchazo, puis épée tendue sur le côté et en arrière, 7 puntillas !! Circulez!
Dictador, n° 69, a cinq ans et demi, mais il manquera de jus, et sera mal lidié par Cruz, au bas de sa forme. La troisième rencontre au cheval ne donnera rien. Après un brindis au ciel, Cruz entame une faena qui ira a menos, après que le bicho ait semé la panique dans le ruedo. Le toro s'arrête dans la muleta, Cruz le fait passer, sans dominio, ni mandar, ni templar, il capitule et se permet même un desplante de mauvais aloi. D'un golletazo, il abat le toro qui se couche près du toril.
Cinq ans et demi également, c'est l'âge de Marqués, n° 98, très bien armé, beau, qui pousse aux planches malgré une vilaine pique trasera, puis depuis le centre, accourt et pousse à nouveau. Des hurlements à l'adresse du palco accompagnent le cambio. La faena sera sans relief, porfia habituelle, pourtant la noblesse de Marqués - sans rire !- permettait autre chose que ce toreo superficiel. Encore une entière dans le cou, et le toro se couche.
Rideau !
Corrida décevante, certes, public parfois aviné et agressif envers les aficionados plus exigents que les ignares qui applaudissent les pires attitudes, - vas-y, toi, puisque tu es si fort, me gueulait un voisin de tendido quand je protestais contre la vuelta de Ivan Vicente à son premier, mais qui faisais profil bas après la seconde prestation du même- et çà, les organisateurs n'en peuvent mais.
Cent fois sur le métier remettons notre ouvrage ....
Ah oui ! Le miracle du jour: quand "Miñoto" poursuit le banderillero qui trébuche et s'affale devant les planches, le toro l'évite, et lui laisse la vie sauve. Et çà, çà valait bien plus pour une grâce que l'indulto crapuleux de desgarbado: et tant pis pour les présidents professionnels que çà choquera et leurs petits amis complices.