vendredi 29 juillet 2022

De la Realpolitik, vraiment ?


Alors ça y est...

Notre superbe président -le meilleur que la France ait jamais connu, et de loin- vient de se ridiculiser avec panache une fois de plus.

En recevant avec les honneurs le boucher Saoudien Mohamed Ben Salmane à l'Elysée, lors d'une visite officielle qui acte la fin du blackout médiatique contre celui qui a ordonné (preuves à l'appui) l'assassinat et le découpage barbare du journaliste Jamal Khasoggi dans un Consulat en Turquie, Macron se place résolument dans le camp de la Realpolitik.

C'est à dire, celui du "faites ce que je dis, mais certainement pas ce que je fais".

En effet, comment traduire autrement cette longue poignée de main ? Il y a quelques jours encore, Macron le président schyzophrène tempêtait à nouveau contre Vladimir Poutine, l'accusant de "mener une nouvelle guerre mondiale hybride"...et reçoit donc aujourd'hui un des pires dirigeants que la planète ait jamais porté.

Comment cela est-il possible ? 

Pourquoi ce deux poids deux mesures ?

Pour le comprendre, il faut d'abord se pencher, non pas sur les atouts respectifs des deux dirigeants qui se voient gratifiés d'une telle différence de traitement...mais surtout et plutôt sur l'atlantisme forcené, quasi maladif et totalement improductif de nos dirigeants européens. C'est là que se trouve la clé de ce qu'il convient d'appeler la fameuse "Realpolitk"...

Deux poids, trois mesures

En effet, et quoi qu'on pense de la guerre menée par Vladimir Poutine en Ukraine, il convient de rappeler avant tout que la Russie est (était ?) un de nos principaux fournisseurs énergétiques, aussi bien en France qu'en Europe. Et ceci à un tarif très avantageux, bien plus que le gaz de schiste que les Américains brûlent d'impatience de nous fourguer. Sans parler de l'uranium du Khazakstan, qui fait tourner nos centrales nucléaires, et qui nous permettrait à notre pays de soi-disant être "souverain" énergétiquement...

Donc, l'argument qui voudrait que Macron serre la louche en toute impunité au boucher Saoudien, et le reçoive avec les honneurs, juste parce que celui-ci a beaucoup de pétrole et de gaz à nous vendre (et que nous avons beaucoup d'armes à lui vendre en échange), argument repris par tous les médias mainstream actuellement, cet argument n'est donc pas entièrement valable. Il n'est pas la seule explication : les deux chefs d'état autoritaires, que sont Poutine et Ben Salmane (et dans le cas de ce dernier je préfèrerais parler de boucher, bien plus que pour Poutine, car le bilan au Yémen est infiniment supérieur à celui d'Ukraine, 400 000 morts civiles Poutine petit joueur !), ces deux chefs d'état devraient également être mis au ban de la communauté internationale, si cette "communauté" se comportait logiquement.

Mais, là où l'Onu a même voté une résolution pour condamner l'annexion de la Crimée, et le conflit en Ukraine, sous les hourras unanimes des occidentaux donneurs de leçons...que se passe-t-il avec les exactions du régime de Ben Salmane ?

Rappelons que celui-ci fait bombarder sans vergogne des installations civiles vitales au Yémen (fermes, silos de grains, troupeaux, hopitaux...) , et organise avec son compère des Emirats Arabes Unis un blocus terrible du seul port de ce pays en lambeaux, le port d'Al Hodeida. Ce qui a eu pour conséquence une pénurie de médicaments et autres fournitures alimentaires vitales, entrainant la mort de dizaines de milliers d'enfants. Aujourd'hui, 80% des Yéménites ne peuvent survivre sans une aide alimentaire d'urgence...

Le bilan dans le pays même du Grand Humaniste Ben Salmane est plus qu'éloquent : une trentaine de journalistes et autres blogueurs emprisonnés, des dizaines d'exécutions par décapitation au sabre chaque année, opposants inclus... les homosexuels sont impitoyablement pourchassés et assassinés. Et que dire des droits de femmes ? Leur situation dans ce pays relève tout simplement du moyen-âge, voire avant : l'extrait ci-dessous, édifiant, est tiré de Wikipédia, et les faits relatés sont corroborés par les multiples observateurs officiels de l'ONU et des ONG indépendantes, qui se rendent sur place depuis des décennies.

"Chaque femme adulte doit avoir un « gardien » de sexe masculin qui est généralement son père, son époux ou son frère. Human Rights Watch a ainsi décrit la position de la femme saoudienne comme identique à celle d'un mineur. Le gardien a le droit de prendre des décisions importantes à la place de la femme, parmi lesquelles lui donner l'autorisation de voyager, d'étudier à l'université ou de travailler si le travail n'est pas « jugé approprié pour une femme ». Même lorsque l'autorisation du gardien n'est pas imposée par la loi, elle est parfois demandée par les fonctionnaires. Les femmes sont également discriminées devant les tribunaux qui considèrent que leurs témoignages ne valent que la moitié de ceux d'un homme et sont désavantagées dans les affaires de divorce ou d'héritage.

Les normes culturelles imposent des restrictions aux femmes lorsqu'elles sortent en public et la muttawa, nom de la police religieuse du pays, veille à leur application. La mixité est ainsi interdite dans les restaurants et les transports en commun et certains lieux publics comme les parcs ou les plages ne sont accessibles qu'à des heures différentes selon le sexe. Les femmes doivent porter une abaya (longue robe noire couvrant tout le corps) et cacher leurs cheveux. Elles risquent également de se faire arrêter si elles se trouvent dans un véhicule conduit par un homme n'étant pas un employé ou un parent masculin proche. Même si aucun texte n'interdit aux femmes de conduire, il faut un permis de conduire et ce dernier ne leur est pas accordé."

On pourrait bien sûr en rajouter des caisses, dans ce pays appliquant strictement la charia, ou loi islamique : lapidation en cas d'adultère (réelle ou supposée), esclavage généralisé des Philippins et autres "inférieurs" qui ont moins de droits qu'un chameau, etc.

Un pays où il fait bon vivre, donc. Du coup, quand Macron tente de calmer les critiques, en affirmant que "les droits de l'Homme seront évoqués lors de notre discussion", on se pince : notre UberPrésident arrivera-t-il enfin à changer les choses dans ce pays qui vit toujours sur un logiciel élaboré il y a plus de 1200 ans ?

Et du coup, qu'est-ce qui justifie, concrètement, la différence de traitement ahurissante, et jamais évoquée dans les médias pressetitués, entre "le boucher Poutine" et le Boucher Ben Salmane  ? 

Nos amis Américains

On s'en doute, dans toute cette affaire se dresse en toile de fond la "patte" Américaine. Ca se sent à des kilomètres : c'est bien parce que l'Arabie Saoudite est le pré carré des Américains, leur allié indéfectible depuis le Pacte du Quincy passé en...1945, que nous en sommes là. Un pacte conclu entre le roi Ibn Saoud de l'époque et le président US Roosevelt, juste au lendemain de le seconde guerre mondiale, et immédiatement après la conférence de Yalta, qui avait vu le monde être partagé en (presque) trois, entre Staline, Roosevelt Et Churchill. Ce dernier, et son pays, furent les grands perdants dans cette affaire : dans son excellent livre "Or noir, la grande histoire du pétrole", le (vrai) journaliste Mathieu Auzanneau, spécialiste du pétrole et de sa géopolitique, nous apprend en effet que Churchill avait rencontré le roi Saoud quelques temps avant Roosevelt, comptant lui griller la politesse pour passer des accords pétroliers majeurs avec ce pays qui était le plus gros détenteur de réserves d'or noir à l'époque. Mais Churchill s'était totalement raté, refusant de recevoir "le bédouin" comme il le surnommait, avec les honneurs, fumant et buvant devant lui -toutes choses qui furent bien sûr très mal vécues par ce fervent partisan de la charia... 

Au contraire, Roosevelt, correctement briefé sur la mésaventure de son homologue Britannique, se plia aux nombreuses exigences de l'enturbanné : il ne fuma pas (alors qu'il était un très gros fumeur, et que cela "lui coûta beaucoup"), et alla jusqu'à autoriser les tentes saoudiennes sur le pont du croiseur Quincy qui les recevait, se pliant à leurs coutumes, etc. Ceci paya énormément, car de nombreux points d'accord furent trouvés, notamment en matière pétrolière et gazière.Roosevelt offrit le soutien américain et la garantie de la sécurité du territoire Saoudien contre l’exploitation de ses richesses pétrolières. Le roi accepta ainsi d’attribuer des concessions pétrolières à la société ARAMCO (Arabian American Oil Company), contrôlée principalement par des compagnies américaines, sur 1 500 000 km² pour une période de soixante ans. L’accord entre les deux chefs d’Etats prévoyait qu’entre 18 à 21 cents par baril exporté de cette zone devaient être reversés au royaume. Le soutien américain permet alors au roi Abd Al Aziz d’asseoir confortablement son pouvoir sur l’ensemble du territoire et de s’assurer un revenu nécessaire à la modernisation du pays. Les Etats-Unis purent quant à eux contrôler les ressources saoudiennes et s’appuyer sur un allié de poids dans la région...

Tout ceci se fit bien sûr au détriment de la Grande-Bretagne, qui perdit très rapidement le statut de puissance numéro 1 mondiale, et ensuite ses colonies, ne parvenant pas à négocier le virage charbon/pétrole. Quand bien même Churchill avait vu le coup arriver depuis plusieurs décennies...

Ce fait est aujourd'hui rappelé, de manière totalement transparente et néanmoins insidieuse, par le logo du Commandement Central de l'Armée Américaine, le USCC ou CENTCOM : un Aigle américain au dessus d'une mappemonde, dont les griffes enserrent un bouclier posé sur...le moyen-orient.

Est-il complotiste de le faire remarquer ?

Le caniche français

A la lumière de ces faits, incontestables, on réalise combien il est donc vital pour le caniche français de lécher correctement les bottes de l'allié indéfectible des USA. J'ai dit les bottes, mais avec notre MegaPrésident, il faudrait sans doute remonter un peu à l'entrejambe...

On avait déjà eu des exemples de servilité, tous mettant très à mal la souveraineté (ou plutôt ce qu'il en reste), et la crédibilité de l'état français au niveau international.

Rappelons nous l'affaire des 12 sous-marins destinés à l'Australie, un très gros contrat soufflé sous notre nez et dans notre dos par "nos amis les USA et la Grande-Bretagne". Macron avait fait comme d'habitude, quand il s'agit de nos "amis" : pas de vagues. Nous aurions eu mille manières de manifester notre désapprobation, tout en faisant preuve de souveraineté : accorder l'asile à Julian Assange, ou pourquoi pas sortir de l'Otan... Au lieu de cela, Le Drian alors ministre des affaires étrangères avait pleuré trois jours dans les médias mainstream, avant de rentrer sagement à la niche.

Nous ne reviendrons bien sûr pas plus que nécessaire sur la tentaculaire affaire de la cession d'Alstom à General Electric, qui là aussi, démontre de manière éclatante que Macron est non seulement un incompétent notoire, incompétent qui met en danger son pays...mais aussi un traître, qui a sciemment organisé la braderie d'un joyau industriel et technologique français aux américains, au détriment de notre sécurité nationale...

Hollande, en son temps, avait lui-même baissé la culotte lorsque Julian Assange avait révélé que "nos amis américains" avaient espionné les télécommunications européennes et plus particulièrement, celles de "son allié français". Il n'avait rien trouvé à y redire, et même mieux : il avait participé à la persécution d'Assange en 2013, allant jusqu'à ordonner de détourner un avion diplomatique transportant le président Bolivien Evo Morales, avion suspecté de transporter clandestinement le journaliste en fuite et en attente d'asile...et provoquant un incident diplomatique au passage. Nous n'étions plus à ça près, me direz-vous.

Tous ces éléments, parmi tant d'autres, ne font désormais que mettre en lumière l'atlantisme aveugle et forcené de nos "élites", macronie en tête.

Notre pays se brade et se vend pour de soi-disant "impératifs énergétiques", ce qui pourrait se comprendre...

Mais je dis "soi-disant" car comment expliquer l'attitude avec la Russie, attitude qui s'apparente plus à un véritable suicide économique ? Comment expliquer en effet, qu'on se prévale des droits de l'Homme pour condamner la Russie et le conflit Ukrainien, et se priver de ressources énergétiques vitales...et en même temps, qu'on évite soigneusement de se prévaloir de ces mêmes droits, en recevant un meurtrier de masse, au prétexte que nous avons besoin d'énergie ?

A ce niveau, ça n'est plus de la "Realpolitik".

Tout ceci relève plutôt de la maladie mentale.

De la soumission idéologique à la folie collective

Nous en sommes donc arrivés à un tel degré de soumission, qu'aujourd'hui nous sommes en train de nous suicider. 

Les dés en sont désormais jetés : nos dirigeants sont complètement aveuglés par leur soumission idéologique à l'oncle Sam. Ceci se traduit désormais par un suicide économique, par asphyxie énergétique délibérée sous des préceptes imbéciles -le suicide culturel étant déjà effectif depuis des décennies, ceci suite au Plan Marshall qui permit aux USA de vassaliser l'Europe au détriment des Soviétiques.

Cette soumission se double d'un aveuglement total aux intérêts stratégiques, économiques, voire environnementaux, de notre pays. Tout ceci sous un prétexte européiste, totalement déconnecté de la réalité de 95% des Français aujourd'hui.

Et la liste des désastres est extrêmement longue : nos dirigeants ont ainsi préféré, depuis un demi-siècle, détruire notre industrie, brader nos savoir-faire, se convertir au dogme néo libéral, démanteler notre système de protection sociale et de Santé (qui était le meilleur du monde il y a 20 ans, et qui se retrouve à terre en 2022), bousiller nos écosystèmes pour faire du business avec nos "partenaires (Tafta, Ceta, etc..), j'en passe et des meilleures.

Avouons-le, tout ceci n'a été possible que parce que tous ces dirigeants, depuis Pompidou, ont été élevés chez les Young Leaders, à la sauce américaine, et dans des "valeurs" mondialistes et européistes consistant en quelques mots très simples : profit, business, autoritarisme. Et depuis Sarkozy (qui faisait son footing à Central Park en t-shirt siglé "FBI" ou "NYPD" rappelons-le), les choses se sont considérablement aggravées. On pourrait rapprocher ça du déni démocratique qu'avait été le Traité de Lisbonne, ratifié par le Parlement Français en 2007, alors que deux ans plus tôt, les Français avaient rejeté sa copie conforme, le TEFE de 2005. Encore un coup du nabot à talonnettes.

Un tel déni de démocratie a acté notre passage dans un autre monde : juste après ça, la crise de 2008 a vu la confirmation de ce fait. Les néo libéraux se sont saisis de l'occasion pour non pas revoir leurs positions, mais pour les accentuer. "Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens" disait le bienheureux JC Drunker, et ce fait a bien sûr été parfaitement compris par les Français. Vu que la majorité d'entre eux, depuis quelques années, s'abstient en masse et en majorité aux différentes parodies de "démocratie" que sont devenues les élections.

En effet, pourquoi se déplacer pour voter, vu que quand nos décisions issues du vote, soi-disant "souveraines", ne leur conviennent pas, ils se torchent avec ?

Les marionnettes de la finance, que sont et furent Hollande, puis le Meilleur Président que Notre Pays Ait Jamais Connu, j'ai nommé Vulcain le Gérontophile, n'ont ensuite que précipité de plus en plus profond notre pays dans l'enfer néo libéral autoritaire.

En conséquence de quoi, s'abstenir aux élections ne peut hélas constituer une riposte suffisante à la hauteur de l'attaque. Cela ne suffira pas à résoudre nos problèmes, problèmes qui deviennent de plus en plus urgents, voire dramatiques.

Le Peuple doit absolument se réveiller, sinon il disparaitra sous les chaînes.

Restons confiants, l'épreuve de vérité devrait arriver cet hiver au plus tard : avec la pénurie énergétique, l'inflation galopante, et l'inflexibilité de ce gouvernement de malheur sur les salaires comme sur le reste...notre pays devra ouvrir les yeux très bientôt. Sinon il finira de mourir, découpé par les libéraux, comme ce pauvre journaliste le fut par les assassins de Ben Salmane, un jour d'octobre 2018, entre les quatre murs de cette obscure ambassade en Turquie.