RT France,
jeudi 12 mars 2020, par Comité Valmy
Le président russe Vladimir Poutine
« Ce sont eux qui sont coupables » :
Poutine évoque le déclenchement de la
Seconde Guerre mondiale
A l’occasion d’une interview pour
l’agence russe Tass, le président russe est revenu sur la question du
révisionnisme historique. Il a notamment rappelé la responsabilité de
certains pays européens dans le déclenchement de la Seconde Guerre
mondiale.
Lors d’un entretien accordé à l’agence de presse russe
Tass – le dernier d’une longue série consacrée à sa présidence diffusé
le 10 mars – Vladimir Poutine a de nouveau réagi à l’adoption, le 19
septembre dernier, de la résolution européenne « sur l’importance de la
mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe ».
« Ils crient toutes sortes d’âneries au Parlement européen sur la responsabilité égale d’Hitler et de Staline
»
Ce texte qui met sur le même plan le fascisme, le
nazisme mais aussi le communisme et le stalinisme affirme notamment que
la signature du pacte germano-soviétique en 1939 y soit désignée comme
cause principale du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Une
écriture des faits historiques qui avait notamment suscité l’indignation
de nombreux historiens et eurodéputés. Elle avait également déjà fait
réagir le président russe : « On peut jeter l’anathème sur le stalinisme
[...] Mais mettre l’URSS et l’Allemagne fasciste sur le même plan ? »,
s’était-il alors interrogé qualifiant la résolution de « totalement
incorrecte ».
Cette fois, le président russe a déclaré : « Ce ne sont
que des gens stupides qui ne savent ni lire ni écrire. Ils crient toutes
sortes d’âneries au Parlement européen sur la responsabilité égale
d’Hitler et de Staline. C’est vraiment n’importe quoi. »
Revenant sur les événements précédant la Seconde Guerre
mondiale, Vladimir Poutine a souligné que Staline n’avait jamais eu de
contacts avec Hitler contrairement à d’autres dirigeants européens :
« Il faut examiner l’évolution de la situation, depuis 1918-1919 :
comment tout cela s’est déroulé, qui a signé quel accord avec Hitler…
Peu importe le jugement que vous portez sur Staline – c’était un tyran
et ainsi de suite – mais il ne s’est jamais sali les mains par des
contacts directs avec Hitler. Il n’y a aucun document signé à la fois
par Staline et Hitler, alors que des documents ont été signés par Hitler
et le Premier ministre britannique, Hitler et le Premier ministre
français, Hitler et le dirigeant polonais. » Et d’ajouter : « Ils ont
travaillé avec lui, avec Hitler, ont eu de nombreuses réunions avec lui
et ont trahi la Tchécoslovaquie. »
« « Et puis ils veulent nous expliquer qui est coupable ! Ce sont eux qui sont coupables à partir de 1938 »
Le président russe fait ainsi référence aux accords de
Munich de septembre 1938. Signés entre l’Allemagne, la France, le
Royaume-Uni et l’Italie respectivement représenté par Adolf Hitler, Édouard Daladier, Neville Chamberlain et Benito Mussolini, ils ont
permis à l’Allemagne d’annexer la région tchécoslovaque des Sudètes
majoritairement habitée par des Allemands. S’appuyant sur les archives,
Vladimir Poutine a par ailleurs rappelé les velléités irrédentistes de
la Pologne sur la Tchécoslovaquie et de son entente secrète avec
l’Allemagne pour son partage : « La Pologne a partagé la Tchécoslovaquie
avec Hitler. Ils ont convenu d’envoyer les troupes en Tchécoslovaquie.
Hitler a émis une seule réserve : "[Ne le faites] pas le même jour que
nous, il ne faut pas se gêner les uns les autres. Nous ne revendiquons
pas ce que vous revendiquez : la Silésie de Cieszyn". C’est une
collusion manifeste ! », a-t-"il" - Poutine - analysé. « Et puis ils veulent nous
expliquer qui est coupable ! Ce sont eux qui sont coupables à partir de
1938. Ces fameux accords de Munich étaient le premier pas vers le
déclenchement de la Seconde Guerre mondiale », a-t-il conclu.
La mémoire de la Seconde Guerre mondiale constitue un
sujet de tensions entre Moscou et Varsovie depuis une dizaine d’années.
Chaque commémoration est ainsi l’occasion de nouveaux désaccords entre
les deux nations. Dernier épisode en date : le président polonais
Andrzej Duda a refusé de se rendre au Forum sur la Shoah organisé au
mémorial Yad Vashem de Jérusalem, le 23 janvier, car il était absent du
programme des prises de parole. Il s’est insurgé contre le fait de ne
pas pouvoir répliquer à une éventuelle attaque du président russe et a,
en conséquence, boudé la cérémonie. Lors de ce rassemblement, Vladimir
Poutine n’a pourtant prononcé le mot « Pologne » qu’une seule fois au
cours de son allocution principale, pour rappeler que les « peuples
slaves » avaient été eux aussi « visés par les nazis » dans leur quête
d’un espace vital à l’Est.
RT France,
12 mars 2020
12 mars 2020