GANADO DE MONTEALTO: ON EN REDEMANDE!
A la sortie des arènes, ce 24 juin, à ST SEVER, j'ai côtoyé sur quelques mètres deux jeunes spectateurs qui déclaraient s'être copieusement emmerdés. Je n'ai pas résisté au plaisir de leur dire que personnellement, j'aimerais bien pouvoir m'emmerder de cette manière, devant de tels bestiaux, TOUS les dimanches. Eh oui, on en arrive à ce paradoxe, une ignominie, même: les spectateurs zocatisés sont tellement habitués aujourd'hui à se pâmer devant des chèvres montées sur roulettes, - des bovidés robotisés pour obéir au moindre frisson de la flanelle-, qu'ils ne savent même plus goûter à la normalité, à l'essence même de la corrida, c'est-à-dire apprécier le trapio et la présence de vrais toros qui tiennent sur leurs pattes, qui ne s'agenouillent pas au premier picotazo. Fussent-ils mansos, encastés ou pas, au moins donnent-t-ils du fil à retordre à des garçons de moins en moins confrontés à de vrais toros, au moins transmettent-ils à l'aficionado l'émotion devenue rare du combat, de la puissance d'un fauve contre la ruse et l'art du torero d'éviter de se faire cueillir. Et encore: ceux-ci étaient très nobles, non pas débiles, mais sans mauvaises intentions.
En effet, les toros du jour n'ont démontré ni genio, ni sentido: ils étaient dans l'ensemble nobles mais sans fadeur. Parfois distraits, difficiles à fixer au moment de la pique ou de l'estocade, mansos, la plupart, grattant le sable avant de se décider à embestir, poursuivant parfois les banderilleros obligés de sauter dans le callejon pour ne pas se faire embrocher, ils ont suscité intérêt et suspense pour l'aficionado ravi, et fini par déborder des garçons peu habitués sans doute à se confronter à des novillos-toros, mais qui ont tout de même fait face, même avec leurs moyens limités. Mais à mon humble avis, le seul fait d'affronter par exemple le magnifique quinto bueno, de le toréer, de se jeter sur son impressionnant berceau frontal, et de l'estoquer, méritait autre chose, même après deux pinchazos, que les quelques palmas d'un public un peu froid, indifférent, dans doute plus mélomane qu'aficionado, puisqu'il n'oublia pas d'applaudir le répertoire de la peña "AL VIOLIN" de Mme DUPOUY.
Qu'importe: les MONTEALTO du jour, pour une plaza de la catégorie de ST SEVER qui s'honore d'avoir présenté un tel cartel, on en redemande, d'abord ici, et dans tous les ruedos. Mes amis et moi, unanimement, ces novillos nous ont ravis, nous ne nous sommes jamais ennuyés, au contraire, le lot dans son ensemble fut applaudi dès la sortie des chiqueros, parfois à l'arrastre, après d'honorables comportements au cours de la suerte de varas et plus tard dans la lidia, malgré le jeu de massacre habituel des piqueros. Solides, correctement armés, seuls deux d'entre eux parurent légèrement astillés, deux autres avec quelques doutes - fundas ? - leur présence en piste fit que la course ne baissa jamais d'intérêt. Et si l'ennui s'installa parfois, en fin de faena, ce fut par la faute des novilleros qui s'éternisèrent dans leur final de faena standard, alors qu'il falllait estoquer sans trop attendre.
A signaler une nouvelle fois l'incorrection, l'impolitesse du palco, qui prit place à 18H03: ce comportement est habituel dans la plupart des arènes, GRUET qui présidait n'a pas failli à la tradition bien ancrée chez les goujats m'as-tu-vu qui viennent là surtout pour se faire ainsi remarquer, plastronner, pour se faire prier, à chaque tarde, par des spectateurs dociles. Il faut dire que le guignol du jour nous a bien fait rire: il est resté debout, pendant tout le paseillo, balançant sa main d'un côté à l'autre, de gauche à droite, vers les têtes qui s'avançaient et se découvraient devant son "autorité", comme "un pape bénissant urbi é orbi depuis sa fenêtre romaine de la place St Pierre un défilé de pèlerins se prosternant devant sa sainteté", dixit mon jeune voisin Vicente, qui fait preuve d'humour autant que de saine aficion.
Il serait quand même agréable et salutaire que puissent cesser un jour de telles mascarades, et que l'on installe enfin aux palcos de véritables aficionados: des gens sérieux, désireux de faire respecter les règles et l'éthique de la corrida, des personnes qui n'obéissent pas au doigt et à l'oeil des toreros, et qui évaluent rapidement la majorité des pétitionnaires qui agitent un mouchoir, - l'oreille attribuée à CERRO pour son premier novillo n'était pas majoritaire, ni méritée, - des gens qui respectent et fassent respecter l'épreuve de la pique - par ex. un toro de ce jour n'a PAS reçu UNE seule pique, et les clarines ont sonné, et la seule pique du troisième novillo a été interrompue par les clarines (!!!!), mais sur la pique, un chapitre n'y suffirait pas, tellement il y a à dire, à redire, et à faire-, et qu'enfin la musique cesse IMMÉDIATEMENT dès que le torero est désarmé, ce qui inviterait le public à s'interroger sur le pourquoi des choses, et inciterait les indécis et les profanes à reconnaître et exiger de la corrida ce respect de l'intégrité que réclament les aficionados. Etc....
Bref, des présidents qui ne soient pas là pour faire admirer LEUR nombril, qu'ils prennent pour le centre de tous les intérêts, sinon ils seraient plus discrets et plus respectueux de ceux qui attendent, d'abord des acteurs de la corrida, ensuite de ceux qui PAYENT pour la voir!
Petite demi arène, hélas, pour cette novillada sérieuse qui méritait beaucoup mieux. Souhaitons que les organisateurs, s'il n'est pas trop tard, continuent de creuser le même sillon de l'authentique aficion, celle du choix du toro avant tout, afin que le public revienne en grand nombre à la plaza de ST SEVER, qui le mérite, par son engagement et sa persévérence dans ses choix, avec également la belle journée des onze encastes que nous avions vécue le 11 Novembre dernier.
SANDIN hérite d'un beau et bon novillo negro, qui pousse bien contre les planches pour le premier assaut qui en vaut bien deux, piquette symbolique ensuite. Début de faena hésitante du garçon, ce qui permet au novillo d'apprendre vite. SANDIN fait des passes sans se croiser, un toreo brouillon où l'animal a depuis longtemps pris le dessus, ce qui n'empêche pas le novillero d'accomplir un desplante tricheur, pour faire oublier sa domination par le MONTEALTO. Entière en arrière et tendue au deuxième essai, le manso encasté meurt en brave. Le quatrième sort comme un météore et cogne les planches. Il reçoit une sale ration de fer dans l'épaule, puis une seconde pique vite levée. Suivies de quelques quites brouillons, ratés, ce qui accentuera déjà, avec les innombrables capotazos, les défauts à un animal qui n'en avait pourtant pas ou peu. Bouche fermée, il accompagne les banderilleros dans leurs sorties précipitées vers le callejon salvateur. Malgré une vuelta de campana, le torito charge la muleta en mettant bien la tête, sans dévier. SANDIN abuse du pico, torée arc-bouté, loin du noble animal. Avant qu'il n'ait tenté un seul geste de naturelle, la musique démarre- autre tare du palco- et le garçon continue son numéro de profil, sous les conseils de MILLAN, puis se fait désarmer, et la musique continue, palco toujours nullissime. SANDIN conclue sa médiocre prestation par un golletazo, après un nouveau desplante de fort mauvais goût.
Le premier novillo de Rafael CERRO fonce sur le cheval avec détermination: la pique casse net, le piquero se fait chahuter pendant quelques instants, le MONTEALTO veut en découdre. Las! Les clarines annoncent la fin du tercio, alors que le torito n'a même pas été piqué! Mais pourquoi nous infliger de tels incompétents? Ne cherchons pas pourquoi la corrida va à veau-l'eau. La charge franche et rectiligne du novillo laisse entrevoir une faena agréable. Mais l'abus du pico et du profil ramènent à la triste réalité: nul torero ne se croise plus, ni charge la suerte, hormis quelque rare fois vite rangée au rang des souivenirs. Par contre, sur le passage, muleta maintes fois accrochée, puis toreo dans le berceau d'un animal noble, figé, entrainé dans des éternels redondos sans risque et sans émotion. Conclusion par une entière plate
Intermède MILLAN: Depuis la barrera, quelqu'un lance en allusion à CERRO et à son pico télescopique: "Il ne s'est même pas sali le traje". MILLAN se retourne et fusille l'impudent d'un:" Faites vos photos et TAISEZ VOUS"! Bizarre et scandaleux que ces gens-là, - et j'avais pourtant une grande admiration pour Richard, du temps de son courage-, perdent leur sang-froid au point d'oublier que s'ils sont là où ils sont, s'ils font le métier qu'ils aiment, le boulot qu'ils ont choisi, c'est grâce aux spectateurs qui payent, et par là même grâce à celui qu'il a osé invectiver avec mépris et surtout ingratitude.Tout çà n'est pas bon, critique déconseillée, voire opinion interdite. Paga y calla te. Et pour les plazas chaque année un peu plus désertées, quand vont-ils se poser des questions, et remettre en question leur vision de la réalité?
Mais voici le quinto, veleto, astifino, berceau large, une estampe applaudie, il semble trainer une certaine faiblesse de pattes. Il quitte seul la deuxième piquette, mais pousse fort la troisième ration, bien trasera, et reprise par le voyou de turna. La suite est du même tonneau: il engouffre sa tête dans le leurre, avec noblesse, sans rechigner, charge et recharge pour de longs derechazos, alors que sur la gauche, l'engagement un peu crispé du novillero semble plus difficile, plus laborieux. Fin de faena comme la précédente, dans le berceau, terminée par une entière trasera, après deux pinchazos. Vuelta méritée, pour ma part une oreille n'aurait pas été usurpée.
C'était le baptême en piquée de L.M. CASTRILLON. Son premier MONTEALTO était petitement armé, gabarit un peu inférieur aux deux premiers sortis avant lui. Longue pique poussée, l'unique, interrompue par des clarines prématurément ordonnées, GRUET n'aimant sans doute pas l'épreuve de la bravoure. Séance suivante: panique ches les peones, poursuivis jusqu'aux planches. Équipe sans doute au diapason du novillero débutant. Par la suite, autant sur le côté droit que sur la main gauche, le novillo étale sa grande noblesse dans des charges franches, sans derrotes, sans dévier de sa soif de suivre le leurre, hélas souvent accroché. C'est sur la gauche que le bon torito semble mieux s'accorder avec le novillero. Une entière un peu miraculeuse sur le voyage.
Le dernier échappe au vert CASTRILLON et fuse sur le piquero: quatre fois la pique sera relevée et rechargée malgré la protestation des aficionados en colère. Deuxième vara bien poussée. Et le torito arrive à la faena avec les mêmes dispositions que ses frères: embestidas franches, noblesse idéale, juste ce qu'il faut pour un débutant, ce qui n'empêche pas les naturelles trop souvent accrochées, des passes plus saccadées que templées, mais le garçon se replace à distance pour donner de l'air à son toro. Et celui-ci continuera de charger avec alegria jusqu'à la fin de la faena, promenant et dominant un garçon plein d'envie mais au bagage par trop limité, usant et abusant du profil et du sampiternel toreo con pico, sans se croiser, sans trop s'engager. Un tiers d'épée sur le côté, descabello longuet, à toro vif. Rideau.
Le premier novillo de Rafael CERRO fonce sur le cheval avec détermination: la pique casse net, le piquero se fait chahuter pendant quelques instants, le MONTEALTO veut en découdre. Las! Les clarines annoncent la fin du tercio, alors que le torito n'a même pas été piqué! Mais pourquoi nous infliger de tels incompétents? Ne cherchons pas pourquoi la corrida va à veau-l'eau. La charge franche et rectiligne du novillo laisse entrevoir une faena agréable. Mais l'abus du pico et du profil ramènent à la triste réalité: nul torero ne se croise plus, ni charge la suerte, hormis quelque rare fois vite rangée au rang des souivenirs. Par contre, sur le passage, muleta maintes fois accrochée, puis toreo dans le berceau d'un animal noble, figé, entrainé dans des éternels redondos sans risque et sans émotion. Conclusion par une entière plate
Intermède MILLAN: Depuis la barrera, quelqu'un lance en allusion à CERRO et à son pico télescopique: "Il ne s'est même pas sali le traje". MILLAN se retourne et fusille l'impudent d'un:" Faites vos photos et TAISEZ VOUS"! Bizarre et scandaleux que ces gens-là, - et j'avais pourtant une grande admiration pour Richard, du temps de son courage-, perdent leur sang-froid au point d'oublier que s'ils sont là où ils sont, s'ils font le métier qu'ils aiment, le boulot qu'ils ont choisi, c'est grâce aux spectateurs qui payent, et par là même grâce à celui qu'il a osé invectiver avec mépris et surtout ingratitude.Tout çà n'est pas bon, critique déconseillée, voire opinion interdite. Paga y calla te. Et pour les plazas chaque année un peu plus désertées, quand vont-ils se poser des questions, et remettre en question leur vision de la réalité?
Mais voici le quinto, veleto, astifino, berceau large, une estampe applaudie, il semble trainer une certaine faiblesse de pattes. Il quitte seul la deuxième piquette, mais pousse fort la troisième ration, bien trasera, et reprise par le voyou de turna. La suite est du même tonneau: il engouffre sa tête dans le leurre, avec noblesse, sans rechigner, charge et recharge pour de longs derechazos, alors que sur la gauche, l'engagement un peu crispé du novillero semble plus difficile, plus laborieux. Fin de faena comme la précédente, dans le berceau, terminée par une entière trasera, après deux pinchazos. Vuelta méritée, pour ma part une oreille n'aurait pas été usurpée.
C'était le baptême en piquée de L.M. CASTRILLON. Son premier MONTEALTO était petitement armé, gabarit un peu inférieur aux deux premiers sortis avant lui. Longue pique poussée, l'unique, interrompue par des clarines prématurément ordonnées, GRUET n'aimant sans doute pas l'épreuve de la bravoure. Séance suivante: panique ches les peones, poursuivis jusqu'aux planches. Équipe sans doute au diapason du novillero débutant. Par la suite, autant sur le côté droit que sur la main gauche, le novillo étale sa grande noblesse dans des charges franches, sans derrotes, sans dévier de sa soif de suivre le leurre, hélas souvent accroché. C'est sur la gauche que le bon torito semble mieux s'accorder avec le novillero. Une entière un peu miraculeuse sur le voyage.
Le dernier échappe au vert CASTRILLON et fuse sur le piquero: quatre fois la pique sera relevée et rechargée malgré la protestation des aficionados en colère. Deuxième vara bien poussée. Et le torito arrive à la faena avec les mêmes dispositions que ses frères: embestidas franches, noblesse idéale, juste ce qu'il faut pour un débutant, ce qui n'empêche pas les naturelles trop souvent accrochées, des passes plus saccadées que templées, mais le garçon se replace à distance pour donner de l'air à son toro. Et celui-ci continuera de charger avec alegria jusqu'à la fin de la faena, promenant et dominant un garçon plein d'envie mais au bagage par trop limité, usant et abusant du profil et du sampiternel toreo con pico, sans se croiser, sans trop s'engager. Un tiers d'épée sur le côté, descabello longuet, à toro vif. Rideau.
Repus, replets, rassasiés, en RETARD, et contents d'eux: des manières détestables de roi! |
SANDIN face à son premier MONTEALTO |
Unique pique mais longue charge du premier novillo de CERRO |
Banderillero en recherche de nouveau style: à genoux croisés |
No hay quinto malo, dit le dicton. Du trapio, noble, charges répétées, que des qualités pour celui-ci |
CERRO attendant la mort de son premier novillo: une oreille |
L.M. CASTRILLON: naturelle de profil |