mercredi 14 septembre 2022

Crise de l’électricité : la guerre en Ukraine a bon dos !

L’Allemagne fournira cet hiver de l’électricité à la France qui est passée ainsi au statut de pays importateur. Une situation invraisemblable alors que la France était la première exportatrice d’électricité en Europe.
 
Mais pour Emmanuel Macron et tous ces pseudo-consultants qui professent à longueur d’année sur les chaînes télé en continue, la guerre en Ukraine est la cause principale…
 
Lors de la conférence de presse qui a suivi un entretien téléphonique avec le chancelier allemand Olaf Scholz il y a quelques jours, Emmanuel Macron a dû défendre son bilan sur les questions énergétiques. Il s’est livré à un bien curieux exercice de réécriture de l’histoire. « J’ai agi pour que nous puissions sauver la filière nucléaire française  », a-t-il rappelé, évoquant son rôle de ministre de l’Économie et de l’Industrie sous le quinquennat de François Hollande.

Pendant l’exercice de cette fonction, il aurait « montré [sa] confiance dans le nucléaire à une époque où il était « plutôt minoritaire  ». Une fois devenu président, il aurait eu le mérite de repousser l’objectif de 50 % de part du nucléaire dans le mix énergétique à 2035 contre 2025, objectif fixé alors par François Hollande et issu, à l'époque, d’un accord avec EELV.

Pour autant, une petit rappel est nécessaire : Emmanuel Macron, le grand défenseur autoproclamé du nucléaire, déclarait le 9 février 2017, « ce n’est pas bon d’avoir 75 % de notre énergie qui vient du nucléaire  ». Il affirmait alors : «  je garderai le cadre de la loi de transition énergétique ». La phrase « je maintiens donc le cap des 50 % » était bien mise en avant. Et surtout, aucune explication rationnelle ne venait alors expliquer les raisons de ce jugement.

32 des 56 réacteurs nucléaires que compte la France sont à l'arrêt

Alors que l'Europe traverse une crise énergétique qui fait craindre de grosses difficultés durant l'hiver, la France dépend à 70% du nucléaire pour l'électricité.

Dans ce contexte, le fait que seules 24 centrales soient en activité est stupéfiant et ce d'autant plus que les autres tournent au ralenti en raison de la sécheresse. 

Les centrales arrêtées souffrent pour une part de questions de maintenance et d'autre part de problèmes de corrosion. Ces problèmes de corrosion affectent les réacteurs de nouvelle génération. 

Lors d’un contrôle de routine dans la centrale de Civaux en octobre 2021, les ingénieurs ont remarqué des microfissures sur des tuyaux en acier inoxydable. Cinq mois d’enquête et de contrôles plus tard, le groupe énergétique EDF a conclu que le problème ne venait pas d’un vieillissement des tuyaux, car il touche au contraire les réacteurs les plus récents. Pour faire des économies d’échelle, EDF a construit des centrales de plus en plus grandes, avec des tuyaux de plus en plus longs et tortueux. Et ceux-ci sont nettement plus sensibles à ce problème de corrosion. .

Le marché concurrentiel également en cause

Le marché concurrentiel devait faire baisser les prix de l'électricité mais a fait en réalité augmenter les prix de 60% entre 2006 et 2020. La dernière augmentation de 35% à 45% des tarifs d’électricité a obligé le gouvernement à imposer une limitation à 4% en faisant payer EDF puis, plus tard, les consommateurs. 

Alors qu’il faudrait en fait : 

  • réserver la production d'EDF à ses clients au tarif réglementé, le tarif bleu diminué de la part du prix du gaz. 
  • retirer l'obligation faite à EDF de vendre l'électricité électro-nucléaire à de faux concurrents qui ne produisent rien. L’Union européenne oblige en effet EDF à vendre 25% de sa production à ses concurrents, qui ne l’achètent que si elle est moins chère que celle qu’ils peuvent produire, autrement dit si EDF vend à perte. Le prix unique est fixé sur le coût marginal, c’est-à-dire le coût de production d’un MWh supplémentaire. Or, les centrales à gaz sont souvent les plus efficaces pour assurer ce surplus momentané de production, ce qui revient à aligner le tarif de l’électricité sur les cours du gaz. Pour la France, dépendante à 70% du nucléaire et souvent exportatrice net, ce système est clairement défavorable. 
  • qu’EDF devienne une entreprise à caractère économique et social et qu’elle ne soit pas une société anonyme (SA) soumise au droit de la concurrence. 

Si concurrence il doit y avoir, elle doit se faire entre les producteurs uniquement, dont les producteurs à base d’énergie renouvelable, comme Enercoop par exemple qui est un fournisseur français dont l’objectif principal est le développement des énergies renouvelables. Enercoop se démarque des autres fournisseurs par sa forme coopérative et son unique offre 100 % renouvelable en contrat direct avec les producteurs. 

Bref, il faut défaire méthodiquement tout ce qui a été fait depuis 2004, en particulier sortir de l'ambiguïté sur le nucléaire, abroger la loi NOME de 2010 qui oblige EDF à céder l'électricité produite à partir du parc nucléaire historique à ses concurrents et qui fixe ces conditions pour une période transitoire allant du 1er juillet 2011 au 21 décembre 2025. 

Les atermoiements de François Hollande puis d’Emmanuel Macron pour faire plaisir aux écologistes et la loi Nomme sont largement responsables de la crise actuelle. Les besoins en électricité de la France à un tarif abordable ne seront satisfaits qu’à la condition de sortir du marché absurde imposé par l’Union européenne mais n’interrogez surtout pas Emmanuel Macron sur sa responsabilité car la faute est à la guerre en Ukraine…

 

Vu d’Écosse.

Hommages à Élisabeth II : “Ce genre de cirque n’a pas sa place dans une démocratie moderne”

Le quotidien écossais “The National”, résolument indépendantiste, critique avec véhémence la myriade de cérémonies protocolaires et la déférence de la plupart des médias et élus britanniques à l’égard de la famille royale.

La une du quotidien écossais “The National”, le 14 septembre 2022 : “Ce genre de cirque n’a pas sa place dans une démocratie moderne”.
La une du quotidien écossais “The National”, le 14 septembre 2022 : “Ce genre de cirque n’a pas sa place dans une démocratie moderne”. The National

Alors que les cérémonies d’hommage à Élisabeth II battent leur plein, The National n’y va pas avec le dos de la cuillère à marmelade dans son édition du 14 septembre, dénonçant “une pantomime grotesque”, menée par la famille royale britannique avec la complicité des élus, de la presse, de la police, etc.

Au lendemain de l’étape écossaise du nouveau monarque, Charles III, et du cercueil de la défunte reine, le journaliste n’épargne pas même la chèvre Shenkin, mascotte du troisième bataillon des soldats royaux gallois, vedette d’une procession à Cardiff trois jours auparavant et dont la photo s’affiche à la une du National.

La Première ministre d’Écosse, Nicola Sturgeon, entend organiser un nouveau référendum sur la sécession en 2023, et le deuil national décrété au Royaume-Uni a tout d’une longue épreuve pour les indépendantistes écossais :

“Ceux d’entre nous qui pensaient que les funérailles de la reine seraient marquées par la dignité et la retenue sont stupéfaits par la façon dont on les utilise pour magnifier un empire perdu. […] Il n’y a rien dans cette caricature d’un féodalisme venu du XVIIIe siècle qui puisse être qualifié de convenable. […] Un jour ou deux, d’accord. Mais pas dix-huit jours où tout devrait s’arrêter pour permettre à l’aristocratie britannique et à ses lèche-bottes dans les médias de droite de se livrer à leur penchant fétichiste.”

La BBC, qui est passée du statut de “diffuseur modéré et équitable à celui d’instrument de l’establishment britannique” – comme “lors du premier référendum sur l’indépendance”, en 2014 – “a établi un nouveau record de servilité”, assène le journaliste. Selon lui, la chaîne britannique a “fourni des commentaires dignes de ceux qu’on risque d’entendre à la mort de Kim Jong-un”.

Quelques individus ont par ailleurs été interpellés durant les différentes cérémonies à travers le royaume “pour avoir participé à des manifestations pacifiques contre la monarchie”. “Il semblerait que des suspensions provisoires de la liberté d’expression ont été tolérées ces derniers jours”, commente le chroniqueur :

“Et ce n’est pas encore fini, tant s’en faut. Il reste encore le couronnement du roi l’année prochaine.”

 

Tribune de Fabien Roussel dans le Monde : J’assume défendre le parti du travail !

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Tribune de Fabien Roussel dans le Monde : J’assume défendre le parti du travail !

Le secrétaire national du PCF répond, dans une tribune au « Monde », aux critiques suscitées par ses propos sur « la gauche du travail » face à « la gauche des allocations [et] des minima sociaux ». Et persiste. Selon lui, le défi de la gauche est de « travailler à une société qui garantit à chacun d’avoir un emploi, une formation et un salaire tout au long de sa vie ».

En déclarant préférer le travail au chômage, je n’imaginais pas provoquer pareille polémique. Que n’avais-je dit ? Certains ont pris leurs plus beaux airs indignés et y ont vu une saillie inspirée des pires discours de la droite réactionnaire. D’autres sont allés jusqu’à s’élever contre un racisme à peine larvé. Quel délire !

Quand on parle des autres, on parle d’abord de soi. En s’indignant ainsi, que disent-ils d’eux-mêmes ? Qu’ils ont démissionné. Qu’ils ont renoncé à la grande ambition qui devrait rassembler la gauche : celle d’éradiquer le chômage.

Si l’esclavagisme revenait demain, ils négocieraient avec le Medef le poids des chaînes. Pas moi. Car le chômage tue, il bousille des vies. Il fait basculer des familles entières dans la pauvreté. Il instille partout le venin de la division entre ceux qui ont un emploi et ceux qui en sont privés.

De là où je vous parle, dans ce Nord ouvrier depuis si longtemps fier de ses usines et du savoir-faire de ses travailleurs, on sait la dureté du travail et le coût du chômage. On sait intuitivement que le chômage est « l’armée de réserve » du capital, comme le disait si bien Marx.

Remettre en cause la logique libérale du chômage

C’est la menace du chômage qui permet au Medef et aux libéraux d’imposer les bas salaires, les horaires élargis sans supplément de rémunération, le quotidien infernal d’une vie sans pause et sans plaisirs. Et nous devrions accepter le chômage de masse et nous contenter de garantir un revenu d’existence ?

Il est temps, au contraire, de remettre en cause les logiques libérales qui ont toujours entretenu le chômage plutôt que de l’éradiquer, qui ont préféré l’accompagner plutôt que d’empêcher le déménagement de pans entiers de notre industrie.

Ouvrons les yeux. L’industrie représentait 24 % de notre PIB en 1980 et seulement 10 % en 2019. Notre flotte de pêche est passée de 11 500 bateaux, en 1983, à 4 500, aujourd’hui. Quant à la saignée paysanne, elle nous a fait passer de 1 263 000 exploitations agricoles, en 1979, à 429 000, en 2017. Résultat : 5 millions de privés d’emplois, 2 millions de bénéficiaires du RSA, 4,5 millions de primes d’activité versées par la CAF. Et 10 millions de Français sous le seuil de pauvreté. Beau succès.

Alors, j’assume. Je me bats pour une société qui se fixe comme horizon de garantir un emploi, une formation, un salaire à chacun de ses concitoyens. Et je m’inscris en faux contre ceux qui théorisent la « fin du travail ». Ce discours passe totalement à côté des réalités qui se font jour.

Ayons de l’ambition pour notre pays. Tant de besoins mériteraient d’être satisfaits. De quoi permettre à chacun de trouver sa place dans la société et de retrouver sa dignité par le travail.

Redonner du sens au travail

Regardez ces classes sans professeurs, ces trains qui ne circulent pas faute de conducteurs, ces services d’urgences fermés faute de personnels. Qui peut croire que nous relèverons le service public sans fonctionnaires en plus ? Qui peut imaginer que nous conduirons la transition écologique sans créer d’emplois ? Qui peut penser que nous pourrons reconquérir notre souveraineté énergétique, industrielle, alimentaire sans millions d’emplois supplémentaires ni formations massives ?

Bien sûr, à titre transitoire, les salariés ont besoin de protections, d’accompagnement et je serai à leur côté pour dénoncer toutes les attaques du gouvernement contre eux, avec cette réforme de l’assurance-chômage ou encore le projet de travail obligatoire en échange du RSA.

Mais quel beau défi pour un pays, pour la gauche, que de travailler à une société qui garantit à chacun d’avoir un emploi, une formation et un salaire tout au long de sa vie professionnelle.

Un projet révolutionnaire qui va de pair avec l’amélioration des conditions de travail, la hausse des salaires, la réduction du temps de travail et le rétablissement de la retraite à 60 ans et vise à sécuriser tous les âges de la vie. Redonnons du sens au travail en l’émancipant de la puissance aveugle du marché et en se posant partout la question : comment produire et répondre à nos besoins, en respectant autant les êtres humains que la planète ?

C’est l’ambition qui m’anime. Ni plus ni moins.

Fabien Roussel est député du Nord et secrétaire national du PCF

 

 

Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Capture d'écran dans le Temps

Capture d'écran dans le Temps

Elle est décédée le 8 septembre dans SON château écossais de Balmoral qu'elle a quitté dans son cercueil pour SON palais de Buckingham à Londres. Puis, elle ira enfin dans le palais de Westminster.

Dimanche 18 septembre: Une minute de silence sera observée à 20h, heure anglaise.  Un temps pour "faire son deuil et méditer sur la vie et l'héritage de la reine Elizabeth II", a indiqué Downing Street, le domicile de la première ministre de droite de Grande-Bretagne.

Héritage moral ou en fric d'une des plus grandes fortunes de la terre?

En tout cas, le cercueil de sa majesté sera plombé. Ben oui, son fils, Charles numéro 3, aurait trop la trouille d'une résurrection, disent de bien mauvaises langues. Pour finir avec the queen, elle sera enterrée dans la chapelle Saint-Georges en SON château de Windsor

Ma mère est décédée. Fille d'immigrés Catalans espagnols, naturalisée française, vous croyez qu'elle avait des châteaux en Espagne?

Naturellement, le dessin ci-dessus n'a pas été piqué dans la presse républicaine gauloise bien trop god save the queen and the king!


 


Plus que jamais … Des raisons de se battre, de converger et d’espérer

mercredi 14 septembre 2022 par ANC

Le dernier tract de l’ANC 13 valable toute la France !

Il n’y a pas besoin d’énumérer les raisons de l’inquiétude et de la colère en cette rentrée 2022 tant nous les vivons au quotidien : guerres et impérialisme au plan mondial, régression sociale inflation et durcissement de la répression au plan national, le tout dans un contexte où il apparait clairement que le capitalisme dans sa course au profit menace l’environnement au risque de le blesser mortellement.

Tout cela avec un gouvernement d’une arrogance rarement observée à ce niveau…

A l’heure où les profits explosent dans une France où la mal vie et la misère progressent, il est urgent de changer de politique et de système. Mais force est de constater que le nombre de gens qui ont refusé de voter aux dernières élections montre que pour une majorité d’entre eux, la réponse ne viendra pas des urnes et que la confiance dans les forces politiques est très largement émoussée en particulier dans les organisations censées défendre celles et ceux qui souffrent le plus d’exploitation et de discrimination.

Quand l’ensemble des forces politiques syndicales, associatives ne se rassemblent pas dans la rue, l’union dans les urnes apparait comme un bricolage électoral. Le découragement peut alors saisir certaines et certains d’entre nous face au rouleau compresseur du capital et du gouvernement Macron.

Pourtant des résistances et même des conquêtes s’affirment en France et au plan international. Pour ne prendre qu’un exemple, la Colombie. Dans ce pays, la mobilisation unitaire (politiques, syndicalistes, paysans sans terre, indigènes…) dans le mouvement de la « Marcha patriotica » a abouti à la défaite historique de la droite la plus dure dans ce pays qui a été depuis des décennies le soutien de l’impérialisme américain en s’appuyant sur une terreur sans égal (record mondial d’assassinats de syndicalistes).

Cette victoire est un immense souffle d’espoir pour le pays mais bien plus largement dans le monde. De même, les luttes de la jeunesse en Afrique qui remettent le panafricanisme au goût du jour sont aussi un exemple de formidable encouragement.

Plus près de nous ce qui se passe en Angleterre avec le mouvement « Assez c’est assez » tout comme les luttes dans d’autres pays d’Europe contre la vie chère sont des signes que les peuples ne se laissent pas faire.

En France d’ores et déjà des luttes sont en cours dans les entreprises et d’autres s’annoncent durant ces mois de septembre et octobre portant sur les salaires, l’emploi, les services publics, le salaire de remplacement, la protection sociale et plus particulièrement la retraite et tout le système d’assurance chômage.

Toutes questions largement conditionnées par la fin des guerres dont le prix tant humain que financier est porté par les peuples.

Sans la paix, pas de progrès social.

Dans ce contexte l’ANC appelle ses membres et l’ensemble de celles et ceux qui refusent ce système à se mobiliser et à mobiliser, en s’inscrivant dans tout le processus qui s’engage en particulier le 21 septembre (Rassemblement 17h 30 place Bargemon) dans la journée internationale pour la paix et le 29 septembre (RDV 10h aux Mobiles, haut Canebière) pour une manifestation qui sera première étape de toutes les convergences :

Pour la paix, l’appropriation sociale des grandes entreprises de production et de distribution, pour un monopole public de l’énergie dirigé par la population usagère et productrice, pour le plein emploi et pour une sécurité sociale de tous les secteurs de la vie, pour un salaire de remplacement pour les sans emploi.

Ensemble continuons à construire avec l’ANC la force révolutionnaire dont notre pays a urgemment besoin.


 Un président qui se balade avec un jerricane dans une main et un briquet dans l'autre

Les lycées professionnels toujours plus soumis au marché du travail

Emmanuel Macron veut rapprocher les lycées professionnels du monde de l’apprentissage. Les enseignants de ces établissements s’inquiètent de la baisse du nombre d’heures d’enseignements généraux déjà considérablement réduits en 2018.

C’est une petite musique qui revient à chaque réunion en vue d’une mobilisation dans l’Éducation nationale : au-delà des réformes touchant le cycle général, il s’agirait de ne pas en oublier une autre, celle de la voie professionnelle. Il faut dire que dans le grand bouleversement à l’œuvre dans l’Éducation nationale depuis 2017, le lycée professionnel n’a pas été épargné. Ses enseignants ne cessent depuis cinq ans d’alerter sur leurs conditions de travail, et les récentes déclarations d’Emmanuel Macron n’ont rien pour les rassurer.

Alors candidat à sa réélection, le président de la République avait promis, en avril, « une révolution complète du lycée professionnel ». Un mot d’ordre qu’il a réitéré jeudi 25 août, dans son discours devant les recteurs, en valorisant le modèle de l’apprentissage et en augmentant d’au moins 50 % les temps de stage (qui devront être rémunérés « de manière correcte »).

Rapprocher le bac pro de l’entreprise

But de la réforme : « ré-arrimer, très en profondeur et en amont, les lycées professionnels avec le monde du travail » et « adapter aux besoins du marché du travail et des élèves, nos formations ». Avec en ligne de mire l’objectif plus global de dépasser le million d’apprentis (730 000 aujourd’hui) afin d’améliorer l’insertion des jeunes.

Un projet qui suscite l’inquiétude de la communauté éducative. « Brandir l’apprentissage en exemple à suivre, c’est oublier que le lycée professionnel se compose de jeunes âgés de 15 à 18 ans dont la majorité est en tension avec le scolaire et n’est pas prête à entrer dans le monde dans l’entreprise, souligne Stéphane Crochet, secrétaire général du Se-Unsa. Doubler le temps passé en stage interroge profondément sur le temps qu’il reste pour les enseignements généraux. »

Parmi les 65 000 enseignants de la voie professionnelle, beaucoup redoutent également une organisation des filières en fonction des besoins de l’économie locale de chaque établissement. « Il vous faudra donc revoir, en lien avec les régions, la carte des formations, assumer ensemble de fermer celles qui n’insèrent pas, et développer celles qui marchent » a en effet intimé le Président aux recteurs d’académie réunis jeudi dernier.

Autre motif d’inquiétude : un décret publié en juin dernier a élargi les champs d’exercice des professeurs de lycée professionnel. Ils peuvent désormais enseigner dans les cycles général et technologique, en collège ainsi que dans le supérieur.

Pour Vincent Magne, représentant de l’Association des professeurs d’histoire et de géographie (APHG), il s’agit avant tout d’un « moyen de faire de la gestion de flux » :

« Ce décret facilite la suppression des postes qu’engendrera l’augmentation des périodes de stages. Les professeurs seront simplement redéployés dans les collèges où la pénurie de moyens bat son plein », prédit-il.

Co-tutelle des ministères du Travail et de l’Education

Symbole du renforcement souhaité de l’expérience en entreprise : le placement de la ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnels Carole Grandjean sous la double tutelle d’Olivier Dussopt, ministre du Travail, et de Pap Ndiaye, à la tête du portefeuille de l’Education. Une manœuvre qui a été accueillie de manière contrastée au sein des syndicats.

Le Snuep-FSU a ainsi regretté qu’une « ligne rouge » ait été franchie :

« Cette double tutelle est un mauvais signe dans un contexte actuel de désengagement progressif de l’État des missions de services publics d’éducation », estime Sigrid Gérardin, co-secrétaire générale du Snuep-FSU, qui y perçoit « une forme d’externalisation » des 650 000 élèves professionnels en dehors du giron de l’Éducation nationale, et « une volonté de transformer les lycées professionnels en centres d’apprentissage. »

Inversement, le Snetaa-FO (majoritaire) a salué le « symbole fort » d’une « priorité donnée à l’enseignement et la formation professionnels », même si Pascal Vivier, secrétaire général du Snetaa-FO redoute un « coup de com » :

« Nos élèves arrivent avec de lourdes difficultés scolaires dont le lycée professionnel est le réceptacle. Penser que les transformer en apprentis, de la main-d’œuvre bon marché, suffira à endiguer le décrochage est un leurre. »

Dans la lignée des précédentes réformes

Créé en 1985, le baccalauréat professionnel n’a depuis cessé d’être réformé. Celle de 2009, menée sabre au clair par Luc Châtel, avait déjà fait passer de quatre à trois ans la durée des enseignements. En 2018-2019, Jean-Michel Blanquer avait à nouveau allégé les volumes horaires des enseignements généraux (maths, français, langue vivante), une partie de ces cours devant être réalisée en « co-intervention » avec des enseignants des matières professionnelles.

L’année de seconde était par ailleurs devenue une année de découverte d’une famille de métiers, retardant la spécialisation à l’année de première avec, déjà, une volonté d’accroître le nombre de formations en apprentissage et d’en faire des « filières d’excellence ».

En trente-cinq ans, les élèves de la voie professionnelle ont ainsi perdu 1 370 heures d’enseignement général et professionnel sur tout le cycle.

En découle, pour les professeurs en charge des matières générales, une perte de sens du métier et le sentiment de ne plus pouvoir offrir des enseignements de qualité.

« Ces transformations sont guidées par des visions purement utilitaires. On revient à l’obsession patron-ouvrier du XIXe siècle selon laquelle un ouvrier doit bosser, et ne surtout pas réfléchir », dénonce Vincent Magne, représentant de l’Association des professeurs d’histoire et de géographie (APHG). « Peut-être n’en ferons-nous pas des historiens, mais nous devons les former à devenir les citoyens de demain », insiste l’enseignant de lettres et histoire-géographie – deux domaines rassemblés en une seule discipline dans les filières professionnelles – à Troyes.

Depuis la réforme de Jean-Michel Blanquer, un élève sortant du baccalauréat professionnel n’a eu seulement qu’1 heure 15 de français par semaine. Pour un élève de CAP c’est à peine 45 minutes.

Élèves en difficulté

Julie Delphigué-Giraud, professeure d’éco-gestion au lycée de Camblanes-et-Meynac (Gironde) déplore, elle, un manque de concertation avant une telle refonte. L’enseignante y perçoit une « grande méconnaissance du profil social des élèves et de leurs difficultés scolaires ». En 2016, le Cnesco avait établi que 60 % des élèves de la voie professionnelle sont des enfants d’ouvriers, et seulement 12 % des enfants de cadres.

Les données du ministère de l’Education nationale montrent également qu’en 2021, les lycées professionnels ont accueilli 39 % élèves boursiers, contre 26,5 % en filière générale, avec de surcroît un « retard » d’âge fréquent (33 % des inscrits en seconde pro et 62,6 % en première année de CAP).

Julie Delphigué-Giraud pointe une autre difficulté encore peu abordée mais prégnante dans le discours des enseignants : la sur-représentation des élèves porteurs de handicap. Cette année, sur ses 26 élèves, 11 étaient en situation de handicap – certains avec des déficiences intellectuelles lourdes, ce qui complique la conduite des apprentissages.

Pour Christian Sauce, ex-professeur de lettres et d’histoire-géographie, la dégradation de la voie professionnelle n’est autre que le résultat d’une dégradation continue et orchestrée.

« L’apprentissage explose, dopé par l’argent public, tandis que le lycée professionnel se meurt par la volonté des pouvoirs publics », résume-t-il dans une formule lapidaire.

Les premiers chiffres du projet de loi de finances 2023, transmis le lundi 8 août au Parlement, lui donnent plutôt raison. Le ministère du Travail devrait bénéficier d’une hausse de crédits de 6,7 milliards d’euros pour la prolongation des aides à l’embauche des apprentis, lancées à l’été 2020 et qui devaient s’éteindre le 30 juin dernier.

Leur montant a été calculé afin que l’opération ne coûte presque rien à l’employeur, soit 5 000 euros pour le recrutement en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation d’un mineur, et 8 000 pour les alternants majeurs peu importe le diplôme poursuivi ou la taille de l’entreprise. Une réussite si l’on en croit la hausse spectaculaire du nombre de contrats signés : plus de 730 000 en 2021, contre 290 000 cinq ans plus tôt.

Quantité ou qualité de l’apprentissage ?

Mais tandis que le chef de l’État vante les mérites de l’apprentissage comme tremplin vers le plein-emploi, la Cour des comptes dresse un bilan en demi-teinte. Dans un rapport publié en juin sur la formation en alternance, celle-ci pointe des « taux de rupture de contrats d’apprentissage particulièrement élevés » en général, et notamment dans la filière pro (39 % pour les CAP, 32 % pour les bac pro), même si la majorité des apprentis rebondissent finalement via un autre contrat.

Surtout, on y apprend que la hausse globale des effectifs d’apprentis est en réalité « un succès quantitatif principalement porté par l’apprentissage dans l’enseignement supérieur » – représentant 51 % des apprentis en 2020 – et le secteur tertiaire.

Par ailleurs, l’impact de l’apprentissage sur l’insertion et la carrière des jeunes reste mal connu et, pour ce que l’on en sait, relativement ambivalent, comme le notait la Cour des Comptes. Une étude qui vient de paraître dans la revue Éducation et Formations montre qu’être passé par une formation en apprentissage « augmente la probabilité d’occuper un emploi, des diplômés du second cycle jusqu’à la trentaine » mais a, en revanche, « peu d’impact, voire un léger effet défavorable, sur celle des plus âgés ».

La « double tutelle » des ministères Éducation-Travail doit enfin permettre de pouvoir initier un changement au collège. Des établissements volontaires pourront proposer, dès cette rentrée, des « activités de découverte de métiers » à partir de la classe de cinquième, a spécifié la rue de Grenelle dans sa circulaire de rentrée 2022. Une mesure qui peut sembler de bon augure a première vue, mais qui laisse les syndicats sur la défensive.

« Normalement il devrait y avoir des dissensions fortes entre les objectifs du ministère du Travail et du ministère de l’Éducation nationale. S’il n’y en a pas, c’est que l’on est bien dans un registre d’instrumentalisation de la formation des jeunes pour satisfaire des besoins économiques locaux », conclut Sigrid Gérardin du Snes-FSU.

Source https://www.alternatives-economiques.fr/lycees-pro-toujours-plus-soumi...

 


GODARD EST MORT, pire que la mort, une légende…

D”ailleurs il a eu recours au suicide assisté… « Il n’était pas malade, il était simplement épuisé. Il avait donc pris la décision d’y mettre fin. C’était sa décision et il était important pour lui qu’elle soit connue. »

Godard est mort, qu’est-ce qu’on peut faire de ça? Pourquoi ne pas tenter de restituer – en vain – ce moment où notre génération s’interrogeait sur le Vietnam. C’était, le croirez-vous, le plus important! Godard s’il m’en souvient bien disait alors “ça me parait difficile de parler des bombes alors qu’on ne les reçoit pas sur la tête“. Il y a tant de gens pour feindre l’émotion, du très mauvais cinéma. Du très petit, petit écran… Alors laissons les images de ruine traverser le confort de nos appartements et l’une chassant l’autre, nous inviter à accepter la guerre du fond de nos fauteuils. .Jean-Luc Godard détestait la télévision. Un jour à propos des Malouines, il a dit à celle qui l’interviewait : “un jour vous irez jusqu’à nous faire vivre la guerre en direct“. Il était l’homme des émotions chaudes et des vérités froides, cela faisait partie de ses oppositions dialectiques comme son plaidoyer pour “des pensées vagues et des images précises”… pour être cinématographiquement politique…

Godard avait tenté de généraliser le Vietnam, d’en parler encore et toujours dans chaque film de cette époque. “Ce que je peux faire pour le Vietnam c’est laisser le Vietnam nous envahir et me rendre compte de la place qu’il occupe dans notre vie de tous les jours.” Godard se savait un bourgeois mais ce qu’il avait alors en commun avec l’ouvrier, du moins le croyait-il comme je l’ai longtemps cru, c’était le Vietnam comme métaphore de l’injustice qui les séparait.pas la guerre en direct comme Hollywood mais ce qu’elle nous révélait de nous.

Son ennemi, cette industrie de guerre avec ses machinations c’était Hollywood, l’empire américain régnant sur le cinéma, il fallait des Vietnam partout pour lui arracher cette domination et en tant qu’artiste faire cinématographiquement de la politique.

Dans l’histoire du cinéma, par la force de la rupture qu’il introduisait, il a été comparé à deux autres réalisateurs qui ont changé cet art à jamais – D. W. Griffith, avec « Birth of a Nation », en 1915, et Orson Welles, avec « Citizen Kane», en 1941. Contrairement à Griffith et Welles, qui se sont battus pour garder une place dans l’industrie cinématographique sans y parvenir, Godard est resté productif à la marge. C’est étrange mais alors que l’on accusait ses films de ne parler que de lui, il paraissait aspiré par son œuvre comme une sorte de portrait de Dorian Gray: il était devenu JLG, un oracle de plus en plus impersonnel et hyperréel. Il en est mort d’épuisement.

Dans alphaville il y a une prophétie : vous allez souffrir quelque chose de pire que la mort vous allez devenir une légende. C’est fait ! Depuis pas mal de temps quand la vieillesse conserve l’orgueil et alors n’a plus d’autre issue que la réclusion volontaire jusqu’au refus de rencontrer Agnès Varda parce qu’elle pratique le compromis, tente de rester aimable au lieu de leur dire leur fait. La vieillesse, ma vieillesse aussi parfois me fait songer à cette contradiction énoncée par Léopardi, celle entre le désenchantement lucide de la raison et l’exigence vitale du sens, que l’on poursuit comme l’écrivain italien et Godard en dépit du bon sens, une valeur qui n’a plus cours en 2022 mais pour renforcer la censure, pour éviter la logique des faits.. Ce que Gramsci résumait de cet aphorisme : le pessimisme de la raison et l’optimisme de la volonté, on sait cela mais on tente de sauver les meubles, on se rejoue parfois médiocrement dans des débats sans contenu réel pour dire malgré tout, parce que ce serait trop bête tout ça pour rien…

Souvenez-vous de « Weekend » – de ce plan de suivi de dix minutes d’un embouteillage sur des kilomètres (en fait trois plans distincts, séparés par de brefs intertitres) – qui se termine par deux cartes de titre : la première se lit « Fin du film », la seconde « Fin du cinéma ».

Effectivement, on se survit un peu, à ce carambolage d’une révolution trahie… jusqu’au moment où on découvre que l’on rétrécit avec les autres accidentés, impossible d’avancer.

Lorsque Godard a terminé « Weekend », il a conseillé à son équipe de production de chercher du travail ailleurs. C’est ainsi qu’a commencé le retrait provocateur de Godard, d’abord de l’industrie cinématographique, puis de Paris. Il a poursuivi sa hautaine retraite…

Comment peut-on encore leur parler, il a inventé ce qui nous tue, les pancartes aphorismes ou le jeu de mot se substitue à la démonstration, à la complexité mais il l’a fait à la manière d’un cinéaste ou de Brecht, dans l’articulation de la mise en scène et du montage. Une manière sophistiquée : Il disait “mettre en scène est un regard, monter est un battement de cœur” Dans l’une de ses critiques sur “l’homme qui en savait trop” dans les Cahiers du cinéma, les cahiers jaunes de Bazin que je lisais avec passion, il explique que ce film d’Hitchkock a le scénario le plus invraisemblable et pourtant de ce fait le plus réaliste. Toujours cette contradiction entre la représentation, le signe et la réalité pour mieux la révéler politiquement, en favorisant l’intervention. L’une, expliquait-il, la mise en scène, prévoyait le film dans l’espace celui d’une course poursuite dans le monde de l’espionnage, l’autre, le montage intervenait sur le temps, en introduisant une mimique, une chanson, un chœur de cymbale, le questionnement d’un regard. Articuler montage et mise en scène c’est faire ressortir la passion sous la machination. Couper un mouvement d’appareil en quatre, c’est introduire du mordant, montage et mise en scène se répondent…

Cette leçon-là il avait réussi à nous la faire partager faute d’aller au Vietnam recevoir les bombes… puisqu’il n’a pas reçu le visa… sauf qu’il y a eu ce carambolage sur des kilomètres et des kilomètres de nos vies… Avec les communistes j’irai jusqu’à la mort mais pas au-delà… .

Nous étions si attentifs et si peu perpicaces… Il n’était pas seul, nous n’étions pas la génération de la solitude même si nous introduisions le caprice individualiste par pure légéreté de ne pas savoir ce qu’étaient les bombes… Cette réflexion sur comment mettre le Vietnam au cœur de nos vie, il la mène aux côtés de Joris Ivens, d’Alain Resnais, de Chris Marker, Agnès Varda et Wiliam Klein qui l’a précédé de deux jours dans la mort et il invente l’exposé du questionnement intérieur. Et il se fait taxer de narcissisme. Seuls les critiques communistes le défendent alors qu’il dénonce l’URSS révisionniste et coupable de tiédeur selon lui et ses amis dans le soutien au Vietnam, tiédeur tu parles, tout a changé et pas en bien après la chute… Mais nous étions ainsi…

Aragon voyait en lui le Cézanne des temps modernes… Et Aragon savait reconnaitre l’avant-garde, celle qui fait dérailler le conformisme, le politiquement correct de la littérature comme de la cinématographie… et le voici la proie de trafiquants de révolutionnaires politiquement corrects… Godard largue les amarres, y compris avec ce cinéma que nous avons tant aimé, celui qu’Hollywood déverse avec les accord Blum Byrns contre lesquels le parti communiste se bat avec succès en défendant le cinéma français mais aussi la création mondiale autre qu’américaine, le droit des peuples à disposer de leur image, de leur fiction comme plus haute expression de la réalité en mouvement. C’est un phénomène mondial, l’indien Satyajit Ray, par exemple, mais chez la plupart de ces cinéastes on retrouve dans les années soixante ces expérimentations de forme que Godard initie, pour mieux dire leur société mais aussi la dénonciation du passage à Hollywood où on les dépouille de leurs scénarios, appropriés par les majors pour créer E.T. avec la complicité d’un Truffaut.. Alors avec la défaite, celle des festivals qui deviennent le dernier salon de l’armement des valeurs occidentales, du marché du cinéma, il y a eu la réclusion volontaire, tout à coup je pense à cet autre Suisse que la vague vient d’emporter Alain Tanner.

Godard a proclamé cet internationalisation de la lutte en tant que cinéaste, toujours à la veille de 1968, à la cinémathèque d’Alger: “je mets à distance le cinéma qui m’a formé, trente ans de cinéma américain”… Et même quand il aura renoncé à la révolution, il ne reviendra pas en arrière sur cette rupture qui le place aux antipodes du besogneux Truffaut, Godard, aussi orgueilleux que le Dieu d’Israël lui reprochera Fritz Lang… Mais dieu que j’ai partagé leur mépris et ils se comprenaient si bien.

Comment vous dire cette époque incroyable mai 68 n’est pas né de rien : un fait : Il y a une grande usine en Grève, la Rhodiaceta. Les salaires sont plutôt plus élevés que la moyenne, mais les conditions de travail sont difficiles. L’année 1967 débute par une période de réduction de la production, conséquence inévitable de l’ouverture du Marché commun, selon la direction, qui décide, pour diminuer les coûts fixes, de compter les jours chômés comme jours de congé, et qui annonce un plan de licenciement. Cela va déclencher une formidable grève et Godard présente son film ( Loin du Vietnam) à Besançon en hommage au Vietnam mais aussi aux grévistes, la salle est bondée d’ouvriers: “les Vietnamiens se battent pour nous et les grévistes se battent avec eux”. C’est la ligne de Godard, même si c’est Chris Marker qui fera le documentaire “A bientôt j’espère” diffusé le 5 mars 1968, l’ORTF, télévision nationale, sur la grève soutenue, du 25 février au 24 mars de l’année précédente, par jusqu’à la totalité des trois mille ouvriers et ouvrières de l’usine de Besançon. Ce film contribue à faire connaître, peu avant les événements de Mai 68, une entreprise où, à partir donc de Besançon, les mouvements de contestation et de revendication sont très vite suivis dans les quatre autres usines, à Lyon-Vaise, Vénissieux et Saint-Fons et au Péage-du-Roussillon. Le film de Godard est présenté au TNP, il y a 3000 spectateurs, mais quand il sera diffusé commercialement le groupe d’extrême-droite Occident qui a formé un commando “antiVietnam” saccage la salle et menace de déposer des bombes. Le film est retiré au bout de quinze jours.

Aragon en le décrivant comme un Cézanne a bien compris sa solitude et les voies qu’il traçait. Le paradoxe de son avancée était qu’elle plongeait ses racines dans le muet, le temps des brumes et des fantômes comme aujourd’hui dont on ignore encore ce qui devrait émerger.

 


Liverpool:

« Dieu sauve notre gracieuse équipe »

Bon, je suis tout à fait d’accord – bien que non supporter de l’équipe de Liverpool- je dois dire que l’humour très Monty Python de ces fans prolétariens remonte le moral après ce long enterrement dont le seul mérite était à mes yeux qu’il suspendait un peu les bulletins hystériques (eux aussi)de victoire des fans de Zelensky. Remarquez c’était reculer pour mieux sauter: Ursula Von Der Leyen (en bleu et jaune aux couleurs de son équipe favorite) a déclaré ce matin au Parlement européen que l’Ukraine et l’Europe vont gagner contre la Russie. La présidente de la Commission européenne ne prend plus de précautions oratoires pas plus que nos éditorialistes de LCI : l’Union européenne est en guerre contre la Russie parce que l’échange de balles est ici mortelle. Ce qui n’améliorera pas le chauffage et les soupes populaires à Liverpool comme ailleurs.. (note et traduction de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

illustration :la reine Elizabeth remet la coupe à Liverpool.


Pour de nombreux Britanniques, la mort de la reine est une anecdote. À Liverpool, il y a des choses plus importantes (en dehors du football), comme le fait que la moitié de la population ne pourra pas chauffer ses maisons ou que les pots communs seront à court de nourriture.

Andy Robinson Liverpool , 10/09/2022

Il est difficile de comprendre pourquoi, mais tout le monde veut savoir ce que nous, britanniques, ressentons après la mort soudaine de la reine Elizabeth II. Voici ma réponse de Liverpool: J’ai ressenti une indifférence absolue jusqu’à ce qu’ils annoncent la suspension des matches de Première ligue par respect pour le deuil de la nation.

Ceux qui se sont rassemblés sous le choc devant Buckingham palace se souvenaient d’Elizabeth comme d’une personne « mignonne et chaleureuse », malgré le fait qu’il y a 25 ans, eux-mêmes (ou leurs parents) avaient étiqueté la reine comme « mauvaise et froide » lors de ces démonstrations embarrassantes de douleur hystérique après la mort de Diana. Personnellement j’ai toujours préféré la description de Johnny Rotten dans God Save the Queen : « Elle n’est pas un être humain. »

La vérité est que pour un certain nombre de Britanniques – membres d’une majorité silencieuse que les journalistes de la BBC ne choisissent jamais dans leurs interviews – la mort d’Elizabeth est une anecdote. Beaucoup d’entre eux zappaient désespérément jeudi soir à la recherche d’une chaîne qui ne diffuserait pas l’insupportable filet d’hommages avec des larmes de crocodile.

Ici, à Liverpool, il y a des choses plus importantes à penser que la mort de la reine. Par exemple, la prévision selon laquelle plus de la moitié de la population n’aura pas assez de revenus pour chauffer sa maison en hiver. Ou la nouvelle que les soupes populaires dans les quartiers ouvriers de la ville sont à court de nourriture en raison d’une demande excessive. Ou l’annonce de Liz Truss – dans le style de « l’économie vaudou » de Ronald Reagan et de la courbe de Laffer – que le « nouveau » gouvernement réduira les impôts des entreprises et des contribuables les plus riches parce que ce sont eux qui investissent dans la nation. Aussi parce que Truss croit que les réductions d’impôt génèrent plus de revenus que l’augmentations des salaires.

Mais ici, où le seul roi est le football, la question la plus importante de toutes, celle qui éclipse la mort de la monarque nonagénaire, est le besoin urgent pour Liverpool de jouer son prochain match pour effacer de la mémoire la défaite catastrophique de mercredi dernier contre Naples.

C’est pourquoi la suspension du match de Liverpool contre Wolverhampton Wanderers en hommage à la famille royale a fait penser aux fans non pas au sort du charles III nouvellement couronné, mais celui de l’ancien Charles Ier. S’il s’agit de choisir entre Liverpool (ou Everton) et l’avenir de la monarchie britannique, les cris ici sont : « Viens sur toi les rouges (ou les bleus) ! », et « Off with his head ! ».

Cela a déjà été prouvé il y a un mois, lorsque Liverpool a battu Manchester City dans le trophée du Community Shield par 3 buts à 1. Avant le début du match, les fans de Liverpool avaient levé des torches vers la loge du King Power Stadium de Leicester, où le prince William se trouvait, en huant l’hymne national.

La presse tabloïd s’en est prise aux fans avec des titres comme celui du Daily Mail: « Abus honteux contre le prince. » Boris Johnson a utilisé le même mot : « Honte ». Ceci, malgré le fait que Johnson a depuis longtemps perdu tout sens de sa propre honte ou de celle des autres et malgré le fait que la presse jaune était précisément celle qui a accusé la Maison royale britannique lors de ce premier assaut médiatique qui a culminé avec la béatification de Diana. (Le rôle de Rupert Murdoch dans la presse tabloïd dans la chute et l’ascension d’Elizabeth est discuté ici.)

L’irrévérence des supporters de Liverpool vis-à-vis de la monarchie vient de loin. Lors de la finale de la coupe en 1965, lorsque Liverpool a battu Leeds, les 13 années d’Elizabeth sur le trône semblaient déjà trop nombreuses et, au lieu de chanter pendant l’hymne national « god save our gracious queen », les fans ont scandé « god save our gracious team ». Aujourd’hui, les huées des fans de Liverpool contre l’hymne national sont souvent accompagnées du cri « fuck off tories ».

À Liverpool, où les travailleurs des trains de banlieue de Merseyrail viennent d’obtenir l’augmentation de salaire de 7% qu’ils demandaient après une grève très bien organisée, il y a une autre annulation en l’honneur de la monarchie qui est surprenante. À une époque de militantisme ouvrier croissant et de diverses grèves contre la perte de pouvoir d’achat, les syndicats des postes et des chemins de fer nationaux ont annoncé vendredi qu’ils avaient décidé de suspendre la journée de grève ce week-end par « respect pour le service (de la reine) au pays et à sa famille ».

Tout est en pause après la mort de la reine. Mais la saison va bientôt reprendre.

> DE L’AUTEUR

Andy Robinson

Il est correspondant volant de ‘La Vanguardia’ et collaborateur de Ctxt depuis sa fondation. De plus, il fait partie du comité de rédaction de ce média. Son dernier livre est ‘Gold, Oil and Avocados: The New Open Veins of Latin America’ (Harp 2020)VOIR PLUS D’ARTICLES

Voici le lien avec le discours d’Ursula Von Der Leyen en tant que supporter de l’équipe favorite de l’UE et de l’OTAN, une pompom girl de choix :