La meute, c’est sauvage, le troupeau, c’est domestique
Que choisir lorsqu’à la tête de l’état un petit roi tente de n’en faire qu’à sa tête ?
Rester silencieux, se taire, suivre, ou quitter le troupeau ?
La question mérite d’être posée, mais avant d’y répondre, il faut tenter de comparer les deux attitudes sociales proposées : être dans le troupeau, ou vivre avec la meute ?
Commençons par la meute, souvent mal comprise, comme par exemple celle des loups : au contraire du troupeau de moutons, elle dépasse rarement le nombre de 10 membres, sauf quand 3 familles décident de s’unir, souvent provisoirement.
La meute est dirigée par le couple reproducteur, et lorsque les jeunes ont atteint leur maturité, ils couvrent des centaines de kilomètres pour fonder leur propre meute.
Tout à l’inverse du troupeau de mouton, c’est le mâle dominant qui conduit la file indienne, à la queue leu-leu (rappelons au passage que le mot « leu » est le mot loup en vieux français…).
Le hurlement du loup qui a angoissé tant de populations, est seulement destiné à marquer son territoire ou signaler la présence d’une éventuelle proie, et s’ils hurlent en chœur, c’est aussi pour créer l’illusion qu’ils sont plus nombreux que l’on pourrait le croire.
Quant au loup solitaire, tueur d’humains, il est plus proche de la légende que de la réalité, car le loup a plus peur de nous que le contraire...lien
Robert Hainard, le grand naturaliste, que j’ai eu le privilège de rencontrer grâce a des liens familiaux, évoquait avec un grand respect cet animal si décrié : « je comprends mon irrépressible révolte lorsque je vois supprimer la nature, on me tue mon infini », écrivait-il. Lien
Et quid du mouton ?
On connaît le sens du mot moutonnier (qui suit aveuglement les autres, les imite sans discernement), qui à lui seul montre bien l’opposition que l’on peut faire entre la meute et le troupeau…
La meute étant portée, on l’a vu, par la prudence, l’écoute, l’intelligence, l’observation, alors que le troupeau ferait aveuglement le contraire, quoi qu’il lui en coûte.
Ce comportement est porté par l’idée qu’en se déplaçant très serrés, les moutons sont persuadés qu’il sont plus forts en cas de danger imminent…
Pourtant il y a une autre différence essentielle entre la meute (de loups) et le troupeau (de moutons) : le premier étant mené par un mâle et le second par une femelle, souvent la plus vieille du troupeau... même si des vigiles se placent en bordure du troupeau de moutons, afin de prévenir de tout danger.
D’ailleurs, au-delà de la caricature, le chercheur Xavier Boivin, veut attirer notre attention en affirmant que le mouton est un éternel mal compris, et que la nature de son comportement est plus compliquée que l’on pourrait le croire : il a un excellente mémoire, et s’il est vrai que face au danger, il pratique le plus souvent la fuite, il arrive tout de même qu’ils chargent ou ruent pour protéger leurs petits. lien
Autre donnée mentionnée par le chercheur, s’il est vrai qu’il voit moins bien que nous, il a un odorat et une ouïe plus développée que les nôtres…
De plus, il fait partie des animaux ayant le plus de mémoire : il peut mémoriser une cinquantaine de leurs congénères, et il peut reconnaître un visage humain, tout en identifiant nos émotions. Lien
Mais c’est sur le terrain social de notre humanité qu’il faut tenter un parallèle…
La macronnie lors de son 1er mandat avait mis en place un troupeau de députés moutonniers qui, avec un bel ensemble de godillots, votaient, les yeux fermés, toutes les décisions du petit roi... sous les yeux impuissants de la petite meute des opposants…
à la veille du second tour, la donne pourrait bien changer, car le chef de l’état voit son influence considérablement diminuée, et rien ne permet d’assurer qu’il pourra récolter une majorité, les derniers sondages mettant la NUPES en réelle progression. lien
D’une part, ses alliés semblent moins solides : un modem fatigué d’avaler des couleuvres suite aux promesses non tenues (proportionnelle, etc.) et le mouvement « Horizon », porté par l’homme politique le plus populaire du pays, un certain Édouard Philippe, qui, avec son nouveau positionnement pourrait bien faire de l’ombre à son ancien patron.
Les moutons montreront-ils leurs dents, et les loups vont-ils avoir plus d’appétit ?
L’avenir nous le dira, car comme dit mon vieil ami africain : « si tu vois une chèvre dans le repaire d’un lion, aie peur d’elle ».
le dessin illustrant l’article est de Karim
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
Olivier Cabanel