mardi 19 décembre 2023

 

La mort d’Israël

Les États coloniaux ont une durée de vie limitée. Israël ne fait pas exception.

Israël apparaîtra triomphant après avoir terminé sa campagne génocidaire à Gaza et en Cisjordanie. Soutenu par les États-Unis, il atteindra son objectif dément. Ses déchaînements meurtriers et sa violence génocidaire extermineront les Palestiniens ou les nettoieront sur le plan ethnique. Son rêve d’un État exclusivement juif, où tous les Palestiniens qui resteront seront privés de leurs droits fondamentaux, se réalisera. Il se délectera de sa victoire sanglante. Elle célébrera ses criminels de guerre. Son génocide sera effacé de la conscience publique et jeté dans l’immense trou noir de l’amnésie historique d’Israël. Ceux qui ont une conscience en Israël seront réduits au silence et persécutés.

Mais le temps qu’Israël parvienne à décimer Gaza - Israël parle de plusieurs mois de guerre - il aura signé sa propre condamnation à mort. Sa façade de civilité, son prétendu respect de l’État de droit et de la démocratie, son histoire mythique du courage de l’armée israélienne et de la naissance miraculeuse de la nation juive seront réduits en cendres. Le capital social d’Israël sera épuisé. Il sera révélé comme un régime d’apartheid laid, répressif et rempli de haine, ce qui aliénera les jeunes générations de juifs américains. Son protecteur, les États-Unis, au fur et à mesure que de nouvelles générations arriveront au pouvoir, se distanceront d’Israël comme ils se distancient actuellement de l’Ukraine. Son soutien populaire, déjà érodé aux États-Unis, viendra des fascistes christianisés américains qui voient dans la domination d’Israël sur d’anciennes terres bibliques un signe avant-coureur du second avènement et qui voient dans l’assujettissement des Arabes une forme de racisme et de suprématie de la race blanche.

Le sang et la souffrance des Palestiniens - dix fois plus d’enfants ont été tués à Gaza qu’en deux ans de guerre en Ukraine - ouvriront la voie à l’oubli d’Israël. Les dizaines, voire les centaines de milliers de fantômes auront leur revanche. Israël deviendra synonyme de ses victimes comme les Turcs le sont des Arméniens, les Allemands des Namibiens et plus tard des Juifs, et les Serbes des Bosniaques. La vie culturelle, artistique, journalistique et intellectuelle d’Israël sera exterminée. Israël sera une nation stagnante où les fanatiques religieux, les bigots et les extrémistes juifs qui ont pris le pouvoir domineront le discours public. Il trouvera ses alliés parmi d’autres régimes despotiques. La répugnante suprématie raciale et religieuse d’Israël sera son attribut déterminant, ce qui explique pourquoi les suprématistes blancs les plus rétrogrades des États-Unis et d’Europe, y compris des philosémites tels que John Hagee, Paul Gosar et Marjorie Taylor Greene, soutiennent Israël avec ferveur. La prétendue lutte contre l’antisémitisme est une célébration à peine déguisée du pouvoir blanc.

Les despotismes peuvent exister longtemps après leur date de péremption. Mais ils sont en phase terminale. Il n’est pas nécessaire d’être un érudit biblique pour voir que la soif de sang d’Israël est contraire aux valeurs fondamentales du judaïsme. L’instrumentalisation cynique de l’Holocauste, notamment en faisant passer les Palestiniens pour des nazis, n’a que peu d’efficacité lorsqu’il s’agit de perpétrer un génocide en direct contre 2,3 millions de personnes enfermées dans un camp de concentration.

Les nations ont besoin de plus que de la force pour survivre. Elles ont besoin d’une mystique. Cette mystique donne un but, une civilité et même une noblesse qui incitent les citoyens à se sacrifier pour la nation. La mystique offre un espoir pour l’avenir. Elle donne un sens. Elle est source d’identité nationale.


Lorsque les mystiques implosent, lorsqu’elles sont révélées comme des mensonges, un fondement central du pouvoir de l’État s’effondre. J’ai rapporté la mort des mystiques communistes en 1989 lors des révolutions en Allemagne de l’Est, en Tchécoslovaquie et en Roumanie. La police et l’armée ont décidé qu’il n’y avait plus rien à défendre. La décadence d’Israël engendrera la même lassitude et la même apathie. Il ne sera pas en mesure de recruter des collaborateurs indigènes, tels que Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne – honnie par la plupart des Palestiniens – pour faire le travail des colonisateurs. L’historien Ronald Robinson cite l’incapacité de l’Empire britannique à recruter des alliés indigènes comme le moment où la collaboration s’est transformée en non-coopération, un moment déterminant pour le début de la décolonisation. Une fois que la non-coopération des élites autochtones se transforme en opposition active, explique Robinson, le "retrait rapide" de l’Empire est assuré.

Il ne reste plus à Israël que l’escalade de la violence, y compris la torture, qui accélère le déclin. Cette violence généralisée fonctionne à court terme, comme ce fut le cas lors de la guerre menée par les Français en Algérie, de la “ sale guerre ” menée par la dictature militaire argentine et du conflit britannique en Irlande du Nord. Mais à long terme, elle est suicidaire.

“ On pourrait dire que la bataille d’Alger a été gagnée grâce à l’utilisation de la torture ”, a observé l’historien britannique Alistair Horne, “ mais que la guerre, la guerre d’Algérie, a été perdue ”.

Le génocide de Gaza a fait des combattants du Hamas des héros dans le monde musulman et dans le Sud. Israël peut anéantir les dirigeants du Hamas. Mais les assassinats passés - et actuels – d’un grand nombre de dirigeants palestiniens n’ont guère contribué à émousser la résistance. Le siège et le génocide à Gaza ont produit une nouvelle génération de jeunes hommes et femmes profondément traumatisés et enragés, dont les familles ont été tuées et les communautés anéanties. Ils sont prêts à prendre la place des dirigeants martyrs. Israël a fait grimper les actions de son adversaire dans la stratosphère.

Israël était en guerre contre lui-même avant le 7 octobre. Les Israéliens manifestaient pour empêcher le Premier ministre Benjamin Netanyahou d’abolir l’indépendance de la justice. Ses bigots et fanatiques religieux, actuellement au pouvoir, avaient monté une attaque déterminée contre la laïcité israélienne. L’unité d’Israël depuis les attentats est précaire. C’est une unité négative. Elle est maintenue par la haine. Et même cette haine ne suffit pas à empêcher les manifestants de dénoncer l’abandon par le gouvernement des otages israéliens à Gaza.

La haine est une denrée politique dangereuse. Une fois qu’ils en ont fini avec un ennemi, ceux qui attisent la haine en cherchent un autre. Les "animaux humains" palestiniens, une fois éradiqués ou soumis, seront remplacés par des apostats et des traîtres juifs. Le groupe diabolisé ne peut jamais être racheté ou guéri. Une politique de haine crée une instabilité permanente qui est exploitée par ceux qui cherchent à détruire la société civile.

Le 7 octobre, Israël s’est engagé dans cette voie en promulguant une série de lois discriminatoires à l’encontre des non-Juifs qui ressemblent aux lois racistes de Nuremberg qui privaient les Juifs de leurs droits dans l’Allemagne nazie. La loi sur l’acceptation des communautés permet aux colonies exclusivement juives d’exclure les candidats à la résidence sur la base de "l’adéquation avec la vision fondamentale de la communauté".

Un grand nombre des jeunes Israéliens les mieux éduqués ont quitté le pays pour des pays comme le Canada, l’Australie et le Royaume-Uni, et jusqu’à un million d’entre eux sont partis aux États-Unis. Même l’Allemagne a vu affluer quelque 20 000 Israéliens au cours des deux premières décennies de ce siècle. Environ 470 000 Israéliens ont quitté le pays depuis le 7 octobre. En Israël, les défenseurs des droits de l’homme, les intellectuels et les journalistes - israéliens et palestiniens - sont traités de traîtres dans le cadre de campagnes de diffamation parrainées par le gouvernement, placés sous la surveillance de l’État et soumis à des arrestations arbitraires. Le système éducatif israélien est une machine d’endoctrinement pour l’armée.

L’universitaire israélien Yeshayahu Leibowitz a prévenu que si Israël ne séparait pas l’Église et l’État et ne mettait pas fin à son occupation des Palestiniens, il donnerait naissance à un rabbinat corrompu qui transformerait le judaïsme en un culte fasciste. "Israël ne mériterait pas d’exister et il ne vaudrait pas la peine de le préserver.

La mystique mondiale des États-Unis, après deux décennies de guerres désastreuses au Moyen-Orient et l’assaut du Capitole le 6 janvier, est aussi contaminée que son allié israélien. L’administration Biden, dans sa ferveur à soutenir inconditionnellement Israël et à apaiser le puissant lobby israélien, a contourné le processus d’examen par le Congrès avec le Département d’État pour approuver le transfert de 14 000 cartouches de munitions de chars à Israël. Le secrétaire d’État Antony Blinken a fait valoir qu’"il existe une situation d’urgence qui exige la vente immédiate". Dans le même temps, il a cyniquement appelé Israël à minimiser les pertes civiles.

Israël n’a aucunement l’intention de minimiser les pertes civiles. Il a déjà tué 18 800 Palestiniens, soit 0,82 % de la population de Gaza - l’équivalent d’environ 2,7 millions d’Étasuniens. 51 000 autres ont été blessés. La moitié de la population de Gaza est affamée, selon les Nations unies. Toutes les institutions et tous les services palestiniens nécessaires à la vie – hôpitaux (seuls 11 des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnent encore "partiellement"), stations d’épuration, réseaux électriques, systèmes d’égouts, logements, écoles, bâtiments gouvernementaux, centres culturels, systèmes de télécommunications, mosquées, églises, points de distribution de nourriture des Nations Unies ont été détruits. Israël a assassiné au moins 80 journalistes palestiniens ainsi que des dizaines de membres de leurs familles et plus de 130 travailleurs humanitaires de l’ONU ainsi que des membres de leur famille. Les victimes civiles sont au cœur du problème. Il ne s’agit pas d’une guerre contre le Hamas. C’est une guerre contre les Palestiniens. L’objectif est de tuer ou d’expulser 2,3 millions de Palestiniens de Gaza.

La mort par balle de trois otages israéliens qui avaient apparemment échappé à leurs ravisseurs et se sont approchés des forces israéliennes, torse nu, en brandissant un drapeau blanc et en appelant à l’aide en hébreu, n’est pas seulement tragique, elle donne un aperçu des règles d’engagement d’Israël dans la bande de Gaza. Ces règles sont les suivantes : tuer tout ce qui bouge.


Comme l’a écrit le général de division israélien à la retraite Giora Eiland, qui a dirigé le Conseil national de sécurité israélien, dans Yedioth Ahronoth, "[L]’État d’Israël n’a pas d’autre choix que de transformer Gaza en un endroit où il est temporairement ou définitivement impossible de vivre... Créer une grave crise humanitaire à Gaza est un moyen nécessaire pour atteindre l’objectif". "Gaza deviendra un endroit où aucun être humain ne peut exister", a-t-il écrit. Le général de division Ghassan Alian a déclaré qu’à Gaza, "il n’y aura ni électricité ni eau, il n’y aura que de la destruction. Vous vouliez l’enfer, vous l’aurez".


Les États coloniaux qui perdurent, dont les États-Unis, exterminent par les maladies et la violence la quasi-totalité de leurs populations indigènes. Les fléaux de l’Ancien Monde apportés par les colonisateurs aux Amériques, comme la variole, ont tué environ 56 millions d’indigènes en une centaine d’années en Amérique du Sud, en Amérique centrale et en Amérique du Nord. En 1600, il ne restait plus qu’un dixième de la population d’origine. Israël ne peut pas tuer à cette échelle, avec près de 5,5 millions de Palestiniens vivant sous occupation et 9 millions d’autres dans la diaspora.


La présidence Biden, qui, ironiquement, a peut-être signé son propre acte de décès politique, est liée au génocide israélien. Elle tentera de prendre ses distances sur le plan rhétorique, mais en même temps, elle acheminera les milliards de dollars d’armes demandés par Israël – y compris 14,3 milliards de dollars d’aide militaire supplémentaire pour compléter les 3,8 milliards de dollars d’aide annuelle – pour “ finir le travail ”. Elle est un partenaire à part entière du projet de génocide israélien.

Israël est un État paria. Cela s’est manifesté publiquement le 12 décembre lorsque 153 États membres de l’Assemblée générale des Nations unies ont voté en faveur d’un cessez-le-feu, seuls 10 États - dont les États-Unis et Israël - s’y étant opposés et 23 s’étant abstenus. La campagne de terre brûlée menée par Israël à Gaza signifie qu’il n’y aura pas de paix. Il n’y aura pas de solution à deux États. L’apartheid et le génocide définiront Israël. Cela présage un long, très long conflit, que l’État juif ne pourra pas gagner en fin de compte.

On n’est toujours pas sorti de l’Europe occidentale d’après guerre, reconstruite, remodelée et intégrée à sa zone économique par les USA. par Franck Marsal

Nous ne pouvons qu’être d’accord avec le constat de Franck Marsal, le cas de la Bulgarie aujourd’hui est une illustration parmi d’autres de ce qu’est l’UE et jusqu’où va l’exigence de vassalisation. (note de danielle Bleitrach pour histoire et societe)

Entre 1945 et 1951, cette réorganisation de l’Europe a reposé sur trois grands piliers

:a) le plan marshall, qui s’accompagne d’une ouverture globale des marchés et des empires aux capitaux et aux produits états-uniens. Les marchés nationaux sont dans les principes dissous. Les capitaux US peuvent circuler librement et prendre progressivement le contrôle des moyens de production.

b) on oublie souvent ce point : la création de la République Fédérale Allemande. L’Allemagne est au point zéro. Elle est le cobaye idéal de la création d’une nouvelle Europe dominée par les USA. Le principe de fédéralisme est un principe US et la “nouvelle Allemagne” est le point d’ancrage militaire et politique de la domination US en Europe occidentale. Elle sera à ce titre privilégiée dans son développement économique et industriel, par rapport à la France ou l’Italie, dans lesquelles notamment l’influence communiste importante est considérée comme une menace.

c) La création de la CECA, communauté Européenne du Charbon et de l’Acier. Cette institution préfigure et prépare l’UE actuelle sous une forme calquée sur les institutions US.L’ensemble des classes politiques dominantes qui vont ainsi gouverner les pays d’Europe vont être modelées dans ce contexte : le ralliement à l’OTAN est une condition préalable (la plus visible, mais pas la seule) d’existence politique.

Tout le monde y passera : le SPD allemand en 1959 – 1960, avec le congrès de Bad – Godesberg, les socialistes espagnols après 1981 etc etc. Ceux qui s’opposent à l’OTAN sont condamnés à la marginalité. La même démarche sera appliquée aux anciens pays du bloc soviétique.Tout le personnel politique de l’Europe pro-occidentale, y compris les tendances pro-UE en Arménie et Géorgie et une bonne partie des classes bourgeoises, les industriels et les financiers, les hauts fonctionnaires, ont basé leur existence sur l’acceptation de la domination US sur l’Europe, qui y a sauvé le capitalisme puis l’a réorganisé comme une branche filiale de son propre capitalisme.

C’est pourquoi ils craignent comme la mort, comme un inconnu impensable, la fin de cette domination et sont prêt à tout pour perpétuer et sauver cette domination dont ils sont les relais, qui les protège en tant que classe, et qui leur donne un sentiment et des signes concrets d’appartenance à la domination impérialiste mondiale.

Franck Marsal

La Bulgarie ultime victime de la vassalisation européenne

L’Union européenne a adopté, lundi 18 décembre, un douzième paquet de sanctions contre la Russie en réponse à sa tentative d’invasion de l’Ukraine. Les pays de l’UE l’avaient déjà approuvé vendredi, en marge d’un sommet européen, mais il n’avait pas pu être formellement adopté en raison d’une réserve de l’Autriche, désormais levée. Ce paquet de sanctions comprend notamment l’interdiction des importations de diamants russes dans l’UE. L’interdiction concernera les diamants naturels ou synthétiques et les bijoux dès janvier, et les diamants russes taillés dans d’autres pays à partir de septembre 2024. L’UE a également décidé d’ajouter 29 nouvelles entités à la liste de celles accusées de soutenir l’effort de guerre russe. Elles font toutes l’objet de restrictions concernant leurs exportations de produits susceptibles de renforcer l’industrie d’armement de la Russie. Certaines de ces entités, impliquées dans le contournement de sanctions, proviennent de pays tiers, Singapour et l’Ouzbékistan notamment, selon un communiqué de la Commission européenne. Et pour montrer à quel point l’Unoion Européenne triomphe sur tous les terrains celui militaire bien sur puisque Zelensky nous l’assure et qu’Ursula et le ministre de la défense allemand paraissent convaincus, mais aussi en envoyant un malheureux pays comme la Bulgarie jouer les exemples sur l’autel du sacrifice.

Après deux ans de crise politique marquée par cinq scrutins législatifs consécutifs, la Bulgarie avait fini par se doter, mardi 6 juin 2023, d’un gouvernement de coalition regroupant les forces pro-occidentales de ce pays profondément divisé sur la question russe. Le Parlement de Sofia a approuvé par 132 voix sur 201 la nomination d’un gouvernement soutenu par le parti conservateur GERB (pour Grazdani za Evropejsko Razvitie na Balgarija – « Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie ») de l’ancien premier ministre Boïko Borissov et les forces centristes proeuropéennes regroupées derrière le mouvement Continuons le changement de Kiril Petkov. les deux partis se sont entendus pour former un gouvernement autour de Nikolaï Denkov. Avec pour programme d’essayer d’intégrer l’espace Schengen dès cette année et la zone euro en 2025. C’est donc ce gouvernement qui est loin de jouir d’un consensus dans l’ensemble d’un pays parmi les plus attachés à la Russie dans l’ex- aire du pacte de Varsovie qui vient de prendre une décision lourde de conséquences pour la population dans l’attente d’urgence d’aides de Bruxelles en réponse à cette adhésion aux santions européennes à l’égard de la Russie.

C’est ce gouvernement qui va instaurer à partir de mars l’embargo européen sur le pétrole russe transporté par voie maritime, renonçant à l’exemption dont la Bulgarie bénéficiait, selon un texte adopté lundi par le Parlement. L’UE a mis en place en décembre 2022 des sanctions censées réduire de quelque 90% les importations par les 27 de brut russe, afin de tarir le financement de la guerre menée par Moscou en Ukraine.

Fortement dépendante de l’énergie russe, la Bulgarie avait à l’époque obtenu une dérogation qui devait prendre fin en décembre 2024. Elle dispose en effet sur son sol d’une Elle dispose en effet sur son sol d’une raffinerie du géant pétrolier russe Loukoïl, Mais le Parlement a finalement décidé un arrêt anticipé, “afin de priver Loukoïl et par là-même le Kremlin de nouveaux profits alimentant potentiellement l’offensive menée en Ukraine”, écrivent les auteurs de l’amendement. Il a été adopté par 131 députés, mais les socialistes et les nationalistes pro-Kremlin ont boycotté le vote, qui a donné lieu à des affrontements très vifs, certains élus bloquant même l’accès à la tribune dans une atmosphère tendue.

Selon des estimations citées par la législation, “les activités de Loukoïl en Bulgarie lui ont rapporté 3 milliards de dollars depuis le début de l’invasion russe”. La compagnie ne pourra donc plus importer de brut russe dès le mois de mars pour son usine située à Bourgas sur la Mer Noire, et devra se tourner vers d’autres sources d’approvisionnement. Ou bien se séparer de la raffinerie – une option évoquée début décembre face aux mesures jugées “discriminatoires” prises à son encontre par le gouvernement pro-européen à Sofia.

Au cours des vingt dernières années, Loukoïl jouissait d’un quasi-monopole, forte d’un réseau composé de neuf dépôts pétroliers et 220 stations-service. La Bulgarie pourrait avoir du mal à s’approvisionner en brut quand prendra fin l’exemption, selon les experts qui évoquent l’absence d’infrastructures portuaires adéquates et l’engorgement du détroit du Bosphore.

En fait c’est toute l’Europe de l’est et des Balkans dans lesquelles s’accroît ainsi les divisions qu’il s’agisse de la Moldavie ou de la Serbie hier et les proclamations triomphales quand c’est un gouvernement considéré comme pro-européen et en général émanant des milieux d’affaires qui prennent le pouvoir, cela ne fait qu’exaspérer les tensions sociales comme on le voit y compris avec le blocage à l frontière polonaise-ukrainienne, parce que l’Ukraine non seulement exige des dépenses bellicistes, des sanctions dont font les frais les peuples concernés et aggrave les concurrences.

PS .L’Alternative pour l’Allemagne (AfD) a remporté dimanche sa première mairie d’une ville de taille moyenne (40.00 habitants), en Saxe Cette victoire de l’AfD conforte la poussée du parti, qui surfe actuellement sur la grogne d’une partie de l’opinion contre la coalition gouvernementale. Cette dernière est composée des sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz, des écologistes et des libéraux résolument tous pro-européens et pour la guerre.

Note de Pedrito

M'étonnerait beaucoup que Poutine aidé de la Chine communiste ne trouve pas la parade pour contourner ce nouvel écueil inventé par l'OTAN américain impérialiste


 


Poutine constitue un point d’appui, et pas seulement pour la Russie, par Irina Alksnis

Il y a actuellement à gauche en Russie (et pas que les partis communistes d’Europe portent les échos assourdis d’un tel débat et des effets de la “diabolisation de l’adversaire de l’OTAN) y compris dans le KPRF une estimation différente parfois même antagoniste concernant le rôle de Poutine. Ce qui n’existe pas concernant son parti, ni même son entourage qui sont traités comme des représentants de l’oligarchie ne défendant que leurs intérêts personnels et ceux de la classe capitaliste, une cinquième colonne en puissance. En revanche Poutine, ses liens personnels avec Xi renforcent encore son aura, mais celle-ci existe avec la manière dont il a rompu avec la politique du clan Eltsine dont il était pourtant l’homme de main. La manière dont l’occident l’a obligé à s’opposer à cet occident, à l’OTAN lui ont donné un poids particulier. Certains Russes ne craignent pas de lui attribuer un plan de restauration de l’Union soviétique. (note de danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoire et societe)

https://vz.ru/opinions/2023/12/11/1243705.html

Lorsque l’on réfléchit à la décision de Vladimir Poutine de se présenter à l’élection présidentielle de 2024, il n’est pas inutile de rappeler un épisode pour le moins surprenant survenu il y a plus de six mois. À l’époque, en mars, Xi Jinping, lors de sa visite à Moscou, a dit au président russe quelque chose d’étrange, voire, dans un sens, d’inapproprié. La formulation a été choisie avec le plus grand soin, mais cela ne changeait à la substance de ce qui a été dit – en fait, le dirigeant chinois s’est déclaré convaincu que les Russes soutiendraient Poutine lors des élections de 2024.

S’il s’agissait d’un autre dirigeant étranger, cela n’aurait pas attiré beaucoup d’attention, mais l’État chinois – comme l’État russe – est extrêmement sensible aux sujets qui pourraient être perçus comme une ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays. C’est pourquoi la déclaration de M. Xi a suscité un certain écho et même des théories du complot tentant d’expliquer le contexte secret de ses propos.

Le contexte était là, bien sûr, mais il n’y avait rien de secret, de profond et de complexe là-dedans. Au contraire, il s’agissait de l’appel le plus ouvert et le plus direct – autant que possible dans de telles circonstances – lancé à Poutine par la Chine et de nombreux autres États (c’est pourquoi Xi s’est exprimé publiquement, et non à huis clos) sur la nécessité de le maintenir à la plus haute fonction de la Russie et au-delà. Cet appel était nécessaire car les Chinois, contrairement aux Occidentaux et à ceux des Russes qui détestent le président, savaient bien que la décision de Vladimir Poutine de se représenter n’était pas une fatalité.

En près d’un quart de siècle à la tête de la Russie, Vladimir Poutine a tant fait que son nom figure déjà sur la liste des plus grands dirigeants du pays. Il est ridicule de penser qu’un tel résultat est le fruit de considérations privées et égoïstes du président. Parmi les réalisations grandioses qui ont déjà eu lieu, le président n’a plus qu’une seule tâche véritablement titanesque à accomplir, et ce n’est pas de remporter la confrontation avec l’Occident. Non, la chose la plus importante pour lui est de s’assurer que ce qu’il a construit et créé continue à vivre et à se développer dans le futur.

Au cours des dernières années, Poutine a constamment construit non pas un système de pouvoir personnel, mais exactement le contraire – un État et un système politique souverains, orientés vers le pays et basés sur le peuple, capables de se reproduire et de se développer sans dépendre de façon dramatique de la personnalité du dirigeant. En même temps, pendant très longtemps, les processus de redressement et de renaissance de la Russie n’ont tenu qu’à un fil et dépendaient essentiellement de Poutine. Ce dernier a pourtant fait sa première tentative pour laisser le système flotter librement il y a 15 ans – sous la présidence de Dmitri Medvedev – mais il est rapidement apparu que le pays n’était pas prêt.

Poutine est revenu en 2012 et, dans les années qui ont suivi, la Russie a commencé à changer rapidement, les changements précautionneux des années 2000 ayant été remplacés par des transformations radicales et fulgurants comme l’éclair. Il faut bien sûr en remercier l’Occident, qui ne nous a tout simplement pas laissé le choix. Aujourd’hui, la société russe regarde l’avenir avec beaucoup plus de confiance et de sérénité, en réalisant que l’appareil managérial, les élites, la bureaucratie et l’État dans son ensemble ont subi un profond processus de nationalisation – et qu’il se poursuit.

Le système a fonctionné – et il pourrait être testé pour son fonctionnement indépendant, par exemple, comme la dernière fois, lorsque Poutine, ayant quitté la présidence, a rempli une fonction de garde-fou. Mais en termes d’événements de politique étrangère, il n’y a pas de pire moment pour des expériences que celui que nous vivons actuellement. Le monde est entré dans une phase critique de confrontation avec l’Occident et de remise en cause de son hégémonie demi-millénaire. La Russie joue un rôle crucial dans les événements actuels ; un grand nombre de plans, d’accords et d’attentes d’autres pays et de leurs dirigeants sont liés personnellement à Poutine. S’il devait quitter la plus haute fonction de l’État, cela augmenterait immédiatement l’incertitude, l’hésitation et le flottement géopolitique dans des dizaines de pays, sans que l’on en connaisse l’issue.

Dans un monde plongé dans le chaos, la Russie et la Chine font figure de piliers inébranlables autour desquels se construit un nouveau système de stabilité. Poutine est désormais un point d’appui non seulement pour son pays, mais aussi pour le reste du monde – c’est ce qu’a laissé entendre Xi Jinping en mars.

C’est aussi pertinent pour la Russie. En cette période de turbulences, qui apportera sans aucun doute son lot d’épreuves et de défis, notre société fait preuve d’un niveau phénoménal de cohésion, de conviction en sa force, de foi en un avenir radieux et de soutien au président.