Législatives de juin 2022 : la roue n’a pas encore tourné
Législatives de juin 2022 : la roue n’a pas encore tourné.
Malgré le résultat du deuxième tour des élections législatives qui
s’analyserait pour certains en une « gifle », E. Macron va continuer sa
carrière de président de la République. Comme ceux de ses prédécesseurs (
F. Mitterrand, J. Chirac) qui n’ont pas tiré la conséquence de leur
désaveu à la suite d’une consultation électorale dans laquelle leur
personne et ou leur action avait une importance déterminante.
Situation inédite sous un autre rapport. Puisque E. Macron a été
désavoué alors que le système était fait pour qu’il gagne une majorité
(1).
Mais sans conséquences notables.
Sur les bancs de l’Assemblée, E. Macron n’a plus assez de ce que les
esprits critiques appelaient des « béni-oui-oui » pour voter comme on le
leur prescrivait ces cinq dernières années.
E. Macron a besoin de quelques dizaines de débauchés ou
d’intérimaires pour lui donner un coup de main dans les années à
venir. Il dispose de réservoirs de main d’œuvreau sein de ce qu’il reste
du « parti socialiste » et se ses satellites et du « parti
républicain ». Puisque c’est justement avec des transfuges de ces
organisations politiques, - acquises depuis longtemps à l’idéologie et
au système de gouvernement traduits dans les dispositions des traités à
vocation mercantile ( Maastricht, Lisbonne, OMC, et autres) et à la
soumission aux USA ( OTAN et les mêmes que ci-dessus) - qu’E. Macron a
fabriqué ses gouvernements.
Il suffit donc, comme à la belle époque du régime des partis, de
« consulter » ( ce que fait E. Macron ces 21 et 22 juin) pour voir
comment on peut manoeuvrer. Soit en signant un accord de gouvernement,
soit en obtenant le soutien sans participation, soit en organisant pour
la suite des votes texte par texte. Par exemple, en proposant des postes
au sein du gouvernement ou en promettant quelques subventions
facilitant l’amour des électeurs pour leurs députés.
On verra à ce sujet, si Olivier Véran qui a fait merveille pour la
vente de vaccins, fera montre d’une même efficacité pour ramasser les
bonnes volontés.
En tous cas on commence déjà à entendre quelques argumentaires de
dignitaires des partis sus nommés pour faire « avaler » à leurs
électeurs, qu’ils étaient certes « contre » Macron quand ils
sollicitaient leurs suffrages, mais qu’il leur faut bien, maintenant
qu’ils sont élus, penser à faire fonctionner les institutions …
Quant aux députés susceptibles d’être, au moins en apparence, les
moins « Macron-compatibles » ( RN et LFI) ils pratiquent la détestation
réciproque des boutiquiers, qui les neutralise. Et, en tout état de
cause, ils ne sont pas en nombre suffisant, pour le cas où ils
mélangeraient leurs voix, pour renverser le gouvernement.
Et puis, le texte de la constitution a été rédigé pour faire face à
ce type de cas de figure. Quand les Sénateurs ne sont pas d’accord, on
peut se passer de leur vote (art. 45). Quand l’électorat des députés
risque de n’être pas content que les députés votent une réforme
particulière, on s’arrange pour que la réforme soit faite par
ordonnance ( art 38). Quand les députés risquent de n’être pas assez
nombreux pour voter la réforme, on les invite à engager la
responsabilité du gouvernement : s’ils n’y arrivent pas, le texte ( y
compris les projets de lois d’habilitation à prendre des ordonnances)
est considéré comme adopté ( art. 49 al. 3). S’ils renversent d’aventure
le gouvernement - à supposer qu’ils arrivent à être 289 pour ce faire -
ils risquent de retourner devant les électeurs sur la seule volonté du
président de la République (art 12). Ce qu’ils n’aiment
traditionnellement pas. Parce qu’une campagne électorale coûte cher, et
qu’on n’est jamais certain d’être réélu. Et puis, de nombreuses réformes
n’ont pas besoin de l’intervention des parlementaires (art. 37). Etc…
(2)
Enfin, et surtout, l’essentiel des réformes qui intéressent la vie
des Français, comme celles qui concernent l’avenir du pays, a été enlevé
à la connaissance des citoyens et de leurs représentants. Puisque le
programme financier, économique et social qui détermine (et continuera à
le faire sauf sursaut) les conditions de vie des citoyens a été fixée
(grâce à certains politiciens français qui ont su y faire, comme F.
Mitterrand ou N. Sarkozy) dans des textes ( des traités) hors de portée
des institutions représentatives. Et puisque la feuille de route de sa
mise en œuvre est arrêtée par des organismes qui ne sont non plus, ni le
président de la République, ni le parlement, ni le peuple (
« Commission » etc… de l’ « Union européenne »).
Puisque des présidents de la République (E. Macron n’est pas le
premier), qui utilisent les pouvoirs que la constitution donne à
l’institution présidentielle pour assurer la souveraineté et la dignité
de la France, font preuve d’un zèle touchant pour participer à des
guerres déclenchées ou provoquées par les USA en fonction des propres
intérêts stratégiques et commerciaux de ces derniers.
Le tout avec l’aimable passivité, quand ce n’est pas avec le soutien militant, de la classe politique.
Bref, le deuxième tour des élections législatives ne change rien sur l’essentiel. Ni même sur le détail.
La seule chose que l’on peut noter, c’est que même parmi les citoyens
qui ne sont pas restés chez eux, il y en a « pas mal » qui ont montré, -
malgré l’intense « communication » 24 h s/ 24 des principaux médias
favorables à l’idéologie sociétale, à la politique, à la personne d’E.
Macron (v. le processus de fabrication de ce candidat en 2017), et à sa
manière de gérer la population - , que la partie n’est pas forcément
gagnée par des adeptes du système de gouvernance actuellement pratiqué.
Et que le traitement ( très efficace) réservé aux gilets jaunes n’a fait
disparaître, ni les souffrances, ni la peur du lendemain, ni le
ressentiment, ni l’aspiration existant au cœur de la population de
mettre fin au dit système.
Il arrive toujours un moment où la roue tourne.
Lorsque les puissants quittent leur poste, ils perdent alors l’arme de la menace.
Les juges ont toujours des intérêts de carrière, mais avec d’autres
chefs. Et ils ont en plus des lois nouvelles et de circonstance à
appliquer. Sans compter qu’ils peuvent être remplacés.
Les membres de la classe politique, ceux qui ne se sont pas trop
« mouillés » continuent à percevoir leurs indemnités, mais dans le sens
dans lequel le vent a tourné.
L’histoire enseigne aussi que lorsque c’est un mouvement des citoyens
qui est à l’origine de la perte des postes, les partants, qui sont
alors des déchus, deviennent encore plus vulnérables.
Il sera donc intéressant de suivre le travail de ceux qui
continueront à rassembler les faits, à donner -comme ils le peuvent- de
l’information. Mais qui, aussi, prépareront les bilans et les comptes,
pour le jour où les citoyens donneront le cas échéant de la voix.
Marcel-M. MONIN
m. de conf. hon. des universités
constitutionnaliste
(1) Il est intéressant de constater que si les sondages faisaient
apparaître l’existence d’un rejet majoritaire de la personnalité et de
l’action d’E. Macron, ce désaveu de fait, ne s’était pas, pour les
raisons que l’on sait, traduit dans les urnes le 24 avril dernier.
(2) sur ces questions, v. notre « Textes et documents constitutionnel
depuis 1958. Analyses et commentaires. Dalloz - Armand Colin)
.....QUI ME FONT UN BIEN FOU! MÊME SI L'HEURE N'EST PAS AUX RÉJOUISSANCES
De notre ami PAM :
Le mouvement populaire est à terre, à reconstruire. La première étape est de sortir de cette longue séquence Mélenchon qui n’est que la répétition sous forme de farce de la séquence Mitterrand dont il est le produit. Il faut dire la vérité de cette “nouvelle union” mélenchoniste qui n’est que la dernière mouture de l’union de la gauche initiée dans les années 1970. L’union populaire ne peut que se construire dans l’action, dans les entreprises et les quartiers, et cela suppose un immense effort militant, d’éducation populaire et d’organisation. Pour cela, il faut en finir avec les mensonges de Jean-Luc Mélenchon. Il faut inventer autre chose. Les communistes ont un rôle décisif à jouer s’ils choisissent toujours de dire la vérité à notre peuple, de faire le pari de l’éducation populaire, de l’engagement de terrain, même quand le rapport de forces est difficile.
https://pierrealainmillet.fr/A-gauche-le-mensonge-est-dangereux?fbclid=IwAR1KGmyBwqw89kenpIsDWmEsuiSP89begSc0iRkz-XAdOviGom-uIbTk6so