vendredi 13 août 2010

EN RUSSIE, AILLEURS, CHEZ NOUS.....CE N'EST PAS FINI !!!

 par Armen Oganessian

Publié 13 août 2010 Russie



pour RIA Novosti La fumée des incendies en Russie, l’inquiétude pour soi et ses proches, nous détourne pour un temps du tableau planétaire peu réconfortant. D’énormes éruptions volcaniques, des tremblements de terre, suivis d’une canicule record en Russie, d’inondations en Europe. Une suite pratiquement ininterrompue de catastrophes. Une question légitime se pose : quelle est la suite? À quoi faut-il se préparer? Malheureusement, la réponse est simple : à tout.

Aujourd’hui, les manifestations de folie « éclairée » sont nombreuses. Dans notre cas elles se traduisent par la certitude qu’il faut « contrôler le climat », tandis qu’il faudrait apprendre à se contrôler soi-même. S’y joignent « les complexes de supériorité » historiques qui se traduisent pas une démagogie futile (un désir étrange d’avoir le beau rôle dans le contexte des cataclysmes imminents), par exemple, par la thèse « Le défi des changements climatiques propose un rôle global à l’Union Européenne ».

Les événements dans le monde ne proposent plus à personne de rôles. Le rideau est tombé.

Le syndrome obsessionnel d’optimisme est un autre type « d’inadéquation ». Il s’exprime dans l’espoir qu’un esprit collectif, réuni dans un local bien climatisé, puisse trouver une solution à tous les problèmes. Le problème n’est pourtant pas seulement dans les limites de l’esprit humain face à l’Univers, mais dans le fait que chacun de nous en particulier est, sans aucun doute, « un citoyen du monde ». Mais quand nous nous réunissons ensemble, bonjour les dégâts !
En décembre de l’année dernière, les représentants de 115 pays, armés d’avis d’expert en tout genre, se sont rendus au Sommet climatique à Copenhague. Au final, ils n’ont réussi qu’à s’entendre sur le fait qu’il serait bien de limiter la hausse de la température dans le monde de deux degrés Celsius.

Ce serait bien, en effet. Mais la réalité, comme toujours, a devancé de loin « la sagesse des sages ». Il serait intéressant de savoir de quelle manière les événements de cette année influenceront l’ordre du jour et les décisions du futur forum mondial, qui se déroulera cette fois à Mexico. Je crains que les lobbyistes de la croissance économique tentent de nouveau de saboter le travail du sommet au profit de la croissance économique.

« Il existe une relation directe entre la prospérité de l’homme et la santé de la planète », affirme Walter Reid, professeur à l’institut d’écologie de Stanford, en se basant sur les résultats d’une étude approfondie menée par ses collègues. Depuis 50 ans, les gens vivent plus longtemps et se nourrissent mieux. « Le nombre d’édifices qui seront construits au XXIe siècle sera égal au nombre d’édifices construits dans toute l’histoire de l’humanité ». Les méthodes modernes d’agriculture, axées sur la croissance de la productivité grâce à l’utilisation des produits chimiques, restent à l’heure actuelle « la plus grande modification de la Terre par la main de l’homme et le plus grand consommateur d’eau douce ». Un tel progrès, selon les auteurs du rapport, coûte cher aux ressources naturelles et la diminution des ressources telles que les forêts ou l’eau douce vont avoir (ont déjà!) un sérieux impact sur la qualité de vie, en particulier des populations pauvres. En étant cohérent, l’économisme moderne devrait reconnaître que les crises et les récessions ne sont pas un mal absolu mais une saignée nécessaire du « progrès » contemporain.

Comme nous pouvons le voir, la boucle est bouclée. À l’avenir, la croissance globale du bien-être économique de l’humanité ne conduira pas seulement à une impasse. Elle deviendra une force destructrice de ce même bien-être, à commencer par les périphéries, par les plus vulnérables et les plus pauvres. Toutefois, ses conséquences négatives atteindront irrémédiablement les métropoles du monde contemporain. Cependant, au lieu de procéder par étapes, « la vengeance des éléments » pourrait s’abattre sur tout le monde en même temps, à l’instar d’un « violeur de nuit ».

« Celui qui croit que la croissance exponentielle peut continuer éternellement est soit fou, soit économiste », a noté l’économiste britannique Kennet Boulding. Par ailleurs, dans l’histoire de l’après-guerre, le général de Gaulle a été le seul à ne pas utiliser le slogan de l’amélioration du bien-être social en tant que crédo sociopolitique (à ne pas confondre avec la lutte nécessaire contre la pauvreté et la famine). Il estimait qu’un tel objectif était indigne de la nation française. À ses yeux, c’aurait été le retour de la civilisation à la profession de foi païenne : « Leur Dieu est leur ventre! »

Toutefois, l’Europe et le monde n’ont pas partagé l’idéalisme sain du grand Français et jusqu’à aujourd’hui, les discours magistraux des chefs d’Etat comprennent obligatoirement les fameuses « prospérités » et les clichés de ce genre. C’est vrai que, d’autre part, à un moment donné, face à la déficience évidente d’une interprétation aussi simpliste du progrès, une béquille idéologique a été inventée sous forme de « qualité de vie ».

Il a été suggéré aux personnes les plus sensibles d’interpréter les procédés modernes de manière extensive, pour ménager leur perception non-matérialiste du sens de la vie.

Une autre chose est encore plus surprenante. Même face aux crises dévastatrices et aux éléments, peu ont le courage de reconnaître, et c’est d’autant plus vrai des politiques et des grands de ce monde, que toute l’idéologie moderne de l’évolution de l’humanité, la conduit à sa perte.