lundi 17 octobre 2022

Quand Kamel Daoud, ami de Macron, battait son ex-femme.

Plus MLF que Macron... Impossible. Il affirme que la cause des femmes "est le pilier" de sa politique. Mais rien ne se passe et "en même temps", il a un intime qui a été condamné pour avoir frappé son ex-femme avec un bâton. Belle avenir pour l'avenir de l'homme.

Le 25 novembre 2017, « Journée des violences faites aux femmes », Emmanuel Macron emboite le pas à la cause et affirme que « le premier pilier » de son quinquennat « est la lutte contre la violence faite aux femmes ». Le 27 août 2022, en visite officielle en Algérie, le même défenseur des causes au – toujours président – répond à l’invitation privée d’un écrivain franco-algérien, Kamel Daoud. Ce dernier l’a convié à visiter Oran la ville où il a longtemps vécu. C’est une rencontre entre deux amis. Un document publié par Le Point démontre que, « Tout au long du quinquennat, l’écrivain a noué un dialogue privilégié avec le chef de l’État » (1). Amitié si forte qu’en répondant à l’invitation de Daoud, Emmanuel Macron trahit un engagement, celui formulé en faveur des femmes, un « pilier » de sa politique. Kamel Daoud, son ami et son hôte, n’a-t-il pas été condamné par avoir frappé son ex-femme Nadjet ? Jugement rendu ici, à Oran. Le 21 octobre 2019, le site français « Oumma » a publié le fac-similé du texte de la honte.

Dans ses mots secs loin de la littérature, la Cour d’Oran rappelle que le 5 février 2016, « S’est présentée la plaignante E. E. H. Nadjet devant les services de la Sûreté urbaine d’Oran pour déposer plainte contre DAOUD Kamel, et déclare qu’elle a subi des coups et blessures de sa part, étant donné qu’elle est divorcée de lui depuis 2016 et qu’elle a reçu un certificat d’incapacité de travail à cause des coups qu’elle a subi par un bâton en bois ». Le 18 juin 2018 en première instance, le mari violent a été condamné à une année de prison avec sursis et 20 000 dinars d’amende. Après deux appels Daoud voit disparaitre sa peine de prison, mais « l’amende pécuniaire » est maintenue, « Les dépens étant à la charge de l’inculpé d’un montant de 1800 DA au profit de l’état et fixe au maximum la durée de la contrainte par corps ». Voici Macron confronté à un nouvel épisode de son célèbre « en même temps » : pleurer sur le sort d’une femme battue ne doit pas ternir l’amitié que l’on éprouve pour son mari.

Afin de recueillir le témoignage de Daoud sur sa propre violence, je l’ai contacté via Le Point sans succès. Je pioche donc des éléments de réponse dans un blog de Youssef Benzatat, un supporter de l’écrivain qui s’exprime dans « Médiapart » :

« En fait, je n’étais pas surpris d’apprendre par un journal en ligne que Kamel Daoud a été condamné le 13 octobre par le tribunal d’Oran pour violences conjugales avec usage d’une arme prohibée sur son ex-épouse Nadjet. D’abord pour avoir été approché par Nadjet elle-même, où j’avais découvert son immense haine et sa cruelle volonté de vouloir se venger de son ex-mari. (2) ».

Ce blog contient tous les clichés, les excuses des frappeurs, des violeurs qui font qu’ils sont toujours innocents : cabale, femme vengeresse souffrant de trouble mental... Benzatat cite aussi le « complot » en oubliant de signaler une certaine mansuétude des juges pour Daoud. Puisqu’en Algérie les maris violents vont presque systématiquement en prison.

Pour Emmanuel Macron, le crochet par Oran n’a aucun intérêt stratégique, économique, diplomatique, et vexe même le pouvoir algérien pour lequel Daoud n’est qu’un français du genre renégat. La balade à Oran c’est un thé à la menthe avalé dans un lieu historico-déglingué, « Le Disco Maghreb ». Mais la promenade est écourtée par la faute d’un public pas éduqué chez les jésuites et criant « Va te faire foutre ! », « La France mange notre pays », « On est chez nous ». Après, c’est le dîner de Kamel et de ses potes, au restaurant d’un ami millionnaire en son « Hôtel Liberté ».

L’irrésistible ascension de Kamel Daoud nait sur ce que l’on appelle aujourd’hui une « fake news » (fausse information). Au Nouvel An à Cologne, lors du passage de 2015 à 2016, des centaines de migrants – forcément musulmans – sont accusés par la presse allemande d’avoir « commis des dizaines de viols ». Une barbarie. La presse mondiale, c’est normal, monte le sujet à la « une ». En France les lambeaux de ce qui reste de la gauche sont accablés, hébétés, mais la droite et l’extrême foncent à viols ouverts. Et Kamel Daoud apparait. Journaliste algérien et depuis peu écrivain, dans une tribune accueillie avec envie par Le Monde, il déverse son tombereau de fantasmes sur la culture « arabo-musulmane » :

« ...Le rapport à la femme est le nœud gordien, le second dans le monde d’Allah. La femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée... Une femme est femme pour tous, sauf pour elle-même. Son corps est un bien vacant pour tous et sa « malvie » à elle seule. Elle erre comme dans un bien d’autrui, un mal à elle seule... »(3)

L’affaire est entendue. Pour Daoud des dizaines de migrants musulmans, donc frustrés par leur religion et leurs conditions de survie, ont violé des femmes à la gare de Cologne. En matière de perversité islamique Daoud est expert puisqu’il a milité dans sa jeunesse dans les rangs barbus. Daoud nous parle de musulmans ignorant les valeurs de la vie, le bien et le mal... Voilà un discours parfait à entendre pour les oreilles de l’Occident. Trouver un bon Arabe pour cracher sur son propre monde n’est pas si facile. Daoud est immédiatement adulé, doté d’une page permanente au Point, BHL est son modèle et guide idéologique, bientôt Macron sera son ami. Puiser de l’esprit néocolonial dans l’encre d’un colonisé, il n’y a pas mieux. Quoi de plus idéal pour tirer sur des « musulmans » que de laisser le flingue entre les mains d’un Arabe.

Mais...mais...mais, sale temps pour Kamel : les « viols de Cologne » n’ont jamais existé. Daoud a glosé sur de la diffamation, du fake, du faux, du bidon. Et l’histoire des « femmes violées par des migrants à Cologne » doit rester dans l’histoire comme un des plus honteux bobards du siècle. Cette monstruosité médiatique – jamais démentie par ses colporteurs – est un coup monté par l’extrême droite allemande. En fait, cette nuit-là, seul un marocain s’est rendu coupable d’un vol de portable, et le journal Bild Zeitung, qui n’est pas un exemple de vertu, va retirer de ses archives les articles sur ces fameux faux « viols ».

C’est Ahmed Bensaada, un docteur en physique algérien qui, avec la pugnacité et la rigueur du scientifique, va le mieux démonter la mécanique Daoud. Une machine à plaire aux anciens colons, et arme de destruction massive chargée des obus d’une pensée unique ciselée à Washington. Dès 2016, le scientifique doté d’une plume exemplaire publie un fracassant Kamel Daoud : Cologne contre-enquête (Éditions Franz Fanon, Alger, 2016). Il démontre que le néo-penseur profère injures et anathèmes sur le vent d’une fake news. Etaie que le phénomène Daoud est un avatar du temps, celui de la propagande à vocation internationale construite sur le mensonge. Les néo-conservateurs et néo-colons ont besoin de multiples Daoud pour réussir leurs « révolutions de couleur » et autres « printemps » mijotés à la Maison Blanche. Donc, pour imprégner le monde civilisé de l’idée que, décidément, tous ces musulmans, tous ces Arabes, sont des arriérés mentalement malades. Si névrosés qu’il faille les aider en les prenant en main. Avec, s’il le faut, pour traiter les plus récalcitrants, des coups d’État, des bombes et des missiles afin qu’ils adoptent le modèle d’une démocratie où le Coca Cola coule dans les veines et livrent, à vil prix, leurs richesses aux civilisateurs. Ahmed Bensaada, en mettant le système Daoud à nu, ne peut être taxé de prendre la défense d’on ne sait quels fous d’Allah ou du djihad puisque son propre frère a été assassiné par ces barbares.

Après le fiasco de Cologne Daoud aurait dû être condamné au silence, se condamner au silence. Et, honteux, s’en aller rechercher un travail de pigiste à Tamanrasset. Pas du tout, ayant fait preuve de son adresse à dresser l’opinion contre le « musulman » – et sa culture – Kamel reste un étalon de qualité dans l’écurie de la bien-pensance. Sa carrière est si rapide qu’en 2019 – peu importe sa condamnation – il obtient la citoyenneté française, celle des anciens colons et il la mérite bien. Maintenant, chez lui à l’Elysée comme au MLF, Kamel est un modèle qui peut écrire avec autorité des articles dénonçant le sort des femmes maltraitées, par le voile ou le bâton.

Note. Notre question adressée au Service de presse de la République est restée sans réponse (même de courtoisie). Il en va de même pour Kamel Daoud lui aussi enfermé dans le monde du silence.

1) https://www.lepoint.fr/politique/emmanuel-macron-une-enigme-francaise-...

 

A propos du livre de Ludo Martens, quelques questions

Cet article écrit en 2017 pose déjà à propos du dernier film de Kontchalovski, les Nuits blanches du facteur et aussi un de ses premiers “le Premier maître” l’hypothèse qu’il vient lui-même de reconnaitre à savoir que le rapport Khrouchtchev a été une criminelle ânerie et que ça a été la mise en tutelle par la bureaucratie du prolétariat qui s’était pleinement engagé dans la création du jeune état soviétique y compris sous “le stalinisme”. Cette hypothèse que l’on trouve aujourd’hui assez majoritairement dans le peuple russe est aussi celle défendue par le marxiste belge Ludo Martens, dont le livre mérite d’être réédité (note de Danielle Bleitrach).

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Alexander Deineka le peintre du réalisme socialiste, un excellent peintre… nous dit que ce que nous considérons sous des couleurs sombres fut pour les peuples qui l’ont vécu une joie, un épanouissement… Avec un clin d’œil, il faut noter que même le Washington post a été obligé de faire état d’une enquête montrant que sous le socialisme, les femmes éprouvaient plus de plaisir que sous le capitalisme. C’est que que nous dit Deineka dans sa peinture et d’une manière assez convaincante…

Je poursuis ma lecture de Ludo Martens, et ce que j’ai à en dire devra être considéré comme une participation politique individuelle à un débat qui reste ouvert ou devrait l’être. Ce livre devrait être republié, il est important et nous aide à poser les questions essentielles.

Mais je ne suis pas toujours convaincue par son argumentation concernant les grandes purges des années 30. En particulier la culpabilité de Boukharine. Mais là-dessus il faut que je précise ce qui contraint ma vision de Boukharine. Il s’avère qu’en lisant l’œuvre complète de Lénine, je m’étais passionnée pour un personnage du nom de Larine, le désordre et l’incompétence incarnée, un menchevik, qui en outre était le beau-père de Boukharine et bizarrement il survivra à toutes les purges qui ont touché les membres du Comité Central du temps de Lénine. Lénine disait de lui qu’il étouffait les causes qu’il embrassait parce qu’il disait tout haut ce que les autres voulaient cacher. Lénine ne le supportait pas et partout il envoie des messages disant que celui qui écoutera Larine, utilisera un de ses chiffres, adoptera une de ses idées d’organisation sera renvoyé de son poste. Et ce après que Larine ait désorganisé les transports. Lénine témoigne de la même irritation à l’égard de Boukharine, de ses tendances conciliatrices alors qu’il faut trancher et il parle à propos du « couple » Larine-Boukharine de « nigaud-gauchisme » qui en fait est très droitier. Mais il n’émet pas le moindre doute sur leur bonne volonté et leur désir sincère d’être des révolutionnaires. A l’inverse de Trotski avec qui l’antagonisme est constant et parfois violent.

Dans l’attitude à l’égard des Koulaks on retrouve la même manière d’être de Boukharine, « nigaud gauchisme » droitier et tendance aux conciliations absurdes. Là-dessus Ludo Martens est convaincant quand il montre les erreurs de Boukharine auxquelles s’oppose Staline. Et la démonstration que j’ai publiée ici sur qui étaient les koulaks, les réussites de la NEP, mais aussi le blocage à partir des années 26 et 27, la nécessité donc de vaincre leur pouvoir si l’on veut sauver la Révolution, approvisionner les villes et garantir l’industrialisation. Mais Boukharine me semble poser des questions importantes concernant le développement, questions que l’on retrouve en Chine, au Vietnam et même à Cuba. Dans les pays du tiers monde, face à l’impérialisme, la question des classes me semble se poser différemment, les alliances, les bases de l’accumulation, le temps de la révolution, etc… En outre,  il y a chez Lénine une attitude très différente à l’égard des débats parfois délirants (vu l’état du pays) qui ont lieu au comité central. La discussion sur la définition des syndicats qui lors du Xe Congrès l’oppose à Trotski en fournit l’exemple. Trois volumes de l’œuvre complète de Lénine sont consacrés à ces débats, y compris une intéressante définition de la dialectique qu’il oppose à un argument conciliateur de Boukharine. Le pays est à feu et à sang, c’est la révolte des marins de Cronstadt et le débat se poursuit y compris sur Hegel appelé à la rescousse. Staline c’est manifeste se conduit différemment, il argumente également, mais le débat est infléchi par la relation aux tâches, une vision d’abord réaliste, autant que par le poids de l’appareil que peu à peu Staline rassemble dans l’action autour de lui et de ceux qui sont d’accord avec sa politique de planification et de collectivisation. De là on peut en tirer que Staline ne se conduit pas comme Lénine, que sur le plan humain ce dernier vaut mieux que lui, mais aussi qu’il est son continuateur et qu’il met en œuvre dans la réalité son choix fondamental, imposé par le sous-développement et le socialisme dans un seul pays.

De même, Ludo Martens est très convaincant sur le fait que la lutte contre les koulaks n’a pas été menée par Staline et le parti bolchévik, qui en l’état était incapable de mener l’entreprise surtout dans les campagnes où il était quasi inexistant, comme il l’avait été d’être à l’origine de tous les mouvements révolutionnaires qui avaient abouti à l’URSS. Sa démonstration sur l’imbécilité de la vision « totalitaire » du pouvoir soviétique y compris celui de Staline à cette époque est confirmée par bien des historiens anglo-saxons, y compris le soviétologue trotskiste Moshé Lewin.

L’hypothèse qui me vient est la suivante, elle est plus ou sous-jacente à notre livre 1917-2017, Staline tyran sanguinaire ou héros national? J’ai tendance à suivre la démonstration de Ludo Martens sur la collectivisation, sur le caractère spontané de l’intervention de la paysannerie pauvre et le rôle minoritaire mais important que joue un prolétariat urbain, ouvrier dans les tentatives d’encadrement de ces masses qui mènent à leur manière la lutte des classes au sein de la nouvelle société. J’ai également tendance à le suivre quand il dénonce la manipulation des chiffres de victimes concernant cette bataille pour la collectivisation dans les campagnes. Il me semble également nécessaire de reprendre comme le fait Annie Lacroix Riz la question des famines en particulier en Ukraine, ces famines sont endémiques dans la société russe dit-elle. Et il est vrai que la thérapie de choc de la collectivisation non seulement va permettre l’industrialisation, donc la résistance au nazisme, mais également la fin de ces famines endémiques. Il faut comparer ce travail à celui que le retour au capitalisme a opéré dans de nombreuses campagnes où les terres jadis couvertes de sovkhozes et kolkhozes sont désormais en friche, avec des îlots de peuplement de plus en plus abandonnés et que décrit très bien Andreï Kontchalovski, dans « les nuits blanches du facteur » (1). Il faut également et c’est une des propositions de notre livre comparer cette marche accélérée à la modernisation et les opportunités qu’elle a offertes aux masses jusque là arriérées d’une transformation culturelle extraordinaire à la mobilité descendante de leurs enfants depuis la chute de l’URSS et la contre-révolution.

Ici il y a une hypothèse sociologique sur le rapport que l’on peut établir entre le développement des processus macroéconomique qui sont à l’oeuvre dans le socialisme, comme d’ailleurs dans tout mode de production, et les événements politiques, le mode de gouvernance et les luttes de faction. Tant que la société progresse, connait une mobilité ascendante, les jeux politiques, les déchirements de faction traduisent bien certaines de ces évolutions structurelles, mais n’entrainent pas de crise au sein de la société. C’est quand il y a régression que ces phénomènes superstructurels paraissent à l’origines de la dislocation.

Ce qui peut également solliciter notre attention est le fait que les purges attaquent l’appareil lui-même. Il ne s’agit plus seulement de la guerre civile contre les blancs et contre les 14 pays qui les soutiennent dont la France, ni même de la lutte contre les koulaks, ceux qui sont mis en cause ce sont les cadres de la Révolution et de la bolchevisation. Ce qui appelle au moins trois remarques:

1) Ludo Martens nous brosse un tableau qui laisse entendre qu’il y aurait eu des gens, des intellectuels pour beaucoup, qui dès le début de la Révolution bolchévique et même dès leur plus jeune âge auraient été au mieux des mencheviks convaincus de l’impossibilité, de la « folie » de cette révolution, de la nécessité de poursuivre celle de février et de confier les rênes à une bourgeoisie plus capable. Ils se seraient ralliés pour mieux miner de l’intérieur y compris jusqu’à la direction du parti l’entreprise révolutionnaire des bolchéviks. Et il illustre sa thèse par les aveux de certains qui sont passés en occident et non contents de mener campagne contre l’URSS disent eux-mêmes que depuis le début ils ont été contre. Il s’agit de cas réels mais relativement marginaux si l’on considère les victimes des purges. J’avais toujours été frappée par la critique que Fidel Castro apporte en réponse aux questions d’Ignacio Ramonet, il dit que Staline avait une mentalité de « conspirateur », même si l’on considère qu’il s’agit d’un chapitre qu’il n’a pas pu revoir et dans lequel il témoigne d’une visible irritation devant la manière dont son interlocuteur ne comprend rien à ce qu’il considère lui comme l’apport fondamental de l’URSS, il a prononcé cette parole (2). Et c’est effectivement l’impression que donne le procès mené y compris par Ludo Martens.

2) Cela dit il y a deux arguments que l’histoire de la guerre froide et celle de la chute de l’URSS peuvent conforter. Les gens que recrutent dans ces dernières périodes la CIA, ceux qui vont mener à la fin de l’URSS et des ex-pays socialistes montrent que les candidats à la trahison ne sont pas choisis au hasard et que souvent la CIA pour les ex-pays socialistes puise dans le vivier des enfants des anciens collaborateurs nazis, ou dans des groupes comme les tatars de Crimée ou les juifs qui sont soumis à des vagues de stigmatisation à partir de la guerre des six jours et de la montée des nationalismes favorisés par Gorbatchev sous prétexte de créer un pluralisme politique par le haut. Mais il faut dans ce domaine avancer avec la plus grande des prudences. Autre argument, il faut noter que c’est à partir de ces purges, de la fuite de certains que l’on va assister à la mise en place de la noire légende de Staline. La propagande comme le note justement Ludo Martens va faire porter tous ces coups jusqu’à la limite de la caricature la plus délirante contre Staline et l’URSS telle qu’elle est et va commencer à aller jusqu’à encenser Trotski, même Lénine qui aurait été trahi. Ce qui est tout de même un comble de la part du capital et de ses médias.

3) En revanche, la nature même des « purges » à l’intérieur de l’appareil qui se combine avec des succès difficilement niables et donc un formidable essor de la société soviétique ne provoque pas la même hostilité dans la grande masse des peuples soviétiques pour qui commence une période d’épanouissement qui sera interrompue par la guerre contre le nazisme. Il n’y a pas un Russe qui n’ai eu un parent tué dans cette guerre, en revanche peu d’entre eux ont connu la répression de la collectivisation ou moins encore les purges qui ont touché les élites. C’est ce qu’a très bien perçu Eisenstein dans Ivan le Terrible, le tsar qui réprime les boyards. Mais Eisenstein depuis le Pré de Béjine (interdit) est plus ou moins happé par cette élite et a du mal à traduire autrement qu’en images superbes mais mystiques ces convulsions du pouvoir auxquelles il est confronté comme beaucoup d’intellectuels dans la tourmente. Comme cela est esquissé dans notre livre, Staline ne reproche pas au cinéaste de l’avoir peint en Ivan le Terrible, il lui reproche d’en avoir fait un Hamlet à la barbe chevrotante et d’avoir esthétisé sa garde. Staline pense qu’Ivan devait agir ainsi et qu’il l’a fait sans état d’âme. Mais là-dessus je vous renvoie à notre livre qui est tout entier centré sur la différence des interprétations occidentales sur Staline avec celle de la majorité des Russes. Ce n’est pas parce qu’ils aiment le knout mais parce que nous avons subi un pilonnage à partir non seulement du rapport Khrouchtchev mais dès les années trente dans lequel ont été manipulés des « crimes de masse » attribués à Staline et où les luttes de faction dans l’appareil ont été exaltées sous couvert de « totalitarisme », ce qui n’a pas été l’expérience vécue par les Russes.

Danielle Bleitrach

(1) j’aurais voulu étudier deux films de ce cinéaste qui avait un moment choisi l’exil et qui décrit la faiblesse du parti bolchevique, la manière dont il s’impose dans la bataille contre les koulaks dans « le premier maître » et à son retour d’exil, toujours avec la même sensibilité aux contradictions et racines de l’adhésion populaire et de la patience russe ou kirghize, et dont la vie quotidienne traduit et dépasse le politique pour cette fois décrire la destruction post-soviétique des campagnes.

(2) On sait à quel point, la question de la déstalinisation l’a obsédé dans ses discussions avec le Che et son refus des divisions. Fidel Castro avant de tomber malade a revu une bonne partie du livre d’Ignacio Ramonet en particulier tout ce qui avait trait à Chavez et au coup d’Etat dont ce dernier avait été victime. Mais il n’a pas pu revoir ce chapitre où on le sent irrité par un questionnement qui lui parait sous influence.

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SALAUDS DE GRÉVISTES !!!

Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Aperçu cette pancarte dans la marche nationale contre la vie chère, organisée ce dimanche dans Paris. Elle détourne une citation de Jean-Paul Sartre prise dans Le Diable et le bon Dieu. Dans le contexte français social et politique actuel, elle en prend néanmoins tout son sens.

En effet, "Salauds de grévistes", reprennent en choeur le Medef, Macron sur France 2, Borne sur Tf1, la Cfdt et tous les médias aux ordres des Marchés. Ils s'emploient tous à opposer les grévistes de la pétrochimie, ceux maintenant dans l'industrie nucléaire, aux travailleurs qui ont besoin de carburant pour se chauffer, aller bosser, amener les gosses à l'école ou chez la nounou, et même pour partir en vacances pour ceux qui le peuvent.

Et sont ressorties les différentes classes pour opposer encore plus les uns aux autres. Dis Toto, c'est à partir de quand qu'on est dans les classes moyennes? Réponse de Toto, Attends Roger, je ne me rappelle plus ce qui ont dit à la téloche à ce sujet.

Il n'empêche que le très vieux Karl Marx parlait de prolétaires et de capitalistes. Les prolétaires étaient toute personne qui ne peut attendre de ressources que de la rémunération que lui alloue son patron auquel il loue ou vend sa force de travail.

"Salauds de grévistes", ressassent sans arrêt le Capital et ses commis. Demain, c'est la journée nationale interprofessionnelle de grève et de manifestations pour le pouvoir d'achat et contre le droit de grève.

Dis Toto, ça serait bêta de ne pas la marquer d'une façon ou d'une autre, Non?

SALOPARDS DE GRÉVISTES, JALOUX DES MILLIARDAIRES !!!

L’Ukraine, le covid et… la démocratie

L’Ukraine, le covid et… la démocratie.

 

Quand on reprend les initiatives du chef de l’Etat après l’apparition du virus covid 19, on constate que les décisions ont été prises pour que tout le monde se vaccine. Décisions prises qui ont fait appel à l’émotion : la peur ( peur d’être malade ou de mourir), l’altruisme ou la compassion ( ne pas contaminer sa grand’mère) …

Le besoin de sécurité ressenti par les citoyens l’a emporté sur la liberté. Laquelle a plutôt été malmenée : interdiction aux médecins de ville de prescrire une substance susceptible de soigner, privation d’exercer certaines professions pour les non vaccinés, restriction diverses de l’usage de libertés élémentaires pour ceux qui ne présentaient pas de « passe vaccinal » ( qui en soi n’avait aucune vertu médicale et n’attestait de rien) qui était délivré aux personnes s’étant fait vacciner.

Avec l’aide des moyens audio visuels complaisants, lesquels ont invité des « experts » ( dont certains ont oublié de renseigner sur leurs liens avec l’industrie du médicament), qui ont fabriqué des clivages : pour ou contre la vaccination, pour ou contre tel scientifique prétendant que telle substance autre que celle du «  vaccin » pouvait sauver des malades. Clivage ne laissant pas de place à la pensée. Clivages si bien réussis qu’ils ont laissé des traces, qui ne se sont pas effacées, dans les relations entre les collègues du même lieu de travail, et même au sein des familles.

 

Si l’on prend maintenant la décision du président de la République d’engager la France contre la Russie, dans une guerre … qui a fini par éclater, elle fut présentée au nom de diverses valeurs :

- respect du droit international, - apporter son soutien au valeureux président ukrainien, présenté par ailleurs si bon et parfait, que ses propos furent quotidiennement rapportés, et qu’il fut applaudi partout où il se produisait, - lutter contre le président russe présenté, lui, comme un odieux dictateur, contesté chez lui et dérangé intellectuellement. En suscitant l’émotion et la compassion avec des images choisies. Avec, comme dans l’affaire de la vaccination, des « experts » invités à délivrer en boucle « ce qu’il faut retenir » sur les plateaux de télévision. Cette fois-ci des militaires. Parmi lesquels ( ce qu’ils ont oublié -eux aussi- de dire là où ils étaient montrés) beaucoup ont travaillé pour l’OTAN.

 

Dans ces affaires, le pouvoir a efficacement œuvré à rendre les citoyens consentants en présentant les décisions sous un angle émotionnel.

Citoyens qui n’auraient pas été consentants autrement.

Puisque dans le premier cas, il s’agissait de faciliter la vente d’un produit pas complétement expérimenté, dont l’efficacité et l’utilité étaient loin d’être celles qui étaient promises, dont on ne connaissait pas les effets secondaires, lesquels, par la suite, se sont révélés être préoccupants.

Dans le deuxième cas, il s’agissait d’aider les Etats-Unis dans leurs entreprises d’affaiblissement économique et de démembrement de la Russie, qu’ils voulaient empêcher de constituer avec les Etats de l’Europe occidentale, un bloc économiquement concurrent des USA.. 

 

On ne sait pas quelle est l’étendue de la culture d’E. Macron. Mais ce que l’on peut dire, c’est qu’il connaît probablement, (à moins que ce ne soit le cas de ses conseillers ou de consultants appelés à co-gouverner), l’œuvre d’Edouard Bernays.

Car il ressort de ce qui vient d’être relevé, qu’ont été utilisées toutes les techniques de manipulation préconisées et mises en œuvre par E. Bernays (1)

(Comme, par ailleurs, ont été utilisées toutes les techniques de manipulation énumérées par Noam Chomsky - v. sur internet- ) (1).

 

Le problème c’est que ces pratiques de manipulation (2) s’inscrivent dans une conception de la « démocratie » qui est à l’opposé de ce que l’on entend traditionnellement par « démocratie » et à l’exact opposé des conditions d’exercice de cette dernière (3).

Pour Bernays (1) (« comment manipuler l’opinion ») la démocratie est le régime dans lequel une minorité éclairée (que l’on retrouve exactement dans les discours sur le « gouvernement mondial » ) cherche à influencer plutôt qu’à imposer. Car à trop imposer, le peuple pourrait se révolter. La manipulation c’est le pouvoir sans la contrainte. Quand le peuple est influencé, il a l’impression de garder la main sur ses opinions et sur sa liberté. Ce qui permet à la minorité éclairée de travailler … pour elle.

 

Dès lors que les Français ont été habitués depuis des années, évidemment s’en rendre compte, à être influencés et qu’ils ont été « dressés » à accepter, il faut s’interroger (4) sur la manière, dans ce contexte, de s’adresser efficacement à eux. Pour qu’ils redeviennent capables de s’apercevoir qu’ils acceptent actuellement ce qui va à l’encontre de leurs intérêts. Et que certains de leurs droits et libertés sont méconnus et bafoués. A commencer par le droit de pouvoir décider, directement ou indirectement par leurs représentants, tant de leur destin que de celui de leur pays (5) .

 

Marcel-M. MONIN

m. de conf. hon. des universités