PÂQUES À AIGNAN
(Chronique de Michel d'ARTAGNAN)
Temps
gris et couvert sans pluie. 2/3 d’arène et non ¾ comme la presse
le fait croire.
6
toros de Valdefresno correctement présentés, disparates et nobles
dans l’ensemble mais ne suscitant aucune émotion sur les tendidos.
Une douzaine de rencontres au cheval mais seulement 7 piques prises
sans réelle bravoure mis à part le 2ème.
David
Mora est venu tout simplement faire le paseo. Son premier toro
ressemblait davantage à un gros « patapouf » qu’à un
taureau de combat. Le torero ne s’est jamais croisé devant un
adversaire qui avançait tout doucement sans aucun vice ni coup de
tête et qui fléchissait en fin de série. Après une épée caïda
à la limite du bajonazo, David Mora écouta les applaudissements
d’un public bien généreux et peu connaisseur. A son second, un
peu moins faible que le précédent, il a enchaîné deux séries de
derechazos à un mètre du toro. Avant qu’il ne tente quelques
naturelles sans se croiser, le président ordonne la musique que le
public réclame à grands cris. On se demande bien pourquoi ? Il
faut croire que cela devient une mode. A l’heure actuelle, à
quelques exceptions près, les spectacles taurins ressemblent
davantage à des concerts de musique… Après une épée contraire
sans engagement, une oreille totalement injustifiée tombe du palco.
Que
dire du « local » Thomas Duffau ? Il fut tout
simplement surévalué face à un « bonbon » (deuxième
toro de l’après-midi) qui prit deux piques avec bravoure et qui
fut relativement bien mis en suerte par Duffau et bien piqué. En
revanche, devant un toro très noble qui ne présentait aucun vice et
qui répondait au moindre toque après avoir trouvé le sitio, Thomas
Duffau toréa sur le pico. Etant constamment de profil et jamais de
face, les séries se sont enchaînées sur les deux mains.
Personnellement, je n’ai pas ressenti beaucoup d’émotion. De
même, il se mit le public dans la poche en fin de faena avec des
passes en rond, des circulaires à 360 ° qu’il a répété
plusieurs fois pour faire croire qu’il dominait parfaitement son
toro. Comme on était à Aignan et que Thomas Duffau est le
« régional de l’étape », cela a fonctionné. Par
conséquent, en tuant d’un estoconazo d’effet immédiat, le
président accorda deux oreilles trop généreuses à mon sens. Une
seule suffisait amplement pour récompenser le coup d’épée. A son
second, il tenta de reproduire la même faena mais le toro s’est
révélé fade, sans transmission, ni bravoure. En résumé, une
« véritable chèvre » ayant un fond de noblesse… De
surcroît, allant timidement au cheval, le piquero infligea une pique
sur l’épaule qui eut des conséquences par la suite. En effet, là
encore sur le profil, Thomas Duffau a tiré des derechazos à un toro
qui répondait bien gentiment aux sites et qui s’agenouillait en
fin de passe sans essayer sur la main gauche. De ce fait, sa faena
fut d’un ennui total. Entière légèrement en
arrière mais d’effet assez rapide, Frank LANATI (pour ne pas le
citer) octroya une oreille alors que la pétition était
minoritaire !!
Quant
à Juan del Alamo, il affronta deux toros nobles (les 3ème
et 6ème)
qui allèrent deux fois au cheval mais qui ne prirent qu’une pique
à chaque fois. Ce fut le seul à s’être vraiment croisé et à
avoir dominé ses deux toros. Il a enchaîné des derechazos et des
naturelles (certaines de face au 6ème
toro) avec autorité qui ont permis d’ajouter un peu de piment à
une après-midi ordinaire et sans grand intérêt. De même, en fin
de faena, il a eu tendance à toréer un peu le public… C’est la
seule attitude que l’on peut lui reprocher. Malchanceux à l’épée,
Juan del Alamo s’est contenté d’effectuer une vuelta à chaque
fois.
NB :
Président trop aux ordres des toreros. D’ailleurs, Marcel
Garzelli, présent au callejon faisait des signes à Frank Lanati
(président de la course) pour influencer ses décisions. Jusqu’à
quand va durer cette comédie qui se joue depuis au moins trois ans
maintenant ? Jusqu’à quand va t-on mettre des gens
complètement incompétents et arrivistes au palco qui transforment
une course de taureaux en un véritable concert de musique ? Ces
« guignols » corrompus par les organisateurs et
l’ensemble du mundillo sont en train de tuer tout doucement la
fiesta brava. Elle disparaîtra toute seule si l’on continue ainsi.
La baisse de fréquentation générale n’est pas seulement causée
par la crise économique.
Il
faut également signaler la présence exagérée et totalement
injustifiée d’une cinquantaine de gendarmes et policiers (17 cars
de CRS) pour tempérer les quelques opposants (environ 15 personnes)
à la tauromachie qui brandissent des slogans complètement ridicules
et inintelligibles. Tout ceci est bien disproportionné. On donne
beaucoup trop d’importance à ces « allumés ». En
plus, cela coûte cher au contribuable…